Surprise!! (Cody)

Bon et bien si maintenant nous avions des soucis de communication nos affaires n'allaient pas s'arranger tout de suite. Je le regardais avec une petite moue l'espace de quelques secondes. Il faisait preuve d'un certain humour quand-même alors mon visage se décrispa dans un sourire. Tu sais je ne suis pas une Dexter en puissance, je n'ai aucune pulsion meurtrière envers toi. dis-je en faisant référence à une série télévisée. Non, je n'avais pas envie de l'étriper enfin pas toujours je devrais dire. Par le passé c'est vrai que parfois quand il s'adressait à moi avec autant de dédain j'aurai pu avoir des envies de serrer mes mains autour de son cou de petit idiot. Mais, pas là pas maintenant. Même si depuis le début il n'avait de cesse de faire preuve de mauvaise fois en découvrant que j'étais la nana avec qui il discutait autant le soir en jouant en ligne. Qui serait sa bergère? Pour le coup je ne voyais pas où il voulait en venir alors que je m'étais penchée pour lui confier quelques mots. Pas moi, je doute que tu ne me vois comme la bergère à suivre. Oui, oui je doutais d'avoir ce pouvoir-là sur lui ou un quelconque pouvoir tout court d'ailleurs. Je regardais alors son index en fronçant les sourcils. Me tenir correctement, le troubler? Ah bon? Mais, je n'avais rien fait. Je me redressais alors le regardant avec suspicion. Te troubler? Pourquoi diable je te troublerais? Tu sais que tu es difficile à cerner Bleeker? Oh oui il l'était et pour être franche cela ne me déplaisait pas. Faut avouer que les mecs qu'on lit comme des livres ouverts n'avaient que très rarement d'intérêt à mes yeux. Les gros nounours gentils aussi ce n'était pas mon truc, j'avais toujours aimé avoir du répondant en face de moi. Je souriais alors reposant mes yeux dans les siens avant de m'emparer de ma tasse de café et d'en boire le contenu. Et puis il allait faire quoi m'attacher sur la banquette pour être certain que je n'en bouge plus?

Silver n'inspirait pas le pacifisme et la bienveillance chez le jeune homme. Il s'en méfiait. Evidemment, pas au point de la suspecter de préméditer un meurtre, quoiqu'on était jamais à l'abri de rien. N'est-ce pas derrière les plus beaux visages que se cachent les pires criminels ? Bleeker avait dû entendre ça dans l'une des millièmes séries policières qu'il matait – ah joie du célibat – ce qui le rendait un tantinet parano. Mais vraiment un tantinet. « Ouf, ça me rassure. Disons que j'étais à deux doigts de préparer mes cartons pour partir de la LH. » Afin d'accentuer sa phrase, il soupira longuement, libéré d'un poids, dégagé de l'épée de Damoclès qu'il avait craint avoir au-dessus de sa tête pendant cinq minutes. Déménagé de la Lowell House pour habiter pleinement chez sa mère aurait été un projet de ouf, cependant. Il y tenait à ses deux maisons, mine de rien. « Et je ne pense pas que tu serais une bonne bergère. » La bergère, c'est celle qui mène, qui montre l'exemple, qui a un tempérament dominateur selon Cody. Silver était bien gentille – façon de parler puisqu'en réalité il la trouvait exécrable – mais elle ne correspondait pas au stéréotype, à l'image qu'il se faisait dans sa tête. Encore moins quand elle gigotait sur sa banquette, ce qui avait le dos d'irriter le pauvre Cody qui grommela ; « Fais pas l'innocente. » Ceci dit, elle n'avait pas à se sentir coupable. Un rien venait titiller l'aigreur du jeune homme. « Pourquoi ? Tu as envie de pouvoir me cerner ? » Pour ça, il faudrait qu'ils se connaissent un peu mieux … Ou un peu moins … Mon dieu, leur relation était trop bizarre. Bleeker ne savait plus s'il connaissait trop Silver ou pas assez. À présent, ce n'était plus Silver qui le perturbait. En réalité, il s'agaçait lui-même à se poser trop de questions.

Je fronçais quelque peu les sourcils malgré qu'un sourire semblait vouloir rester obstinément accroché à mes lèvres. Carrément les cartons pour déménager. Mon dieu, j'aurai pu lui sortir une phrase bien balancée dans le style que j'aurai été ravie de lui donner un petit coup de main pour déguerpir de la Lowell House... Sauf, que ouais j'avais du mal avec lui, je n'arrivais pas à tenir ma bouche en se présence mais, je ne souhaitais pas du tout le voir déguerpir. Je ne le détestais pas, pas le moins du monde non parce que c'est pas mon style. Des ennemis je pouvais en avoir mais, uniquement si l'on m'avait réellement fait un coup de pute. Pas pour de simples petites frictions verbales. Ce qui aurait été très con avoue... J'avais répondu et je ne pensais pas être la bergère à suivre ce qu'il s'empressa de me confirmer et qui me fit légèrement tiquer. Oui maintenant qu'il venait de dire ceci, moi je me demandais ce qui le faisait penser que je ne pourrais pas en être une. Question stupide, réaction tout aussi stupide mais, il fallait que j'eusse toujours le dernier mot surtout avec lui. Ah non? Ben je suis très curieuse là qu'est-ce qui te fait penser que je ne serais pas une bonne bergère? Oui parce que moi je n'avais pas dit que je ne serais pas bonne bergère mais, juste que je ne serais pas celle que lui suivrait. Nuance. L'innocente, je ne faisais pas l'innocente non pas en ce moment mais, il avait raison parfois il m'arrivait de jouer les parfaites petites innocentes, de prêcher le faux pour obtenir le vrai. Non non sérieusement, je me demande ce qui te gêne dans cette proximité, c'est quoi qui te gêne réellement là. Et oui pourquoi pas je ne suis pas si fermée que ça. Je dois avouer que j'aime pas quand je ne comprends pas. Et c'est vrai j'ai horreur que des choses m'échappent, je suis le genre de nana à chercher toujours le comment du pourquoi.

Cody n'en était pas au point de quitter la LH à cause de Silver. Dans sa tête perturbée et troublée par une paranoïa bouffante, style théorie du complot, il ne laisserait pas la Lowell gagner. Il s'imaginait comme en conflit avec elle, comme si elle cherchait à le déstabiliser ou quoi. De toute façon, Silver aurait beau lui répéter qu'elle était toute aussi surprise que lui de découvrir son vrai interlocuteur, il finirait par la croire seulement par l'usure. « Pas si con que ça, au moins je retournerais chez ma mère, j'y suis bien tu sais. » Ouais, c'est Silver la psychopathe mais c'est Cody qui joue aux jeux vidéos en plus de vivre chez sa mère. Un jour il quitterait le nid mais pour le moment, il n'était qu'un petit poussin en détresse. Et les petits poussins, ils n'ont pas besoin de bergère, pas comme Silver. « Je pense pas que tu sois le genre de personne qui mène. À mon avis, t'es une suiveuse ... » lâcha-t-il l'air circonspect, se mordillant la lèvre inférieure en la regardant. Il la provoquait un peu, sûrement dans un désir refoulé de la voir dans un état pareil au sien. Pourquoi était-elle aussi tranquille ? Ce n'était pas normal, un alien cette meuf. « ça me gêne, c'est tout. Faut-il que j'explique chaque truc qui me gêne ? Je peux le faire mais à toi de me dire combien de temps tu as devant toi. » fit-il en tentant de dissimuler son agacement dans ses sarcasmes.

Spoiler:

Je fais mine de réfléchir en le parcourant de mon regard bleu acier. Je ne peux pas réellement rebondir sur ce sentiment d'aise là, moi et ma mère ça n'a jamais été ça, je viens d'un foyer d'accueil, où je n'ai jamais réellement pu trouver ma place. Je n'ai pas ce lien, ce degré d'attachement. J'imagine mais, tu ne peux pas rester le chéri bibi à maman toute ta vie. En fait c'est malheureusement tout ce que je trouve à lui répondre pour rebondir cette fois, je fais mine alors de m'intéresser à ma tasse de café, seule chose qui arrive à me réconforter. Je trouve ça étrange, bête et idiot, à croire qu'on aurait pas du se proposer de se rencontrer. Le feeling semblait beaucoup mieux passer sous le couvert des écrans interposés. Après, j'avoue avoir un faible pour les causes perdues. Une suiveuse qu'il me sort, je manque de m'étrangler avec mon café. Mess yeux se relèvent directement dans les siens, je le défierais presque du regard. Un sourire fin point sur mon visage. Tu me prends pour un mouton aussi alors, comme quoi il y a beaucoup de choses que tu ne sais fondamentalement pas sur moi. Tu vois, je te l'avais dis que tu te forgeais une opinion trop rapidement. dis-je en pinçant les lèvres, en fait c'est dingue ce qu'il pouvait chercher à avoir toujours le dernier mot, mais à ce jeu-là il trouverait toujours une participante. Je me penchais alors une nouvelle fois tout en le scrutant. Et bien tu veux que je te dise j'ai tout mon temps et j'aime bien qu'on me fasse un dessin. lui lançais alors histoire de le perturber à son tour.

« Et pourquoi pas ? » Haussement d'épaule, regard absent, il répondait à Silver comme s'il ne voyait pas ce qu'il y avait d'étrange à rester le chéri bibi de maman toute sa vie. S'il affectionnait sa vie de Tanguy, alors elle n'avait pas à le critiquer. Est-ce que lui, il se permettait de la critiquer ? Bon, OK, un peu, mais là n'était pas le sujet. Il n'aimait pas trop qu'on critique son style de vie ; OK, il assumait parfaitement son rôle d'adolescent un peu attardé qui comptait beaucoup sur la présence (rassurante) de sa mère et qui n'avait pas l'intention de quitter le nid de sitôt. Du coup, il critiqua à son tour Silver, la considérant comme le suiveur plutôt que le meneur, le chien plutôt que le maître, le mouton plutôt que le berger. Elle répondit qu'il se faisait bien vite une opinion d'elle. Il ria à gorge déployée, hagard face à son argument de défense ; « Il me semble que – malheureusement pour nous – on a appris à nos dépens à nous connaître. Donc mon opinion, je peux te dire que j'ai matière sur quoi la fonder. » Juger les gens qu'ils ne connaissaient pas, ce n'était pas son style. Puis là, elle lui avait demandé son avis, non ? Une fois de plus, elle se pencha en avant, comme si elle cherchait à déstabiliser le jeune homme. Si elle continuait comme ça, il allait le mettre là où elle sait son fichu dessin. « Pourquoi tu restes pas correctement assise sur ton siège ? Tu as des problèmes de vue ou quoi ? Tu sais, tu peux tout me dire. » Il inspecta Silver, l'air circonspect.

Et pourquoi pas me dit-il? N'était-ce dont pas l'évidence même, il me faisait soudain l'effet d'un gros bébé mais, c'était mignon tout plein en soit et cela me fit étrangement sourire. C'est évident non? Il faudra bien que tu trouves un jour la madame pour fonder ta propre famille. Enfin, j'dis ça, je ne dis rien, c'est pas mon problème c'est vrai. Ben oui, j'avais dis ça comme ça et pas du tout pour critiquer quoique ce soit. C'est fou ce qu'il pouvait rester sur sa défensive avec moi sans arriver à dépasser ses fichus aprioris mais, bon tans pis. Il m'avait bien jugée quoiqu'il en dise pourtant il se trompait complètement sur moi, c'est vrai que j'avais confié un tas de choses en ligne, ne sachant pas du tout que j'avais affaire à ce type que j'avais trouvé complètement horripilant, maintenant, j'avoue que je n'étais pas aussi catégorique, j'étais partagée entre le gars du net et le Lowell irritant. Mais, j'avais beau être une bourrique têtue, je ne restais pas fermée face à lui. Moi, ça ne me dérangeait pas du tout de dépasser mes propres aprioris sur Cody. Et moi je te dis et je te répète que tu te trompes et que tu ne me connais pas assez profondément pour juger. Et puis, tu veux cesser de te plaindre là c'est terrible. Tu peux me dire en quoi ça te dérange que je bouge autant? J'en ai pas et j'ai l'impression que toi non plus d'ailleurs. Non, mais il fallait qu'il arrête de me prendre pour plus blonde que je ne l'étais. Un sourire en coin vint se ficher sur mon faciès de petite brune. Il inspectait plus bas que ne se situait mes yeux ou quoi? C'était ça qui le dérangeait autant? Je ne sais pas mais, il le cachait de plus en plus mal. J'avais l'impression que l'on faisait un bras de fer à qui mieux mieux, j'aimais ça je devais bien l'avouer disons que la facilité quelle qu'elle soit ne m'a jamais beaucoup attirée.

Cody pouvait accepter un tas de choses, mais pas qu'on critique son mode de vie. Il l'assumait pleinement, il assumait pleinement avoir encore besoin des jupons de sa mère pour garder les pieds sur terre, sinon, il serait perdu dans sa vie d'adulte. Et puis, il n'avait tellement pas confiance en les femmes, surtout en ses capacités à les garder avec lui. Regardez, il connaissait Silver officiellement depuis un quart d'heure et ils commençaient déjà à s'engueuler sans qu'on sache trop pour quoi. « Et toi alors ? Je ne te demande pas si tu as un copain, si tu envisages de te marier et de fonder une famille à ce que je sache ? » En même temps, si elle était aussi horripilante avec les autres hommes qu'elle ne l'était avec lui, il comprenait son célibat. M'enfin, passons. Elle n'arrêtait pas de gesticuler comme un enfant qui veut faire pipi sur sa banquette, empêchant le jeune homme de se concentrer. Oui, il avait besoin de se concentrer pour rester un minimum humble et poli en sa présence et il faut dire que là, elle le perturbait. « Berk, j'ai pas envie de te connaître profondément. » Esprit déplacé bonjouuuuuur. « Et pourquoi TOI tu bouges ? Tu ne sais pas rester droite sur ton siège ou  quoi ? » Vous vous rendez compte que la raison de cette montée de ton tenait sur un post-it tellement c'était idiot ?

Oui et bien encore heureux qu'il ne me demandait pas toutes ces petits informations parce que je n'aurais pas su quoi lui répondre. Un petit copain, je n'aurai pas su gérer je pense mes relations sentimentales n'ont jamais été très roses. Une famille, je n'en avais pas profité moi-même et donc je ne me pensais pas capable d'avoir un jour des enfants à moi. A vrai dire, si lui avait une mauvaise vision de moi, que dire de la propre vision que j'avais de moi-même. Très peu édulcorée. Mon visage c'était quelque peu fermé. Encore heureux... lançais-je tout simplement. Je venais de recaler mon dos sur la banquette et donc ce m'écarter de lui. J'écarquillais alors les yeux sur ce qu'il venait de me dire. Tu as vraiment l'esprit mal tourné tu sais... Ce fut tout ce que je pu lui sortir sur le moment. Plus on discutais et plus je me demandais pourquoi il restait assis la devant moi à faire ce petit bras de fer alors qu'il ne semblait avoir aucune envie de bouger de sa position envers moi. Pour te faire chier et apparemment ça réussi. Que voulait-il exactement que je lui réponde. J'avais fini mon café, je le regardais alors l'air absente. A quoi tout cela rimait-il. A quel jeu jouions-nous? Si je peux. Bon et sinon je me demande pourquoi tu n'as pas encore quitté cette table et pris la poudre d'escampette puisque tu sembles si remonté contre moi? La question se devait d'être posée, je crois.