(flashback) Tell me that I'm not useless ► Owen & Camille

Poussant la porte de L'Eliot House, Camille essaya de se faire discrète parmi les quelques étudiants qui traînaient dans le coin. Elle avait quelques connaissances ici, et elle n'avait pas vraiment envie de commencer à leur étaler sa vie pour leur dire ce qu'elle faisait là, ni répondre aux questions banales du genre "comment ça va ?" alors que les gens n'en avaient pas vraiment quelque chose à foutre. Comment elle allait ? Mal. Elle avait tellement pleuré ces derniers jours qu'elle avait l'impression d'être desséchée, et qu'aucune larme ne pourrait plus jamais sortir de son corps. Qui avait envie d'entendre ça franchement ? Pourtant elle savait qu'ici quelqu'un serait prêt à l'écouter et l'apaiser, malgré tout ce qu'il s'était passé entre eux. Arrivant dans les étages, elle s'arrêta devant la porte d'Owen et donna quelques coups discrets à sa porte. Salut dit-elle avec un petit sourire  lorsqu'il lui ouvrit.

Depuis le message de Camille, je ne pouvais pas dire que j'étais rassuré. D'un naturel calme, je tournai en rond, attendant son arrivée à la fois avec impatience et inquiétude. Je la savais parfois impulsive et l'imaginer prendre la route dans son état ne m’enchantait ni pour elle, ni pour ceux qui auraient le malheur de croiser sa route. Quelques minutes passèrent et des coups retentirent sur ma porte. Je bondis pour ouvrir la porte et y voyait Camille, les yeux encore rouges de chagrin. Elle paraissait n'avoir pas énormément dormi ses derniers temps et même si elle gardait toujours la tête haute, je pouvais lire sa tristesse dans ses yeux. «Salut », me lâcha t'elle. « Hey, ma belle … je ne vais pas te demander comment tu vas hein ». Je m'écartais de la porte d'entrée pour faciliter son passage. «  Met toi à l'aise fais comme chez toi ». Je ne savais pas encore quoi dire pour la mettre à l'aise et la réconforter. J'attendais sûrement qu'elle se livre un peu pour l'aider à y voir plus claire.

La porte s'ouvrit et voir le visage familier d'Owen avait quelque chose de rassurant. Combien de fois l'avait-il consolée après des chagrins d'amour, ou même déjà à l'époque des disputes avec Demyan ? Il avait toujours sur prendre soin d'elle et la réconforter, et rien qu'en voyant son visage inquiet, elle eut envie de se réfugier dans ses bras comme une petite fille. Hey, ma belle … je ne vais pas te demander comment tu vas hein dit-il compatissant en s'écartant pour la laisser entrer. Met toi à l'aise fais comme chez toi.Camille pénétra donc dans sa chambre et alla doucement s'asseoir sur le lit de son ami tandis que celui-ci fermait la porte derrière elle. Merci. Elle était déjà venue dans la chambre d'Owen, mais de très rares fois. Elle était presque comme dans son souvenir, quelques détails en moins. Elle leva les yeux vers Owen qui ne semblait pas l'avoir quittée du regard. Désolée de débarquer comme ça, si tu avais des trucs de prévus c'est pas grave hein ! Je peux ne pas m'attarder dit-elle, soucieuse de ne pas le gêner. Peut-être qu'après tout il n'avait pas envie de la voir.. ils ne s'était pas réellement revu depuis le soir du nouvel an, et elle ne savait pas vraiment dans quel état d'esprit il était.

Comme je m'y attendais, ma meilleure amie n'avait pas envie de trop se faire remarquer dans les couloirs et entra en vitesse dans ma petite chambre. Elle me passa devant le nez et s'assit sur mon lit. Sans trop le vouloir, l'image d'elle sur ce lit dans une toute autre situation me vint instinctivement en tête et je détournai le regard, de sorte à ce qu'elle ne voit pas l'envie qui s'y trouvait. " Désolée de débarquer comme ça, si tu avais des trucs de prévus c'est pas grave hein ! Je peux ne pas m'attarder " lâcha t'elle avec l'air de dire qu'elle souhaitait que je lui dise de rester ici. Bien évidemment je n'aurais pas pu lui répondre de s'en aller, que j'avais encore un devoir de communication à rendre pour demain ; car elle avait besoin d'aide. " Tu sais très bien que si je t'ai proposé de venir ici c'est parce que j'ai deviné que tu en avais besoin. Et je n'ai rien de prévu " répondis je pas tout à fait convaincu de mon mini mensonge. " Alors dis moi, qu'est ce qui s'est exactement passé ? " finissais je tout en m'asseyant à ses côtés.

A son grand soulagement, Owen ne lui demanda pas de s'en aller, et il ne semblait pas fâché non plus. Au contraire, il lui dit qu'il avait compris qu'elle avait besoin de lui, et qu'il n'avait rien de prévu pour sa soirée, mensonge qu'elle ne remarqua pas une demi seconde. Merci Owen dit-elle avec un sourire, reconnaissante qu'il ne la laisse pas tomber. Alors dis moi, qu'est ce qui s'est exactement passé ? dit-il en s'asseyant près d'elle sur le lit. Comme d'habitude, sa présence à ses côtés la rassurait et petit à petit, elle se sentait moins anxieuse. Enlevant ses chaussures, elle mit ses jambes en tailleur et décida de lui raconter. Eh bien, on ne s'était pas vraiment parlé depuis le nouvel an, après qu'on se soit disputé tu sais... il a à peine prit de mes nouvelles lors de ma mise en quarantaine. Et peu de temps après que je sois rentrée à la maison, il a annoncé à nos parents qu'il partait pour ce putain de voyage humanitaire qu'il voulait faire depuis longtemps. Tout s'est fait si vite, je sais qu'on fond il voulait simplement fuir... Bref en tout cas maintenant il n'est plus là dit-elle de plus en plus bas, sa voix s'éteignant presque à sa dernière phrase. Je.. J'ai l'impression qu'il m'a abandonnée tu vois ? dit-elle la voix tremblante, les larmes menaçant de couler à nouveau.

A la façon dont le regard de Camille divaguait dans un sens puis dans un autre, je compris qu'elle était complètent paumé. Je l'enveloppais de mes bras tandis ce qu'elle me racontais tout ce qui s'était passé et pourquoi il l'avait laissé ainsi. Comme je m'y attendais, son acte ne me surpris même pas et je me contentais d’acquiescer un bon moment pour ne pas exploser. Le fait qu'il n'ait même pas pris de ses nouvelles durant la quarantaine me mit hors de moi et intérieurement je m'imaginais lui mettre un bon poing dans sa figure. " Je.. J'ai l'impression qu'il m'a abandonnée tu vois ? " C'est exactement ce qu'il vient de faire avais je envie de lui répondre mais étant donné son état, je n'avais pas le droit de m'acharner sur elle du fait qu'elle soit tombée amoureuse de lui. Car je le savais mieux que personne, les sentiments ne se contrôlent pas et cela même avec tous les efforts du monde. " Je comprends Camille, répondis je tout en la serrant un peu plus fort dans mes bras, mais il ne t'a peut être pas abandonné, peut être devait il tout simplement faire le point ? Je te l'accorde, il a quand même eu tort de partir sans aucune explication. " Je soupirai, ne sachant plus réellement quoi dire. " Je suis désolée Camille mais d'un côté je t'avais prévenu ".

Alors qu'elle lui racontait ce qu'il c'était passé, Owen passa ses bras autour d'elle, et elle posa naturellement sa tête sur son épaule, tout en continuant de parler. Ses bras étaient forts et réconfortants et c'est sans aucun gêne qu'elle se laissa ainsi câliner. Lorsqu'elle eut finit, elle enfouit son visage contre son cou, rassurée par la chaleur que dégageait son corps mais aussi par l'odeur si familière d'Owen. Je comprends Camille dit-il en la serrant un peu plus fort contre lui. Mais il ne t'a peut être pas abandonné, peut être devait il tout simplement faire le point ? Je te l'accorde, il a quand même eu tort de partir sans aucune explication. Camille acquiesça en retenant ses larmes mais peu à peu, ainsi bercée par Charlie, sa gorge se dénouait. Il avait certainement raison, Demyan voulait peut-être faire le point loin de tout ça, même si il ne lui avait pas dit pour combien de temps il était parti... Il ne lui avait quasiment rien dit en réalité, et il continuait d'ignorer les mails qu'elle lui envoyait régulièrement. Je suis désolée Camille mais d'un côté je t'avais prévenu ajouta Owen, l'air vraiment désolé et non pour lui faire la morale. Une fois de plus elle acquiesça, se détachant légèrement de lui pour pouvoir le regarder en face. Je sais, c'est toi qui avait raison... dit-elle dans un souffle. Aujourd'hui je regrette de m'être autant accrochée... je suis passée à côté de plein de chose pour lui, ma vie était réglée en fonction de sa personne et... je regrette. Elle soupira à son tour en observant ses mains qui jouaient avec les draps. Heureusement que t'es là toi lui dit-elle avec un petit sourire.

Toutes ses paroles qui sortait de sa bouche résonnait dans ma tête. J'étais tellement désolé pour elle car à la manière dont elle fixait le vide devant elle, sa petite personnalité paraissait complètement détruite. D'un seul coup, je me sentis coupable. Coupable de l'avoir laissé espérer. Coupable de lui avoir dévoilé mes sentiments car c'était sans doute à cause de ça que le bazar s'était installé dans sa vie. Elle me répondit que j'avais raison et qu'à cause de ça, elle avait complètement réglé sa vie autour de Demyan. " Tu ne pouvais pas le savoir, répondis je presque hors de moi. Je t'avais prévenu mais comment aurais tu pu savoir que mes soupçons étaient fondés ? ". Je marquais un temps d'arrêt, conscient que le même bazar présent dans sa tête était à présent dans la mienne. " Parfois je veux t'aider et te conseiller mais mes sentiments prennent le dessus. C'est là que j'ai du mal à savoir si je te dis des choses pour t'aider toi ou t'influencer à aller vers moi. Un ami, ça doit pas faire ça. C'est donc à moi de m'excuser Camille. ". J'aimais consoler mon amie mais la proximité qui nous unissait me rendait de plus en plus mal à l'aise.

Lorsqu'elle lui dit qu'il avait raison, et qu'elle aurait dû l'écouter, Owen lui répondit que ce n'était pas de sa faute, qu'elle ne pouvait pas savoir... Ces paroles lui mirent du baume au coeur, et même si elle se sentait toujours aussi mal, elle se sentait déjà un peu moins coupable et stupide. Non elle ne pouvait pas savoir, elle était simplement amoureuse... Un court silence s'installa entre eux, alors qu'Owen semblait perdu dans ses pensées. Soudain, il reprit la parole. Parfois je veux t'aider et te conseiller mais mes sentiments prennent le dessus. C'est là que j'ai du mal à savoir si je te dis des choses pour t'aider toi ou t'influencer à aller vers moi. Un ami, ça doit pas faire ça. C'est donc à moi de m'excuser Camille. En quelques seconde, Camille devint écarlate en l'entendant ainsi parler de ses sentiments pour elle. Elle ne savait pas vraiment comment se comporter avec lui à cause de ça, même si le naturel prenait toujours le dessus. Mais non t'excuse pas... dit-elle en saisissant sa main un peu faiblement, toujours aussi émotionnée par tout ça. Je sais que tu ne me feras jamais de tord Owen. Owen était si soucieux d'elle, et tellement gentil. Ses bras étaient rassurants, protecteurs, lui apportant l'affection dont elle avait besoin.. Et avant qu'elle ne se rende vraiment compte de ce qu'elle faisait, elle posa doucement ses lèvres sur les siennes en fermant les yeux, l'effleurant d'abord une première fois, puis une seconde fois, avant de l'embrasser tendrement.

Alors que je lui faisais part de ma culpabilité face au comportement que je pouvais avoir envers elle, Camille me répondit que ce n'était pas de ma faute. Que je n'avais pas à m'excuser et qu'elle avait compris à travers mes actes et mes jugements que je ne souhaitais que son bonheur. C'est lorsqu'elle posa ses lèvres contre les miennes que je compris ce qui était en train de se passer : sa peine la rendait complètement aveugle. D'abord surpris, je restai là les yeux écarquillés, sans bouger puis finissais par me retirer doucement. " Camille arrête. " lâchais je, complètement perdu. Tu ne sais pas ce que tu fais, ta peine rend flou ton jugement et tu risques de regretter ces choses demain, quand tu te réveilleras. Et je n'ai pas envie que tu me détestes pour avoir profité de toi, ou que tu te haïsses toi même d'ailleurs. " Je ne voulais pas la blesser et j'espérais qu'elle allait le comprendre mais cette proximité, le souvenir de son souffle sur mes lèvres m'empêchait de garder les idées claires et mes sentiments commençaient à prendre le dessus. " Je ne veux pas te rejeter. Tu connais mes sentiments et je connais les miens. "