(billander) 'tow' I need you more than ever

Ma fille était portée disparue depuis plus de vingt-quatre heures maintenant et je n'arrivais pas à rester calme, tranquille, à attendre que la police avance dans l'enquête. J'avais appris que c'était l'autre folle qui avait prétendu qu'on lui avait volé son bébé alors que non, non. Robyn était ma fille et maintenant, elle était je ne sais où avec une femme clairement pas stable. Je perdais pied et j'avais réagi de la seule façon possible : je m'étais réfugié dans la drogue. Je ne voyais pas comment faire, je me sentais pris au piège et j'avais cédé à cette envie que je refoulais depuis plusieurs mois maintenant. Je ne me souviens plus très bien de ma soirée, je sais juste que je me suis retrouvé dans un lit, sur le campus. J'ai trompé Billie ? Je ne pense pas non, j'avais toujours mes vêtements sur moi. Un rail m'attendait sur la table de chevet et je le prenais presque aussitôt, avant de me recoucher pour oublier le cauchemar que j'étais en train de vivre. La réalité allait bien finir par me rattraper et je préférais que ça soit le plus tard possible. En fin d'après midi, je sentais mon portable vibrer et je regardais le message reçu : Milena. Je ne voulais pas le lire non, je ne pouvais pas. Je le laissais une nouvelle fois dans ma poche avant d'aller boire un verre, reprendre un rail. J'en avais rien à foutre du reste, d'où j'étais. Je voulais juste que la peine et la tristesse s'en aillent avec toutes mes émotions. Seulement, c'était trop en vouloir. Il était presque minuit quand on m'a jarté de la chambre où j'étais pendant toute la journée. J'errais dans les rues, sans but précis. Puis, installé sur un banc, j'avais fermé les yeux. La première personne qui me venait en tête était ma petite amie. Bordel.. j'avais chié avec elle et j'savais même pas comment elle allait suite à cette bombe lancée hier. Je me redressais, reniflant et essuyant mes yeux embrouillés, et je me mettais en marche vers la Mather House, pour retrouver ma petite amie. Une fois dans le bâtiment, je montais les étages pour arriver jusqu'à sa chambre et je ne frappais même pas, non. J'entrais et je refermais aussi sec. Lucky me que c'était ouvert. Collé contre la porte, je n'osais pas lever le regard, croiser celui qu'elle pouvait avoir en me voyant.

Mon petit ami était aux abonnés absents depuis plus de vingt-quatre heures, il ne m'avait pas dit où il allait, il ne donnait pas de nouvelles. Il avait juste lâché cette information qui avait fait l'effet d'une bombe et s'était éclipsé. Bien sûr, je pouvais comprendre qu'il ait besoin d'espace .. d'après ce qu'il m'avait dit, son bébé venait de disparaître, emportée par une folle furieuse. Ouais .. je crois que je pouvais comprendre, mais ça ne faisait rien pour l'état de colère dans lequel j'étais plongée depuis hier. J'avais mal, putain. Mal parce que mon petit ami était perdu je ne savais où et que j'avais eu beau le chercher, je ne l'avais pas trouvé. Il pourrait tout aussi bien être en danger de mort que je n'en serais pas plus informée que ça. Mal, parce que j'avais lutté corps et âme pour ne pas m'attacher à son enfant et qu'au moment où ça arrivait inévitablement, elle était portée disparue. Assise sur le rebord de ma fenêtre, je cognai mon front contre la vitre en sentant une nouvelle vague de larmes arriver. J'avais tout essayé mais rien ne me faisait aller mieux. Je portai un joint à mes lèvres et en allumai le bout avec mon briquet, que je balançai à travers la pièce. Hoquetant suite à un important flot de larmes, je regardai le panier de mon chiot en essuyant nerveusement l'humidité dans mes yeux. Putain, j'aurais dû le récupérer dès mon retour, j'aurais pu au moins avoir sa présence apaisante. La vue dehors était encore plus maussade que mes pensées. Ou était-ce mon état d'esprit qui rendait ce paysage plus déprimant qu'il ne l'était réellement ? Mes genoux étaient repliés contre ma poitrine, j'y déposai mon front en gémissant de douleur. J'avais tellement mal au cœur, ce mal être semblait si intense qu'il me donnait presque l'impression d'être physique. Je me redressai en reniflant et tirai à nouveau une longue latte sur mon joint, expirant la fumée au bout de quelques secondes. Ça n'avait pas le moindre effet. Ma porte claqua d'un coup, me faisant tourner brusquement la tête et me relever plus vite que mon ombre, prise de panique. Mais c'était lui .. il me fallut plusieurs secondes d'observation pour commencer à y croire. Sans attendre, je posai mon joint et traversai ma chambre pour me jeter contre lui, pleurant encore à chaudes larmes. Je le serrai entre mes bras comme jamais je ne l'avais serré, plongeant une main dans ses cheveux à l'arrière de son crâne. « Putain, m'refais jamais ça .. » soufflai-je entre mes dents, partagée entre ma colère, ma douleur et le soulagement de l'avoir finalement dans ma chambre.

J'avais appelé Billie la veille pour lui annoncer la chose. Enfin non, elle m'a appelé et j'ai du le lui révéler. Seulement, j'ai pas pu supporter l'idée et j'avais raccroché, me sentant au plus mal. J'avais disparu pendant près d'une journée... même plus quand on y réfléchit bien. Je n'avais donné aucune nouvelle à personne. Il y avait juste Billie qui savait pour ma petite fille et c'était tout. Après, Milena a du mettre au courant tous ses proches, mais je suis pas du genre très éloquent dans mon genre donc... j'suis une tombe. Sauf que là, j'avais besoin de ma copine et c'était pour cette raison que je me retrouvais dans sa chambre. Elle était à la fenêtre, et avait retourné sa tête pour me regarder. Sans que je puisse comprendre comment elle en était arrivée là, je la retrouvais dans mes bras. Elle serrait mon corps assez fort et pleurait contre mon torse. "Putain, m'refais jamais ça .." J'avais mes bras enroulés contre elle, que j'avais fait machinalement et je restais silencieux. Je glissais mon visage contre son crâne, refusant de me laisser aller avec mes émotions. Je ne pouvais pas dire quoique ce soit, de peur de retomber dans une non-maîtrise de ce que je pouvais ressentir actuellement. Je glissais mes lèvres sur sa tempe, son front et je me décalais pour choper ses lèvres. Son réconfort, c'était la seule chose que j'avais besoin là... et j'allais tenter de l'avoir de la façon que je connaissais le mieux.

Était-ce le bon moment pour céder à mon besoin de casser des choses ? Si une multitude d'objets pouvaient voler à travers la pièce et s'écraser au sol ou contre des murs, je crois que le bruit fracassant réussirait à évacuer un peu de ma colère, ça devait certainement être rassurant de voir qu'autre chose que mon cœur pouvait se briser. Non ? Parce que dernièrement, j'avais la fâcheuse impression que c'était devenu une habitude et cette constatation me donnait une envie folle d'organiser une nouvelle rencontre entre mes poings et les murs. Mais lorsque je songeai sérieusement à mettre en pratique cette brillante idée, il fit irruption dans ma chambre, s'adossant silencieusement à ma porte en portant son regard dans le vague. Mes instincts prirent le dessus et je me retrouvai dans ses bras en quelques secondes, le serrant contre moi alors que j'avais seulement envie de le frapper. Ses bras me serrèrent en retour tandis que je glissais mes doigts dans sa nuque, foutant mon visage contre sa peau pour inspirer son odeur. God, il était bien là. Lui au moins était là. Il embrassa mon visage, dérivant presque aussitôt vers mes lèvres et j'ouvris les yeux en fronçant les sourcils, surprise de son geste même si je ne saurais expliquer pourquoi. Il ne me fallut que quelques secondes pour me laisser emporter et je refermai mes paupières intensifiant notre échange. C'était tout ce dont j'avais besoin pour le moment. Mais ça ne pouvait pas être la solution. On devait parler, on avait tant de choses importantes à aborder. Alors à bout de souffle, je me reculai pour le regarder et je me figeai sur place. Une perle rouge vif s'échappait de son nez, s'estompant au niveau de sa lèvre. Je déglutis et essuyai au-dessus de ma propre lèvre le sang qui avait touché mon visage. Je regardai mon doigt un long moment, puis je relevai un regard brillant sur lui, inspirant difficilement. « Tu .. tu t'es drogué .. ? » soufflai-je d'une voix à peine audible.

J'avais besoin d'elle, plus que n'importe qui. J'aurais pu aller voir Milena, mes meilleurs amis ou même ma famille. Mais non, c'était d'elle que j'avais besoin, c'était ses bras que je voulais autour de moi, son odeur qui enivre mes narines. J'avais besoin de sentir qu'elle était là pour moi, quand moi j'étais pas fichu d'être assez fort face à cette nouvelle accablante. J'étais là, dans cette pièce avec elle et j'avais pas eu besoin d'attendre bien longtemps avant qu'elle vienne me retrouver. La sentir contre moi n'atténuait pas la douleur de la perte de mon enfant, mais ça m'aidait à garder la tête hors de l'eau. J'aurais pu m'attendre à des coups de sa part, mais quand mes lèvres venaient rejoindre les siennes, elle ne me repoussa pas, non. Elle répondait au baiser, sûrement parce qu'elle savait que j'en avais besoin. Peut-être même qu'elle aussi en avait besoin, je ne saurais dire pour sûr, puisque je m'étais absenté sans savoir comment elle allait. J'avais été égoïste pour le coup et j'espérais qu'elle me le pardonne quand même. Puis elle finissait par stopper le baiser, se reculant légèrement pour me regarder. Mais au lieu de voir un visage qui me plaisait, je lisais la stupeur sur le sien. Quoi, il se passe quoi ? Je restais silencieux, la regardant et je voyais un peu de rouge sur le haut de sa lèvre. Elle venait l'essuyer et, en même temps, j'en faisais de même. Touchant le liquide rouge, je regardais mon doigt ensanglanté. Puis mon regard venait se connecter au sien. Elle... elle avait l'air déçue. "Tu .. tu t'es drogué .. ?" Mon coeur loupa un battement et je déglutissais, ne sachant quoi dire. J'inspirais, j'expirais.. Mon doigt récupérait tout le sang qui coulait de mon nez et j'essuyais ça sur mon jean, n'en ayant rien à foutre. Et pour seule réponse à ma petite amie, je haussais les épaules. Qu'est-ce que je pouvais dire de plus ? "Simon n'est pas là ?" Changement de sujet subtile, peut-être que ça marcherait.

Une amertume et de l'incompréhension me bouffaient de l'intérieur depuis vingt-quatre heures, j'étais en colère parce qu'il devait bien se douter qu'une telle nouvelle me toucherait et qu'il m'avait laissée y faire face seule, ajoutant en plus l'horreur de le voir disparaître à son tour. Mais il venait de se faire enlever ce qu'il avait de plus précieux au monde .. Sa fille. Même une handicapée sentimentale comme moi comprenait à quel point ça devait être mille fois plus douloureux pour lui que pour moi, donc je n'allais pas me faire passer au premier plan en déchargeant ma colère sur lui. Non, je voulais juste qu'on parle. Qu'il me tienne dans ses bras et qu'on se contente d'être présents l'un pour l'autre. Sauf que mon cerveau se vida en voyant cette goutte de sang perler sous son nez. Ça n'était pas anodin et je le savais. Il avait disparu pendant plus d'une journée, je savais maintenant à quoi il s'était occupé. Si la preuve sur son visage ne suffisait pas, il y avait aussi celle qui était étalée sur le mien. Je l'essuyai d'un revers de main précipité et l'essuyai sur mes fringues, à l'instar de mon petit ami. Il haussa les épaules et passa à autre chose, comme s'il ne s'agissait pas d'un putain de big deal. « Simon n'est pas là ? » Je voyais ses lèvres bouger mais le son n'arrivait pas jusqu'à mes oreilles. Je le fixai, bouche bée. Putain .. j'pouvais pas m'empêcher de me sentir responsable de ça. En replongeant dans la drogue, je lui avais fait croire que ça n'était pas possible de tenir quand un drame surgissait. Il avait replongé parce qu'il avait perdu sa fille et je ne pouvais rien lui dire. Ne pas lui faire le moindre reproche. Parce que j'étais la personne la moins bien placée pour le réprimander. Mais merde .. il avait fait tous ces efforts pour rien et maintenant il allait en payer le prix, comme moi. Je m'adossai à un mur, posant mes mains sur mes hanches tandis que je me courbais un peu en avant, incapable de supporter toutes ces foutues mauvaises nouvelles. « T'aurais dû venir me voir .. j'aurais pu essayer d't'en empêcher .. » continuai-je sur le même ton que plus tôt, dans quelque chose qui ressemblait plus à un souffle qu'à une voix.

La douleur que j'avais ressenti quand j'avais appris que ma petite fille n'était plus chez ses grands parents mais en compagnie d'une personne totalement inconnue... elle ne se dissipait pas. Elle était là, constante, à me bouffer de l'intérieur. J'en étais devenu égoïste à vouloir la faire disparaitre au point d'en oublier les sentiments de ma copine. Je lui avais avoué la mauvaise nouvelle et puis j'avais disparu... c'était aussi simple. Et là, je réapparaissais parce que, encore une fois égoïstement, j'avais besoin d'elle. Seulement, une fois notre baiser rompu, elle fit une tête qui n'annonçait rien de bon. Sa lèvre, juste au dessus, était recouverte de sang. Je ne comprenais pas tout de suite avant de faire le lien avec ma lèvre et quand je voyais finalement du sang sur mon doigt, je tiltais assez vite que je saignais du nez. Ca pouvait être énormément de choses, mais Billie faisait le lien rapidement. Saignement de nez + disparition plus de vingt-quatre heures = drogue. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elle avait raison. Alors je me contentais de hausser les épaules en cherchant son chien du regard, visiblement pas dans la pièce. Ma petite amie finit par s'adosser contre le mur et se courbait, choquée d'apprendre la nouvelle. En fait, on avait été tellement heureux pendant le Spring Break que le karma avait décidé de tout nous retirer. On enchainait tout simplement les mauvaises nouvelles comme des lettres à la poste. "T'aurais dû venir me voir .. j'aurais pu essayer d't'en empêcher .." Je secouais la tête négativement. Non, non, elle ne devait pas se blâmer de ça, c'était mon choix, ma décision, pas la sienne. Je venais m'approcher d'elle, remontant son visage pour qu'elle me regarde. "Nan. C'était.. c'est pas ta faute, te blâme pas pour ça. J'assume mon choix et il ne regarde que moi. Mon choix, ma décision, tout c'que tu veux... mais pas toi. Tu pouvais rien y faire t'façon.." Le mal était fait et je ne pouvais plus arrêter. J'avais pris déjà plusieurs rails durant les dernières heures... et je ne comptais pas m'en arrêter là, hors de question.

Il avait repris .. je n'arrivais pas à m'enfoncer cette idée dans le crâne. Il avait fait tellement d'efforts, avait tellement galéré à arrêter .. Tout ça, ç'avait été pour sa fille et maintenant qu'elle n'était plus là, il n'en voyait tout simplement plus l'utilité. Et bon sang, ça me tordait le cœur de savoir qu'à son tour, il avait cédé à cette merde qui pourrissait notre vie. Cette ombre qui planait constamment au-dessus de nos têtes avait réussi à retomber sur nous à l'usure et ni lui, ni moi n'avions pu y faire quoi que ce soit. J'avais envie de l'engueuler, de lui dire qu'il était con d'avoir fait ça et qu'il y avait d'autres moyens de gérer sa douleur. Mais avant d'avoir pu ouvrir la bouche, je me rendis compte que je n'étais en droit de lui faire aucun de ces milliers de reproches qui me venaient à l'esprit, puisque j'avais fait ces mêmes conneries. Aujourd'hui, je pouvais comprendre ce qu'il avait ressenti en découvrant que je me droguais à nouveau et ça n'était pas un sentiment agréable. Écrasée par la douleur, je me laissai aller contre le mur en sentant un poids s'écraser dans toute ma poitrine. J'entendis ses pas tandis qu'il s'approchait et ses doigts vinrent soulever mon menton, mais d'un mouvement de tête je m'échappai de son emprise et tournai le visage pour continuer à fixer le sol. « Nan. C'était.. c'est pas ta faute, te blâme pas pour ça. J'assume mon choix et il ne regarde que moi. Mon choix, ma décision, tout c'que tu veux... mais pas toi. Tu pouvais rien y faire t'façon.. » Bien sûr que si, j'aurais pu y faire quelque chose. Si vraiment je n'avais pas pu l'en empêcher alors qu'il était sous mes yeux, je voyais pas bien la solidité de notre couple .. et j'en revenais toujours à ça. J'avais du mal à respirer, plus les heures avançaient, plus je me rendais compte que .. eh bien, elle n'était plus là. Je me dégageai du mur et croisant mes bras sous ma poitrine, je fis les cent pas un moment avant de finir par revenir vers lui et me laisser tomber dans ses bras, à bout de forces. Plus de force physique, plus de force mentale, j'avais juste envie de me plonger dans un sommeil lourd et de ne pas en sortir avant que tout ça soit terminé. « Qu'est-ce qu'on peut faire .. » Et mes larmes continuaient de couler silencieusement, comme s'il n'y aurait pas de fin à cette tristesse qui me rongeait.

J'étais tellement mal que j'arrivais plus à résister à l'appel de la drogue. Trois mois, un peu moins même, c'était ce que j'avais réussi à tenir. Maintenant, j'étais retombé dans la spirale que j'avais pris y'a des années et dont jamais je n'ai su m'en sortir. Je me doutais que ça n'allait pas lui plaire et c'était pour cette raison que je ne voulais pas lui dire tout de suite. Mais le sang a coulé de ma narine et elle l'avait découvert. Je ne pouvais pas échapper à une confrontation de ce genre, même si je tentais du mieux que je pouvais de m'en défaire. Seulement, dans ses propos, elle semblait coupable, et elle n'avait pas à l'être. Elle n'aurait rien pu y faire de toute façon. J'avais coupé tout contact pendant plus d'une journée, j'avais fait que dormir, pleurer et sniffer pendant tout ce temps, bien que la volonté de chercher ma fille dans toutes les rues était très présentes, mais trop peu par rapport à mon envie de ne plus ressentir la moindre douleur. J'avais mal, j'avais mal et j'arrivais pas à retirer ce mal-être qui était omniprésent depuis la veille. J'avais perdu ma petite fille et j'avais failli à mon rôle en abandonnant ma petite amie. Après avoir fait les cent pas dans la chambre, elle revenait vers moi, se blottissant dans mes bras tout en continuant de pleurer silencieusement. "Qu'est-ce qu'on peut faire .." Je resserrais mes bras autour d'elle, ne voulant pas la lâcher ne serait-ce qu'une seconde. J'avais besoin de la sentir contre moi, de ne pas me sentir seul au monde. J'avais besoin d'elle plus que jamais et je savais que je pourrais me lâcher avec mes émotions à ses côtés. Ma paume de ma main venait essuyer les larmes qui coulaient sur mes joues et j'en collais une contre la tête de ma petite amie. "J'sais pas.. Attendre, chercher, poser des avis de recherche." Je déglutissais, n'arrivant pas à arrêter de pleurer. "Ca m'tue... elle.. est si petite. Elle peut même pas se défendre.. Et si on la retrouve jamais ? Elle va croire que c'te folle est sa mère et.." Je grimaçais, tentant de retenir les larmes qui venaient une nouvelle fois transpercer la barrière de mes paupières. Putain d'émotions de merde.

On ne pouvait pas s'occuper de ce problème de drogue dans l'immédiat, malheureusement. C'était trop tard, il avait déjà repris. J'aurais peut-être réussi à l'empêcher d'y toucher, mais je ne réussirais certainement pas à le faire arrêter. C'était impossible ; moi-même, je ne pouvais pas arrêter. J'aurais beau essayer, ce serait impossible. Pas maintenant, pas avec tout ça. Rien que là, j'entendais la réserve que je camouflais dans mon tiroir de sous-vêtements chanter mon nom pour que j'aille y toucher. J'éprouvais un putain de besoin de me jeter dessus, mais j'avais en même temps cette peur de déraper qui arrivait à me restreindre un peu. Une overdose, ça vous marque. Alors en guise de substitut, je me jetai contre lui, m'accrochant comme s'il représentait ma bouée de sauvetage. Je pleurai contre son torse, mes poings repliés de chaque côtés de mon visage. Il me serra de ses bras et je sentis son torse se soulever rapidement, m'indiquant qu'il pleurait également. Donc je desserrai mes poings et décrispai difficilement mes bras, que je vins enrouler autour de lui pour le serrer en retour. « J'sais pas.. Attendre, chercher, poser des avis de recherche. » Rien de tout ça n'était rassurant, ou encourageant. « Ca m'tue... elle.. est si petite. Elle peut même pas se défendre.. Et si on la retrouve jamais ? Elle va croire que c'te folle est sa mère et.. » Je me pinçai les lèvres en voulant réprimer un sanglot. Il avait raison, je ne pouvais même pas lui dire qu'il se trompait parce que c'était exactement ce qui allait arriver si on ne la retrouvait pas. C'était Milena sa mère, pas cette cinglée et j'avais beau ne pas porter la blonde dans mon cœur,  je savais qu'elle était une excellente mère et qu'elle non plus ne méritait rien de tout ça. Qui mériterait ça ? Et Alex avait raison, Robyn était petite et n'avait aucun moyen de se défendre, de s'enfuir ou quoi que ce soit. Je resserrai mon emprise sur lui, reniflant. « On la retrouvera .. On va la retrouver. » Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre ? Je n'savais même pas comment le réconforter parce que je savais qu'il devait être inconsolable, encore plus que moi. Donc c'était tout ce que je pouvais dire, des paroles d'espoir.