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Marchant dans les allées du parc, je continuais de me perdre dans les notes de musique sortant de mon violon. Je ne sais pas si c’était vraiment marcher que je faisais. On avait plutôt l’impression de voir un petit lutin danser au rythme de la musique. Cela faisait d’ailleurs trop longtemps que je n’avais pas sorti mon violon. Pas de temps, pas d’occasions. Aujourd’hui, pour la première fois depuis mon retour à Harvard, je séchais une journée de cours. Je n’avais pas la tête aux études même si j’allais m’en vouloir par la suite d’un tel relâchement. Tant pis, je travaillerai deux fois plus dur le lendemain car j’éprouvais beaucoup trop le besoin de me vider la tête pour songer à autre chose. J’ignorais ce qui se passait en moi. J’avais tout pour être heureuse : une famille aimante, des amis du tonnerre, un petit-ami délicieux alors pourquoi diable, j’avais l’impression de mentir, d’être fausse, insatisfaite ?! La musique gagna en intensité, me faisant littéralement tournoyer comme si j’étais seule au monde. C’était souvent le cas lorsque je jouais. Je m’étais aperçue que je savais jouer du violon durant ma grossesse. Le plus drôle c’est que si mes doigts n’avaient pas oublié comment sortir des mélodies de mon instrument, ma tête avait oublié de savoir lire une partition. J’étais incapable d’en suivre une, comme si je ne connaissais plus mon solfège pourtant, je pouvais jouer. Encore un paradoxe dans ma vie.
J’étais en train de me lancer dans un refrain improvisé, sur un air totalement original me venant du fond de mon cœur quand je tournais le dos, un cours instant. Ce faible laps de temps suffit pourtant à me faire rentrer dans un homme et je me retournais, prête à m’excuser quand je m’aperçus qu’il s’agissait de mon meilleur ami. « Charlie !! Désolée, désolée ! Je regardais absolument pas où j’allais, je ne t’ai pas fait mal j’espère ?! »me confondis-je en excuse, oubliant totalement la musique pour le coup.
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