holly & théophyl — nice to meet you !

« T'imagines..? Sans remède on serait tous devenus des zombies, on se serait tous bouffé entre nous et on aurait fait un superbe remix de The Walking Dead. » Alors là, je ne pus m’empêcher d’exploser de rire. Un remix de The Walking Dead. Ça, ça aurait été trop cool ! Enfin un peu d’action dans la ville de Cambridge. Hochant la tête, j’annonçais, toujours en riant, « Alors ça ça aurait été drôle ! J’m’imagine bien en zombie tiens… » Je faisais la maligne, mais je dois bien avouer que ça m’avait fait complètement flippé d’être enfermée dans cet hôpital. La peur de mourir n’avait jamais été aussi forte et j’étais bien contente d’être une fille en pleine santé qui ne doit pas souvent penser à ce genre de chose. Je me décidais alors à me lancer sur un sujet un eu plus délicat et sérieux. C’était une pensée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps… depuis que ma relation avec Avery avait évolué en fait. Je n’avais jamais jugé ce qu’il avait bien pu faire parce qu’en tant que sa meilleure amie, je me devais d’être là pour lui malgré toutes les conneries qu’il pouvait bien faire. Mais maintenant que je commençais à m’attacher à lui d’une manière différente, sa vie sentimentale très, très, très compliquée m’effrayait un peu. Et je savais que Théophyl était quelqu’un en qui Avery avait confiance et de ce que j’avais compris de leur relation, ils semblaient discuter sans se cacher le moindre truc. Je n’étais pas à l’aise à l’idée de mettre tout ça sur le tapis car ça n’était pas mon genre, mais je crois que j’avais réellement besoin d’être rassurée pour pouvoir profiter pleinement de ce qui nous arrivait. « Avery me parle de toi, c'est vrai. En bien, je te rassure. Ça se voit immédiatement qu'il est très attaché à toi, d'ailleurs. » Je souris un peu et je baissais les yeux. J’étais très attachée à lui aussi, et ça datait d’avant ce mariage qui avait tout changé d’ailleurs. « Le truc, c'est que je vois bien aussi que tu es très attaché à lui et votre mariage n'arrange pas les choses. Mais, je ne peux pas vraiment t'apprendre grand chose sur ce qu'Avery compte faire ou non dans un futur proche. De ce qu'il m'a raconté en quarantaine -puisque nous étions placés ensemble- il semble déterminé à se battre pour son bonheur et à ne pas commettre d'autres erreurs. » Je me pinçais la lèvre en regardant Théo, le laissant parler sans l’interrompre. « Tu sais...Moi aussi j'ai déjà trompé ma copine, j'suis passé par les mêmes conneries. Et c'est toujours difficile de vivre avec ce genre de remords. Je pense que comme moi, il a comprit la leçon. Par contre, je ne peux pas te rassurer comme je l'aimerais, mais.. ne t'en fais pas trop non plus de ce côté là. Profites de ce que vous avez maintenant. » J’hochais la tête, « Oui, je me doute bien que tu ne peux rien m’assurer mais… ça me fait du bien de l’entendre quand même… » Je marquais une courte pause, ajoutant, « Tu vois j’ai pleinement confiance en lui mais… quand j’vois toutes ses filles qui étaient dans sa vie j’me demande juste… ce que j’peux bien avoir de plus pour qu’il ait mis tout de ça de coté pour qu’on essaie quelque chose… enfin.. » Je ris nerveusement, je ne savais même pas comment formuler tout ça. « Je ne sais pas si c’est ton cas… même si le fait que tu fasses partie de la Winthrop House veut certainement dire que tu corresponds à ce critère toi aussi mais… Avery a toujours été un mec à filles… enfin… tu vois on joue pas que notre relation amoureuse, on joue aussi notre amitié.. » J’haussais les épaules, « Mais j’vais essayer de profiter de tout ça sans me poser de questions… j’sais que j’peux lui faire confiance… » J’avais tellement été déçue par les hommes que ça me ferait mal qu’Avery fasse partie de tout ceux qui se seront foutu de ma gueule et qui m’auront prise pour une conne. « Toi aussi tu te sens mieux d’ailleurs ? » Puisqu’il venait de me dire qu’il avait aussi été en quarantaine, c’était la moindre des choses que lui demander.

Dans un sens, ça me faisait beaucoup de bien de parler de tout ça avec quelqu’un, même si je connaissais à peine Théophyl. Ça pouvait peut-être sonner un peu… bizarre, mais ça me faisait d’autant plus de bien sachant deux choses : d’abord, qu’il était proche d’Avery alors qu’il savait ce qu’il disait quand il disait par exemple qu’il tenait énormément à moi et qu’il voulait se… « stabiliser ». Et sachant aussi que Théo semblait être passé par les mêmes chemins que mon petit ami : il avait déjà été infidèle et il ne fallait pas que je me mette en tête que ça voulait dire qu’il le resterait. Que ça soit pour Théo ou pour Avery. Une erreur est vite arrivée et on tire des leçons de ses erreurs. « Voyons, tu ne devrais même pas te poser ce genre de questions. Il doit bien y avoir des milliards de raisons qui font qu'Avery reste avec toi. Il n'est pas fou, enfin je crois. » Je souris légèrement en hochant la tête. Il avait raison, c’était le genre de question que je ne devais pas me poser. « Oui, j'ai moi-même été très volage. Je ne peux pas vraiment te dire si j'ai changé dans le fond, mais nous sommes en Amérique, dans une Université très réputée qui est très bien fourni, si tu vois ce que je veux dire...Avery a un passé comme tout le monde et je pense qu'il a eu besoin de se chercher, mais que maintenant il t'a toi. Et pour votre amitié, je crois que vous avez dépassé le stade de vous en préoccuper. Vous êtes un couple maintenant à ce que j'ai compris, non ? » J’hochais à nouveau la tête, « Oui… oui c’est clair qu’on a dépassé ce stade, mais même si on est un… couple, j’le vois toujours comme mon meilleur ami en même temps.. il reste la personne qui me connaît le mieux tu vois ? » C’était un sentiment assez particulier que je n’avais encore jamais ressenti, alors c’était compliqué de l’expliquer à quelqu’un. « Alors après ça, votre amitié ne sera jamais plus pareille. » Ouais, c’est clair. C’était ce qui me faisait d’ailleurs le plus peur. « Ça va mieux merci. Faire parti de la dernière vague, c'est avoir eu du bol, je crois. Et de toute façon, je n'ai pas suivi le traitement qu'ils donnaient après la sortie. Et je me porte comme un charme. » Je grimaçais discrètement : il était sacrément « courageux » de ne pas suivre le traitement. « C’est quand même dingue que les scientifiques ne vérifient pas plus longtemps ce qu’ils donnent en traitement aux animaux… parce que cette simple erreur aurait pu tous nous tuer… » Je secouais la tête d’exaspération et je buvais un peu de ma boisson, « Sinon tu fais des études de quoi ? » Autant continuer à faire connaissance.

C’était toujours plaisant de faire connaissance avec de nouvelles personnes. Surtout des personnes qui étaient proches d’Avery. J’avais déjà entendu parler de Theophyl car il ne faut pas oublier qu’avant de devenir sa copine, j’étais sa meilleure amie alors on se parlait énormément de tout et de rien. Pouvoir enfin mettre un visage sur ce nom, c’était pas mal. Et puis, c’est comme ça quand on est un couple j’imagine ? On fait connaissance avec les connaissances de l’autre histoire de se mêler un peu plus à son monde. Theo avait l’air d’être quelqu’un d’assez posé et d’assez calme. En fait, je n’imaginais pas les Winthrop comme ça. J’avais une certaine image assez fixe d’eux. L’image de mecs qui aimaient s’amuser et qui aimaient surtout s’amuser avec les filles. Avery m’avait plus ou moins réconcilie avec cette image des Winthrop, et je voyais bien que Theophyl était le même genre. Je ne faisais pas partie d’une confrérie alors je ne savais pas ce que c’était de trainer avec des gens qui avaient le même caractère et les mêmes valeurs que moi. Enfin, ça ne devait pas trop exister, sinon une confrérie existerait et j’y serais certainement. Ou pas, sachant que je détestais ce concept de confrérie qui faisait qu’on avait tous une étiquette. « Eh bien, avant j'étais en médecine sportive et avec cette quarantaine...et le fait que j'ai passé mes journées comme bénévolat afin d'aider les autres, ça m'a fait prendre conscience que je pouvais faire bien plus que le domaine sportif. Alors j'ai changé pour la médecine générale. » Je fronçais un peu les sourcils en souriant. Ouais, je voyais ce qu’il voulait dire. La quarantaine avait permis à beaucoup de monde de se remettre en question. « C’est drôle, c’est quand on passe près de la mort qu’on remet tout en question alors qu’on a jamais été capable de le faire avant.. » Je souris un peu, « J’ai toujours admiré les étudiants en médecine. Vous avez beaucoup de courage. Je présume que c’est une sorte de passion ? » Pour faire autant d’études, ça ne pouvait être que ça. « Et toi ? » Je bus une gorgée de ma boisson, le sourire toujours aux lèvres. « Je fais des études d’histoire. C’est vraiment quelque chose qui me passionne… quand j’me promène dans la rue, j’peux pas m’empêcher de m’imaginer à quoi cette partie de la ville ressemblait il y a vingt, ou cinquante ans. Tout a une histoire. Cette chaise a une histoire, cette table a une histoire… » Je ris un peu, « Pardon, quand on me lance là-dessus, on ne peut plus m’arrêter ! »

C’est vrai qu’il fallait du courage pour faire des études de médecine. Non seulement c’était méga long mais c’était aussi très difficile. Il y avait des tonnes de choses à connaître par cœur, enfin… c’était pas le truc qu’on fait parce qu’on est obligé. A mon sens, pour être médecin, il fallait en avoir la vocation. Et c’était quelque chose que malheureusement, beaucoup de gens n’avaient plus de nos jours. C’était ce qui faisait les mauvais médecins aussi. Les parents poussent leur enfant à faire médecine, en se disant que c’est la seule manière pour qu’il gagne bien sa vie. «  Disons que j'ai certaines facilités... J'aime le contact humain et aider. La vue du sang ne me fait pas tourner la tête et j'apprends très facilement. Je t'avoue que je suis capable de lire une encyclopédie et de retenir du premier coup le 50 % de son contenu. J'ai une très bonne mémoire visuelle, ce qui m'aide beaucoup. » Je souris un peu, hochant la tête, « En général on retient facilement quand on fait quelque chose qui nous plait aussi.. » Si je passais trois heures dans un cours de maths, je n’allais rien retenir. Mettez moi trois heures dans un cours d’histoire de l’art ou d’histoire de l’Amérique au dix huitième siècle, et je retiens aussi les trois quarts du cours. C’était d’ailleurs chaud que je commence à lui parler d’histoire, parce que dès que je commençais, il était très dur de m’arrêter. « Non continue attends. J'trouve ça aussi passionnant l'histoire. Tu sais j'ai une matière qui est l'histoire de la médecine. Je trouve ça fascinant. » Je le regardais avec un grand sourire, « Histoire de la médecine ? J’en ai fait en première année, j’adorais ça ! En fait, j’adore tous les types d’histoire, dès que c’est de l’histoire.. » Je ris légèrement. « Donc..Que pourrais-tu me dire sur cette table ? Quelle est son histoire ? C'est un gentil petit menuisier avec sa scie qui la construite ou bien ? » Je fis mine de réfléchir en glissant mes mains sur la table, laissant échapper un léger rire. « Mh… ouais, certainement. Mais c’est une table assez récente, c’est pas intéressante. Par contre, si tu vas chez un antiquaire et que tu lui demandes l’histoire d’une table basse marbre style louis xv, il pourra te raconter absolument tout sur la table. J’trouve ça juste passionnant. Après tout, si on en est tous là aujourd’hui, c’est grâce à l’histoire. » C’est aussi pour ça que ma période préférée de l’histoire était la guerre d’indépendance. C’est là que notre nation était devenue indépendante, qu’elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. C’est un grand tournant dans notre histoire.

« Je vois ça. Je trouve ça aussi intéressant, bien que je dois t'avouer que lorsque ça parle de la peste, du choléra et des horribles conditions de vie dans lesquelles les gens mourraient dans d'autres temps, ça me fait de la peine. » Je le regardais, un peu… étonnée. Beaucoup, en fait. Un médecin, enfin, futur médecin qui avait autant de compassion, c’était assez rare de nos jours. C’était aussi rare de voir un homme parler ainsi. J’avais bien envie de lui dire que ça ne me faisait quant à moi, ni chaud ni froid, mais je ne voulais pas passer pour une fille sans cœur. Il avait bien du voir l’étonnement sur mon visage puisqu’il ajouta, « Bah cherches pas. C'est ce que j'ai avoué à Avery durant cette quarantaine, que j'avais le cœur de Maya l'abeille et la sensibilité de Dora l'exploratrice. » J’explosais de rire en manquant de m’étouffer avec ma boisson. « Alors tu vois ça tombe bien, parce qu’à Halloween, j’étais déguisée en Maya l’abeille ! » Je ris un peu, « Non mais au moins t’es pas sans cœur, j’pense que c’est important pour les médecins d’éprouver un peu de compassion.. » Je lui souris en enchainant sur la table. « Et donc, quelle est ta période préférée sur de l'histoire ? Que veux-tu devenir ensuite -si je peux me permettre de te le demander- professeur ? Historienne ? » J’appuyais mes coudes sur la table, réfléchissant deux secondes avant de répondre, « Pour ce qui est de ce que je veux devenir ensuite, je suis assez mitigée. J’me demande si je ferai une bonne prof en fait. Parce que la plupart des gens n’aiment pas l’histoire et j’ai peur de… partir un peu trop loin dans mes délires parfois. Alors pourquoi pas bosser dans un musée, ou quelque chose comme ça ? C’est assez flou pour le moment.. » Je lui souris à nouveau, « Ma période de l’histoire préférée, c’est la guerre d’indépendance, sans aucune hésitation. C’est un tournant hyper important dans l’histoire de notre pays. On a su dire non aux Anglais et leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas à nous faire chier avec leurs taxes alors qu’on était plus en Angleterre ! On a su se battre pour notre liberté et j’pense que c’est ça qui fait de l’Amérique une grande nation ! Et toi, t’as une période préférée ?»