I need some sleep, you can’t go on like this

« C’est qu’elle mordrait ! Aaron, préparez-vous à protéger notre plateau bec et ongle sinon, elle risque de ne pas nous en laisser une miette mais je suis d’accord avec vous, il faudrait plancher sur une loi reconnaissant le statut du compagnon en cas de grossesse… Nous sommes des laissés pour compte » m’amusais-je tandis que je glissais ma main sur la nuque de ma femme pour jouer avec la base de ses cheveux, je savais combien cela pouvait la détendre même en cas de bouderie intensive. Les plats de ma femme ainsi que notre plateau ne tardèrent pas à arriver et avec Aaron, on ne put qu’être tenté par ses brochettes et son riz mais la dame s’avéra intransigeante sur le partage. « Euh tu ne l’as pas déjà fait ? Ah non, tu nous as juste menacé pour qu’on mange rapido notre plateau sans quoi tu piquerais une crise » plaisantais-je tandis que je choppais un des sushis pour l’apporter à ses lèvres. « Juste un ! » la prévins-je car je n’avais pas du tout l’intention de la laisser s’empiffrer d’aliments crus car ce n’était pas bon ni pour elle ni pour le bébé. « Au fait Aaron, vous enseignez quelle matière ? J’avoue que je n’ai pas bien retenu lorsque Thais m’en a parlé… J’étais un peu trop focaliser sur mon envie d’aller apprendre la vie à ces étudiants »grimaçais-je. J’allais finir par me coller tout seul une image de violent si je ne mesurais pas plus mes mots. Violent, je ne l’étais pas du moins, je ne répondais à la violence par la violence lorsque cela le nécessitait. Bon ok, j’avais la détente facile mais j’avais des principes moraux : je ne levais jamais la main sur une femme ou un enfant.

« Mais regardez-le ce plaintif devant l’éternel ! C’est moi qui devrait me plaindre à la SPTB ! Société protectrice des Thaïs battues ! Je suis sûre que si je créais cette association j’aurais du succès en prime… » fit-elle semblait de réfléchir avant de hausser légèrement les sourcils d’un air faussement défiant car Caleb n’avait jamais été violent avec elle, jamais. Il était le meilleur des maris et l’irlandaise n’avait de cesse de le dire d’ailleurs. « Même pas vrai que je l’ai déjà fait ! Mais tu as raison Aaron j’ai de la chance, j’ai épousé le meilleur ! » Et la preuve en fut lorsque l’allemand de son cœur lui offrit un sushi, dont elle se délecta longuement comme si elle ne pourrait plus jamais en manger. Une chose était toutefois certaine : Thaïs en ferait overdose après son accouchement ! « N’empêche je trouve ça méritoire ce que tu fais Aaron, c’est tout à ton honneur mine de rien ! Et figure-toi que Caleb compte bien faire la chambre de notre bébé… c’est l’artiste de notre famille jusqu’au bout des ongles ! »

« Carrément tu fondes une association hein ?! » m’exclamais-je avant de secouer la tête de droite à gauche, amusé. J’adorais lorsque Thais était aussi détendue, aussi souriante. Elle n’en était que bien plus adorable et magnifique. Moi-même, je me sentais particulièrement bien dans ce restaurant et cela se ressentait dans ma manière d’être car le moins qu’on puisse dire, c’est que j’étais calme et souriant. D’ordinaire, en présence d’une personne que je ne connaissais pas ou peu, j’avais tendance à rester distant et muet. « Et moi la meilleure mais tu as raison Aaron, c’est con comme idée. A la place des traditionnelles fleurs, je lui apporterai un plateau de tout ce que je lui interdis de manger pour me faire pardonner » souriais-je. J’interrogeais néanmoins Aaron sur la matière qu’il enseignait histoire d’apprendre un peu mieux à le connaitre, laissant les compliments à ma femme car elle était bien meilleure que moi dans ce domaine même si elle réussit l’exploit à me faire légèrement rougir au sujet de la chambre de notre bébé. « Je suis pas aussi talentueux que mon meilleur ami côté peinture mais je sais bricoler et dessiner, ça compense » haussais-je les épaules avant d’engloutir deux sushis histoire de reprendre contenance. « Je suis en histoire de l’Art et en danse… C’est d’ailleurs grâce à la danse que j’ai rencontré Thais » expliquais-je. « Cela doit être intéressant d’être archéologue, vous devez pas mal voyager non ? »

« Ben… on peut passer outre les détails hein ! » haussa-t-elle les épaules avant d’éclater de rire car évidemment, Thaïs plaisantait. Caleb ne l’avait jamais battue et ne la battrait jamais, à la place, il la protégeait contre vents et marées de tous ceux lui souhaitant du mal, et dieu sait combien ceux-ci avaient été nombreux depuis leur rencontre et leur mise en couple. D’autant plus depuis qu’elle était enceinte, car la jolie irlandaise se trouvait malheureusement dans une position de faiblesse plus véridique encore. « Bah tu peux amener des fleurs ET un plateau, l’un n’empêche pas l’autre… merci Aaron, tu es adorable » lui sourit-elle avec sincérité car le compliment qu’il venait de leur faire, à l’un comme à l’autre, la touchait particulièrement. Elle demeura légèrement plus en retrait sur la suite de la conversation, laissant les deux hommes faire connaissance tandis qu’elle dégustait paisiblement ses brochettes et son riz cantonais sauvagement protégé par ses soins. Ce n’est que vers la fin du repas qu’elle reprit réellement la parole, après avoir eut un coup de fil de son cousin réclamant hélas sa présence. « Laisse-moi deviner chéri, Mallo vient de t’appeler aussi ? Je suis sincèrement désolée Aaron, j’ai mon cousin que je crois capable de faire une connerie qui vient de m’appeler aussi vais-je devoir vous laisser… mais c’était une soirée formidable et j’espère que l’on remettra ça très vite !! » Elle embrassa le professeur sur la joue et offrit un baiser d’anthologie à Caleb pour mieux s’éclipser du restaurant. Urgence familiale oblige…

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