(+ Mei) thank God, you came !

« Je trouve que ce serait dommage d’en arriver à de tels extrêmes mais te connaissant, au lieu de lui faire remarquer la chose et d’établir le dialogue, tu dois te braquer tout de suite, elle aussi, alors allez vous comprendre après de cette manière ! » Anna leva les yeux au ciel car souvent, on lui reprochait d’être la plus grognon de la famille mais elle se rendait bien compte qu’en la matière, Mei ne manquait pas de suivre son exemple… et ce n’était pas ce qu’elle faisait de mieux, évidemment. « Plutôt que de jouer les Sherlock Holmes en herbe, pourquoi tu ne l’appellerais pas pour lui mettre les points sur les i ? Tu ne trouves pas cela plus intelligent ? »

« Ah, bah, on doit alors avoir le même caractère….Quelle bonne idée…. » Je me demandais bien ce qu’il fallait que je lui dise par la suite. Mais, bon, pour une fois, je trouvais qu’il était bien aussi pour moi de ne pas m’étaler sur le sujet. « C’est plus drôle de lui mettre des bâtons dans les roues. » Je savais que pour l’instant, je prenais donc la direction de ma mère sauf que j’en avais réellement marre de l’entendre me parler sur ce ton. Je prenais donc une autre inspiration, et tout en remettant la couverture sur ma sœur, je ne disais rien d’autre.

« Quand tu parles de même caractère… tu dis pour toi et moi ou bien pour toi et maman ? » demanda-t-elle, légèrement confuse mais en même temps Anna avait l’esprit extrêmement cotonneux et beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans ses idées contrairement à d’habitude. Il ne fallait pas trop lui en demander là, tout de suite maintenant. « Plus drôle ? Je ne te savais pas sadique petite sœur ! Hélas c’est la jeunesse qui parle et ne me dis surtout pas que je sonne comme une vieille conne… il viendra un moment où vous risquez de ne plus vous parlez et je trouve cela dramatique, personnellement, mais aucunement drôle. Que feras-tu lorsque le point de non retour sera atteint ? »

« Et bien pour Maman et moi….C’est déjà compliqué à se parler, il faut toujours qu’elle en rajoute une couche comme si elle voulait absolument me punir de tout. » Je ne disais rien de plus, et tout en essayant de ne pas me tromper. Je préférais donc lui répondre en souriant : « Ah, on a tous un petit côté méchant….Pour ma part, je trouve cela plus amusant de la faire tourner en bourrique comme elle le fait pour nous. Et bien, j’aurais la paix et je pourrais vivre paisiblement. Tant pis si elle ne me supporte plus, je préfère l’éviter afin de pouvoir être au calme. »

« Tu ne trouves pas que tu exagères juste un tantinet ? » Bien sûr, Anna n’était pas toujours là pour jouer les tampons entre la mère et la fille mais leur problème disparaîtrait sans doute plus facilement si elles apprenaient toutes deux à se parler. Mais autant jouer la lambada à minuit au dessus de l’Himalaya, elles étaient aussi têtues l’une que l’autre ! « Tu préfères perdre définitivement ta mère plutôt que de mettre ta fierté de côté et lui parler à cœur ouvert ? Alors ça tu vois, je crois que je ne le comprendrai jamais. Tu n’es pas prête de savoir ce que c’est que d’avoir une famille, je crois ! »

« Non pas du tout… » Souriant un peu, je me demandais bien ce que je pouvais dire par la suite. Tout en reprenant donc ce que je devais lui faire, je l’entendais me parler et tendant l’oreille, je lui répondais : « Ah parce que tu trouves que de se prendre des réflexions va m’aider à la supporter. Alors là tu rêves, tu es parti plutôt que moi de la maison, et tu ne dois pas te rendre compte du calvaire que j’ai du supporter….Alors ne plus lui parler, cela me convient parfaitement. Si elle ne comprend pas ce qu’elle fait et bien la snober durant un petit moment va lui servir de leçons…. » M’arrêtant un peu, je reprenais doucement : « Quant à avoir une famille ou pas, franchement, tu n’as pas de leçons à me donner aussi…. » Frustrée, je continuais de la soigner sans me préoccuper d’elle.

Anna soupira bruyamment. C’était toujours la même salade avec Mei : dès qu’il s’agissait de parler de choses sérieuses, et de pointer ce qui risquait de pêcher à l’avenir, cette dernière se braquait de façon détestable. Certes, la jolie russe ne faisait peut-être pas preuve d’autant de tact que l’on pourrait en souhaiter mais sa sœur lui paraissait à la fois avoir raison à propos de leur mère, tout en étant horriblement injuste. Mei ne savait pas ce que cela faisait d’avoir une famille sur laquelle veiller. « Oh je n’ai pas de leçon à te donner ? A ce que je sache tu n’es pas maman, donc tu ne peux pas savoir ce que c’est, point final. Maintenant tu m’excuses, je suis fatiguée et je voudrais que tu me laisses. Fais ce que tu veux, après tout tu es une grande fille. »

« Et bien, j'ai fini aussi, donc je vais te laisser te reposer grande sœur. » Je souriais, et je l'embrassais sur le front, puis, je lui disais : « Je ne suis pas maman, mais une petite pointe de respect me conviendrait bien vois-tu. » M'en allant, je reprenais donc mess activités de la journée. Enlevant cette grosse combinaison. Je m'en allait pour mes cours.

FIN