(+ Mei) the fury is out tonight

Tiens, cela faisait un lustre et demi que le beau brun n’avait pas dû se rendre à un gala, l’une de ces fameuses soirées ultra ennuyeuses, manquant cruellement d’intérêt et qui lui donnaient toutes l’impression de perdre affreusement son temps. Il n’avait d’ailleurs pris aucune cavalière ce soir, bien décidé à ne pas faire jaser mais c’est avec une grandissime surprise qu’il croisa à nouveau la route de la furie ayant foutu en l’air quelques dix heures de son travail pour mieux lui offrir deux tickets pour voir Wagner à l’opéra. « J’ai trouvé Wagner plutôt stimulant » se présenta-t-il avec curiosité pour signaler sa présence.

Dans le parc, je rentrais chez moi après mon cours de danse. J’avais mon sac sur l’épaule, et je marchais doucement après la douleur aux pieds. J’y allais trois fois par semaine et j’aimais bien vu que cela me permettait de me dépenser un peu. Je marchais et alors que j’étais dans mes pensées, j’entendais une voix familière me parlait. Levant la tête, je voyais Eve devant moi. « Je suis contente que cela t’ai plu. J’en déduis que tu as passé une bonne soirée alors. » Enlevant mon sac de mon épaule, je le prenais à bout de bras pour le mettre devant moi.

Autant dire que le beau brun était surpris de croiser Mei dans une sauterie de ce genre : il n’aurait pas imaginé une seconde qu’elle soit d’une famille riche, ou influente, mais après tout il ne la connaissait pas suffisamment pour le savoir. « En effet, c’était très stimulant. Je confirme, tu as loupé quelque chose d’assez grandiose, même si Wagner n’est pas mon compositeur préféré, il ne faut pas cracher sur de la grande musique. Tu es ici pour… ? »

« Je rentre chez moi, et toi ? Tu fais quoi ici ? » Je ne voyais pas trop quoi dire d’autres en plus, et pour l’instant, j’appréciais juste cette petite pause comme ça dans la salle. Le campus était juste de l’autre côté et je prenais toujours le chemin le plus éclairé. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi est-ce que j’avais dis cela, mais bon, je patientais donc le temps qu’il me réponde. Ce gala me prenait la tête et j'avais mon verre d'alcool à la main. Je ne voyais pas vraiment quoi dire de plus et je regardais autour de moi. Ma mère était là et ce gala était en l'honneur de mon père. Un truc de charité qui finalement me prenait plus la tête qu'autre chose.

« Tu viens à un gala pour rentrer chez toi ? » demanda-t-il aussitôt, incrédule. Eventine la trouvait décidément bien étrange cette nénette, à croire qu’elle ne fonctionne absolument pas comme le commun des mortels… mais après tout, personne ne pouvait la blâmer, ce genre de pince fesses restait insupportable même pour le beau brun étant pourtant diablement habitué. « Personnellement je suis présent car je représente la famille royale de Monaco. Je pensais qu’avec le nom « Casiraghi » tu aurais été mise sur la voie mais je me suis sûrement trompé. »

« Cela fait un moment que je suis là et c’est tous les ans la même chose….» Je l’entendais me dire une chose bien agréable, et je lui disais : «Je ne prends pas le nom de famille en premier lieu. Je considère qu’il ne sert pas à grand-chose si on prend la personne avant. Je t’ai pourtant donné le mien, et tu n’as pas tilté non plus. » Un sourire sincère et je voyais donc que ma mère me regardait du coin de l’œil. La photo de famille sur un support devant l’estrade, on ne pouvait pas dire que ma jolie frimousse n’était pas visible de tout de le monde.

« Pareillement… toutes les années ce sont les mêmes poignées de main, les mêmes sourires figés insupportables, les mêmes conversations futiles » poursuivit-il, les mains dans le dos, non sans hausser imperceptiblement les épaules comme souvent en ce moment. Cela devenait réellement un réflexe à vrai dire… « Je connais ta sœur de nom, s’il s’agit bien d’Anna Ivanova, je l’ai déjà croisée à Harvard. Après je t’avoue que je ne connais pas tous les chirurgiens du monde… ma famille est connue dans plus de pays, ce qui est normal. D’où ma surprise ! Mais ceci dit je te rejoins, je déteste les pince-fesses de ce type… »

« Oui, mais bon, il faut garder l’éthique à sa place. Oui, faire les bonnes manières pour je ne sais quoi….Alors qu’on n’en pense pas moins…. » J’avais dis cela comme ça et je me demandais bien ce que je devais donc dire alors que la suite allait sans doute me prendre la tête. Je lui disais : « Regarde le type là-bas. Il est doc de je ne sais quoi et à chaque fois qu’une jolie demoiselle passe dans le coin, il faut toujours qu’il ait les mains baladeuses. Tous les ans c’est la même chose….Mais il n’y a rien à faire, ma mère l’invite toujours…. »

« Tu sais que tu parles à quelqu’un qui a baigné dans le protocole et les conventions toute sa vie ? » arqua-t-il un sourcil, sans froideur ni air narquois, juste avec sérieux. Eventine avait l’habitude de ce genre de « bal » pour la simple et bonne raison qu’il baignait dedans depuis sa plus tendre enfance. Il avait plus d’habitude que Mei n’en n’aurait jamais, cela ne faisait pas le moindre doute. « Tu veux que l’on joue les sociologues en herbe ? Regarde ce mec là bas… c’est un très important donateur de la fondation qui organise la soirée. Résultat, il croit qu’en étant odieux avec tout le monde, ça va le rendre encore plus illustre et faire parler de lui… »

« Oh, ma mere a le don pour tout faire avec ce foutu protocole qui prend la tête de tout le monde….Mais bon, une fois à la fac, je m’en fiche totalement de ce truc. » Je l’entendais me dire pour le type là-bas, et je disais : « Ah c’est l’Oncle Andrey, il a toujours été comme ça….Mais bon, pour son frère, il prêt à tout…Mon père avait du mal à le supporter. » Puis me tournant un peu, je disais : « Tu vois la rousse là-bas, et bien, elle est la muse du peintre là-bas qui bien entendu ne voit plus sa femme qui est sur le balcon comme à son habitude. »