(+ Andreas) Panique à l'hopital

J’étais paniquée tandis que je courrais dans les rues de Cambridge direction l’hôpital. Vingt minutes plus tôt, je me trouvais en train de donner à manger à mon fils chez mes parents quand mon téléphone portable avait vibré. C’était un sms de l’hôpital m’informant qu’Andreas avait été admis pour cette mystérieuse fièvre. Aussitôt, je m’étais tourné le visage pâle vers ma mère. Celle-ci comprit rapidement et m’incita à rejoindre mon ami tout en me rassurant qu’elle prenait la relève avec Jack. Voilà comment je me retrouvais à courir comme si j’avais le diable au corps pour rejoindre l’homme qui m’avait épaulé durant tout le temps de ma grossesse. Andreas était plus qu’un ami pour moi, il était mon roc, celui sur qui je pouvais compter depuis maintenant presque un an. « S’il vous plait, je cherche mon ami… J’ai reçu un sms m’informant qu’il avait été admis dans vos services » m’exclamais-je ne me précipitant à l’accueil. La jeune femme me demanda son nom avant de m’indiquer le troisième étage. Je la remerciais avant de filer vers les escaliers. Je n’avais pas le temps d’attendre l’ascenseur. Il fallait que je retrouve Andreas, c’était presque vital. « Andreas ! Je cherche Andreas » n’arrêtais-je pas de répéter en essayant d’apercevoir mon ami à travers cette imposante vitre qui me maintenant à l’écart des autres patients. « ANDREAS !! » criais-je ne l’apercevant enfin. Mon dieu, j’avais eu si peur qu’on me dise que le pire était arrivé. Je crois que si cette vitre ne nous avait pas séparés, je lui aurais sauté au cou. « J’ai reçu un sms… Je ne comprends pas… Tu vas bien ? » lui demandais-je encore essoufflée de ma longue course.

Cela faisait déjà plusieurs semaines que tous ces gens se battaient contre cette épidémie incontrôlable, c'est pourquoi nous avions été mis en quarantaine. Je déprimais complètement là dedans, nous étions tels des zombies enfermés dans une pièce sans aucune issue. Souvent, des proches venaient pour voir tel ou untel. Je n'avais pas envie que quiconque me voit ainsi, mais la solitude s'était vraiment emparée de mon esprit et j'avais demandé qu'on appelle quelqu'un pour moi. J'aurai pu demander à Roxanna de venir me voir, mais elle avait surement mieux à faire avec tous les problèmes qu'elle traversait en ce moment. Je décidai donc de contacter Mina, car je savais qu'elle serait là. Nous nous protégions l'un l'autre. Sans aucune notion du temps, j'entendis des cris derrière la fenêtre et pu apercevoir Mina. Depuis longtemps, je n'avais pas été heureux comme ça. Avec le peu de force que j'avais, je me levai et me dirigeai vers cette fenêtre où je m'appuyais directement. J'étais exténué alors que je n'avais fait que dix mètres. Quand je rive mon regard vers la belle, je vois à quel point elle est décontenancée, ce qui m'attriste énormément. Malgré la fatigue, je lui adresse un petit sourire et pose ma main sur la vitre. J'aurai tellement aimé pouvoir la prendre dans mes bras. « Oh Mina.. Ça me fait tellement plaisir de te voir. » Je toussote légèrement et reprend, voyant qu'elle était en forme comparé à moi. J'étais rassuré. « Pas vraiment, mais on s'y fait. Ce foutu virus où je n'sais pas trop quoi a atteint plein d'élèves, c'est insupportable d'être enfermé comme ça. » Oui, je me sentais vraiment obligé de lui faire part de mon état d'esprit. Je n'étais pas au meilleur de ma forme et même si je n'aimais pas l'embêter avec mes problèmes, j'avais besoin d'en parler à quelqu'un.

J’avais si peur pour mon ami, il semblait si affaibli que je craignais qu’il ne s’écroule en faisant les mètres qui nous séparaient l’un de l’autre. Je posais ma main sur la vitre à hauteur de la sienne comme pour la prendre et entrelacer nos doigts ensembles. Malheureusement, le contact froid de la vitre me rappelait combien, nous étions proches tout en étant éloignés. « Je suis venue dès que j’ai eu le message de l’hopital. Je suis contente de te voir également » soufflais-je en lui souriant avec tendresse comme à mon habitude. Qui aurait pu croire qu’il y a encore un peu plus d’un an, je passai mon temps à le chasser pour le mettre dans mon lit comme un vulgaire morceau de viande. Aujourd’hui, Andreas était l’homme le plus cher à mon cœur mais également le parrain de mon fils Jack. C’était grâce à lui que j’avais surmonté cette grossesse surprise mais que je me faisais à cette nouvelle vie. Je n’avais aucun souvenir de qui j’étais mais dans les yeux d’Andreas, je me sentais comme une personne bien et cela n’avait aucun prix. Je donnerai de ce fait tout ce que j’avais pour qu’il s’en sorte. Le perdre serait me perdre une seconde fois, je ne le supporterai pas. « Ils ont parlé d’une sorte de peste aux informations et qu’ils travaillaient sur un remède… Ne perds pas espoir, tu seras rapidement de nouveau sur pied ! Tu sais, je suis certaine que tu manques à Jack » tentais-je de lui changer les idées en lui parlant de mon fils. Il ne devait pas perdre espoir ni le moral et je voulais bien faire tout ce que j’avais en ma possession pour le faire sourire. « Si tu veux, je peux piquer une blouse à une infirmière et jouer au docteur avec toi »plaisantais-je avec une petite moue mutine pour le faire rire.

Quand elle approcha elle aussi sa main vers moi, j'espérais presque sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. Au lieu de cela, j'avais l'impression que la vitre était glacée - j'avais tellement de fièvre. Mina et moi avions vécu tellement de choses, passant du simple coup d'un soir puis à être véritablement proches l'un de l'autre. Son changement avait été radical depuis son amnésie, et même si elle avait oublié quelques détails de sa vie, je la préférais ainsi. Alors comme ça, nous avions surement la peste ? Bon sang, je n'avais pas eu de chance d'attraper cette chose là, j'étais vraiment dépité. Sans pouvoir me retenir, je baillais tout en esquissant un mince sourire à Mina. J'adorais qu'elle me parle de Jack, ça me remontait le moral. Le fait qu'elle soit venue était déjà plus que je ne l'aurai espéré. « Tout va bien pour lui ? » Même ce petit garçon aurait pu attraper cette épidémie et je n'avais vraiment pas envie de cela. Finalement, je préférais que cette chose s'attaque à moi qu'à la famille Frost. « Ah oui j'aimerai beaucoup. » Même si Mina plaisantait certainement de son côté, ce n'était pas le cas pour moi. J'avais légèrement du mal à lui faire comprendre qu'elle me plaisait, et en même temps je ne voulais pas lui dire ça de but en blanc. « Sinon tu vas bien toi ? L'université doit être plutôt vide en ce moment. » tentais-je blaguer, sans la quitter des yeux.

Je crois que je pourrais parler de mon fils durant des heures et des heures et pourtant, tout n’avait pas été gagné par avance. Lorsque les médecins m’avaient annoncé ma grossesse, je n’en avais pas voulu. Je ne savais pas si j’aurais été capable d’aimer un enfant alors que je ne savais rien de moi pourtant, j’avais tenu bon et lorsque je l’avais mis au monde, j’avais compris que cet enfant serait mon phare dans la tempête de ma mémoire. J’avais besoin de lui tout comme j’avais besoin d’Andreas. « Il va bien, ma mère s’occupe de lui » lui répondis-je avant de lui faire une proposition des plus osées mais tellement innocente en même temps. C’est vrai, je voulais tellement le faire rire que l’idée de jouer les séductrices en herbe m’avait paru en être une bonne. « Tu sais que j’en serais capable » pouffais-je de rire car j’étais toujours partante pour les moindres folies. Toutefois, j’étais loin de me douter qu’Andreas ressentait pour moi quelque chose autre que de l’amitié. J’étais totalement aveugle sur ce point-là. « Je vais bien… C’est plus que vide à croire que tous les étudiants sont ici ou presque ! D’ailleurs, certains profs ont été touchés du coup, la plupart de mes cours sont annulés… Tu me manques Andreas, j’ai tellement envie de te toucher pour m’assurer que tu es bien vivant devant moi… Cette vitre me casse les couilles » râlais-je en faisant la moue. « Je sais, je n’en ai pas… Dis-moi, si je peux faire quelque chose pour toi, je le ferais sans hésiter »

J'étais rassuré, mon filleul allait bien, c'était déjà une bonne chose. Jack avait été un don du ciel pour Mina, en parti grâce à lui, elle était devenue différente dans le bon sens du terme. Je n'aurai jamais pu imaginer avoir une relation de la sorte avec elle, surtout à l'époque où nous passions seulement nos soirées dans le même lit. J'aimais les femmes, vraiment, mais coucher à droite à gauche n'était pas dans mes habitudes et ça ne faisait pas tout. Je n'avais pas connu de réelle relation depuis la mort de Faith, et ça me désolait beaucoup. Bon, j'arrivais toujours à m'amuser mais il manquait quelque chose. « Haha, ça oui ! » m'exclamais-je, plutôt faiblement pour le coup, essayant tout de même de rigoler un peu. Oh, à moi aussi elle me manquait. L'entendre dire des choses pareilles me faisait énormément de bien, comme si ma maladie guérissait seulement en la regardant et en l'écoutant. Je buvais ses paroles sans lâcher son magnifique regard océan, jusqu'à qu'elle me fasse exploser de rire - bien que je fus obligé de tousser. « Quelle élégance ma chère, tu sais je t'aurai bien embrassé là tout de suite mais ta dernière phrase m'a un peu refroidi. » dis-je en souriant, toujours adossé contre le mur à côté de la fenêtre. J'avais beau employer ce ton plaisantin, mes paroles n'étaient pas complètement fausses. Elle était tellement magnifique. Face à elle, surtout en ce moment, je ne faisais clairement pas le poids. Je fis mine de réfléchir à sa proposition, connaissant déjà la réponse. « Et bien.. Embrasse ton fils de ma part mais surtout, reste ici. Au moins quelques minutes, que je vois un autre visage que des malades. »

J’adorais voir Andreas rire, il était si beau et si séduisant quand il souriait. Qu’est-ce que j’étais en train de penser bon sang ?! Non et non. Andreas était un ami, rien de plus, rien de moins pourtant, certaines nuits, je me surprenais à rêver de lui au point de me réveiller en sueur sur mon lit, complétement transie de plaisir. Je ne savais pas si c’était des réminiscences de mon passé oublié ou si c’était simplement un fantasme. Je n’osais pas lui demander. Je craignais tellement la réponse. Je crois que dès que cela touchait à mon passé, je me refermais comme une huitre tant je craignais que l’ancienne Mina ne vienne faire voler ma vie en éclat. « Refroidi pour si peu ? Petit joueur va » le taquinais-je bien qu’aux vues de mes pensées actuelles, je ne pus m’empêcher de rougir faiblement en l’entendant me dire qu’il m’aurait bien embrassé. Pourquoi cette envie qu’il m’embrasse me transperça le corps et le cœur avec cette force ?! J’étais totalement perdue. « Promis, je l’embrasserai de ta part et je ne bougerai pas tant que tu voudras de moi derrière cette vitre. J’ai une idée, nous pourrions peut-être faire un petit jeu qui ne te fatigue pas trop ? Je ne sais pas…On finira bien par trouver à moins que tu ais des idées. Je te proposerai bien la traditionnelle action vérité mais j’ai peur que tu sois trop fatigué pour le supporter. Hummm à moins qu’on s’amuse à se poser des questions pour faire passer le temps ? » lui proposais-je histoire de lui occuper l’esprit mais avant, je lui demandais de patienter quelques minutes avant de foncer pour mieux revenir en blouse d’infirmière, complétement morte de rire. « Voilà, comme ça en prime, tu auras une vision enchanteresse pour la peine » me lançais-je des fleurs.

Et en plus, elle s'amusait à me provoquer. Elle ne savait vraiment pas sur quel terrain elle jouait, car à cet instant, j'aurai tout donné pour la serrer dans mes bras et l'embrasser c'est certain. Heureusement que j'étais malade disons, car même si la vitre nous séparait, je n'aurai pas pu me résoudre à la rendre fiévreuse elle aussi. « On verra quand je sortirais. » dis-je, la provoquant à mon tour. Je faisais parfaitement exprès de laisser ma phrase en suspens, pour que Mina cogite un peu, avec un peu de chance elle donnerait un sens à mes paroles. Son idée de jeu me plaît bien, ça m'occuperait beaucoup. Ici, la plupart des gens ne font que dormir ou tousser, ce n'est pas très agréable. Pour une fois, je peux faire autre chose que cela. « D'accord, je te suis pour les questions. A toi l'honneur. » Franchement, je ne savais pas du tout où nous mènerai ce jeu mais c'est ça qui est plutôt excitant. Alors que je somnole à moitié, je ne me rend même pas compte que Mina était partie quelques minutes. Je relève mes yeux fatigués vers son visage illuminé, ne pouvant m'empêcher d'éclater de rire - plus ou moins.. « Ah merci, t'es trop gentille. » Cette fois-ci, c'est à mon tour de la faire patienter, mais le résultat est beaucoup moins glorieux. Il fallait absolument que je m'assieds quelque part, c'est pourquoi j'étais parti chercher une chaise dans la pièce.

« Même pas peur ! » fanfaronnais-je avec un sourire amusé bien que ses paroles n’arrêtaient pas de tourner dans ma tête. Il y avait comme une promesse derrière cette phrase anodine et je me surpris à me sentir presque impatiente justement qu’il ne sorte. C’était dangereux de penser ainsi mais quand mon regard se plongeait dans le sien, je me sentais tellement bien, tellement en sécurité que j’en oubliais mes problèmes ainsi que mes cauchemars –et Dieu seul savait combien j’aimerai en être débarrassée. « Alors si tu es partant, c’est tout simplement génial ! Hummm par quoi pourrais-je bien commencer ??! Ah oui !! Je me suis toujours demandée quel était pour toi la femme idéale ? » Posais-je la question la plus conne de tout l’univers mais il fallait bien commencer par quelque chose. Je n’allais pas lui demander entre Pikachu et Tiplouf, lequel, il choisirait. Toutefois, avant de poursuivre le jeu, je m’éclipsais quelques minutes pour me changer et ainsi lui offrir une vision pour le moins agréable même s’il n’était pas trop en état de l’apprécier à sa juste valeur. Je crois qu’au fond de moi, il restait un peu de cette ancienne Mina, celle qui aimait séduire les hommes mais dorénavant, ce tempérament était bien plus joueur et léger voire presque innocent qu’autrefois. Andreas s’éclipsa à son tour pour chercher une chaise et je fronçais les sourcils. Il semblait tellement fatigué. « Ça va aller pour toi ? Je ne veux pas t’épuiser plus que de raison, tu dois garder des forces… ça me tue qu’il y ait cette vitre, je vais finir totalement frustrée » boudais-je.

Je hausse les épaules, un petit sourire mystérieux accroché à mes lèvres. C'est qu'elle peut être téméraire la nouvelle Mina, et ça fait plaisir à voir. Pour rien au monde je ne voudrais qu'elle redevienne celle d'avant, je l'aime bien trop ainsi. Elle parut tellement enthousiaste quand j'acceptais son jeu que ça me donnait du baume au coeur, vraiment. Je réfléchis un instant à sa question, ne sachant pas par quoi commencer. « Quelle question.. Honnêtement, je n'ai pas de stéréotype propre de la femme idéale, tant qu'elle me fait chavirer le coeur je crois que c'est tout ce qui compte non ? » Oui, Faith était loin d'être parfaite et pourtant je l'avais aimé comme un fou. Je croyais réellement au grand amour, mais depuis sa mort, je ne savais pas s'il existait vraiment. J'avais rencontré des tonnes de filles depuis, mais aucune n'avait réussi à m'atteindre complètement. « Bon à mon tour.. Et ben tiens, je te retourne la question, quel type d'homme serait fait pour toi ? » Tout ce qu'elle pourrait me dire serait bon à prendre, car la charmer était une chose dont j'avais envie. Quand je reviens avec une chaise, je vois bien que Mina est contrarié et ça me fend le coeur. J'essaie de la rassurer du mieux que je peux. « Ne t'inquiète pas, je veux juste me poser plus confortablement. Et promis, je te couvre de bisous quand je sors d'ici. » Je lui adresse mon fameux clin d'oeil et m'assois enfin, ça fait du bien car je suis complètement épuisé.