Calypso et Elsy ♣ Tourner la page...

Février 2013. La jeune femme ne se sentait pas très bien en cette soirée. Un peu plus tôt dans la journée Alexandre, un Winthrop avec qui elle était en couple depuis quelques semaines, avait eu la bonne idée de mettre un terme à leur relation et quoique la Hongroise sache dès le départ qu’il n’était pas l’homme de sa vie, elle se sentait un peu écorchée de cette fin. Il lui fallait tourner la page mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Dans les couloirs de l’université, quelques minutes seulement après avoir quitté la compagnie du jeune homme, la brune marche un peu sans but. Elle ne pleure pas mais elle est tout de même quelque peu estomaquée de ce qui est arrivé. Elle se dit que c’est peut-être un peu de sa faute, sûrement, les tords sont toujours partagés dans un couple. Mais elle ne sait guère ce qu’elle a fait de mal et c’est cela qui l’affecte le plus en fin de compte.

J'avais pas de cours aujourd'hui mais je devais me rendre à l'administration afin de rendre une demande d'option que j'avais récupéré la veille, mais je n'avais pas eu le temps de la remplir car Calvin m'avait interpellé. J'arrivais devant le grand bâtiment avant d'emprunter un petit couloir où il y avait peu de monde généralement, c'était le chemin le plus pratique pour se rendre dans le Hall, et je n'avais pas de temps à perdre lors d'une journée de repos comme celle-ci. J'attrapais mon téléphone qui était dans la poche de mon manteau, cherchant à joindre Priape pour savoir s'il était dans les locaux de l'école, je faisais guère attention à ce qui se passait autour de moi jusqu'à ce que je me retrouve nez à nez avec une jolie brune. On venait d'éviter la catastrophe, j'avais failli lui rentrer dedans à cause de mon inattention. Oula désolé ! dis-je instinctivement.

La brunette est perdue dans ses pensées et si la fille qui arrive en sens inverse ne fait pas grande attention de ce qui se passe autours d'elle, la jeune femme n'est guère plus irréprochable et c'est donc de par leur faute à toutes deux qu'elles manquent de se rentrer dedans. La Dunster s'excuse auprès de la Eliot qui, pour sa part a un beau sourire sur les lèvres.

"- C'est moi qui suit désolé, je ne faisais pas attention... Calypso, c'est ça ?"

La demoiselle connait cette fille de nom. C'est la meilleure amie de la présidente de la Eliot House, difficile de ne pas connaître cette dernière. En plus, si la brune se souvient bien cette demoiselle a eut une histoire avec Owen, que la hongroise connait bien et apprécie beaucoup. Non ce n'est pas la première fois qu'elle la vois même si jusqu'à aujourd'hui elles ne se sont jamais adressé la parole.

"- C'est moi qui suis désolé, je devrais faire plus attention à où je vais."

La jeune femme, contre toute attente, ne me regarde pas avec un regard noir et ne décide pas de m'égorger à cause de mon imprudence, bien au contraire, c'est un grand sourire qui se dépose sur son visage. Sourire auquel je réponds bien évidemment, par politesse et parce que sa réaction est une surprise. "- C'est moi qui suit désolé, je ne faisais pas attention... Calypso, c'est ça ?" Elle me connaissait ? Je grimaçais légèrement parce que de mon côté, je ne savais pas du tout qui cela pouvait bien être. Il y a tellement de gens à Harvard, cela devient compliqué de connaître tout le monde. Je pense qu'on était toutes les deux dans la lune dis-je avec un léger rire. Oui c'est ça, Calypso et toi ? Désolé, ton nom ne me revient pas... dis-je avec toute l'honnêteté du monde, je n'allais pas lui mentir même si je risquais de la vexer si on avait déjà parlé. Je gardais un sourire désolé car cette jeune femme avait vraiment l'air sympathique mais j'étais véritablement incapable de savoir qui c'était, malheureusement.

Oui toutes deux devaient être dans la lune c'était une explication plausible. Pas de quoi fouetter un chat toutefois, Elsy s'en remettra et puis personne n'est blessé. En fin de compte les deux femmes ne se sont même pas percutée. Donc en fin de compte on peut dire que tout va bien. Ce n'est rien de grave et pas la peine de faire une montagne d'un accident pas grave qui ne s'est même pas produit.

"- Je suis Elsy Esterhazy. En fait je suis de la Eliot House alors je t'ai vu plusieurs fois avec Anastasiya. C'est comme ça que je sais qui tu es alors... ne t'en fais pas."

Il y a tellement de gens à Harvard, plein de fils et de fille de... La patineuse quoique médaillée olympique ne va pas prendre ombrage du fait qu'une fille ne la connait pas ce n'est malgré son rang de princesse, de Lady Diana Hongroise, pas la première fois. Loin de là à vrai dire.

La brune ne semblait pas s'attarder sur la catastrophe qui avait faillit arriver alors je faisais de même en attendant sa réponse. "- Je suis Elsy Esterhazy. En fait je suis de la Eliot House alors je t'ai vu plusieurs fois avec Anastasiya. C'est comme ça que je sais qui tu es alors... ne t'en fais pas." Elsy, c'était plutôt original comme prénom, en revanche j'oubliais instantanément son nom de famille, incapable de le répéter à nouveau. Mémoire de poisson bonjour. Mais néanmoins, cela me disait quelque chose... de toute manière, en majorité, les Eliots sont connus et ne sont pas dans cette maison pour rien, donc il y a de fortes chances que j'ai déjà entendu ce prénom par hasard. Ah d'accord dis-je en souriant. Elle me connaisaît car j'étais souvent avec la présidente des Eliots, Anya, ce qui était fortement compréhensible puisque nous sommes très proches. C'est vrai qu'on est souvent ensemble... c'est ma meilleure amie, mais bon je suis chez les Dunsters moi continuais-je à expliquer. C'est d'ailleurs étrange, mais les Dunsters collent plus à ma personnalité et à mes aspirations. Qu'est-ce qui t'amènes dans un couloir désert comme celui-ci ? me risquais-je à demander, on n'était jamais dans ce couloir par hasard, je ne le savais que trop bien, il était si vide d'habitude.

Oui, la brune avait bien compris qu'il y avait entre la présidente de la Eliot house et cette fille-là une très forte amitié qu'elle avait rapidement identifiée comme étant celle que se porte deux meilleures amies. Comme elle et Daphnée, avant que cette dernière ne décède prématurément, au cours de la fusillade de janvier 2013. La brune sait ce que c'est que d'avoir une personne si proche de soit, presque soeur, que la perdre est l'un des déchirement les plus effroyables que l'on puisse connaître dans une vie. A tel point que la hongroise préfère ne pas s'attarder sur le sujet. Tant mieux d'ailleurs puisque la Dunster pose une question à son interlocutrice.

Que faisait-elle dans un pareil couloir ? Tient, la jeune femme a presque oublié Alexandre et son sale comportement. A celui-là ! La demoiselle ne pendra si elle trouve le moyen de le faire.. Oh, sitôt la douleur passée elle n'y songera plus. N'empêche que c'est dur une rupture, même quand on s'y attend, même quand on sait que notre idylle est agréable mais juste là pour "passer le temps". Elsy est sincère en amour et les relations aident à se construire. Elle savait qu'Alexandre n'était pas l'homme de sa vie mais elle avait décidé de sortir avec lui tout de même parce que, même en sachant que c'était voué à se terminer, elle se disait que cela avait quelque chose, de beau, à leur apporter.

"Je ne sais même pas où je vais mes pas me guident. Et toi ?"

La jeune femme semblait bien pensive et je la regardais du haut de ma petite taille l'air interrogateur, elle était définitivement préoccupée par quelque chose. Ou plusieurs peut-être, je ne savais pas du tout, il faut dire que jusqu'à ces dernières minutes je n'avais jamais eu l'occasion de lui parler véritablement puisque je ne me souvenais même pas de son nom.. si je l'avais déjà entendu quelque part bien entendu. Je jetais un vif coup d'oeil derrière elle afin de voir si quelqu'un se dirigeait vers nous, mais pour l'instant personne ne venait. Cela ne faisait que confirmer l'avis que j'avais sur cet endroit de l'Université, il n'y avait jamais personne. Tant mieux d'ailleurs. J'étais dans mes pensées lorsque la jeune femme continuait la conversation. "Je ne sais même pas où je vais mes pas me guident. Et toi ?" me demandait-elle. Je dirigeais à nouveau mon regard en sa direction, sa question faisait écho dans ma tête une dizaine de seconde, qu'est-ce que je faisais là déjà moi ? Ah oui, le papier que je devais rendre à l'administration. Je tendais mon bras afin de regarder ma montre, ouf, ça ne fermait pas encore, je pouvais rester là encore un peu. Je dois me rendre dans le Hall... mais rien ne presse, puis pour être honnête j'avais besoin de réfléchir un peu me risquais-je à nouveau comme si j'avais besoin de parler... ou alors je sentais qu'Elsy avait besoin de parler aussi, l'instinct parfois.

Apparemment, tout comme Elsy, cette jeune femme avait besoin de réfléchir un peu et la demoiselle choisit de la croire sans savoir bien sûr si c'est à tord ou à raison. Pourquoi lui mentirait-elle après tout ? A moins qu'elle ait perçut le trouble qui en ce jour un peu... spécial, anime la jolie Eliot ? C'est possible. En attendant la jeune hongroise n'a pas très envie de parler d'elle, de parler de ce qui lui arrive. En général c'est la brune qui écoute les autres sur leurs problèmes. Elle-même a vécut trop de choses néfastes pour vouloir en parler Et à côté de ce qui lui est arrivé par le passé, sa rupture avec le jeune winthrop est un problème tout à fait dérisoire.

Calypso dit avoir eut besoin de réfléchir et dans l'esprit de la jolie princesse cela sonne comme un invitation à bondir sur un nouveau sujet, à engager une autre conversation qu'en fin de compte d'ailleurs, elle finit par lancer.

"- Tu avais besoin de réfléchir à quoi ? Tu as envie d'en parler ?"

Elsy ou l'oreille toujours prête à écouler, la fille toujours prête à épauler, à consoler les autres, ceux qu'elle sent dans la peine, dans la colère ou en proie à toute autre émotion forte dont son interlocuteur pourrait avoir besoin de parler.

En attendant une réaction de la part de la jolie brune je pensais à la famille que je venais de découvrir, outre la découverte de ma demi-soeur il y a maintenant deux mois, je venais d'apprendre l'existence d'un oncle en Russie alors que jusqu'à maintenant je me croyais seule, sans famille. Orpheline depuis mes treize ans j'ai grandi de manière autonome sans imaginer que, quelque part sur cette planète, quelqu'un partageait toujours le même sang que moi. Je me demande ce qui est pire, ça, ou ne rien changer à ma vie et la garder comme je l'imagine depuis longtemps. Parfois, j'aimerais être égoïste, choisir de ne pas savoir. Je me suis construite avec cette vision de solitude et je ne me suis jamais demandé comment je réagirais si finalement, tout ce que je pensais savoir était faux. La rencontre de ma soeur était déjà difficile, mais elle ne savait pas que j'existais, or cet oncle... Je continuais à réfléchir à cela, oubliant même le pressentiment que j'avais eu envers Elsy. "- Tu avais besoin de réfléchir à quoi ? Tu as envie d'en parler ?" me demandait-elle si gentiment alors que je ne la connaissais pas il y a dix minutes. Je souriais et instinctivement levais un sourcil en guise de surprise. Oh non c'est bon, c'est gentil, mais tu sais... on a tous nos problèmes dis-je sur un ton complice.