(+ Mei) the fury is out tonight

« Sincèrement, je m’en tape aussi une fois à la fac… justement, c’est bien pour ça que j’ai choisi une université très, très loin de chez moi, pour ne pas subir constamment ce protocole. Mais ta sœur est comme ta mère ou plus comme toi ? » s’intéressa-t-il, comme Mei lui avait précédemment précisé que seule l’une de ses amies était au courant pour le fait qu’elle danse, peut-être n’était-elle pas proche de sa frangine. « Je vois… as-tu remarqué comment la petite mamie joue de sa « vieillesse » ? Tout à l’heure, elle dansait dans un coin en pensant ne pas être vue pour mieux rejouer les séniles juste après ! »

« Bah, ma sœur est comme moi, on n’aime pas trop les trucs de notre mère qui vient et qui nous impose tout son truc. » Je l’entendais me parler de ma Mamie, je lui disais : « C’est tout ma grand-mère ça. Elle n’aime pas être ici à vrai dire….» Buvant un peu de mon verre, je regardais un peu plus l’assistance qui se trouvait dans la salle. Je lui disais amusée par la situation : « Le gros là-bas, enfin, celui qui a de l’embonpoint, et bien, il est tradeur, ne vas pas le voir….Apparemment, il ne fait pas son boulot convenablement. »

« D’ailleurs ta sœur n’est pas présente, j’en conclus qu’elle n’aime vraiment pas ce genre de petite sauterie… tu me diras, je lui jette pas la pierre ! » Eventine esquissa un semblant de sourire amusé, léger certes, mais tout de même présent. Inutile de tirer une tronche de trois pieds de long dans un moment pareil. « A vrai dire je ne sais pas si ma grand-mère aurait eu le même réflexe je ne l’ai pas connue » avoua-t-il, car tout de même, sa grand-mère maternelle était Grace Kelly. Il ne pouvait donc qu’en douter ! « Ne crois surtout pas que le barman est digne de confiance : il te sert du brandy trop vieux en guise de scotch pour se siffler les bonnes bouteilles en douce quand personne ne regarde. »

« Elle doit avoir pas mal de boulot à l’hôpital donc, elle a le droit de ne pas venir…Et je crois que j’ai oublié de lui dire… » Un peu triste pour sa grand-mère, je tentais une douce approche : « Oh pardon, je ne le savais pas…. » Il fallait bien que je fasse un sourire, je lui disais : « Oui c’est sa spécialité à vrai dire….Mais bon, il est sourd donc….Il ne pourra répéter ce que l’on dit… » Je me demandais bien ce que je pourrais donc rajouter par la suite, mais bon, pour une fois, je prenais donc le temps de me taire et de voir s’il était possible pour Eve d’avoir une autre idée pour la conversation.

« Je crois plutôt qu’en l’occurrence, tu lui as évité une soirée de pur ennui ou presque » ironisa-t-il sans forcément perdre son masque de sérieux, bien qu’il ne prenne aucunement Mei de haut ni ne soit désagréable, bien au contraire. A lui aussi, elle évitait pour ainsi dire une soirée d’insupportable ennui. « Tu ne pouvais pas savoir, ne t’excuse pas je ne disais pas ça pour ça… je ne l’ai pas connue tu sais » reprit-il d’un ton plus adoucit et sincère. On ne regrette que ce que l’on a connu, selon lui. « Tu veux dire sourd dans le sens pathologique du terme ou il entend juste pas bien ? »

Souriant un peu, je répondais : « Sans doute….» Je continuais donc de dire : « Sourd, pathologiquement. Lors de ce gala, maintes conversations se font autour du travail de chacun. Donc pour l’instant, on en profite avant qu’il n’aille ailleurs. Ce gala est une réunion qui permet à tout le monde de se voir. » Je m’arrêtais parce que je savais que tout le monde était au courant de cela, et que donc, pour l’instant, il fallait juste que j’attende qu’Eve me dise quelque chose.

Eventine ne connaissait pas la sœur de Mei mais si elle était toubib, et à plus forte raison chirurgien, elle avait sûrement autre chose à faire que de perdre son temps à ce genre de soirée. « J’admire ton courage de venir t’ennuyer ici mais en l’occurrence, tu m’empêches moi de m’endormir direct » avoua-t-il non sans mettre ses mains dans les poches de son smoking blanc avec nonchalance et détachement. « Donc tu entends par là que c’est mieux qu’il entende que dalle parce qu’ainsi aucune info ne filtre, c’est ça ? » Quel cynisme…

« De rien si cela peut t’aider à mieux supporter le tout. » Je lui disais : « Tu as tout compris… » Je ne disais rien d’autres mais bon, pour une fois, je me demandais bien ce que je pourrais dire par la suite, et je rajoutais : « C’est sans doute un peu ironique, mais, pour ma part, tout le monde aime qu’il ne répète rien…Au moins les journalistes ne sont au courant de rien. » J’essayais donc de ne pas me tromper, et j’espérais bien que pour une fois, je puisse donc avoir un autre sujet de conversation.

« J’espère que tu t’ennuies moi également car si je t’endors ce n’est pas vraiment le but recherché » reprit-il avec malice pour mieux être estomaqué par la façon de faire des organisateurs de la soirée. Mais pire, le fait que Mei soit au courant alors qu’il s’en était toujours moqué ne faisait que plus le surprendre encore. « Ce n’est pas ironique, c’est cynique tu veux dire ! J’appelle ça utiliser quelqu’un… d’autant que si vous n’aviez rien à cacher, ce stratagème n’aurait pas lieu d’être. Je m’en moque bien, moi ! »

« Non, ça va, tout va bien. » Il me disait que personne n’avait besoin de ce pauvre barman…Mais bon, pour une fois, je ne disais rien de plus à part sourire. Ma mère avait d’important contrat à faire, et donc, je préférais aussi changer la conversation. « Je vais aller manger un peu au buffet, tu veux quelque chose ? » Je prenais donc mon petit sac et tout en sachant que je ne buerais plus d’alcool, j’avais juste une petite envie de nourriture.