(+ Declan) you shot me down, bang bang

Et dire que Mallory était venue en paix. Certes, elle avait eut la mauvaise idée de vouloir débarquer en plein gala mafieux pour délivrer le président et le vice-président de son club, retenus captifs par nulle autre que Maureen O’Malley, bien décidée à obtenir des informations cuisantes sur l’IRA, mais la jolie Eliot avait pensé, en toute naïveté, qu’en venant non armée et en paix, il y aurait toujours moyen de mettre en place des pourparlers entre personnes civilisées. Qui aurait pu imaginer ne serait-ce qu’une seconde que des ennemis de Maureen, membre de la Mafia italienne, avait justement prévu une descente chez les irlandais ce soir là, ayant dans l’idée de faire carton plein ? Certainement pas Mallo, coincée entre les italiens et les irlandais, une arme contre la tempe, entrant par la grande porte avant de croiser le regard de Declan au beau milieu de cette vaste fumisterie. Il avait dû protéger les deux membres du club, actuellement à genoux devant Maureen mais bels et biens en vie. La discussion entre la chef irlandaise et le chef italien fut des plus houleuses, tandis que la jeune blonde tentait de se faire toute petite, refusant de bouger pour ne pas envenimer les choses. C’était sans compter sur la mère de Declan, prononçant des mots qu’elle allait, hélas, rapidement regretter. « Cette petite idiote ? Elle n’est d’aucune utilité pour nous, vous n’avez qu’à la descendre si ça vous chante ! » Mallo déglutit avec difficulté, le regard rongé par la peur, plantant ses yeux profondément dans ceux de Declan en murmurant « je suis désolée » avant d’être descendue de deux balles en plein abdomen.

Le temps lui sembla être suspendu à partir du moment où elle chuta sur le sol, une douleur des plus insupportables lui sciant les membres, alors que ses deux « frères » du club avaient fait carton plein chez les italiens pour mieux se ruer sur elle, l’un appuyant contre la plaie, et l’autre appelant Cassie immédiatement au téléphone. « Declan… » murmura-t-elle en fermant les yeux tandis que sa respiration se faisait de plus en plus saccadée, sa plaie béante n’ayant de cesse de relâcher le précieux sang qui la maintenait pourtant toujours en vie.

Cette soirée était la pire de toute ma vie mais j’ignorais encore à quel point, elle allait dégénérer. Pour l’heure, je faisais le chien de garde devant deux ennemis de la famille mais pas pour les surveiller mais plutôt pour les protéger. Je n’avais de cesse de fusiller du regard toute personne venant les rabrouer et croyez-le ou pas, je n’eue pas besoin de l’ouvrir pour me faire respecter. Bien sûr, j’aurais aimé pouvoir les relâcher, leur dire de s’en aller mais tous les trois, nous savions que je n’avais pour l’heure, aucun droit. Alors, je veillais sur eux, essayant de les épargner au maximum en attendant de pouvoir avoir une discussion avec ma mère. Nous nous n’étions pas reparlé depuis l’épisode de Punta Cana car je n’avais pas oublié la menace qu’elle avait laissé planer sur Mallory. Je ne pouvais pas le lui pardonner. « Putain c’est quoi ce merdier » marmonnais-je en voyant des italiens bien connus de notre famille, tenir Mallory en joue. C’était de la folie, je devais être en train de cauchemarder ! L’horreur se peignit sur mes traits lorsque ma mère balaya leur menace d’une parole nonchalante. Seulement, à peine avait-elle dit cela que Mallory tombait au sol, blessée par balle. Aussitôt, dans un réflexe, l’homme qui avait tiré se retrouva avec une lame enfoncée dans la gorge tandis que je me jetais vers ma petite-amie pour mettre sa tête sur mes genoux. « Bébé, accroche toi… ça va… Tu vas t’en sortir »murmurais-je en caressant sa joue, totalement paniqué. « Ce n’est rien, tu vas t’en sortir » bafouillais-je tandis que je me penchais vers elle pour déposer un baiser sur son front, essayant de retenir les larmes qui menaçaient de s’écouler sur mes joues. Les grands garçons ne pleurent pas…

L’adrénaline avait crevé le plafond, tant et si bien que Mallory ne ressentait pas vraiment de douleur. Elle aurait cependant rêvé ne pas se prendre deux balles en plein abdomen et avoir la vue se brouillant de seconde en seconde, alors que les voix se mélangeaient toutes autour d’elle. Bientôt, elle sentit une présence bien aimée en particulier juste à côté d’elle, alors que sa respiration devenait de plus en plus difficile et qu’elle avait l’impression que mille poignards transperçaient désormais l’intégralité de son corps. « Je… suis… désolée… » murmura-t-elle avec une extraordinaire difficulté, les deux membres de son club appuyant désormais sur sa plaie béante, les mains déjà pleines de son sang. « Cassie va arriver… faut que tu tiennes bon ! » s’exclama le premier, les larmes aux yeux, alors que Mallory luttait pour ne surtout pas fermer les yeux. Sa meilleure amie arriva quelques minutes plus tard, accourant littéralement auprès d’elle avec des gestes aussi assurés qu’apeurés. « Qu’est-ce qui s’est passé exactement ? Il va me falloir de l’espace ! Ma chérie va falloir que j’agrandisse légèrement ta plaie pour réussir à extirper les deux balles, va falloir que tu serres les dents… » Bien sûr, Cassie lui administra un sédatif léger mais autant dire que Mallo poussa un hurlement déchirant dès que le médecin commença son ouvrage.

« Ce n’est pas ta faute mais s’il te plait bébé, faut que tu tiennes le coup… Je peux pas vivre sans toi » murmurais-je à son oreille tandis que les larmes avaient fini par couler douloureusement sur mes joues. Je ne me rappelais pas d’un jour où j’avais pu pleurer. Je crois que même ma mémoire ne s’en souvenait pas pour dire, que cela m’arrivait que très rarement. Pourtant, là, je ne pouvais faire autrement tant j’avais le cœur qui saignait en même temps que sa blessure. Sa meilleure amie arriva entre temps tandis que je ne quittais pas le visage magnifique de Mallory comme pour m’assurer qu’elle ne voit que moi. Je voulais être son roc, je voulais être la force qui lui manquerait tôt ou tard. Je ne voulais et ne pouvais la perdre. Aussi, lorsqu’elle poussa un hurlement déchirant, je ne pus m’empêcher de me faire bien plus présent. « Putain, donne lui quelque chose pour atténuer sa douleur merde »m’emportais-je contre Cassie mais ce n’était pas contre elle, c’était tout simplement le cri du cœur d’un homme qui voyait la femme de sa vie souffrir. « Bébé, ça va aller, je te promets que c’est un simple mauvais moment à passer… Je t’emmènerai en vacances quand ça sera fini ! De vraies vacances, on prendra un bateau et on s’en ira.. on ira même nager avec sauvez Willy »

« Je suis… encore là… » murmurait-elle en articulant avec difficulté mais essayant tout de même de s’exprimer comme pour assurer à Declan qu’elle était encore là et qu’elle se battait pour lui, pour leur couple, pour tout ce qu’ils avaient traversé et qui à ses yeux leur donnait tous les droits pour être heureux. Elle leva même une main tremblante vers lui, tentant d’essuyer quelques-unes de ses larmes qui lui arrachaient le cœur. « Ne pleure… pas… » Mallory poussa un hurlement de douleur et Declan s’énerva contre Cassie, dont le regard restait rivé sur la plaie, ne s’en décrochant pas. « Je lui ai déjà donné un sédatif je ne peux rien lui donner de plus puissant sans risquer de la perdre » lui expliqua-t-elle avec autant de calme que possible. « Je veux qu’on parte tous les trois… loin… très loin… où y’aura pas de sang et… pas de mort… »

J’avais envie de tout casser, de tuer tout le monde pour me dégager de cette peur qui me nouait les tripes. Je ne voulais pas la perdre, je ne pouvais pas. Mallory avait pris plus que mon cœur, elle avait mis de la lumière et de la douceur dans ma vie. Si je la perdais maintenant, je savais que plus rien ne serait pareil. Je replongerais pour le restant de ma vie dans l’obscurité… Seulement, sans elle, cela ne valait plus le coup. « Une poussière dans l’œil bébé »bafouillais-je en prenant sa main dans la mienne pour y déposer un baiser tremblant au creux de sa paume. « Si tu savais comme je t’aime bébé… Faut pas que tu me laisses hein ! » murmurais-je avant d’embrasser à nouveau sa main. Je devenais dingue à la voir s’affaiblir de la sorte. « Chérie, y a que nous deux mais je te promets, on s’en ira loin du sang et de la mort. Toi et moi, on va s’en aller loin très loin, plus personne ne te fera du mal, je te le promets ! »

Mallory luttait de toutes ses forces pour ne pas se laisser gagner par la faiblesse mais il s’agissait d’un combat de tous les instants, surtout que Cassie avait grande peine à atteindre les deux balles s’étant engouffrées dans son abdomen. La jolie Eliot n’avait de cesse de regarder Declan, la respiration aussi haletante que difficile alors qu’il ne comprenait pas ce qu’elle essayait de lui dire. Elle pleurait à son tour, cherchant ses mots, tentant de mettre à profit chaque seconde au cas où et finalement, avant de s’évanouir, prononça les mots suivants : « sauve le bébé… » La main de Mallo glissa de celle de Declan pour s’effondrer contre le carrelage, alors que Cassie lançait un regard horrifié à l’irlandais. « Elle était censée être enceinte ? » Aussitôt, en plein milieu de son soin, il ne fallut pas longtemps au médecin pour se rendre compte de la chose et lancer un regard désolé à Declan. « Elle devait l’être de deux semaines à peu près… il n’y a rien que je puisse faire malheureusement, pas alors que j’arrive pas à contrôler l’hémorragie… »

Sauve le bébé ?! Sauve le bébé ? C’ETAIT QUOI CE BORDEL ?! « Bébé… je t’en prie, reste avec moi !! » m’écriais-je mais j’avais l’impression de la perdre tandis que je tournais un regard effrayé vers Cassie. « Non, je… je sais pas ! » bafouillais-je totalement perdu. Enceinte, elle était enceinte de deux semaines ? Comment était-ce possible ? J’avais l’impression de mourir une seconde fois en perdant cet enfant que je n’avais jamais eu conscience d’avoir fait avec elle. « S’il te plait, il faut que tu la sauves. Je ferais tout ce que tu veux, prends mon sang, prends tout ce que tu as besoin mais sauve-là… Je ne veux pas la perdre » la suppliais-je tandis que mes larmes redoublèrent. Je savais que Mallory me haïrait mais je préférais cent mille fois sauver sa vie plutôt que celle d’un fœtus. C’était cruel mais sans elle, je ne me voyais pas la force de lutter et je savais que de tout de manière, elle en était à un stade trop peu avancé pour que la grossesse soit viable.

Cassie elle-même semblait avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête car il s’agissait de sa meilleure amie et elle devrait vivre avec l’idée de ne pas avoir sauvé son bébé. Il n’était pas question qu’elle laisse Mallory mourir, voilà pourquoi elle hocha vivement la tête aux propos de Declan, acceptant de faire une transfusion à l’arrache pour éviter que l’hémorragie ne finisse par avoir définitivement raison de l’irlandaise. Certes, elle dû se battre à moitié pour que le jeune homme cesse la transfusion mais au final, elle parvint à contrôler l’hémorragie, extraire les deux balles et suturer la plaie. « Il faut absolument que quelqu’un la veille. Si toi tu ne peux pas demande à un membre du club, ils seront ravis de te donner un coup de main. J’ai fais tout ce que j’ai pu, maintenant tout dépend d’elle… au moindre pépin, surtout tu m’appelles sur mon numéro d’urgence et je rapplique direct. » Elle avait finalement laissé Mallo entre deux bonnes mains et autant dire que les jours qui suivirent ne purent que paraître atrocement longs. Ce n’est qu’au troisième que la jeune blonde ouvrit finalement les yeux avec peine, poussant plusieurs gémissements de douleur. « Où… où je suis… »

« Personne ne la veillera à part moi » marmonnais-je la tête me tournant. Il faut dire que j’avais poussé mon organisme au bout de ses capacités pour fournir le plus de sang possible à Mallory. Je ne voulais pas que quelqu’un puisse l’atteindre à nouveau. Je jetais un regard peu amène à ma mère. Je la haïssais et sûrement ne lui pardonnerais-je jamais car aujourd’hui, elle n’avait pas seulement faillit tuer celle que j’aimais mais elle avait tué notre enfant et ça… c’était tout bonnement impardonnable. Après un court échange avec les deux membres de son club, on se mit d’accord sur le fait qu’elle avait besoin d’un lien sain et sécurisé d’où la décision de l’amener là-bas. Ce n’est qu’après que commença la longue attente. Trois jours. Trois longs jours où je priais le ciel sans quitter un seul instant son chevet si ce n’est pour faire rapidement une toilette ou manger un rapide truc sur le pouce. « Bébé ?! » sursautais-je en entendant cette voix que je me désespérais de ne pas entendre à nouveau. « Tout va bien, tu es en sécurité.. t’es au club bébé… Tout va bien »