(+ Liam) I'll be in trouble...

Transmettre un message… en fait, il n’était qu’un grouillot, un messager ? Bambi peinait grandement à le croire et c’est la raison pour laquelle sa stupeur n’alla que crescendo au fil des minutes. Merde, se pourrait-il qu’elle se soit complètement laissée avoir ? En même temps, dans son esprit, les mafieux n’envoyaient pas des types aussi charismatiques et doués pour les joutes verbales à faire des petits boulots du genre, cela ne rendait absolument pas justice à la « profession ». Mais d’un autre côté, son boulot, c’était l’illusion, elle ne menaçait personne, ne jouait pas avec la peur d’autrui juste avec la naïveté des gens. La donne n’était pas du tout la même et le résultat pas davantage. Pourtant, une fois qu’il l’eut dépassée, dans l’espoir sans doute de mettre un terme à la conversation, elle soupira avant de se retourner. « Et si on émettait l’hypothèse qu’il s’agissait de moi ? » souffla-t-elle tout en sachant pertinemment les risques qu’elle prenait actuellement mais tant pis. La curiosité l’emportait sur la raison et foutu pour foutu, elle voulait savoir ce qu’elle risquait exactement. Bambi ne côtoyait jamais la Mafia, elle l’évitait autant que possible mais là, il semblait que la donne ne soit… guère possible. « Je n’ai pas envie de tergiverser sur ta personne il semble que ce soit hors de propos mais par contre je veux savoir ce que je risque exactement. Je ne connais pas les magouilles de Daniel, je ne sais pas ce qu’il foutait avec ces… gens et je n’ai aucune intention de m’en mêler mais par contre tu as peut-être des réponses et c’est ce que je recherche. Si tu me parles, je te parle. C’est un bon deal, tu ne penses pas ? »

Une situation risquée… ce n’était rien de le dire, et Bambi en prenait de plus en plus conscience. Dire qu’elle avait souhaité ne surtout pas obtenir cet argent au départ ! A se demander pourquoi le notaire avait tant insisté pour procéder à l’héritage, à moins que ce ne soit qu’une gigantesque histoire de gros sous. Il n’aurait pas touché sa part du gâteau si la succession n’avait pas été complétée et ça, sûrement ne l’avait-il pas supporté par avance et par principe. « Je vois… donc si je m’entêtes on va me suicider ou peut-être même pire et si je coopère et bien… on va dire que ce sera comme si je n’avais jamais croisé la route de cet argent de ma vie ? » Bambi préférait reformuler afin d’être sûre d’elle-même et ce bien qu’elle ait pleinement conscience que cet homme, ce parfait inconnu ne pourrait sûrement pas faire de miracle : à moins qu’il ne soit un grand manitou de ce fameux clan lui réclamant des comptes, il n’avait aucune garantie pour elle et en l’occurrence, c’était bien dommage. « Il ne faut pas croire, Daniel était très secret, même avec moi et pourtant j’étais sa femme, d’une certaine façon. Je n’avais jamais entendu parler de cet argent avant qu’on ne me le mette sous le nez lors de la succession. Sûrement a-t-il trempé dans des affaires pas nettes et voulait-il que je ne manque de rien mais la vérité… » Bambi laissa sa phrase en suspend, reparler de ce qu’elle avait ressenti face au notaire lui donnait littéralement envie de hurler. Une chance qu’elle ait fait une séance de boxe particulièrement corsée le matin même sans quoi la belle blonde aurait très certainement pété un boulon depuis des lustres. « Je n’ai jamais voulu de cet argent. Je comptais le refuser au départ mais le notaire m’a poussé à tourner le dos à mes instincts. Ceci je n’y ai jamais touché, la somme est intacte. » Bambi ne donnait aucun détail sur où, quand, comment. Là, le hacker s’exprimait, à savoir en laissant sa cible dans le vague.

Bambi restait d’une nature méfiante, et cet état de fait ne datait pas d’hier. De cette façon, lorsqu’elle s’était retrouvée face au notaire lui secouant sous le nez une somme presque trop mirobolante pour être vraie ou honnête, sa méfiance habituelle s’était aussitôt mise en marche, dans la plus grande logique. Daniel n’aurait certainement pas souhaité qu’elle hésite à ce point à dire oui à tant de privilèges mais la belle blonde préférait mille fois vivre plus simplement et ne jamais être emmerdée. Après tout, elle gagnait déjà très bien sa vie, pouvait se faire plaisir à sa manière et la richesse pour la richesse, ce n’était définitivement pas son dada… alors oui, rendre l’argent, étant donné les circonstances, ne pouvait que lui apparaître comme la meilleure des solutions. « Le moindre centime, cet argent n'a aucune valeur pour moi » ajouta-t-elle d’un ton particulièrement assuré, sans fuir son regard. Bambi le regardait droit dans les yeux, cherchant à mettre toutes les chances de son côté en vue de se sortir définitivement de la merde. « Je veux bien être aussi coopérative que possible mais il y a un tout petit pépin tout de même… la somme avait été remise au notaire de Daniel, et il a pris une commission dessus. Dix pour cent, si ma mémoire est bonne. Je peux essayer de récupérer la somme, mais ça ne sera pas forcément facile, il va me falloir du temps… » Bambi s’avérait être une excellente hackeuse mais pénétrer un compte en banque de notaire n’était pas donné au premier crétin venu. Il ne fallait pas que l’on puisse la tracer et pour cela, gagner du temps restait primordial.

« En voilà une bonne nouvelle » reprit Bambi d’un air tout ce qu’il y a de plus sincère même si elle ne souriait pas et affichait un air des plus sérieux. En même temps, la situation ne prêtait pas à hilarité et la belle blonde se retrouvait noyée dans un passé ne lui appartenant même pas : d’une certaine façon, elle en voulait à Daniel de l’avoir foutue dans la merde même s’il l’avait fait pour la mettre à l’abri du besoin. Bambi restait une femme indépendante, de caractère mais également d’un point de vue financier et ça, nul ne le savait mieux que l’ancien étudiant en médecine qu’il avait été avant d’offrir sa dernière étreinte à la grande faucheuse. Finalement, il était décédé avant même que d’être emmerdé vis-à-vis de ce larcin et la faute revenait désormais à quelqu’un totalement innocent et ignorant des magouilles de son ancien amour… quel cruel revirement de situation. « L’argent en question est détenu par un notaire. Je ne sais pas si tu es au courant, mais leurs comptes sont particulièrement bien scellés et surveillés, récupérer l’argent ne sera pas une mince affaire et réclame… certaines qualités. » La jeune femme n’énonça pas clairement qu’elle pouvait se salir les mains en récupérant l’argent, car après tout elle pouvait tout aussi bien payer quelqu’un pour le faire mais d’un autre côté, on n’est jamais mieux servis que par soi-même d’autant qu’elle était douée dans ce fameux domaine. « Le temps que je demande est nécessaire à éviter tout soupçon ou détail laissé au hasard. Je ne souhaite pas que ce foutu argent me cause encore plus de problèmes alors je suis plutôt du genre à jouer la carte de la prudence si tu suis mon raisonnement. »

Bambi ou LA prudence incarnée. Voilà pourquoi on faisait parfois appel à ses service de hack même si ladite activité restait quantité négligeable dans tout ce qu’elle faisait de son emploi du temps. Ceci étant, bien qu’elle puisse sans doute récupérer ladite somme pour rendre le tout en une fois à Liam, un peu d’aide ne serait pas de refus. « Tout dépend. Si j’ai un coup de main, en deux semaines maximum ça peut être torché. Si je suis alone, ça risque d’être plus long et incalculable. » Là, elle parlait dans leur intérêt commun : si Liam récupérait la somme plus vite, il clôturerait également le « dossier » plus vite et passerait à autre chose. Ils ne croiseraient donc plus la route de l’autre et les moutons seraient à nouveau bien gardés. Si cela traînait… non seulement il risquait d’avoir du mal à tenir les dragons affamés se trouvant dans son clan, bien que Bambi ne puisse pas juger qu’il fasse réellement partie de ce clan et ne soit pas juste qu’un grouillot utilisé à bon escient. Qu’importe… moins elle en savait, mieux cela valait sans aucun doute. « Tout dépend si dans tes talents tu as aussi celui-ci… je propose cela histoire que ce soit vite réglé, pour toi comme pour moi. Je pense qu’on a plus ou moins autant à y gagner toi que moi » proposa-t-elle, tout en sachant qu’il pourrait tout à fait lui dire désolé, ce n’est pas mon domaine, démerde-toi toute seule comme une grande ! Au pire, elle aurait essayé de se débarrasser de l’affaire le plus vite possible… sans lier vitesse et précipitation.