FEEL THE RUSH, BRUSH THE DANGEROUS ~ JAELLE

Gai ? Jaelle gai ? Tant mieux, Cody aussi était de nature très joyeuse, toujours à sauter partout, à faire le fou, à rire, à sourire, à pétiller … C'est fou tout ce que ces deux Lowell avait en commun. Comme vous l'aurez compris avec le petit regard intrigué qu'il lui lança, Cody ne comprit pas sa phrase dans le bon sens. Lui, il prit cette révélation comme une indication sur son état d'esprit ; elle était heureuse. Il ne pigea pas qu'elle parlait de son homosexualité. « Cool, on est fait pour s'entendre. » fit-il en souriant, laissant Jaelle commander sa boisson, comme ça il n'avait plus qu'à faire comprendre au serveur qu'il désirait la même chose. L'Inde avait beau être une ancienne colonie anglaise, ça n'était pas pour autant la langue officielle et Jaelle semblait se débrouiller bien mieux que lui avec les habitants. Il s'accouda au bar et prit son verre glacé dans sa main, admirant le liquide orangeâtre qu'il n'avait pas eu la chance de goûter depuis le décollage. La Lowell revint aux études. Bizarre. Mais peut-être s'intéressait-elle à ce cursus après tout. « Oui, non, enfin si, mais … C'est pas le problème. Enfin il n'y a pas de problème. » Je crois que cet homme cherchait à communiquer. « Disons qu'il y a les gens qui vont à Harvard parce que c'est leur plus grand rêve et y a ceux qui avaient pour projet de ne rien faire de leur vie, encore moins commencer des longues études, avant qu'un événement vienne chambouler tout leurs plans. » Et lui, il faisait partie de la seconde catégorie, obviously.
 

En se confessant de la sorte, même s'il n'avait pour le moment rien dit, rien supputé, Bleeker ignorait s'il faisait bien d'accorder une confiance aveugle à Jaelle. Au fond, il ne la connaissait pas, seulement depuis son départ de l'hôtel il y a de ça environ une heure. Peut-être était-elle une espionne envoyée par quelqu'un qui lui voulait du mal ? OK, ça n'arrivait sûrement que dans les films. Cody s'évita des crises de parano et continua ; « J'ai une fille. Elle a trois ans. Mais sa mère pense que je ne suis pas quelqu'un de responsable. » D'où son inscription à Harvard par laquelle il croyait avec une certaine candeur que son ex changerait d'avis à son sujet. Seulement, c'était un peu mal parti. Il baissa les yeux sur son verre, tentant de ne pas perdre pied en repensant à tout ça.
 

Les moments où la bonne humeur l'emportait sur la morosité, Cody ne pensait pas au fait qu'il ne pouvait plus approcher sa fille à cause d'une ex tortionnaire. Malheureusement, la nostalgie reprenait souvent vite le dessus et là, Bleeker s'enfonçait dans un tas de pensées obscures, se demandant ce qu'il faisait de bien, de mal, si tout ça allait le mener quelque part ou s'il perdait son temps. Dommage, à moins d'inventer une espèce de machine à voyager dans le temps, il n'avait aucun moyen de savoir. Jaelle semblait confiante au niveau du degré de responsabilité amenée par son inscription à Harvard. « Oui c'est sûr, Harvard c'était censé être la garantie que je puisse être adulte. Sauf que l'ex en question y est aussi. » Et vu le lot de boulettes qu'il enchaînait avec ses potes comme avec les filles, si ça venait aux oreilles de cette maudite Maggie, il était cuit. « Enfin assez parler de moi. Arts plastiques, c'est intéressant, tu veux faire quoi après ? » Prise de conscience soudaine ; Maggie étudiait également les plastiques. Il grimaça longuement mais tenta de reprendre une expression neutre assez vite.
 

Quels douloureux souvenirs se ranimaient chez Cody, crispant ses doigts autour de son verre pour se contenir, garder un minimum de dignité face à Jaelle. Il ignorait déjà comment elle le voyait, comment elle le trouvait, était-ce donc bien nécessaire d'ajouter à cela quelques larmes et une belle couche de mélodrame ? Non, parlons art, c'est beau l'art. Sauf si son truc était de peindre des petits chatons morts, dans ce cas, changeons encore de sujet. Quoique la Lowell n'avait pas l'air complètement détraqué. Il était vivement fasciné par Jaelle qui pensait à vivre de son art. C'est rare et il espérait que ça marche pour elle. Du coup, il se pencha vers elle afin de lui glisser un tuyau ; « Ma mère travaille dans une galerie d'arts. » Traduction ; femme de ménage dans une galerie d'arts mais Cody ne jugea pas utile de rappeler le milieu modeste duquel il provenait. « ça lui arrive de … Tu vois … Laisser traîner des tableaux d'artistes qui ne sont pas inscrits dans le registre par-ci par-là ... » Traduction n°2 ; si elle ne savait pas encore où exposer, Cody lui proposait un plan B., pas très réglo mais qui fonctionnait à merveille si une personne s'intéressait de près à ses travaux.