(+ Mei) thank God, you came !

« Sérieusement ?! Mais c’est grave ? » Anna avait beau être un neurochirurgien de renom, il n’empêche qu’elle n’avait pas de notions de gynécologie et qu’elle nageait dans le flou le plus artistique en la matière, s’inquiétant donc aussitôt pour les jumeaux qu’elle attendait actuellement. « Rhaaa mais tu sais bien que je me fiche éperdument de ce que les autres peuvent dire, surtout que nous n’avons pas la même spécialité ! Je serai fière de toi quoi qu’il advienne, c’est ça que tu dois garder en tête. Mais dois-je comprendre que maman t’a fait une réflexion ? »

« Elle dort je crois, disons que lorsque tu es malade, tu dois faire des siestes. Elle bat bien, regarde, elle bouge des jambes maintenant. » Tout en nettoyant le gel, je massais donc en rond pour soulager un peu ma sœur. Lui remettant le drap, et sa blouse bleue, je lui remontais la couverture pour qu’elle n’est pas froid. Allant remettre l’appareil à sa place sans que personne ne me voit, je retournais donc vers ma sœur. Je lui disais : « Oui, elle considère cela comme un truc inutile, tu l’as connais. Elle ressasse encore et encore le truc habituel….»

« Mais si je savais me reposer ça se saurait, tu me connais depuis le temps ! » fit-elle remarquer à toute fin utile bien qu’entendre sa jeune sœur parler de sa fille, gigotant joyeusement à l’intérieur de son ventre, lui faisait du bien. Cela prouvait que la maladie n’avait pas nécessairement attaqué les fœtus bien qu’Anna soit de plus en plus mal au fil des jours et que les médecins aient même évoqué la possibilité qu’il s’agisse de la peste… « Pourquoi est-ce que tu l’écoutes ? Fais ce que tu veux pour toi, après tout il s’agit de ton avenir, tu ne vas pas me dire que maman y connaît grand-chose alors qu’elle est instit de métier ! Autant papa je ne dis pas… il savait de quoi il parlait mais laisse-la donc parler dans le vent, elle finira par se lasser comme à son habitude. »

« Oui, mais bon, il faudra bien que tu le fasse sinon tu ne pourras pas guérir. » Je me demandais bien pourquoi est-ce que ma sœur me disait un truc pareil. Mais bon, il fallait bien aussi que je l’écoute. Sauf que pour l’instant, je comprenais qu’il était bien pour moi aussi de tenter de lui répondre. « Oh, je ne lui dirais pas ne t’inquiète pas. De toute façon, ce n’est pas sa vie à elle, c’est la mienne. » Continuant de prendre la tension de ma sœur, je regardais que tout allait bien.

« Tu sais que tu répètes ce que tous les médecins que j’ai vu jusqu’ici m’ont déjà dit et répété ? Je suis une hyperactive, je n’y peux rien ! » expliqua-t-elle car même au plus mal, Anna était bien incapable de rester allongée plus de deux minutes d’à filée sans avoir la bougeotte. Cela avait toujours été, c’était même mathématique presque. « Exactement, c’est ta vie, tu es majeure et vaccinée par conséquent il n’y a aucune raison que tu lui fasses un compte rendu de tes faits et gestes… elle ne vit même pas dans la même ville que nous alors profites-en et fais donc à ton idée, tu as ma complète bénédiction. »

« Oui, je sais, moi, je suis ta sœur….Et ta sœur s’est autre chose…. » Tout en écoutant ma sœur, je me demandais bien si j’allais ou pas continuer le truc comme ça. Je me disais donc qu’il était bien mieux pour moi d’essayer de lui répondre par la suite une petite chose : « J’ai comme l’impression qu’elle sait toujours tout sur tout. Il faudra qu’un jour, on sache comment est-ce qu’elle sait tout comme ça. On dirait qu’elle a des espions partout. »

« Cela veut dire que tu attends à ce que je fasse un effort pour t’écouter ? » bougonna Anna sans méchanceté car après tout, Mei ne savait que trop bien à quel point la jolie russe avait du mal à se plier à des directives personnelles lorsqu’elle ne voyait pas l’utilité de celles-ci. Bien qu’en l’occurrence, protéger ses jumeaux s’avérait être une bonne motivation au bout du compte. « A vrai dire, ça ne m’étonnerait pas qu’elle ait fait sa petite enquête pour savoir qui bossait dans notre coin pour mieux le soudoyer afin d’obtenir plus d’informations si le fait de demander gentiment n’était pas suffisant. C’est fou ce que l’on peut faire en mettant ça sous le compte de « l’inquiétude » tu sais. »

Lui souriant doucement, je lui disais : « Oui ; cela serait bien. » Je continuais de parler et je lui disais en m’approchant d’elle : « Oui, elle le fait sans doute. Il faudra qu’elle arrête parce qu’à un moment donné, cela va fortement me gonfler. Elle doit penser sans doute qu’on lui doit tout.» Sauf que pour l’instant, je ne préférais pas non plus en vouloir à ma mère. Mais bon, vu l’état de ma sœur, je lui disais : « Il faut espérait qu’elle ne vienne pas te voir maintenant. »

« Je te promets au moins d’y réfléchir, j’ai pléthore de temps pour ça ! » coupa-t-elle la poire en deux avant de ne lever les yeux au ciel. Oh elle comprenait à deux cent pour cent la réaction de Mei mais d’un autre côté, il s’agissait tout de même de leur mère, même si elles la trouvaient gonflante. « Pourquoi tu n’essayes pas de lui en parler calmement ? Si cela se trouve, ça la ferait cesser… elle a bien arrêté de me gonfler moi ! Ça ne l’empêche pas de venir faire sa petite inspection maternelle de temps à autre mais c’est moins régulier. Ceci dit je n’aimerais pas qu’elle vienne de voir maintenant, je n’aurais définitivement pas la patience ! »

« Oui, il fallait bien que notre mère comprenne. Alors, si elle continue comme ça, je vais aussi ne pas lui parler pendant un long moment. » Je prenais donc le temps de voir les choses dans le bon sens. Je me disais qu’il faudrait donc aussi que je trouve une autre phrase : « Je vais essayer de trouver qu’elles sont les personnes qui lui parlent dans notre dos pour qu’elle arête de croire que l’on va faire tout ce qu’elle dit. »