(+ Bambi) What's the fuck ?!

Je venais de terminer mon dernier cours de la journée et je n’avais qu’une seule hâte courir chez ma meilleure amie pour lui annoncer une grande nouvelle. Je ne tenais pas en place et un sms n’aurait pas suffi à contenir toute ma joie de la journée. Je crois d’ailleurs que ce fut la première fois que je traversais tout Cambridge aussi rapidement sur mon vélo pour rejoindre Central Square où logeait Bambi. Une certaine rougeur se posa sur mes joues à la mention de la jolie blonde sans que je ne comprenne réellement pourquoi. « Bambi ? » demandais-je après avoir frappé, me rendant compte que la porte était entrebâillée. La peur me nouait le ventre tant j’avais l’impression d’être dans une mauvaise série policière mais l’envie de m’assurer que ma meilleure amie aille bien était plus forte que ma peur si bien que je pénétrais dans son appartement. « Y a quelqu’un ? » demandais-je avant de faire rapidement le tour de l’appartement pour finir par la chambre à coucher. « Euh… Qu’est-ce que tu fous attachée chérie ? » lui demandais-je mais à voir son regard noir, c’était visiblement pas pour prendre son pied. Aussi, me précipitais-je vers elle pour la détacher. « Qu’est-ce qui s’est passé ?! » paniquais-je aussitôt.

Depuis combien de temps était-elle là ? Des heures. Ses poignets étaient atrocement douloureux, son corps littéralement endoloris et Bambi ne savait pas comment elle allait se sortir de ce faux-pas alors qu’elle avait essayé des heures durant de se détacher en tentant de défoncer le devant du lit. Merde, pourquoi avait-elle acheté un truc d’une telle qualité aussi ?! Elle désespérait de ne pas avoir de solution lorsqu’une voix connue et on ne peut plus salvatrice s’empara du silence pesant de son appartement. « Ici !! » s’exclama-t-elle avec autant de forces qu’elle le put, craignant que Mina ne parte sans l’avoir délivrée. « Il y a qu’un connard d’abruti de mes couilles sur son front m’a tendu un piège, que ça fait des heures que je suis attachée là comme une conne et que si j’avais pas les jetons de finir en taule, j’irais le massacrer de mes mains, VOILA CE QU’IL Y A ! » Bambi avait besoin de boxer… fortement, violemment. Mais avant, elle massait ses douloureux poignets.

Qu’est-ce qui s’était passé ? Je ne savais pas trop mais quoiqu’il en soit, ma meilleure amie était en rogne et je plaignais l’homme en question de l’avoir énervée de cette manière. « Assis toi ici ! » lui ordonnais-je en m’installant sur le lit pour qu’elle vienne s’asseoir entre mes jambes. Je ne comptais pas lui sauter dessus mais l’aider à ramener ses bras à la vie grâce à un massage. « Est-ce…Est-ce qu’il t’a fait du mal ? » lui demandais-je la nausée au bord des lèvres à l’idée que ce salopard l’est violentée d’une quelconque manière. « Tu devrais porter plainte ou si tu préfères, on lui cassera la gueule toutes les deux ! Enfin toi tu tapes et moi je t’encourage » ajoutais-je tandis que je commençais à masser ses épaules endolories glissant mes mains le long de ses bras pour détendre ses muscles. Je ne connaissais pas cet homme mais je le détestais voire je le haïssais. Comment pouvait-on faire ça à une femme ?! C’était dégueulasse ! Il mériterait que quelqu’un lui donne une bonne leçon. « Il mériterait qu’on lui enfonce un balai dans le cul n’empêche ! Et à sec ! » marmonnais-je en reprenant sans avoir conscience les travers de l’ancienne Mina.

Bambi arqua un sourcil en entendant Mina lui ordonner de s’asseoir près d’elle, entre ses jambes. C’était bien la première fois que sa meilleure amie faisait preuve d’autant d’autorité avec elle mais en même temps, la belle blonde en avait sûrement besoin pour se calmer… car il valait mieux qu’elle se calme tout de suite maintenant. « Je ne l’aurais pas laissé me violenter, je lui aurais coupé les couilles avant, attachée ou pas ! » précisa-t-elle avec un nouvel élan de colère, bien qu’elle tentait actuellement de se calmer dans la mesure du possible… et dieu sait combien cela lui coûtait pourtant. « Pas envie de porter plainte face à un latino de mes couilles qui jure que par la fortune de papy et qui sait même pas se débrouiller par lui-même ! Par contre lui fracasser la tronche, c’est pas l’envie qui me manque… le pire c’est qu’il n’a pas un balai dans l’cul, c’est une centrale électrique ! J’suis sûre que c’est un peine à jouir !! »

J’attendais que Bambi obtempère, je ne pouvais pas la regarder souffrir alors que je savais exactement ce dont elle avait besoin. Si elle savait le nombre de fois où je m’étais retrouvée toute une nuit attachée avant que mon amant de passage daigne se rappeler que je n’étais pas uniquement qu’un trou à remplir et que comme tout le monde, j’avais besoin de mes bras. Je la massais donc, tentant de lui faire le moins de mal possible. « Je suis soulagée, je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose de ce genre » murmurais-je les larmes au bord des yeux. « Tu le connaissais ? C’est un étudiant d’Harvard ? » lui demandais-je avant de prendre délicatement un de ses poignets dans ma main. « Vafanapoli stronzo » marmonnais-je une insulte en italien sans même avoir conscience d’user de cette langue. Cela m’arrivait fréquemment quand la colère était trop forte. Doucement, presque tendrement, j’apportais le poignet blessé à mes lèvres. « Je vais prendre soin de toi ma biche… Tu vas aller te détendre dans un bon bain chaud que je vais te faire couler pendant que je te préparai un repas ! » décidais-je après un instant tandis que je reprenais mon massage.

« Je ne laisserais jamais un truc pareil m’arriver Mimi » reprit Bambi sans même prendre conscience de ce surnom affectueux dont elle usait de plus en plus souvent en ce moment. Cela lui venait naturellement, sans qu’elle y fasse gaffe. « Eliot. Si j’étais qu’une blonde stupide, je ferais un joyeux amalgame et je les détesterais tous mais je ne suis pas qu’une blonde stupide. » Mais cela ne voulait pas dire non plus qu’elle n’avait pas de cœur et si elle fut touchée par les attentions de Mina, pour la première fois depuis des années, face à la douleur et à l’impression de ne pas avoir été un être humain capable de gérer sa vie… elle laissa de longues larmes s’écouler contre ses joues. Oh elle n’éclaterait pas en sanglots, ce n’était pas le genre de la maison bien au contraire. Mais Bambi avait réellement l’impression d’avoir été piétinée dans sa dignité par un rouleau compresseur de merde… « Je ne dis pas non au bain et à la boustifaille, si tu savais comme j’ai faim ! Mais je ne… savais pas que tu parlais italien ? »

« Je te protégerai de toute de manière » rétorquais-je du tac au tac même si j’ignorais encore comment. Je ne savais pas me battre aux dernières nouvelles mais qu’importe. J’avais lu d’ailleurs une histoire à ce sujet : une mère de famille avait soulevé une voiture pour sortir son enfant pris au piège sous le coup de l’adrénaline. Je présumais que lorsque l’on tenait à une personne, on était prêt à tout même à l’impensable. « Me dis pas qu’il a fait ça à cause de cette connerie de guéguerre entre les maisons !! Mais il n’a pas de cerveau, c’est un psychopathe ce type !! Il va faire quoi après ?! » m’insurgeais-je car il y avait quand même une limite dans cette guerre de confrérie : les lois. « Oh non ma biche adorée » murmurais-je en voyant des larmes glisser sur ses joues. J’entourais alors son cou de mes bras pour me blottir tout contre son dos, la réconfortant du mieux que je pouvais. « Je vais te préparer tout ça ! » lui dis-je en déposant un baiser sur sa joue, me relevant avant de me retourner vers elle arrivée à la porte de sa chambre. « Je ne savais pas non plus. J’ai remarqué que lorsque j’étais trop en colère, je parlais italien » haussais-je les épaules. Dix minutes plus tard, je l’appelais car son bain était prêt.

« Peut-être qu’il vaudrait mieux que je te donne quelques cours de boxe avant pour ça, non ? » ironisa Bambi à sa manière histoire de ne pas faire que pleurer dans les chaumières, chose dont elle avait définitivement une sainte horreur. Il fallait juste qu’elle se reprenne, qu’elle oublie, même si la chose ne risquait pas d’être aisée. Bah, au pire, se connaissant, elle coucherait à la salle de boxe et basta cosi… dans quelques jours, il n’y paraîtrait plus. « Apparemment si, il a tellement peu de neurones qu’il lui reste que ça, une putain de bordel de merde de guéguerre pourrie entre Mathers et Eliots ! J’te jure, ça me donne envie de buter tout ce qui me tombe sous la main excepté toi ! » Déjà que Bambi n’était pas une tendre de nature, ça n’allait pas arranger ses humeurs même si l’étreinte de Mina fut ô combien salvatrice sur ce point précis de son tempérament. Restait à voir combien de temps elle tiendrait avant de péter un câble. « Tu veux m’expliquer tout ce truc autour de la langue italienne en prenant un bain avec moi ? »

« Tu crois ? Si j’arrive à trouver un créneau entre mes entrainements de natation, ça sera avec plaisir ma biche mais je sens que c’est mort par avance. Tu connais mon coach, il ne me lâche pas. Il veut absolument que je sois prête pour les championnats américains du mois d’août » répondis-je avec un sourire à la fois amusé et rêveur. Je ne sais pas pourquoi, aussitôt, le corps en sueur de Bambi s’imposa à mon esprit et je dus lutter pour ne pas rougir comme une collégienne. Bon sang, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Depuis que nous avions couché ensemble dans ma chambre à la Dunster House, je n’arrêtais pas de penser à elle. « Encore heureux que tu m’épargnes ! Je ferais tâche pleine de sang et de coups ! On trouvera une solution pour lui faire payer… Tiens, je peux aller voir la présidente des Eliot et lui en toucher un mot » commençais-je à imaginer tout un plan avant de la laisser seule pour aller faire couler son bain. Cela ne me prit qu’une dizaine de minutes pour qu’il soit mousseux à souhait et bien chaud. Elle allait se détendre comme pas deux ! « Hein ? Tu.. Tu veux qu’on prenne un bain ensemble ? » bafouillais-je en rougissant avant d’hocher la tête pour mieux la suivre dans la salle de bain. « Ben je sais pas, je parle italien mais dès que je demande plus d’explication à ma mère, elle change de sujet » soupirais-je tout en me déshabillant.

« En même temps c’est moi qui ait le rôle de la dure à cuire qui bastonne, restes-en à la nage papillon darling ! » Bambi secoua la tête, un petit sourire amusé sur les lèvres en imaginant Mina en boxeuse… non, ce n’était pas crédible une seconde. Et puis la monténégrine préférait mille fois savoir sa meilleure amie concentrée sur ce qui lui importait le plus, à savoir la natation. Ça, ça lui mettait vraiment du baume au cœur. « Tu plaisantes ? Tu irais en mode commando pour la voir et lui remonter les bretelles ? Sweety, essaye de me faire peur que je vois ce que t’as dans le ventre… » Il fallait qu’elle prenne ça pour un entraînement, sait-on jamais qu’elle doive un jour se défendre elle-même face à ce genre de merde… Bambi avait beaucoup de défense mais Mina, à ses yeux du moins, restait un adorable ourson en guimauve. « Bah ouais… un bain ça va pas t’manger, pourquoi tu rougis ? »