Aurore * Changement de valise

Il lui sembla soudainement que l'autre demoiselle ne lui disait pas toute la vérité, qu'elle se faisait secrète. Mais Aurore n'avait pas l'intention de la mettre mal à l'aise, pas l'intention de la pousser dans ses derniers retranchement après tout si la brune avait quelques secrets elle n'était pas obligée de les lui confier car à vrai dire, il était vrai qu'elle ne se connaissaient pas suffisamment pour se faire d'éventuelles confidences un peu trop personnelles, un peu trop intimes. Si elle ne se sentait pas à l'aise pour en parler, si c'était trop violent, trop dur à évoquer, Aurore n'exigeait pas d'en entendre parler. Ce ne serait pas bien grave si elle ne savait pas. pas le moins du monde à vrai dire.

"- Quelque chose ne va pas ?" demande-t-elle doucement comme pour rassurer son interlocutrice sur ses intentions.

La fille qui lui faisait face et dont elle ignorait toujours le nom, elle s'en rendit compte tout à coup, semblait plutôt gentille. Pas le genre de fille qui vous tanne quand elle voit que vous n'allez pas bien, seulement pour que vous lui livriez ce que vous avez sur le cœur. Et la jeune femme était plutôt pas mal heureuse de voir que cette fille avait un comportement si correct. Si fair-play, pourrait-on dire. La hongroise lui adresse un petit sourire. "Excusez-moi mais je réalise que je me suis présenté un peu plus tôt. Et je me rend compte maintenant seulement que je ne sais toujours pas comment vous vous appelez, mademoiselle." lance Elsy avec un sourire, tendant une perche à la concernée pour que cette dernière lui confie le nom qui était le sien. Ce serait plus facile de lui parler en connaissant son nom Elsy en était certaine. Déjà, elle pourrait mettre un  nom sur ce visage et c e serait une grande avancée.

La blondinette est bien forcée de reconnaître que la demoiselle qui lui fait face a raison quand elle dit qu’Aurore a oublié de se présenter tout à l’heure, quand l’autre jeune femme l’a, en ce qui la concerne, pourtant fait. La jolie autrichienne colore ses jours d’une légère teinte roses en présentant ses excuses à la jeune femme qui lui fait face et avec laquelle elle discute ainsi. Puis, elle lui tend la main, se sentant un peu moins mal à l’aise. « Donc, je me présente – un peu en retard je vous l’accorde – Je m’appelle Aurore Jones.» lance la brune qui, elle aussi, ment considérablement à son interlocutrice sous couvert de sa bonne foie. Car elle n’est pas plus Aurore Jones qu’Elsy a été poussée dans la patinage par une simple amie. Mais bien sûr elle n’est pas prête de faire l’étalage d’une telle vérité devant cette fille qu’elle ne connait même pas.

«- Aurore !? C’est un très joli prénom je trouve. C’est d’ailleurs celui de l’une des princesses de Disney non ? La princesse de la belle au bois dormant !» Elsy sourit, fière de sa constatation même si il y’a vraiment pas de raison de se sentir fière de quoi que ce soit, mais bon. Toujours est-il qu’elle avait fait le rapprochement et qu’elle était contente de l’avoir trouvé. Même si après une telle… connerie dirons-nous, il était fort possible que cette Aurore prenne la hongroise pour une demeurée, la parfaite imbécile de service. En attendant, elle souriait à la demoiselle comme pour appuyer ses propos quand au fait qu’elle avait un joli prénom. Ou pour effacer de l’esprit de cette jeune femme qu’elle rencontre, cette nouvelle connaissance, la bêtise dont elle vient de faire l’étalage. «Donc vous êtes chirurgienne. Mais puis-je vous demander dans quel service ? A vrai dire je ne me suis pas permis de lire le dossier de votre patient… »

Alors que la jeune femme qui lui fait face déclare qu'elle a un joli prénom, Aurore se sent rougir un peu face à cette jeune femme. Celui qu'elle porte aussi est joli. Elsy. Elle ne sait plus si elle le lui a dit. Ce n'est pas bien grave au fond, la demoiselle ne semble de toute façon pas lui en tenir rigueur. Et pose de nouveau une question pour découvrir un peu plus son interlocutrice qui a la rapide réflexion de penser "heureusement" lorsque la jeune femme face à elle dit ne pas avoir regardé le dossier médical du patient. C'était un coup à ce que la jeune femme en prenne pour son grade, d'avoir laissé sa valise entre les mains de n'importe qui. "Plastique, esthétique, reconstructrice. En réalité mon désir était de pouvoir rendre une dignité à ceux qui ont perdu un visage ou autre chose par, par exemple, un feu, un accident de la route, une morsure canine..."

La réponse d'Aurore ne tarde pas à venir et Elsy s'en trouve, quelque part, assez bluffée. Ah oui, elle fait de la chirurgie réparatrice ? Avec de nobles ambitions en prime de cela, la Hongroise aime bien cet état d'esprit. Elle n'aurait pas aimé rencontrer une femme simplement désireuse de se faire de l'argent sur le dos du mal-être et parfois, de la bêtise, de ceux qui avaient recourt à la chirurgie plastique de sorte à s'embellir. Ces gens qui subissaient opérations sur opérations dans leur quête de perfection et qui finissaient parfois par se perdre dans ce personnage qu'ils inventent au fur et à mesure des passages sur le billard. Elle sourit à son interlocutrice qui n'est apparemment pas de ce genre de chirurgiens. "C'est là une intention très noble. J'avoue que cela me surprend dans ce métier. Beaucoup cherchent l'argent facile non ?"

Cette fille avait l'air plutôt gentille, agréable à vivre en tout cas et Aurore était contente de faire sa connaissance quoique leur rencontre ait été pour le moins originale. La demoiselle ne regrette rien toutefois. c'est à vrai dire plutôt amusant de rencontrer du monde de cette si originale manière. même si la blonde n'espère pas pour autant revivre un échange de valises avant des années. Voire plus jamais. Parce que mine de rien c'était flippant de faire de pareilles erreurs. presque autant que de se tromper de médicament à administrer. Ou presque.

"- Bien sûr certains ne sont poussés que par l'appât du gain mais cela concerne toutes les branches de la chirurgie et la plastique n'est pas plus simple qu'une autre spécialisation."

Elsy a sur les lèvres un petit sourire. C'est agréable de rencontrer des gens qui aiment leur métier. Qui aiment vraiment ce qu'ils font, qui y sont dévoués. Comme cette fille semble l'être et comme Elsy elle-même l'est avec le patinage artistique qu'elle aime tant et pour lequel elle est faîte entièrement elle le sait bien. Au point d'espérer avoir des enfants eux-aussi passionnés par ce sport de glace. Et bien sûr un époux qui respecte cette passion et qui ne veuille pas aller à l'encontre des souhaits, des désirs de la jeune femme.

"- Je comprend. Il est en tout cas plaisant de rencontrer des gens comme vous, qui font ce métier par réelle vocation."