J'avais beau avoir passé six ans loin d'elle, je restais son grand frère. C'était mon job de ne pouvoir voir en peinture aucun des mecs susceptibles d'avoir les mains baladeuses sur elle. Aucun de ces grandes dadets, aussi similaires à moi qu'ils puissent être et donc peu critiquables par moi-même, ne serait jamais à la hauteur à mon goût pour sortir avec ma soeur. J'avais pas l'intention d'être un grand frère saoulant et surprotecteur, c'était pas mon genre, mais je gardais quand même des convictions, des idées bien définies à propos de tout ça, je m'abstenais juste de tout sortir à voix haute. Olympe plaisanta en essayant de me montrer ses muscles. Mouais mouais. Me foutant gentiment d'elle, je pris un air ébahi, impressionné. Whoaaaa m'extasiais-je, souriant avant de me tourner vers les planches. Comme si je t'avais déjà fait payé quoi que ce soit lui fis-je remarquer en roulant des yeux, lui donnant un petit coup de coude au passage tout en m'avançant davantage dans la boutique pour rechercher un vendeur.
Petite je n'avais jamais vu les amis de mon frère s’encombrer de leurs frères ou sœurs, et pourtant lui, il avait toujours prit soin de moi. Il m'emmenait pas partout avec lui, mais presque, et j'avais grandit et mûrit grâce à lui, puisque sinon j'évoluais dans un cocon renforcé par papa et maman. Logiquement, je l'avais plusieurs fois accompagné à la plage, et retrouver cette petite habitude, ce petit plaisir avec lui après six ans, c'était carrément un grand plaisir. Même si on n'était pas d'accord pour Papa, au moins, on allait passer un bon moment ensemble ! Je tentais de lui montrer mes muscles, mais je ris en voyant sa tête forcée de surpris. Et je ris de plus belle lorsqu'il me donna un petit coup de coude en me disant que je n'avais jamais rien payé avec lui. C'était pas faux, mais j'aimais bien qu'il me le répète, et me le rappeler.. Je le suivis dans la boutique, commençant à regarder les planches, alors que mon grand frère cherchait un vendeur histoire qu'on puisse choisir les planches avant d'aller s'amuser. L'avantage, quand on est la plus petite, c'est que théoriquement c'est lui qui s'occupe de ce genre de truc.. Soudain, trouvant une planche totalement rose, comme ma maison, j'appelais César: " Héééé ! Viens voir, je veux celle-ci moi .. " On est rose ou on ne l'est pas. Et moi, j'adore ma maison jusque sur la plage dans un magasin de planche de surf, ouais, j'suis pas VP pour rien, après tout.
Je me sentais un peu bête, au milieu de cette boutique. Je m'y connaissais que moyennement en fait, ayant dut pratiquer en cachette, j'avais pas put m'adonner au surf comme je l'aurais fait si j'avais pas dut confier ma planche à un ami pour pas avoir le malheur de la ramener à la maison, que j'étais au passage même pas sensé quitter sans personne pour me tenir la main contre un salaire grassement payé par mes parents. C'est pas Olympe qui allait m'aider. Elle me désigna une planche rose ce qui me fit sourire. C'était bien une fille. Je rejoignis ma soeur, un vendeur sur les talons. Bien sûr, rose, ou j'avais la tête commentais-je, me moquant gentiment de ma petite soeur tout en désignant la planche au mec. J'en prenais une de façon plus aléatoire et alla payer pour une location de deux heures. Pas sûr qu'on surfe tout ce temps, mais bon, j'étais pas à quelques dollars près. Après avoir eu l'approbation du vendeur pour laisser mon épave au magasin en attendant qu'on revienne rendre les planches, je revins victorieux vers ma soeur, deux planches sous le bras, une rose et une blanche. On a deux heures lançais-je à Olympe en la rejoignant.
Ce n'était peut-être que du surf, je n'en avais jamais fait, mais j'avais tout de suite trouvé la planche rose assortie à la couleur de ma maison. Et je la voulais, tout simplement : j'avais encore un comportement enfantin, parfois, et je me laissais aller en vacances, puisqu'à Cambridge, en plus des cours, je dois assumer la location de mes appartements et que j'ai parfois du mal à faire tout ce que je voudrais. Du coup j'en profite. Je laisse César s'occuper de la location des planches, visiblement il en choisit une aussi, et il m'annonce que l'on a deux heures, et chacun une planche. En le voyant porter les deux, je prends pitié de lui, et je m'approche pour en prendre une sous le bras à mon tour : "Donne moi ça, j'suis assez grande pour porter la mienne maintenant. " c'est clair que petite, les planches étaient plus grandes que moi, alors.. M'avançant vers l'eau, mes pieds s'enfonçant avec douceur dans le sable sec, puis humide, je me tournais vers mon grand frère, un grand sourire aux lèvres. " Bon alors, on commence par quoi? " Même si juste passer du temps assis avec lui sur une planche, ça me vas. Parce que un moment avec lui, c'est toujours parfait, quand il ne parle pas de Papa.. M'accrochant à son bras, je déposais un baiser sur sa joue : " Merci d'être venu. C'était un bel effort, ça m'a fait plaisir. "
Olympe voulu me décharger d'une planche dès lors que je la rejoignais en transportant les deux. Elle était toujours aussi petite dans ma tête, mais je ne jouais pas pour autant les grands frères plus que de raison et lui obéissait, lui filant sa planche toute rose. Tiens dis-je avant d'ajuster mon bras tenant ma planche, désormais allégé du poids de la seconde. Comme ma soeur, je m'avança vers l'eau, impatient de m'y jeter, même si c'était pas forcément le truc à faire. Me passant ma main libre sur la nuque, j'ouvris la bouche pour répondre tout en continuant à avancer. Moi, on m'a d'abord apprit les positions sur le sable, mais je te propose d'aller un peu dans l'eau avant. J'ai plus l'habitude qu'il fasse chaud à ce point. J'ai envie de me rafraîchir un peu reconnus-je. Oui, j'avais été conditionné au temps plus maussade de l'Angleterre. J'étais limite déjà en sueur. Olympe vint s'accrocher à mon bras et m'embrassa sur la joue avant de me remercier d'avoir fait cet effort. A mon tour, je l'embrassa sur la tête. Je suis venu à Harvard pour être avec toi. C'est tout ce que je veux, Oly.
Je n'allais pas jouer la faiblarde et le poids pour césar jusqu'à la fin de ma vie. Et ça commençait par lui montrer que j'étais maintenant assez grande et assez forte pour porter ma propre planche de surf. Nous marchions vers l'eau, claire et calme, qui me donnait carrément envie. Il faisait chaud, vraiment, en plein soleil, puisqu'il tapait fortement à cette heure-ci. Et la phrase de César ne pouvait que me faire plaisir : tant pis pour les positions sur le sable, l'eau me donnait encore plus envie qu'un cours de surf en bonne et due forme. " Je t'avoue que j'ai énormément envie d'aller plonger la tête dans l'eau aussi... " . Juste après cet échange, je vins embrasser sa joue, en le remerciant. Parce que c'était mon grand frère, et parce que il faisait toujours des efforts pour moi. Le laissant embrasser ma tête, une idée me passa par la tête, et un sourire vint illuminer mes lèvres. M'approchant de l'eau tout doucement, je fini par poser ma planche sur le sable, avant de courir vers l'eau de Punta cana, en criant : " Le dernier à l'eau est une poulé mouillée César ! " C'était un petit peu vache, de courir avant d'avoir lancé ça, mais vu qu'il était sportif, ou du moins plus que moi, il aurait gagné avec beaucoup trop de facilité.
Je savais qu'elle voulait apprendre à surfer. Elle me l'avait dit et je le comprenais. Être dans son cas Australienne et ne pas savoir ternir debout sur une planche, ça crains quand même un tout petit peu. Mais enfin, elle avait le temps pour apprendre et nous nous étions là pour nous amuser et de toute évidence, on avait tout autant l'un que l'autre envie de piquer une tête. On allait pas se priver, non ? Je souris en guise de réponse. Bon, au moins on était sur la même longueur d'ondes. Après un petit moment affectueux ou elle me remercia d'être revenu vers elle, un sourire suspect, qui présageait pas que du bon pour moi vint se dessiner sur le visage de ma soeur et je la regarda faire, les sourcils légèrement froncés, suspicieux. Elle s'était avancée dans l'eau en catimini et elle se mit ensuite à courir, ne me criant qu'ensuite qu'elle venait d'entamer une course contre moi, en oubliant de m'avertir avant le lancement au passage. Eh ! Grognais-je, jouant les bougons, ma planche toujours sous le bras avant de me mettre à courir à mon tour, sans attendre davantage de me faire trop distancer. M'enfonçant rapidement dans l'eau derrière ma soeur, j'envoya ma planche en avant, l'eau étant suffisamment calme pour ne pas risquer qu'elle se fasse emporter et je plongea, me glissant avec délice entièrement dans l'eau. J'avalais un peu dans de mer au passage, mais peu importe. Voyant ma soeur arrêtée depuis ma position sous marine, je vins poser ma main sur sa jambe pour la faire sursauter puis je remontais à la surface s'en demander mon reste, crachotant un peu d'eau en passage en émergeant. Je nagea un peu pour récupérer ma planche et revint vers ma soeur. Qu'est-ce que l'eau est bonne dis-je, me délectant de ce moment parfait.
Ces moments tout simple, mais partagés avec mon frère prenaient à mes yeux une énorme importance. Parce que six ans de trous, six ans de souvenirs inexistants, c'est long. Alors ouais, le moindre sourire, le moindre petit éclat de rire se grave dans ma mémoire, profondément, et comme je sais que dans les moments difficiles, ou dans les moments où je me sentirais seule, je pourrais m'en souvenir. Voilà, là, j'étais heureuse avec ma famille. J'avais décidé de m'amuser aujourd'hui, et forcément, ça passait par aller piquer une tête dans l'eau.. mais histoire de pimenter la chose, je décidais de faire a course avec César.. sans l'en informer. C'est plus drôle comme ça, j'ai plus de chance de gagner. Arrivant la première dans l'eau, je fis quelques brasses, m'éloignant du bord, avant de revenir lorsque César m'avait rejoint. Qu'est-ce que l'eau est bonne Je ris, nageant vers lui, dans son dos, pour venir m’agripper à son cou, comme je le faisait, enfant. " Je confirme." Posant ma tête sur la sienne, en me retenant grâce à ses épaules, je fermais les yeux, profitant du soleil. Qu'est-ce qu'on est bien ici.. j'veux plus jamais qu'il parte. Et je veux qu'on reste ici, j'veux pas retourner à Cambridge. En fait, je veux qu'on vive comme avant, comme en australie..
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J'avais beau avoir passé six ans loin d'elle, je restais son grand frère. C'était mon job de ne pouvoir voir en peinture aucun des mecs susceptibles d'avoir les mains baladeuses sur elle. Aucun de ces grandes dadets, aussi similaires à moi qu'ils puissent être et donc peu critiquables par moi-même, ne serait jamais à la hauteur à mon goût pour sortir avec ma soeur. J'avais pas l'intention d'être un grand frère saoulant et surprotecteur, c'était pas mon genre, mais je gardais quand même des convictions, des idées bien définies à propos de tout ça, je m'abstenais juste de tout sortir à voix haute. Olympe plaisanta en essayant de me montrer ses muscles. Mouais mouais. Me foutant gentiment d'elle, je pris un air ébahi, impressionné. Whoaaaa m'extasiais-je, souriant avant de me tourner vers les planches. Comme si je t'avais déjà fait payé quoi que ce soit lui fis-je remarquer en roulant des yeux, lui donnant un petit coup de coude au passage tout en m'avançant davantage dans la boutique pour rechercher un vendeur.
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