El baile de Boston {Jales et Alejandro}

Dans cette soirée, Alejandro tenait le rôle de guide en quelque sorte, mais il aimait bien mettre à l'épreuve les gens qui l'accompagnent. Alejandro lui-même aime bien les challenges et il attendait de voir comment Jales se débrouillerait sans le bel Alejandro pour la couvrir. Pas si mal... Elle aurait sans doute pu faire mieux, c'est vrai, mais bon, c'était son baptême du feu aussi. Une fois à table, ils étaient tranquilles et l'Espagnol portait même un toast au courage de l'Américaine, qui elle, soulignait plutôt sa maladresse. Roh, elle est difficile sur elle-même, mais probablement pas autant qu'Alejandro peut l'être. N'empêche, il ne la contredit pas, il fit juste un petit sourire, qui se transforme en rire lorsque la blonde l'accusait de vouloir la saouler. Avec deux coupes de champagnes? Trois peut-être? C'est bien peu!

-Ne me confonds pas avec les Mathers s'il te plait. Mais faut avouer qu'alcool peut aider, non?

Alejandro ne cachait pas son mépris pour les drogués, les ivrognes, tous ceux qui n'ont pas de classe quoi. Jales se débrouillait bien jusqu'ici, mais le jeune homme n'irait pas la saouler. La belle blonde lui fit alors savoir qu'elle passait une bonne soirée. C'était bon signe, après tout, n'ayant pas l'habitude de ses soirées, elle aurait pu détester. C'était peut-être parce qu'elle était bien guidée qu'elle appréciait?

-Content que tu passes une bonne soirée. Tu illumines la mienne.

Son regard se fixait sur le sien et Jales en profitait pour ajouter qu'elle était bien accompagnée. Alejandro eut un petit sourire.

-Un toast... à ses rares soirées bien accompagnées.

Trop rare sans doute. En buvant, il ne regardait pas moins Jales, mais son regard se porte bientôt à la tribune, puisqu'une jeune femme s'avançait pour parler de la fondation, du sacrifice des soldats au combat, peu importe ce qu'on pense de la légitimité de cette guerre, le petit discours habituel, mais toujours un peu touchant. Décontracter, Alejandro avait écarté légèrement la chaise de la table pour la tourner vers la scène, mains jointes contre sa jambe. Le discours terminé, il applaudissait et portait son regard vers Jales. La soirée ici tirait à sa fin, mais il n'avait pas oublié qu'ils devaient passer au lounge.

Jales ne le confondait pas avec les Mathers, une bonne chose, car il n'a rien en commun avec eux. Pensait-il que Jales était une fille facile? Pas du tout, sinon, elle risquait de finir attacher à un lit, car Alejandro n'aime pas beaucoup les filles faciles. Il n'est pas un homme facile non plus. Sourire en coin, il bougeait doucement la tête de gauche à droite.

-Non, à se détendre, surtout si on a des raisons d'être nerveuse.

Oui, cette blonde illuminait sa soirée. Seul, elle aurait été bien sombre cette soirée, tandis qu'avec elle. Ce n'était pas seulement pour les bonnes conversations, quoique converser avec Jales n'était pas désagréable du tout. Le courant passait bien entre eux comme on dit, feeling qu'il y avait déjà en boîte, mais de manière différente. Comment elle prit sa gorgée, son regard rivé au sien, en disant "je n'aurais pas dit mieux", Alejandro eut un petit sourire aussi et doit avouer que cette scène de la part de Jales était tout simplement craquante à voir. Cette femme savait jouer de ses qualités, c'est clair.

Le discours d'une jeune femme commença. Elle s'était fiancée à un Marine avant son départ, à son retour, il lui manquait une jambe, avait des troubles de vision, la faute à un engin explosif en Afghanistan, mais cela ne l'avait pas empêcher de l'épouser. Avec le drapeau américain non loin derrière, Alejandro se dit que la mise en scène était... parfaite. Il était aussi heureux de soutenir une telle cause, la cause des victimes d'une guerre, quoiqu'on pense des soldats.

Jetant un coup d’œil à Jales, il vit que la belle blonde était bien attentive et cela le fit légèrement sourire. Puis, comme ils applaudissaient, elle lui rappelait qu'ils allaient à nouveau changer de monde. Pas tant que cela en fait. Le monde est vaste.

-Je crois qué si.

Jales se retrouvera certainement dans un lieu plus familier, plus détendu, où on n'est pas obligé de surveiller ses manières, son sourire, de bien paraître quoi. Alejandro continuait de croire cependant qu'elle s'en était très bien tirée. Beaucoup ici on cru qu'elle était une nouvelle venue, bien sûr, mais quelqu'un de la haute, de leur cercle, tout de même. Comme elle déposait son verre, Alejandro se levait avec une certaine élégance, distinction, tendant sa main à Jales.

-La noche es eterna. Nous les Espagnols, on vit nuit et jour.

Ils ne mangent pas à cinq ou six heures du soir, pour se coucher à dix heures et se lever à 6h30 le lendemain. Non non, le dîner est très tard en comparaison et le coucher apparait plutôt comme un détail. Comme elle prit sa main, il l'attira simplement vers la fenêtre, mais accrocha un serveur en chemin, lui demandant poliment de prendre une photo avec son téléphone, histoire d'avoir un souvenir quoi. Le bras autour de Jales, il fit un beau sourire, la vue sur Boston derrière eux. Après quoi, il montrait le résultat à la blonde, avant d'aller récupérer leur manteau et de voir la limousine pointer le bout de son nez. Direction le lounge cette fois, où ils seront tranquilles pour boire et discuter. Alejandro demanda d'ailleurs un verre de vin rouge. C'était un lounge urbain, en plein downtown, vitré, le truc classique quoi, avec les fauteuils noirs et tout.

Jales se défendit bien d'être nerveuse, laissant entendre qu'elle était bien différente lorsque c'était le cas. Alors tant mieux si elle était détendue, mais dans ce cas, Alejandro ne voyait pas trop pour quelle autre raison il pourrait la faire boire, à tord ou à raison. Franchement, pour charmer une femme, il n'a jamais vraiment eu à user de l'alcool, son apparence, son intelligence aussi, ont généralement fait en sorte qu'il n'avait pas besoin de tricher, car oui, saouler la fille, c'est de la triche.

Petit sourire en coin, l'Espagnol n'avait rien ajouté. Peu après, à la table, lorsque la blonde avouait encore une fois à quel point elle était reconnaissante, mentionnant la noblesse de la cause, le jeune homme eut ceci à répondre, avec sa voix calme, sûr de lui et bien prononcé.

-C'est vrai... l'ultime sacrifice. Tu sais, un jour, quand tu en auras les moyens, et ce jour pourrait arriver plus tôt que tu ne le crois, toi aussi, tu pourras prendre une cause que tu as à cœur et la soutenir. Vu les moyens qu'on possède, la moindre des choses, c'est de laisser le monde un peu meilleur que on ne l'a trouvé.

Le jour venu, Alejandro serait heureux d'aider Jales. Après cette petite discussion à table, ils quittaient la soirée, non sans immortaliser le moment par une photo. Ellipse au bar/lounge où ils purent à nouveau discuter, une fois qu'ils avaient leurs verres. Jales voulait se contenter d'un verre. Sage décision sans doute, vu qu'elle a quand même pris beaucoup de champagne, pour une fille qui était supposément détendue.

-Ce serait dommage, si.

Puis, comme elle évoquait un padawan, l'Espagnol fronçait des sourcils. Malheureusement, il ne connait pas autant qu'il devrait le cinéma américain. Oh, il a entendu parler de Star Wars, mais ne s'y ait jamais vraiment intéressé et le souvenir de ses films est loin dans sa tête, d'où pourquoi il semble s'étonner d'entendre le mot "padawan".

-Padawan?

Après de petites explications, Alejandro put répondre, avec un petit sourire qui se voulait rassurant, en partie du moins:

-Je n'ai pas été déçu du tout. Quand on est une personne fière, avec du caractère, mais une tête sur les épaules, on peut trouver sa place et bien paraître. Si j'avais peur que tu me déçoives, je ne t'aurais pas invité. D'ailleurs...

Il se penchait un peu après avoir posé sa coupe, comme pour parler plus doucement et partager un secret:

-Tu es la première fille que j'invite à ce genre de soirées.

Jusqu'ici, il avait préféré y aller seul. Bien sûr, il parlait de la première à Harvard, parce qu'autrement, il en a invité quand même beaucoup des filles en Espagne, sans oublier les fois qu'il y allait avec sa petite amie du moment. Peu après, il se redressa et prit de nouvelles gorgées de vin.

-Et toi? On dirait que tu as aimé cette soirée. Plus que cela à quoi tu t'attendais.

Alejandro acquiesça doucement. Elle faisait bien d'y aller doucement et d'ailleurs, Alejandro non plus n'avait pas tout à fait une cause en particulier, ni n'en finançait personnellement, c'était son grand-père et sa famille qui le faisait, c'était donc plus facile pour lui, mais un jour, il se promettait bien de prendre une cause en main.

Du reste, Jales ne lui avait fait honte à aucun moment. Oh bien sûr, elle n'avait pas toujours été des plus à l'aise, hésitante, tout ça, mais elle paraissait bien, c'était une fille intelligente aussi, articulée, ce n'était pas juste une potiche et c'est important pour lui, de trouver une sorte d'égale à tout le moins, il a déjà fait dans le rayon des belles sans cervelle et il s'en lasse très très rapidement. De son côté, Jales demandait s'il avait beaucoup de filles à ses pieds. Étrangement, il prenait la remarque avec un certain sérieux, mais lança tout de même avec humour, comme première réponse.

-Je ne crois pas, non, mais j'ai peut-être des admiratrices secrètes... Sérieusement, je sais de quoi j'ai l'air, je sais qui je suis, mais je ne cherche pas à avoir personne à mes pieds. Être apprécié, oui, bien sûr, comme n'importe qui, mais j'ai davantage un faible pour les défis que pour les jeux trop faciles.

Pourtant, Alejandro n'hésite jamais à user de ses charmes, comme l'autre jour en boîte, mais il se défendrait en disant que c'est une seconde nature chez lui, de plaire et qu'il ne le fait pas forcément de manière calculé ou en espérant avoir une fille de plus à ses pieds. Autrement, il serait renommé pour avoir des tas de filles dans son lit, non? Or, jusqu'à preuve du contraire, ce n'était pas le cas. Celle qui a pensé qu'il était un mec de ce genre a fini attachée à son lit et bien déçue...

Pour le reste, Jales soulignait qu'elle avait apprécié qu'il ne l'abandonne pas ou ne la laisse seule. Pour sa première fois, pas question, il la savait pas assez à l'aise pour cela et puis le but de cette soirée était aussi qu'ils passent du temps ensemble, qu'ils apprennent à se connaître et qu'elle le voit peut-être autrement que comme ce snob qui n'avait pas voulu la reconnaître. Il fit un beau sourire et eut un petit hochement de tête.

-Je t'en pris, tout le plaisir était pour moi.

Puis, un homme arriva à leur hauteur. Il était peut-être déjà avancé côté alcool, mais chose certaine, Alejandro n'aima pas du tout comment il s'adressa d'emblée à Jales. Il détaillait l'homme de son regard, le dévisageait presque lorsqu'il se mit à insister, mais finit par esquisser un sourire en coin, cherchant des yeux un serveur ou un truc du genre, quelqu'un mais intervenir, mais personne. Alejandro n'aime pas beaucoup se salir les mains. Finalement, il se leva, pour mettre un peu plus sa stature en valeur. Il planta son regard dans celui de l'homme et se fit assez clair et net.

-Je pense qu'elle a été clair avec vous, elle passe son tour. Retournez à votre place et je vous paierai un verre avec plaisir, pour combler votre déception. Ça vous va?

Là, Alejandro se montrait gentil et comptait même tenir parole et offrir un verre à cet homme s'il s'en allait, mais s'il décidait de rester et de les embêter encore, l'Espagnol risquait d'être beaucoup moins gentil. Il espérait ne pas avoir à en arriver là. Chose certaine, il se mettait entre l'homme et Jales, histoire qu'il arrête de la regarder et surtout, qu'il ne la touche pas.

Selon Jales, il ne serait pas étonnant qu'il ait des admiratrices secrète, ce qui le fit rire un brin. C'était peut-être le cas, mais comment pourrait-il le savoir? Le but des admiratrices secrètes, c'est de rester secrètes... Avec un petit sourire espiègle, il répondit:

-Je veux juste faire tomber la bonne.

Alejandro pesait de son regard sur Jales, puis ajoutait:

-Et toi? Tu dois bien faire ton effet aussi, non?

On parlait bien de lui, mais elle, est-ce qu'elle s'est regardée? Elle est belle comme Aphrodite au levé du soleil. Après cette petite discussion, le duo se fit déranger par un mec pas très poli, plutôt barbare dans le genre, brute quoi. Il voulait danser avec Jales, qui ne voulait pas et Alejandro ne tarda pas à s'imposer. Gardant son calme, il avait proposé de lui offrir un verre s'il s'en allait. Ce qu'il fit, mais non sans dire d'autres bêtises avant. Cette fois, il s'interposa. Alejandro ne prit pas la peine de répondre à la remarque de l'homme, il esquissa même un fin sourire, teinté d'un regard méprisant. Quel abruti... D'ailleurs, il vit l'hésitation dans le regard de l'homme, qui finalement, s'en alla. C'est qu'Alejandro a quand même les épaules larges. Jales lâchait bientôt un petit commentaire, collé contre son cavalier, qui l'entourait doucement d'un bras protecteur, pour venir déposer un baiser contre sa tempe, se voulant rassurant.

-Aucun danger que cela arrive...

Over my dead body, comme disent les Anglais. Puis, Jales se dit désolé et Alejandro fronça des sourcils.

-Désolé? Désolé de quoi?

Rien de tout cela n'était de sa faute, elle était assise et discutait avec lui, ce n'est pas comme si elle lui avait fait de l’œil ou quoique ce soit. Alejandro passa un doigt sous le menton de la jeune femme et fixa son regard sur le sien.

-Hey, rien de tout cela n'est de ta faute. Ne laisses jamais un idiot avoir le meilleur de toi. Tu mérites mieux, Jales.

Ceci dit, l'ambiance au lounge en prenait un coup, alors il proposait, espérant qu'elle ne le prenne pas comme une envie de sa part de se débarrasser d'elle ou quoique ce soit, car au contraire, il planifiait de la revoir, il avait hâte même à la revoir. Pas besoin d'une grande sortie à chaque fois, au prochain rendez-vous, ils pourraient juste prendre un café.

-Je ferais peut-être mieux de te reconduire chez toi? Il commence à se faire tard.