holly & théophyl — nice to meet you !

Ma journée avait été plutôt bien remplie. Reprendre les cours m’avait fait beaucoup de bien. Je devenais complètement folle à tourner en rond dans mon appartement de Central Square pendant la semaine de repos imposé par l’hôpital après être sortie de cette foutue quarantaine. Même si j’avais encore un peu du mal à dormir à cause des insomnies, je ne m’en sortais pas trop mal. J’arrivais à me concentrer en cours et c’était le principal. Il faut dire que les choses ne pouvaient pas aller mieux, que ça soit pour la fac ou pour ma vie personnelle. Je retrouvais la santé, je suivais des cours qui me passionnaient et… faut dire que ma relation avec Avery allait de mieux en mieux. Au départ, me dire que mon petit ami était en fait mon meilleur ami me faisait bizarre, mais je m’y étais fait. En fait, c’était même plus facile. On était toujours aussi complices qu’avant, avec la seule différence qu’il y avait ce petit quelque chose en plus qu’il n’y avait pas avant ce voyage à Vegas. Comme quoi, une erreur peut mener à des trucs bien au final. En sortant des cours, je devais passer par la Winthrop House pour déposer un truc chez lui justement. J’entrais dans la maison des rouges et je montais à la chambre d’Avery. Je toquais et j’attendais, mais il ne semblait y avoir personne. Je descendais dans le salon et j’aperçu un membre de la maison, « Excuses moi… tu sais si Avery est dans sa chambre ? » Je pouvais toujours demander, ça ne coûtait rien d’essayer.

Il fallait que je peaufine ma petite surprise pour Avery. Il avait accepté qu’on regarde un dessin animé qu’il détestait quand on sortirait de l’hôpital et en échange, je devais moi aussi lui faire une surprise. J’avais trouvé la surprise parfaite. Une surprise assez chère, mais franchement, je m’en fichais. Il avait passé une année tellement terrible que j’avais envie de lui faire plaisir. La mort de ses parents et de presque toute sa famille à Chicago, Candice… et je savais qu’avoir perdu Ace lui avait fait mal au cœur, même si c’était lui qui avait merdé dans l’histoire. Si je pouvais lui offrir deux jours de bonheur, j’étais prête à y mettre le prix. Je ne m’y connaissais absolument pas en basket, qui était son sport préféré, mais mon frère avait réussi à me trouver des places pour aller voir le match Chicago Bulls vs. Atlanta le 11 Février. Il fallait qu’on aille jusqu’à Chicago mais ça n’était pas un problème. J’imaginais déjà les étoiles dans ses yeux quand il comprendrait que je l’emmenais voir son équipe de basket préférée. En attendant, je devais faire comme si de rien était. Avery avait oublié un classeur de son cours de journalisme chez moi et je venais lui rapporter, mais il n’était pas là. Je demandais donc à un Winthrop présent dans le salon s’il savait où il était. « Navré, non je ne sais pas où il se trouve. Il bouge tout le temps celui-là. » J’hochais la tête en riant un peu, le regardant se lever. Je m’avançais dans le salon pour m’approcher de lui. « Tu voudrais peut-être que je lui transmette un message ? » – « Mh… lui dire que sa femme le cherche partout et qu’il a oublié son cours chez elle y’a deux jours ? » Je ris un peu et je secouais la tête, regardant le classeur, « Non, plutôt… lui dire que si il veut récupérer son cours, il va devoir venir jusqu’à Central Square ! » C’était à lui de venir le récupérer, tant pis, il n’avait qu’à être là !

Je préférais largement en rire qu’en pleurer. Bon, je dois quand même avouer que les quelques jours suivant ce mariage stupide à Vegas, j’étais totalement paniquée. Paniquée, parce que se marier avec son meilleur ami… c’est vraiment stupide. Mais encore plus sachant qu’on ne s’était pas arrêté au mariage ce qui forcément, avait compliqué les choses entre nous. Après tout, un mariage, qu’est-ce que c’était ? Juste un bout de papier qui stimulait qu’on se devait fidélité et loyauté et blablablabla. Un bout de papier, ça ne veut rien dire. Ça n’était absolument pas ça qui devait changer notre manière d’être et remettre en question notre amitié. Alors même si c’était chiant parce qu’officiellement, je n’étais plus un Connor mais une Silver, et même si mes parents allaient me tuer en le sachant (parce que non, je ne leur avais pas encore parlé de toute cette histoire par peur de leur provoquer une crise cardiaque), je ne voulais pas faire de tout ça une affaire d’état. Ayant faire l’effort de vouloir ramener à monsieur Silver son classeur de cours, c’était maintenant à lui de se bouger s’il voulait le récupérer. Il n’avait qu’à être là après tout ! « Tu dois être Holly, je suppose ? Avery m'a ...beaucoup parlé de toi. » Je relevais le regard vers le jeune homme, assez.. surprise ? Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, « En bien j’espère ? » Bien sur qu’il avait parlé de moi en bien, ce garçon ne pouvait pas se passer de moi ! « Je suis Théo...phyl. » J’arquais un sourcil et je serrais sa main, « Enchanté Théo…phyl » Je ris un peu, « Avery m’a souvent parlé d’un Théo, voire même d’un Théophyl, mais pas d’un Théo…phyl » Bon okay, j’aimais chiarer les gens, ça se voyait tant que ça ? « Enchanté d'enfin pouvoir te rencontrer. » – « Arrêtes j’ai l’impression d’être une star là ! » Je souris un peu et je rangeais une mèche de cheveux derrière mon oreille, « Je serais ravis de dire à Avery que sa femme attends à ce qu'il se bouge les fesses ! » J’haussais les épaules, « Je pourrais être une fille gentille et te le donner pour lui apporter quand tu le verras, mais j’aime bien l’embêter donc il faudra qu’il vienne le chercher ! » Qui aime bien châtie bien comme on dit !

« Pardon de ne faire part que de mes impressions, hein. » Je n’avais pas voulu le mettre mal à l’aise. J’étais juste comme ça ? Je disais tout ce qui me passait par la tête sans même y réfléchir avant, et mon but n’avait pas été de me moquer. Ça m’avait plutôt fait rire de le voir presque buger sur son propre prénom, mais ça n’était pas méchant. Non, en fait ce que j’aimais, c’était taquiner les gens. Ceux qui me connaissaient avaient l’habitude mais pour les personnes qui venaient de me rencontrer parfois, ils avaient du mal à me suivre. Il allait croire que j’étais une fille complètement c cinglée et quand il allait dire à Avery qu’il m’avait croisé, il allait certainement lui demander ce qui lui avait pris de se mettre en couple avec une tarée dans mon genre. « Donc toi t'es le genre de femme casse-pied, prête à tout pour faire chier son petit mari ? » J’arquais un sourcil en le regardant, secouant la tête. Non je n’étais pas casse-pied, j’avais juste un peu (beaucoup trop d’après mon père) de caractère, c’est tout. « Ah non mon but n’est pas de le faire chier ! La preuve j’étais venu lui donner son classeur mais maintenant comme il n’est pas là, c’est à son tour de venir me rendre une petite visite ! » Je ris un peu et je glissais le classeur dans mon sac « Pauvre Avery...Qu'a-t-il fait pour mériter ça ? Dois-je prier pour lui ? » Je souris en grimaçant légèrement, « Ah crois-moi, il le savait très bien lorsqu’il n’a pas voulu se rétracter dans la chapelle à Vegas avant qu’on ne passe devant le pseudo prêtre qui nous a marié.. mais il m’aime pour ça, les gens apprennent à faire avec. », disais-je tout simplement en haussant les épaules. Je regardais le jeune Winthrop récupérer des papiers sur la table où il était précédemment assis avant de revenir vers moi, « Tu veux boire ou manger quelque chose maintenant que tu es là ? » Je réfléchis quelques secondes et j’hochais la tête, « Je veux bien quelque chose de frais si ça ne te dérange pas, malgré le froid je meurs de soif ! » Je fis une petite pause et je demandais, « Mais en fait, c’est toi qui est en couple avec Elia, la présidente Cabot ? » Tout le monde connaissait les présidents des confréries, et tout le monde savait avec qui ils étaient en couple. « Je l’ai rencontré quand j’allais rendre visite à Maëlys en quarantaine… elle va mieux ? » Elle était dans la première vague quand même, ça n’était pas rien.

Bon, okay. J’étais une chieuse. Mais les gens qui m’aimaient, m’aimaient principalement pour ça, aussi bizarre cela pouvait-il paraître. Disons que j’avais un sacré caractère et que je ne me laissais pas faire. En même temps, depuis que j’étais arrivé à la fac, je n’avais fait que me laisser faire et me faire embobiner par les mecs. Un par un, ils m’avaient broyé le cœur et je m’étais endurci à chaque déception que j’avais pu avoir. C’est vrai qu’au début, notre relation à Avery et moi était loin d’être rose. En fait, on se détestait. Mais genre… vraiment. Mais il avait apprit à me connaître et… disons que ce trait de caractère qui me caractérisait bien avait certainement pesé dans la balance. Ce qui est clair, c’était qu’on ne s’ennuyait pas avec moi. Ah ça non, jamais ! «  Il n'a peut-être pas voulu se rétracter parce que justement, il avait peur que tu lui tapes dessus s'il disait non ? » J’arquais un sourcil en riant avec lui. Possible. C’était même fortement probable. J’aimais l’idée qu’Avery puisse m’être soumis. Le pire, c’est que c’était vrai. Je détestais être faible. Trop de mecs m’avaient rendu misérable alors je ne me laissais plus faire. Le jeune Winthrop me demanda si je voulais boire un truc et j’acceptais avec plaisir, le suivant jusqu’à la cuisine que je connaissais bien puisque j’y avais fait une bataille de bouffe quelques semaines plus tôt avec Avery. « C'est exact... Écoutes, il me semble qu'elle est sortie à son tour de l'hôpital mais elle est passé par de sacrés stades du virus. Ça a été dur pour elle. » J’hochais la tête en soupirant, entrant dans la cuisine, « Ouais, tu m’étonnes… ceux de la première vague mettent beaucoup plus de temps à s’en remettre.. mais heureusement qu’ils ont trouvé un remède avant que ça ne fasse plus de dégâts… » Je m’asseyais sur une chaise face à la table de la cuisine, « Qu'est-ce qui te tente ? Un soda, de l'eau fraîche, des trucs sur protéinés ou du jus de fruits ? » J’haussais les épaules en riant, « Mh… un soda ça me tente bien, merci » Je lui souris : au diable les calories. Je n’étais pas trop du genre à faire attention à tout ça de toute manière.   « Et sinon toi alors ? Avery m'a dit que tu avais aussi été enfermée en quarantaine ? Comment tu t'sens ? » J’hochais la tête en posant mes coudes sur la table, lâchant un long soupire, « Ça va ! C’est rester pendant une semaine à tourner en rond chez moi qui m’a plus rendu folle qu’autre chose.. » Je ris un peu, marquant une petite pause avant de reprendre, « Disons que j’ai encore… quelques problèmes de sommeil… je crois que le mélange virus plus les milliers de questions qui se bousculent dans ma tête n’aident pas vraiment.. » Je me pinçais la lèvre, un peu hésitante avant de demander plus sérieusement à Théophyl, « Je sais que… Avery te parle pas mal… enfin… c’est ce que j’ai compris de votre relation et… non pas que j’veux que tu trahisses sa confiance ou quoi que ce soit mais… disons que… j’ai besoin d’être rassurée parce que… je connais le passé chaotique de la vie sentimentale d’Avery et… je dois avouer que..ça me fait un peu peur… » Je grimaçais. J’avais confiance en lui, il était mon meilleur ami mais.. il avait trompé Ace et même si je ne l’avais jamais jugé pour ça, aujourd’hui j’avais peur qu’une histoire comme ça vienne gâcher non seulement notre amitié, mais aussi ce qu’on était en train de construire.