You are my father, but you abandoned me | Kaleb & Nikolaï

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me connaisse, je pensais sérieusement à un fou, une espèce de malade obsédé par ses élèves ou une connerie de ce genre, comme on voit seulement dans les films et séries télé. Mais à ma grande surprise, une fois ma blessure soignée, je me dirigeais de nouveau vers lui l'écoutant me parler et m'expliquer qu'il connaissait le principal à mon sujet, car il connaissait ma mère.. Et qu'il était amoureux d'elle. C'est quoi ce délire ? Ma mère ?! Disais-je à la fois surpris et énervé. J'ai horreur qu'on parle d'elle, car elle a toujours été là pour moi, c'est grâce à elle et son argent tombé du ciel si aujourd'hui je ne suis pas en train de me piquer ou sniffer n'importe quoi. Je restais droit devant lui, les yeux toujours aussi froncés, car cette histoire commençait à prendre une tournure qui ne me plaisait absolument pas. Elle ne m'a jamais parlé de vous. La seule personne dont a elle a été amoureuse, c'est l'espèce de lâche qui nous a abandonné avant ma naissance. Disais-je avec un rictus de haine sur le visage, faisant bien évidemment référence à mon père .. Et si .. Non ça ne peut pas être lui, c'est impossible.

Situastion plus délicate tu meurs. Même quand j'avais un avion entre les mains et une bande de débutants sous mes ordres c'était bien plus facile et beaucoup moins intimidant. Là, je suis complètement largué et je ne sais pas du tout comment agir, réagir. Seulement quand il m'évoqua comme étant un lâche, c'est sorti tout seul, je me suis énervé, enfin, c'était plus des sourcils légèrement froncés et une voix bien plus grave et forte qui sortit, et j'en ai profité pour me lever par la même occasion Je ne savais pas qu'elle était enceinte Nikolaï. Elle n'a pas voulu me mettre au courant. Pour je ne sais quelle raison. J'aurais su que tu existais, j'aurais tout fait pour faire parti de ta vie crois moi. Je lui disais ça, comme s'il était au courant que c'était moi son père, hors ce n'était pas du tout le cas, mais j'avais enchaîné, c'était sorti tout seul, et je préférais tout dire d'un bloc plutôt que d'attendre ses réactions et questions. Bien que c'était peu ce que je lui avais dit et qu'il aurait certainement d'autres questions, mais au moins il verrait bien que je n'essaie pas de me sauver, mais que je suis bel et bien sincère avec lui.

Je ne m'attendais clairement pas à ça, je restais bouche bée, chose qui ne m'arrive que très rarement. J'avais envie de hurler, de lui en mettre une.. Je n'arrivais pas à croire que je me trouvais devant mon père, l'homme qui selon moi est coupable de bien des malheurs dans ma vie. Je restais quelques secondes sans rien dire, avant de briser ce silence en affichant un regard rempli de colère et de haine. J'ai lu votre lettre, celle dans laquelle vous lui dites de ne pas vous attendre .. Vous appelez ça comment vous ? Un mec pas foutu de dire à la femme qu'il aime qu'il va partir en la regardant droit dans les yeux ? Un lâche. Je lui disais ça en le regardant dans les yeux, hors de question de baisser le regard face à cet homme qui nous a fait tant de mal, que ce soit à ma mère ou à moi. Mais je n'arrivais pas à le croire, à croire ses paroles. Et arrêtez de me prendre pour un con, si vous n'étiez pas au courant, comment ça se fait qu'aujourd'hui vous l'êtes ? Oui comment peut-il connaître mon existence seulement aujourd'hui ? Je ne vois pas pourquoi ma mère lui aurait annoncé la nouvelle presque vingt-trois ans plus tard, c'est juste du grand n'importe quoi. J'avais tellement envie de partir, de le frapper, mais aussi de lui poser tellement de questions qu'en fin de compte, je restais simplement devant lui, le regard fixé et froncé vers lui.

Réflexion faite, si je suis un lâche, il avait raison. Je me suis mis alors à dire à voix basse mais surtout parce que je m'en étais toujours voulu d'être parti de la sorte J'aime pas les aurevoir. Faut dire que je ne suis pas doué pour les faire et je savais que j'aurais été incapable de partir si j'étais allé la voir. C'était plus facile, repris-je un peu plus fort, je devais partir loin et elle avait ses propres rêves, nos chemins allaient forcément se séparer et elle ne me l'a pas dit sûrement parce qu'elle ne voulait pas me retenir, me faire revenir et briser mes rêves ... Mais je lui en voulais d'avoir fait ça, c'était le choix qu'elle n'aurait jamais du prendre toute seule, c'est mon gosse à moi aussi bordel ! Mais oui comment cela se faisait que je n'étais au courant que maintenant. Normal qu'il me pose la question, parce qu'il ne savait pas que c'était moi qui lui avait payé cette cure. Je pris une inspiration légère avant de lui répondre Ta mère m'a appelé il y a quelques mois, elle avait besoin de mon aide, elle était dévastée, alors je l'ai aidé du mieux que j'ai pu. Je t'ai aidé. Elle a fait d'une pierre deux coups. Pour savoir pourquoi elle ne me l'a pas avoué plus tôt, il n'y a qu'elle qui pourra te donner la réponse.

Ce qu'il disait sur ma mère avait le don de m'énerver davantage, c'est du grand n'importe quoi. C'est vrai qu'élever un gamin toute seule, sans le moindre fric c'est un sacré rêve. Disais-je toujours en le regardant droit dans les yeux. Comment voulait t-il qu'elle le retient alors qu'il s'est tiré comme un lâche ? C'est bien beau de tout remettre sur le dos de ma mère, mais le seul coupable c'est lui. En prenant ses couilles à deux mains il aurait pu tout changer, j'aurais pu grandir avec un père, ma mère aurait pu être heureuse et je n'aurais peut-être pas eu la vie que j'ai eue, rien que le simple fait de me faire surnommer 'le bâtard' toute ma vie aurait pu changer.. Mais la cerise sur le gâteau fut lorsqu'il m'expliqua comment il a appris mon existence, tout prenait un sens. Je levais les yeux au ciel. Putain j'y crois pas .. C'est vous qui avez payé ma cure ? Demandais-je sans vraiment le demander, car j'ai bien compris le message, c'est lui qui m'a payé ma cure de désintox, ma mère n'aurait jamais eu les moyens. Je le regardais une nouvelle fois dans les yeux, mes nerfs allaient lâcher, si ce n'est déjà fait. Je vais vous rembourser jusqu'au dernier centime, je ne veux pas vous être redevable de quoi que ce soit. Même si je n'ai clairement pas les moyens.. Mais c'est trop pour moi, je reculais petit à petit pour sortir du bâtiment sans même regarder si mon 'père' me suivait.

Pour la première fois de ma vie, je perdais carrément le contrôle. Non c'était la deuxième fois. Avec sa mère aussi j'avais perdu le contrôle, je m'étais laissé aller et j'aurais pu abandonner mon boulot avant même de le commencer. Seulement je ne savais plus du tout quoi dire à mon fils que je voulais absolument apprendre à connaître, et que je voulais qu'il fasse partie de ma famille. Seulement il n'était pas prêt à vouloir ça lui. Je ne voulais en aucun cas accuser sa mère, sa mère que je n'avais jamais cessé d'aimer, et je ne voulais pas davantage me justifier, parce que rien ne pourrait justifier le fait que j'ai été absent dans sa vie. Je ne pouvais que comprendre sa colère. Il voulait de surplus me rembourser mais je ne pouvais pas accepter. Il finit par s'en aller sans me laisser le temps de répliquer. Mais je ne voulais pas en finir aussi mal avec lui. J'aurais pas du lui dire c'est sûr mais maintenant c'est trop tard et j'ai tout intérêt d'arranger tout ça. Nikolaï s'il te plait attends moi. Je ne peux rien faire pour changer le passé mais ne me rembourse pas, je l'ai fait pour toi, pour ta mère, pas pour attendre quelque chose en retour. Oui je voudrais faire partie de ta vie, mais si tu ne le veux je le comprendrais parfaitement. Si j'avais su que tu existais, jamais je ne serais parti. Ca s'embrouillait un peu dans ma tête et ça se ressentait dans mes dires mais j'avais pas envie qu'il m'échappe alors j'avais tout laissé sortir, quitte à ce que ça n'ait sans queue ni tête.

Je trouverais bien un moyen de le rembourser, quoi qu'il pense, quitte à faire encore plus d'heures le soir. Mais il s'attendait à quoi sérieusement ? Que je lui saute dans les bras, que je me mette à le tutoyer et que je l'appelle papa ? Non j'en suis incapable, c'est bien trop douloureux. Oui toutes ces années sans lui, c'était une vraie souffrance car j'avais besoin d'un père, d'une figure paternelle pour me remettre dans le droit chemin quand j'en avais besoin, d'un père qui m'aurait aimé dès le premier jour. Alors quand il termina par me dire qu'il ne serait jamais parti en apprenant que ma mère était enceinte, je me suis retourné directement vers lui de colère. C'est de vous que j'avais besoin, pas de votre fric ! Pourquoi avoir attendu tant de temps ?! Disais-je en le poussant violemment de rage des deux mains, quelques larmes commençant à couler de mes yeux, mais je me retenais, probablement par fierté mais aussi parce que j'ai horreur de pleurer. Quand elle est morte à cause de moi, c'est pas d'une putain de cure que j'avais besoin, mais d'un père pour me remettre sur le droit chemin .. Mais apparemment vous aviez autre chose à foutre que de vous occuper de votre fils avant le mois dernier. Disais-je en le regardant dans les yeux, le regard humide. Oui j'avais besoin de lui, depuis bien longtemps, depuis mon plus jeune âge mais encore plus après le décès de l'amour de ma vie. Où était-il ? Aucune idée, mais loin de moi, loin de son fils en pleine détresse.

Le sujet délicat, le sujet qui me rendait mal, tellement mal qu'il me forçait à boire et à fumer bien trop. Mais j'allais me retenir de sortir une clope pour lui montrer l'exemple, car c'était ce dont il avait besoin. Il en avait toujours eu besoin et je n'avais pas pu être là pour lui durant toutes ses années, et même si je n'étais pas fautif, je m'en voulais tellement. Je ne le connais pourtant que depuis un mois et le voir dans un tel état me rendait vraiment mal, tellement que je ne voulais pas m'apitoyer sur mon sort, mais il semblait vouloir vraiment savoir pourquoi je n'étais pas venu plus tôt. Je n'ai jamais parlé de la mort de ma femme et j'avais du mal à déglutir. Non je n'allais pas pleurer, je n'avais jamais réussi à pleurer, juste à me sentir tellement mal que ça me rongeait l'âme et le coeur. Mais je lui devais la vérité. J'aurais voulu venir dès que j'ai appris pour cet horrible ... chose qui t'ai arrivé. Mais la femme que j'aimais moi aussi était en train de mourir. Il ne lui restait que quelques mois à vivre et le choix a été dur à prendre, seulement je ne pouvais pas laisser ma fille seule à supporter la mort de sa mère ... Et tu n'es pas fautif. Les seuls responsables ce sont les terroristes. Disais-je de façon bien plus tranchante que le reste de ma réplique.

Je l'écoutais me parler, m'expliquer pourquoi il n'était pas revenu plus tôt. Il avait donc refait sa vie, fondé une nouvelle famille alors que ma mère se déchirait chaque jour pour trouver l'argent nécessaire pour nous faire manger. Et le pire ? Je suis certain qu'elle aime encore ce type. Mais mine de rien son histoire avec sa femme me touchait, mais je ne voulais pas le laisser s'en rendre compte. Votre fille ? Vous n'avez pas perdu de temps pour l'oublier. Disais-je en reprenant petit à petit le contrôle sur moi-même, hors de question de laisser paraître la moindre faiblesse, ça ne me ressemble pas. Cependant je ne pouvais pas parler de sa défunte femme, car je sais pertinemment à quel point ça fait mal de perdre l'être qu'on aime le plus au monde. J'étais tout de même obligé de revenir sur ses propos, car il se trompait sur un point .. C'est à cause de moi si elle se trouvait sur les lieux, j'aurais dû être avec elle, mais je suis arrivé trop tard.. Je suis le seul responsable. De plus elle n'avait pas cours ce jour-là, tout est de ma faute et je vivrais jusqu'à la fin de mes jours avec cette pensée. Je le regardais dans le blanc des yeux, après presque 23 ans je me retrouvais face à mon père .. Et vous attendez quoi de moi ? Que je vous appelle papa ? C'est trop tard pour ça. Lui disais-je froidement, voyant dans mon regard que je lui en voulais pour tout ce qu'il a fait subir à ma mère, mais aussi à moi.

C'était clairement pas facile mais je n'étais pas prêt d'abandonner, sinon je ne serais pas venu au USA. Je savais très bien à quoi m'attendre une fois que je lui aurais annoncé la vérité, vu que mon ancien amour n'a pas eu la force de le faire. Je ne lui en voulais pas à elle non plus, rien que pour l'amour que je lui ai porté pendant ces quelques mois et les années où je n'ai jamais cessé de penser à elle. Seulement Niko ne voyait pas la chose du même œil, non je suis toujours autant le salaud qui les a abandonné et qui a refait sa vie ailleurs. Je n'avais mis que deux ans avant de trouver une femme, et trois pour avoir un bébé alors que je pensais que jamais je ne pourrais en être capable et que je finirais par revenir vers mon premier amour. Je ne l'ai jamais oublié. Lui répondais-je simplement mais franchement. Puis il enchaîna sur le fait qu'il se sentait clairement responsable de la mort de sa petite amie et je ne pouvais que comprendre. La culpabilité est la pire de toute. La plus dure à faire partir et à vivre avec. Te rendre responsable ne t'aidera pas à la ramener, ça ne t'aidera qu'à t'enfoncer. Je ne voulais pas non plus trop en rajouter bien que je voulais tout faire pour qu'il arrête de se sentir aussi responsable. Il finit par me lâcher une sacrée bombe, sur ce qu'il croyait de moi. Je haussais légèrement les sourcils, surpris par une telle spontanéité. Je sais bien Nikolaï. Je veux juste apprendre à te connaître et faire à présent parti de ta vie, être là pour toi.