I need some sleep, you can’t go on like this

Thaïs savait très bien que Caleb ne serait pas à l’aise immédiatement en présence d’Aaron et elle eut presque la même réaction que Mina, levant doucement les yeux au ciel d’un air amusé avant de faire la bise simultanément à la brunette ainsi qu’à Bambi, leur souhaitant de bien rentrer. Rapidement, le bel allemand et Aaron se serrèrent la main, du moins c’est ce que la blondinette crut entendre et la chose lui arracha un franc sourire satisfait avant que l’un et l’autre ne commencent à vouloir s’esquisser. « Heu… si je comprends bien vous voulez me laisser toute seule dans ce parc à la merci du premier agresseur venu ? » plaisanta-t-elle-même si son humour pouvait paraître trash. Thaïs ne comprenait pas pourquoi ils étaient gênés alors qu’ils pourraient tout aussi bien passer une bonne soirée ensemble, ce qui changerait les idées du professeur et permettrait à Caleb de le connaître et, pourquoi pas, de l’apprécier. Du moins c’est ce que la jeune irlandaise se permettait d’espérer. « Je t’en prie Aaron mais tu sais, tu n’es pas obligé de rester tout seul. Chéri, on peut aller faire les courses plus tard ensemble et pourquoi pas aller manger un morceau quelque part ? Histoire de faire plus ample connaissance… à moins que vous ne soyez pressés de me quitter l’un comme l’autre bande de filous !! »

Je crois que sur le moment, j’aurais tout fait pour quitter ce parc avec les filles car les rencontres fortuites où je devais faire preuve du minimum syndical question sociabilité n’étaient pas mon fort. Ce n’est pas que je n’aimais pas mon prochain mais j’étais tout bonnement associable, c’était plus fort que moi pourtant, lorsque je connaissais la personne, j’étais un véritable emmerdeur à toujours taquiner mes proches. En somme, un ours mal luné qui se transformait en véritable teddy bear dès qu’on passait ma mauvaise humeur ambiante. « Vous n’avez peut-être rein fait de spécial à vos yeux mais aux miens, vous méritez ma reconnaissance » notais-je néanmoins car Thais était la prunelle de mes yeux et si quelqu’un lui venait en aide, il méritait que je le remercie. J’étais ainsi et le contraire était tout aussi vrai, je pouvais me montrer des plus violents lorsqu’on s’en prenait à ma femme. Toutefois, dans ma précipitation à les laisser seul pour ne pas déranger, je fis comprendre à Aaron que je ne désirais pas sa compagnie. Or, ce n’était vraiment pas le but. « Dis pas de bêtise mon cœur, tu sais très bien qu’il faudrait me passer sur le corps pour te toucher ! » marmonnais-je ne sachant pas trop quoi faire. Son ami allait partir mais comme le signala à juste titre Thais, nous pouvions tout aussi bien aller manger un morceau en ville, tous les trois. « Pourquoi pas, ça m’évitera de faire la cuisine pour une fois » plaisantais-je tout en glissant un bras autour des épaules de ma femme. « Joignez-vous à nous ! »

Ouf, les deux avaient mordu à l’hameçon, YES ! Thaïs esquissa dès lors un sourire satisfait, même si elle avait honte de son humour de mauvais goût… ce dernier venait de lui permettre d’éviter de rester seule à en crever dans un parc archi sombre, effectivement à la merci du premier agresseur venu, et qui sait, peut-être que ce moment tous les trois permettraient aux deux hommes de s’apprécier ? La jeune irlandaise l’espérait de tout cœur, à vrai dire, surtout si cela pouvait changer simultanément les idées de Caleb et d’Aaron. « Je sais bien mais je t’offre donc une opportunité d’éviter d’avoir à jouer les Rambo en restant avec moi ! » s’exclama-t-elle en lui donnant un petit coup de coude suivi d’un clin d’œil avant de paraître purement et simplement ravie que le professeur accepte également son offre. La jeune blonde avait plutôt bien manœuvré, il fallait dire ce qui est ! « Chouette ! Alors heu… moi j’ai foooollement envie de brochettes japonaises, chéri je sais que j’ai pas droit aux aliments crus mais j’ai dit brochettes hein ! Donc CUITES… ça vous tente tous les deux ? Sinon je suis open à toutes propositions culinaires qui impliquent que Caleb ne fasse pas la cuisine, tout me va de toute façon en ce moment je suis un veeentre sur pattes ! »

Je ne savais pas vraiment quelle serait la réaction de cet homme face à l’invitation de ma femme mais tout ce que je savais, c’était que cela me gênerait pas plus que ça de partager un repas en sa compagnie. Après tout, il avait sauvé la mise de Thais et rien que pour cela, il avait ma gratitude éternelle. « Je croyais que tu aimais bien quand je jouais les rambos justement ? » plaisantais-je en passant la main dans les cheveux de ma jolie blonde pour la décoiffer. Cela l’énervait à chaque fois ! En même temps, il fallait bien que je me venge de son coup de coude. Le professeur Connor accepta finalement l’invitation, demandant au passage ce qui ferait plaisir à Thais. Celle-ci répondit qu’elle se ferait bien un restaurant japonais. Pourquoi pas ?! « Hey, arrête de me faire passer pour un tortionnaire… Je fais simplement attention à ce que tu manges, c’est tout ! » marmonnais-je non sans sourire. « N’empêche, tu sais que dit comme tu viens de le dire, on pourrait penser que je suis une catastrophe en cuisine ? » la taquinais-je avant de me tourner vers son ami. « Si c’est ok pour vous, il y a un restaurant japonais pas très loin ». C’est ainsi que notre trio se retrouva bientôt attablé dans un restaurant. « Je sens que je vais me faire un assortiment de sushi » grimaçais-je en regardant la carte. J’étais plus chinois que japonais.

« Ne te méprends surtout pas chéri j’adore quand tu joues les Rambo mais je ne veux pas que tu t’épuises en le faisant non plus » s’amusa-t-elle à répondre non sans caresser doucement sa joue pour mieux sourire en entendant Aaron accepter sa proposition. Au moins, il ne serait pas seul ni tenté de faire une connerie pendant le moment qu’ils passeraient tous les trois et la jeune irlandaise devait s’avouer rassurée : elle appréciait grandement le professeur et s’inquiétait pour lui, fatalement, surtout en cette journée si… spéciale. « Rhaaaa mais non je te fais pas passer pour un tortionnaire ! Aaron tu devrais me soutenir, il n’y a plus aucune solidarité de nos jours » grogna-t-elle faussement pour mieux se mettre à marmonner, espérant arracher au moins un sourire à l’un comme à l’autre même si pour le coup, une fois qu’ils furent arrivés au restaurant japonais, Thaïs sentit très nettement la solidarité masculine se renforcer. « Vous savez que ça devrait être interdit par la loi de contrarier une femme enceinte ? Z’êtes qu’une bande de tortionnaire, vais vous bouder au moins cinq minutes et faire une overdose de brochettes et de riz cantonais, VOILA ! »

« Je suis increvable de chez Lustucru ! » rétorquais-je avant de me passer la main dans les cheveux. D’ordinaire, mes conneries, je les réservais qu’en privé et non devant un parfait inconnu mais il faut croire que ce professeur avait un je ne sais quoi qui me faisait me sentir à l’aise. « Ah non, solidarité masculine chaton, laisse tomber ! » fanfaronnais-je légèrement avant de me tourner vers Aaron « Sur ce coup-là, je vous dois une fière chandelle même si je m’interroge de savoir tout ce que raconte ma femme sur moi ». Après tout, il était légitime que je me pose cette question bien que c’était plus pour embêter ma femme que pour connaitre la totalité de ce qu’elle pouvait bien raconter sur mon compte. J’étais même ravi qu’elle parle de moi ! On se retrouva rapidement devant la carte des plats et autant dire que mon choix fut rapidement fait à l’instar d’Aaron. « Et voilà qu’elle boude ! ça faisait longtemps tiens… Vous voyez comment elle essaie de nous rendre responsable du fait qu’elle va faire exploser son ventre ce soir ?! Les femmes, je vous jure » soupirais-je tandis que j’affichais un léger sourire. « Je ne sais pas vous Aaron mais je suis bien plus branché chinois… A part les sushis.. Tiens sur la carte, il y a tout un plateau, ça vous tente de le partager ? » lui proposais-je histoire qu’on rivalise un peu avec Thais pour la peine. Je glissais un bras autour des épaules de cette dernière. « Tu boudes toujours ou tu me laisseras te piquer un peu de ton riz cantonnais ? » lui demandais-je, amusé.

C’est pas vrai, voilà que Caleb fanfaronnait de cette nouvelle solidarité masculine avec Aaron, que dis-je, cette complicité qui semblait si bien leur aller au teint ! Pour le coup, Thaïs ne pouvait pas s’empêcher de grogner fortement car son envie de sushis lui matraquait le cerveau, cette envie virant limite à l’obsession comme n’importe quelle envie de femme enceinte se respectant. « Je te rends pas responsable de mon appétit, mais qu’il est médisant celui-là ! C’est vous qui avez commencé avec votre foutu plateau de sushis qui va me monter au nez pendant des plombes ! Vous avez intérêt à le manger rapido sinon je vais piquer une crise ! » maugréa-t-elle en haussant les épaules, se félicitant tout de même des mets commandés qui chatouillaient délicieusement ses narines dès qu’ils furent servis. Thaïs était presque prête à attaquer mais autant dire qu’elle fronça aussitôt les sourcils en éloignant son plat et son bol de riz cantonais de ses deux goinfres de bas étage. « Tututu ! Pas touche sinon je mords ! Z’avez qu’à vous goinfrer honteusement avec vos sushis, est-ce que je menace de vous en piquer moi, hein ? Et pis je boude si je veux, et je me goinfre si je veux !! » reprit-elle non sans leur tirer la langue pour mieux attaquer une premier brochette à pleines dents. Fallait pas déconner dans la choucroute, ou en l’occurrence, dans le riz cantonais !