(Lukalicia) ∆ They try to make me go to rehab ...

La plupart des gens ne comprennent pas ma maladie. Ils pensent pour une partie que c'est simple, de vivre avec ça, que de toute façon, on contrôle tout ce que l'on fait, tout ce que l'on est, qu'on peut réellement choisir quand on va bien trop mal, ou malheureusement trop bien. Y'a aucune notion de contrôle. C'est les médicaments qui contrôlent tout. Les médicaments, et ma maladie. Quand elle me dit de me tuer, je le fais, sans réfléchir, parce qu'il n'y a plus que ça qui compte. Quand elle me dit de me marier sur un coup de tête, j'en fais de même. "J'veux plus fuir Alicia. J'veux finir mes études, avoir une bonne situation. J'ai pas travailler comme un chien les quatre dernières années pour rien. J'suis revenu pour tout terminer, j'ai plus qu'un an à tenir. Même pas un an d'ailleurs, jusqu'en juin. Après j'pourrai être indépendant, mener la vie que je veux, et repartir chez moi." Elle me disait alors que j'étais normal, ce qui me fit doucement rire. J'avais passé mon adolescence à me faire traité d'animal de foire, alors bon, niveau normalité, on repassera. "On va dire que chacun à son point de vue sur ce qui est normal, et ce qui ne l'est pas."

Je le réconfortais de la façon que je pouvais, mais il avait les idées clairs, il savait ce qu'il voulait s'était déjà une bonne chose. "Eh bien dans ce cas garde ton objectif en vus jusqu'à la fin de l'année et puis si tu sens que tu lâche prise tu fais pas le con comme à chaque fois. Si c'est vraiment ce que tu veux, être libre, accroche toi et part pas en vrille parce que je sais que tu peux le faire." J'avais posé ma main sur son bras je sais même pas à quoi ça pouvais servir mais j'avais repris ce côté compatissant que j'avais au fond de moi, qui m'avait bouffé et que je ne voulais plus, s'était donc pas possible, j'étais obligée de m'occuper des affaires des autres. Puis il y avait mon explication de la normalité, c'est vrai qu'il n'avait pas tord non plus. "On a chacun nos faiblesse Luke et c'est ce qui fait de nous ce qu'on est. T'as pas à vouloir changer, être quelqu'un d'autre."

Alicia n'avait pas tort, j'étais le genre de gars qui brisait pas mal de truc rien qu'en les touchant, le maladroit de la vie, de ceux qu'on ne remarque pas, des fantômes, des transparents, des moyens, de ceux qui n'rentrent pas en ligne de compte, de ceux qu'on choisi par défaut, de ceux qui ont la peau terne, les traits tirés et le regard éteint, des visages pales, des teints gris. J'avais beaucoup trop usé ma vie durant les trois dernières années. J'vivais trop vite, j'vivais trop fort. En 22 ans d'existence, j'en étais à ma troisième overdose et ma première tentative de suicide, autant dire que j'partais avec un handicap majeur pour vivre jusqu'à cent cinquante ans. "J'sais pas si j'en suis capable, mais j'vais tout faire pour le devenir en tout cas." Je me levais, m'étirant doucement. Malgré tout, me confier à mon amie m'avait fait beaucoup de bien. Elle ne m'avait pas jugé, ne m'avait pas traité d'aliéné, selon elle, j'étais juste une personne avec ses faiblesses, et ça, ça faisait du bien, de se sentir, comme tout le monde. Pas de se sentir comme le mec aux deux depakote et trois tranxenes. Pas le mecs aux doses de prozac supérieures à la moyenne. Pas celui qui a des cicatrices sur les bras à force de s'injecter. "Je devrais y aller, je crois."

Je savais qu'il avait un problème de regard sur lui même, s'était pas nouveau, et ça datait d'un moment, je le savais depuis qu'on s'était rencontré, s'était aussi pour ça que ça m'avait fait autant de mal qu'il se foute en l'air de cette façon, qu'il fuit et qu'il laisse tombé tout ce que j'avais essayé de faire pour lui. Mais j'avais les réponses à mes questions, il était malade, pas que je lui donne raison loin de là mais mon jugement envers ses actes était moins dur. "T'y arrivera, et je serai là toujours comme jusqu'à maintenant, mais c'est ta dernière chance Luke. Je te lâcherai pas, mais une seule fois, un seul écart et c'est fini. Je tiens à toi mais je supporterai pas encore une fois que tu laisse tomber tout ce que j'ai fait pour toi." J'avais laissé tombé toutes mes bonnes résolutions, je ne pouvais pas laissé tombé les personnes auxquels je tiens, surtout quand elles vont aussi mal que Luke à pus l'être. Parce que au final j'arrivais pas à tenir mes bonnes résolution, parce que je faisais toujours tout pour ce que les autres aillent au mieux même si ça me faisait du tord. "Appel moi quand t'aura vus Lassa d'accord." Je lui fis un faible sourire, avant de le prendre dans mes bras, s'était pas forcement un geste que j'avais habituellement envers lui mais qu'importe il en avait autant besoin que moi.

Une dernière chance. Une dernière chance pour prouver que j'suis pas qu'un moins que rien qui baisse les bras, qui baise la vie dès qu'on lui fait une remarque, dès qu'un truc stupide, inutile se passe, dès qu'il se fait tirer dans le coeur, dès qu'une rafale de vent lui frôle la joue. J'veux plus de ça. J'veux plus rien de ça. De cette vie de camé. De cette vie d'écorché. De cette vie de malade. De cette vie de chien. De cette vie de petit merdeux. De cette vie sur laquelle je crache. J'me crache sur la gueule, j'ai plus envie de ça putain. "Merci pour tout, Alicia." La jeune femme me prenait alors dans ses bras. C'était loin d'être habituel chez nous. J'suis pas un mec tactile. J'aime pas ces faux semblants, ces accolades de merde qui te dise qu'ils sont là pour toi, mais qui te poignarde tous les soirs au bar avec leurs amis. J'sais qu'Alicia, elle a pas de poignard. Elle veut juste vivre, avancer, et elle veut juste mon bien. "J't'appelerai." Je lui souris, faiblement, la salut une dernière fois, et cigarette à la bouche, me dirige vers chez moi.