Just sleeping in my bed ⁂ w. MEADOW

Il était assez tôt en fait, pour une soirée libre, sans avoir à se coucher "tôt" pour je ne sais quelle raison. Pourtant, j'avais juste envie de dormir. Je ne faisais pas grand chose de mes journées, mais j'avais des coups de soleil, qui commençaient à peler et qui me faisaient mal et j'avais envie d'un bon lit, ou du moins d'un coin ou me poser sans avoir à décamper dès lors que Meadow se pointait, avec la perspective d'une nouvelle conversation terriblement tendue et par conséquent que trop peu supportable. Malheureusement pour moi, j'étais toujours au SB et à l'hôtel, j'étais sensé dormir avec ma copine. Bref. Après une petite soirée tranquille constituée d'un moment au bar et d'un petit plongeon dans la piscine histoire de me rafraîchir avant d'aller faire dodo, je rejoignis ma chambre et ouvrit la porte en silence. Peut-être que Meadow n'était pas rentrée, peut-être que j'avais de la chance. Il s'avéra bien vite que non, je n'en avais pas. En m'avançant dans la chambre, je la découvris, sur le lit, visiblement fatiguée, elle aussi. Super. Décidant de ne pas me comporter comme un gamin de maternel, je la regarda et lui adressa un petit signe de la tête, accompagné de quelques paroles. Enfin, d'une parole. Fallait pas trop m'en demander. Salut dis-je avant de m'accroupir au dessus de mon sac, farfouillant rapidement à l'intérieur pour en sortir un caleçon, un vieux bas de pyjama et un tee-shirt. Une douche et au lit, même si clairement, le lit était prit et j'allais devoir me contenter d'autre chose, dans la chambre. Heureusement, c'était spacieux. Pourtant, pour la première fois depuis plusieurs mois, ma grande chambre et mon intimité chez mes parents me manquait.

(c) darkdreams/marine

Just sleeping in my bed.

Ce soir devait être un jour de fête, mais au final ça ne sera rien. Mon premier refus de faire la fête depuis que je suis arrivé à Punta Cana. Ce soir, j'avais envie de rien, mais juste de rester seule et Dieu seul sait à quel point la solitude n'est pas faite pour moi. Malheureusement, cela fait dix jours que je l'évite, dis jours que je ne lui adresse presque aucune parole depuis que j'ai quitté la plage blessé plus par sa façon de me parler que sa nouvelle. Enfin bref, je me suis douché rapidement avant d'enfiler une tenue légère comme à mon habitude. Trop de vêtement pour dormir ? Très peu pour moi. Attrapant un oreiller, je me suis calé contre lui avant d'en attraper un second et de le coller entre ma poitrine et mes jambes. J'avais besoin de réfléchir à tout ça, le temps qui passait et nous deux agissant comme deux pauvres étrangers. Un couple, par moment je me pose la question de savoir si c'était toujours d'actualité ou une simple formalité entre nous. Comme tous les soirs, je ne m'attendais pas à le voir. Ne sachant pas ce qu'il fait de son spring break, s'il s'amuse comme un fou avec d'autres filles ou si par moment il pense à peu à notre situation. Rien que de penser à cette idée, je soupirais avant d'attraper mon téléphone jusqu'à entendre la porte de la chambre s'ouvrir. Relevant légèrement la tête, je le voyais... J'avais enfin cette "chance" de le croiser dans cette chambre au bout de dix jours. « Hey...  » dis-je simplement à son salut d'une voix faible. Faut dire que je ne m'attendais pas trop à le voir. « J'vais aller dormir avec ma soeur » en faite, je savais très bien que nous deux dans le même lit c'était juste un rêve, alors pourquoi le regarder venir pour le revoir partir ensuite « T'auras la chambre comme ça. » dis-je toujours sur ce ton faible et un peu brisé.

Clairement, j'avais envie d'être tout seul, j'allais pas le cacher. C'était pas forcément contre elle, mais je crois que j'avais développé une certaine affection de la solitude ce qui était paradoxale : j'étais incapable d'être totalement seul car ça me bouffait, me rappelant que j'étais pas si indépendant que je voulais bien le croire, mais j'avais aussi ce sentiment d'avoir été flicé durant dix-huit ans et parfois je voulais juste échapper à tout radar et avoir juste la liberté de craquer, si c'était tout ce à quoi j'aspirais. N'importe qui était capable de comprendre ça, Meadow compris car elle me proposa directement d'être tout seul ce soir tandis qu'elle irait dormir chez sa soeur. Me redressant et calant mes affaires sous mon bras, je secoua la tête. Ce serait mentir que dire qu'accepter, ça me déplairait pas, mais ça sonnait égoïste et puis c'était bête, de s'éviter comme ça, même si plus simple. Non, batailles pas. Faut que je me douche et après j'aurais qu'à m'installer là. Dis-je en désignant le coin "salon" de la chambre, avec une sorte de sofa et une petite table.

(c) darkdreams/marine

Just sleeping in my bed.

Je venais de me lever pour prendre mon paquet de cigarette proche de la fenêtre, mais rapidement il m'a dit que ce n'était pas la peine et qu'il dormirait à coté. Sur le coup, je trouvais cette situation tellement stupide. Pour une dispute, des avis et des pensées différentes et voilà où on se trouve. Un point de non retour ou du moins c'est ce que je pensais. Sortant une cigarette pour la porter à ma bouche, je me suis assise sur le rebord de la fenêtre pour pouvoir fumer, me détendre un peu plus. « À quoi bon dormir dans la même pièce si on fit lit à part ? » demandais-je avant d'allumer ma cigarette pour cracher la fumée par la fenêtre avant de poser mon regard sur lui « C'est vraiment stupide... J'veux dire tout ça... » je parlais de cette situation qui dure depuis dis jours.

J'avais l'impression de devoir surveiller en permanence ce qui sortait de ma bouche quand je m'adressais à Meadow depuis notre dispute sur la plage au début du SB. C'était insupportable. Même en voulant bien faire, lui laissant le lit, voilà qu'elle y voyait là un acte de pure stupidité. J'étais irritable. Je voulais foncer sous la douche car je sortais de la piscine et que je m'étais simplement rapidement enroulé dans une serviette avant de me rhabiller. Je voulais dormir. Sauf qu'en la voyant s'installer contre la fenêtre pour fumer et essayant de faire la conversation, je me sentis pas de partir. On avait pas réussit à se parler depuis dix jours et il fallait que je saisisse cette occasion même si c'était pas franchement le moment pour moi. Je sais dis-je, resté debout, mon bordel pour dormir toujours dans les bras. C'était vraiment trop con, ce froid entre nous. Ca nous avait foirer notre SB, en quelque sorte alors que ça aurait put être si bien. Je posa mes affaires sur la commode sur laquelle reposait déjà l'écran de télévision. Je poussa un petit soupire et pris sur moi avant de rouvrir la bouche. Je m'excuse pour ce que je t'ai dis sur la plage. J'étais énervé et j'ai été agressif. C'était pas un reproche envers toi. C'est vrai qu'on connaît pas tous les détails l'un sur l'autre, mais on le savait en commençant cette histoire et ça m'allait très bien. J'avais et j'ai toujours envie de te connaître. J'espère que c'est encore réciproque.

(c) darkdreams/marine

Just sleeping in my bed.

Je devenais vraiment douée pour éviter les gens et encore plus César. Le seul moment où je pouvais le croiser, c'était notre chambre d'hôtel et pourtant je faisais en sorte de ne pas y être en même temps que lui ce qui compliquait la chose. Le spring break ? J'en profitais comme je le pouvais, mais avec cette histoire tout se compliquait et dans le fond je ne pouvais pas profiter comme je le voulais. Ayant besoin d'une cigarette pour me détendre, je ne voulais pas paraître trop stresser en sa présence. Prenant une nouvelle latte, je ne m'attendais pas à l'entendre s'excuser. En faite, je ne m'attendais pas à ce qu'il reste plus longtemps dans la même pièce, mais il avait ses torts tout comme je pouvais avoir les miens. « J'ai pas été très tendre non plus » avouais-je après avoir recracher la fumée par la fenêtre « Je m'en veux de m'être autant emporté... C'est juste que d'apprendre qu'on veut te mettre avec une autre, ça me mets mal à l'aise... Je suis pas cette fille qui arrive à garder un mec plus d'une nuit et avec toi j'ai l'impression de changer, de ne plus être cette fille alors cette histoire m'a juste mise hors de moi » je m'en voulais. Oui, je n'ai juste pas envie de le partager avec une autre. « Me connaître dans quel sens ? Tu veux dire amicalement ? » la question pouvait se poser. Après tout, on a pas été "ensemble" durant dix jours donc des questions, c'est normal « J'crois que je suis jalouse de cette fille. »

Je lui fuit reconnaissant de s'excuser elle aussi. On avait tous les deux merder, le reconnaître, c'était un bon pas. A partir de là, ça pouvait que s'arranger, en même temps j'estimais aussi que ça pouvait pas être pire. A partir de ça, en effet, la situation ne pouvait que s'améliorer. Je la laissais parler, préférant ne pas l'interrompre. Elle me demande à la fin ce que je voulais. Grosso modo, soit la rupture, soit qu'on continue. J'avais envie de continuer. Pour moi, la question se posait même pas et en même temps, je pouvais comprendre que Meadow l'ai prononcée. C'était même inévitable, en fait. Je me mordis la lèvre lorsqu'elle me dit qu'elle croyait être jalouse de Lena. Il fallait tellement pas. Je veux pas qu'on arrête, mais c'est à toi de choisir. Faut que je t'explique tout, que tu ai tous les détails, pour pouvoir prendre ta décision. Je suis pas sûr de pouvoir faire exactement tout ce que tu attends et je veux pas t'imposer quoi que ce soit. Je me passa une main sur la nuque et m'assit sur le bord du lit. Qu'elle veuille entendre les détails ou non, ça allait sortir car il fallait que je m'exprime, maintenant que j'étais lancé. Elle allait se taper un roman sur ma vie, mais pour comprendre c'était nécessaire. Mes parents sont des gens... Compliqués. Le genre qui estiment davantage que leurs enfants sont leur propriété et pas leurs égaux. Ma soeur et moi, on a grandit dans une bulle, ils étaient toujours là. J'ai commencé à en avoir marre assez tôt et à dix-huit ans, ils m'ont virés de chez moi et je les ai pas vu depuis. Je leva la tête vers Meadow, prenant conscience que j'avais baissé les yeux. Je détestais conter ce genre d'histoires. J'arqua un sourcil en silence, lui demandant sans le faire si elle voulait que je continue. Peut-être qu'elle s'en foutait.

(c) darkdreams/marine

Just sleeping in my bed.

Je devais m'excuser à mon tour. Après tout, dix jours pour réfléchir et se remettre en question, j'avais le temps de me repasser toute la scène dans les moindres détails en boucle. La question qui me brûlais depuis quelques jours déjà, je venais enfin de la prononcer. Peur de sa réponse ? Oui. Faut dire que je tiens à lui bien plus que je ne l'aurais penser alors me séparer et tirer un trait sur nous ? J'en aurais bien du mal. « Tu ne m'impose rien du tout César, mais si tu veux tout me dire, je t'écoute » après tout, il était peut-être temps que j'en sache un peu plus sur toute cette histoire et surtout sur sa famille non ? Terminant ma cigarette que j'ai écrasé dans le cendrier, j'ai fermé la fenêtre avant de descendre du rebord et de venir le rejoindre sur le lit en m’asseyant comme une indienne. Je l'écoutais sans perdre une seule miette. Son histoire était unique comme la mienne, mais j'avais besoin d'entendre ce qu'il voulait me dire pour comprendre un peu plus sa vie, sa réaction et c'est instinctivement que mes doigts se sont posé sur son bras pour le caresser doucement « Tu sais, tu as le droit de faire ta vie... Mais depuis que tu es arrivé à Cambridge et retrouvé ta soeur, tu n'as toujours pas revu ton père ? » en faite, je voulais en savoir plus, trop curieuse pour me contenter de si peu.

Elle me soutint que je ne lui imposais rien. Je n'étais pas d'accord, ça elle ne pouvait pas le savoir encore, mais pour autant je ne relevais pas. Ca devenait chiant de se contredire dès lors qu'on ouvrait la bouche. Il fallait apprendre à écouter. A ce niveau, Meadow termina sa cigarette et vint me rejoindre sur le lit, m'écoutant avec attention. J'étais pas sûr qu'elle comprenne, mais bon, c'était une bonne initiative de ma part : je lui permettais de comprendre et de prendre sa décision en connaissance de cause. Je pouvais pas faire mieux. Je sais dis-je avant de secouer doucement la tête, répondant par la négative aux questions suivantes. Pas en chaire et en os. Je l'ai eu rapidement au téléphone. Je poussa un petit soupire avant de reprendre mon petit récit, aussi brouillon et désordonné soit-il, mais faut dire également que je m'étais pas préparé pour ce genre de discussion. Lui et moi, on a jamais été proche. Dès la naissance de ma petite soeur, il s'est désintéressé de moi. Ma mère a compensé en continuant à être très couvante, très présente. Elle a été là pour moi quand je faisais de mon mieux pour filer droit afin de faire la fierté de mon père. Sauf que ça n'a jamais marché, tout ses efforts... C'était pour rien. Alors j'ai décidé d'attirer son attention dans l'autre sens, en l'énervant. Ma mère m'a viré de la maison, maison ou j'ai pas remis les pieds depuis. C'était il y a six ans. Ma mère est quelque part au Japon, se foutant visiblement bien de ce qui peut bien arriver à sa famille, moi je suis revenu ici pour retrouver ma soeur et mon père, il a décidé que ma présence ici, ça signifiait que je suis prêt à me conformer à tout ce qu'il veut pour moi. Le mariage a une fille de mon rang, selon lui, ça en fait partie. Je me mordis la lèvre avant de reprendre d'une voix dans laquelle perçait la fatigue. Je ne pense pas comme lui, pas le moins du monde. Mais ça reste mon père et franchement, j'ai mal à l'idée que je vais repasser six ans sans le voir si je lui cède pas, même si ça fait de moi un lâche, ou je ne sais quoi.

(c) darkdreams/marine

Just sleeping in my bed.

Ne plus revoir ses parents, être invisible, je sais ce que ça peut faire. J'ai été trimbalé de foyer en foyer sans aucune famille pour m'acceuillir et la perte de ma mère m'a vraiment mise dans la merde, découvrant une autre personnalité que je ne pensais pas avoir. Un parent, c'est essentiel dans une vie et pourtant j'écoutais sans ne rien dire, mais je n'ai pas pu m'empêcher de baisser la tête en l'entendant dire que son paternel pensait qu'il revient pour rentrer dans les rangs comme un bon garçon et surtout qu'il n'a pas envie de perdre une nouvelle fois son père. Dans le fond, je le comprends mieux que personne. Si j'avais la chance de revoir ma mère une seule seconde, je ferais tout pour que ça se passe et malheureusement je ne la verrais plus jamais. « Tu devrais peut-être accepter ce qu'il te propose » dis-je d'une voix brisée. En réalité, je voulais tout le contraire. Qu'il n'accepte pas et qu'il reste avec moi, mais ce serait tellement égoïste de ma part « Je n'ai pas le droit de te garder rien que pour moi... Te priver de ton père même si t'es la seule personne que j'aimerais avoir dans ma vie. » Me levant, je m'avançais vers la fenêtre avant de me tourner vers lui « Ma mère a disparu lorsque j'avais dix ans. On vivait toutes trois dans cette maison en bord de mère jusqu'à ce que je sois amené en foyer. J'ai fais je ne sais pas combien de foyer en essayant de chercher, de comprendre jusqu'à l'année dernière où j'ai su qu'elle était partie en Grèce... C'est à ce moment que j'ai appris qu'elle a été tué par les hommes de mon père... Ce père qui n'a jamais voulu de ma soeur et de moi, demandant à ma mère d'avorter. » parler de ma vie, c'est une chose que je ne fais jamais où seulement avec celle qui partage mon sang « On a pas toujours les parents rêver, mais il reste ton père et si de mon coté je pouvais tout faire, changer le passé pour retrouver ma mère rien qu'une dernière fois, je le ferais » Ne plus être avec lui ? Non, je ne le voulais pas et pourtant elle l'a retrouvé sur le bord du lit « C'est égoïste de ma part de vouloir continuer avec toi, t'avoir rien que pour moi ? »