JORDEN&ALEXYS † tell me the truth!

Je ne pensais pas en arriver là. Je ne pensais pas revoir Jorden un jour, je ne pensais pas avoir l'envie de me venger pour ce qu'il m'avait fait, je pensais pas arriver encore à le regarder comme avant et pourtant, il avait l'air si... Comme avant, comme ce mec dont j'étais tombée amoureuse cinq ans plus tôt. Je pensais pas que j'en serais arrivée à vouloir le frapper et encore moins qu'on se retrouve au commissariat parce que je veux dire, des disputes, on en avait eu un paquet à Toronto et jamais on ne s'était retrouvé dans une voiture de flics pour autant. C'était on ne peut plus naturel pour nous et, j'avais l'impression de revivre ça aujourd'hui. Il n'avait fait sortir de cellule alors qu'il n'était pas obligé et je me retrouvais avec l'obligation de lui offrir un verre. C'était dingue comme situation, lui qui voulait m'éviter parce que je n'étais pas n'importe quelle ex et maintenant, il voulait aller boire un verre ? Wahou, truc de fou. J'enfilais une robe noire, légèrement décolleté parce que c'était toujours plus intéressant comme ça, me dirigeais vers la salle de bain pour me coiffer et me maquiller avant de prendre ma veste en cuir, mon sac, de mettre des escarpins noires et de partir. Je pris ma voiture parce que j'avais vraiment la flemme de marcher avec ses talons de merde et arrivais devant chez Jorden à 20h pile. Bon bah, il y avait plus qu'à attendre qu'il ramène ses fesses parce qu'il était hors de question que je sonne. De toute façon, avec ce gigantesque portable, je me demandais où était la sonnette. Comment est-ce que quelqu'un arrivait à avoir une aussi grosse baraque pour lui tout seul ? Ah oui c'est vrai, on parle de Jorden Alexandre Klein là !

Je ne savais pas vraiment pas ce qu’il avait derrière la tête mais, c’était trop bizarre. Il  voulait m’éviter mais en même temps, me demandait de l’inviter prendre un verre. Je ne pouvais pas refuser, il avait quand même payé ma caution alors que je ne savais même pas si j’aurais eu assez de fric pour sans demander de l’aide à Jeno. Il était en train de foutre tous mes plans à l’eau du moins, c’est comme ça que je voyais les choses puisque je perdais totalement le contrôle. J’attendais devant chez lui, me demandant s’il allait venir ou me faire poireauter devant le portail plusieurs heures. Peut-être qu’il avait oublié après tout. Et bien non, deux minutes plus tard, il était bel et bien là, en face de moi et son comportement ne me surprit pas plus que ça. C’était Jorden, en quatre ans il n’avait pas changé, toujours aussi sûr de lui. Le jour où tu retrouveras quelqu'un d'aussi bien foutue trésor, tu m’appelleras ! Je désignais ma silhouette avant de lui faire un clin d’œil, avançant vers ma voiture. Je fis semblant d’hésiter suite à la fin de sa phrase et finis par hausser les épaules en lui répondant simplement accompagné d'un léger sourire : J'en sais rien, t'as pas peur ? C'est pas une limousine ! Bah ouais, monsieur Klein dans une voiture du petit peuple, ça devait être étrange. De toute façon, il n’avait pas vraiment le choix, c’est moi qui décidais ce soir toc ! Je m’installais du côté conducteur et mis la clé sur le contact.

Jorden, il me faisait rire et péter les plombs en même temps. Le truc, c’est qu’entre nous, ça n’a jamais été normal. J’entends par là qu’on passait notre temps à nous chercher, nous lancer des pics, nous engueuler mais au final, c’était pour mieux se retrouver. Aujourd’hui, ce n’était pas si différent. Je prenais ses réflexions avec le sourire bien qu’intérieurement, je bouillais et l’envie de m’énerver contre lui était constamment présente. J’aurais pu très mal prendre sa remarque or, son sourire me faisait oublier à quel point j’avais eu mal ce jour-là. Reste calme Alex, la soirée ne fait que commencer. Oh, ça tombe bien que tu abordes le sujet. En te quittant, j'ai remarqué que t'étais sans doute le pire coup que j'ai pu avoir. Après toi ils étaient tous tellement... Wahou. Je trouve même pas de mots à mettre là-dessus. Bam, prends toi ça dans les dents. A mon tour je lui souriais puis, montais dans la voiture alors qu’il semblait hésité parce que ce n’était pas une Porsche ou une autre grande voiture de marque mais, une voiture on ne peut plus normale, le genre de bagnole qu’on croise à tous les coins de rue. C'est ce qu'on appelle une voiture ! Une voiture normale, que la plupart des étudiants ont, pas une voiture de sport ou pour les fils à papa. Jorden, c’était un gosse. Il fallait lui apprendre la vie parce qu’il était né avec une cuillère en or dans la bouche et pensait que tout lui était du. C’était le genre de mecs que je détestais habituellement et pourtant, j’avais réussi à tomber amoureuse de lui, à croire qu’il était tout de même différent. Je me demandais bien en quoi ! Le douze mars, je suis contente que tu t'en rappelles ! Je finis par démarrer en me foutant légèrement de sa gueule. Nan mais sérieux, j’avais réussi à le faire monter là-dedans, quel exploit ! Je pris la direction du Lord Hobo parce que c’était sans doute le meilleur bar qu’on puisse avoir à Cambridge ou en tout cas, il l'était à mes yeux.

Raah il me saoule ce mec, il me saoule ! J’ai envie de lui foutre des claques et en même tant de l’embrasser. Je ne supporte pas son caractère de merde mais d’un côté, ça ne serait pas pareil s’il n’avait pas été comme ça. C’est ce que j’aime chez lui, le fait qu’on ne s’ennuie jamais, que l’un de nous a toujours un truc à dire pour pousser l’autre à bout. J’aime sa répartie même si sur le coup, c’était vraiment chiant. J’aurais pu une nouvelle fois perdre le contrôle et m’énerver or, ce ne fut pas le cas. Je restais calme et lui répondais sur un ton serin. « Tant mieux, on est quitte comme ça. Et je me suis améliorée pour info, avec et sans drogues. Faut dire qu’avec toi, je stagnais un peu… Trop ennuyant si tu vois ce que je veux dire. » Qu’est-ce qu’il ne fallait pas inventer et entendre. Je savais qu’il aimait ça autant que moi sinon, on ne serait pas restés ensemble aussi longtemps non, notre histoire aurait duré une ou deux semaines à tout casser. Oh il voulait me faire plaisir, trop mignon ! Non, je n’allais pas dire ça à haute voix, même si je le pensais. De toute façon, c’était surement une manière très à lui de soutirer quelque chose de moi. Il ne pouvait pas être gentil parce qu’il m’en voulait. Surement de l’avoir quitter avant lui. Ou alors, il regrettait de m’avoir trompé mais était trop fier pour l’avouer. Je n’en avais aucune idée. Bon dans tous les cas, ce n’était pas une raison pour s’en prendre à ma pauvre voiture. « Non elle est tout à fait normale ma voiture, arrêtes de toujours voir le mauvais côté des choses. Si t’es pas content, on avait qu’à prendre la tienne. » Je levais les yeux au ciel avant de démarrer. Cette soirée allait être longue, très longue ! Je ne répondis rien au fait qu’il avait oublié la date de mon anniversaire parce que j’avais beau fouiller dans mes pensées, je ne me rappelais pas de la sienne non plus. Peut-être cela me reviendra-t-il. Le chemin jusqu’au Lord Hobo fut silencieux. Je me gardais devant l’entrée, sortis de la voiture et me dirigeais vers la porte du bar. Jorden me tint celle-ci et un court instant, je le fixais droit dans les yeux : « C’est quoi l’embrouille là ? Je suis sûre qu’il y en a une. » Monsieur avait décidé de jouer au gentleman. Très bien de toute façon, au point où on en était ! Je rentrais à l’intérieur devant lui, le remerciant d’un geste de la tête parce que c’était plus fort que moi. Grrr maman m’avait bien élevé quand même.

Il fallait toujours se méfier de Jorden Klein. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il avait un cerveau ce petit et lorsqu’il s’en servait, il pouvait être redoutable. J’hésitais à rentrer en première puis, finis par le faire. Après tout, qu’est-ce qu’il pouvait bien arriver ? Je nous ai cherché une table de deux personnes, me suis installée et il a fait de même en face de moi. J’ai retiré ma veste et je me suis appuyée contre la table qui nous séparait. Il a commandé deux mojitos, j’ai adressé un sourire au barman, peut-être parce qu’il était mignon mais, surtout par politesse. J’étais ensuite concentrée sur le couple qui se tenait à côté de nous. Cory avait raison, il y avait toute sorte de façon de prouver son amour. Il y avait la manière douce comme ces deux-là et ils y avaient ce genre de couple que Jorden et moi étions autrefois. Toujours en train de s’engueuler pour mieux nous réconcilier par la suite. Chacun son trip ! Je ne sais pas si un jour j’arrivais à agir différemment. Finalement, Jorden me sortit de mes pensées en me demandant ce qu’il s’était passé pendant quatre ans. J’aurais bien aimé me vanter d’un tas de trucs or, il ne s’était pas passé grand-chose. Je réfléchis par où commencer et finis par prendre la parole : « T’as pas raté grand-chose. Je suis venue me poser à Harvard, j’ai appris que j’avais une demi-sœur le jour du décès de mon père, ma mère s’est remariée avec un salaud. J’ai intégré la MH, je suis toujours accro et… » Je marquais une pause en soupirant avant de reprendre : « Et ce qui doit t’intéresser le plus, je suis toujours célibataire et j’suis jamais retombée amoureuse. » J’haussais les épaules d’un air innocent avant de lui demander à mon tour, le sourire aux lèvres : « Et de ton côté ? Je suis sûre que la vie de monsieur Klein est très intéressante ! » Et le pire, c’est que j’étais sérieuse. Il avait toujours un tas de trucs à raconter, sa vie était beaucoup moins chiante que la mienne.