J'acquiesça, c'était bien l'image que j'avais en tête. Depuis gamin, je grandissais avec cette impression d'évoluer dans une cage. Sauf que la cage en question avait toujours été particulièrement vaste. Si j'avais dut en plus vivre tout ça dans un petit espace confiné, sous la surveillance constante de mes parents, je serais sans doute devenu barge. J'essaya de la rassurer pour le fait de contacter son ami, ou peut importe ce que ce mec était pour elle. Je voulais pas qu'elle s'en fasse pour de telles broutilles. J'avais envie d'être là pour ma soeur et vu qu'elle était coincée ici et bien j'allais agir pour elle à l'extérieur. C'était le moins que je puisse faire. Elle finit par acquiescer avec un sourire que je lui rendis. Au moins, je la faisais rire et sourire, c'était déjà ça. Peut-être que ça n'était pas si dramatique. Peut-être que ça allait bien passer, que dans quelques jours elle sera dehors avec moi et qu'on rigolera de nos airs blasés d'aujourd'hui, car y avait pas de raisons de se faire peur comme ça. J'avais envie de me sentir stupide d'avoir eut cette énorme boule dans mon ventre. Je voulais me sentir con. Pour l'heure, j'essayais juste de réfléchir à ce que je pouvais faire d'autre pour qu'elle se sente mieux. Je lui demanda si elle savait si je pouvais lui apporter des trucs. Je savais pas quoi, mais genre de la nourriture, ou des petits trucs qui lui feraient plaisir. Sa réponse ne me surprit qu'à moitié. S'ils l'avaient enfermée derrière une vitre, c'est qu'ils y allaient définitivement pas à moitié ici. Ouais, peut-être. Enfin, t'as raison, faut chercher le côté positif de cette histoire. répondis-je. J'en voyais pas des masses pour être sincère, mais j'admirais la force dont faisait preuve ma petite soeur. Enfin, en même temps elle n'avait pas le choix. Tu connais des gens là-dedans ? Demandais-je en indiquant de la tête la pièce derrière elle.
J'étais heureuse que mon grand frère soit venu me rendre visite, parce que sa présence, même de l'autre côté de la vitre, me permettait de penser un petit peu à autre chose, de m'évader d'ici un petit peu. J'étais carrément ravie de me rendre compte que je n'étais pas toute seule, et ça me soulageait d'un poids en fait, qu'il soit à Harvard. Parce que clairement, enfermée ici, j'aurais pensé à lui, je me serais demandé ce qu'il faisait, je m'en serais voulu de ne pas avoir continué de le chercher.. surtout que comme les médecins étaient assez pessimistes sur nous, si par hasard je ne sortais pas d'ici, j'avais au moins eu la chance de le revoir une fois en vrai, d'avoir put le serrer dans mes bras. Me mordillant la lèvre, je li dis qu'au moins je pouvais me reposer, avant d'enchainer en essayant de détendre un peu l’atmosphère : " Puis bon, j'ai droit à une robe bleue gratuite. C'est quand même la classe, tu trouve pas? " Je poussais la dérision à son comble en me levant , une main sur la hanche pour tourner sur moi-même et lui montrer la blouse d'hôpital qu'on m'avait forcé à enfiler. J'avais l'habitude de porter des robes courtes, en été, mais là j'avais l'impression d'être un cachet d'aspirine ambulant à moitié vêtu quoi. Parce que même si c'est des blouses longues devant, le dos est pas beaucoup fermé.. Je laissais glisser contre la paroi de nouveau pour finir à côté de lui, alors qu'il me demandait si je connaissais des gens. " Des connaissances ouais, aucun amis proches, mais je pense que je vais plus ou moins être obligée d'apprendre à les connaitre,s i on est coincés ici un moment. " J'avais déjà vu Alek, le VP Quincy, qui avait remballé un prof grincheux qui se permettait de faire des réflexions sur nous, et sinon quelques têtes que j'avais déjà croisé dans les couloirs, un mather que je ne pouvais pas voir aussi. Rien de bien fou, à vrai dire.
J'étais sérieusement admiratif de son envie de positiver. C'était bien et j'aurais aimé réussir à la pousser plus dans ce sens, mais c'était pas simple et je me sentais con, car bon, c'était pas à moi d'être malheureux, là. Je me sentais assez égoïste à l'égard de ma petite soeur en fait. Cette vitre me rendait anxieux. J'étais limite en train d'imaginer que je la reprendrais jamais dans mes bras. Mais c'était stupide, hein ? Car elle allait sortir. Il pouvait pas en être autrement. Je laisserais rien nous séparer à nouveau même si bon, je débutais pas super bien dans cet optique. Elle me fit sourire en ironisant sa tenue. Ils étaient vaches quand même : les mettre en cage et en plus les habiller comme ça. Soit c'était un hôpital, mais bon... Je laissa échapper un petit rire alors qu'elle en faisait des tonnes, tournoyant comme un mannequin. Un rire franc, honnête, ce que j'estimais pas être capable de faire jusque là. J'inclina la tête ensuite avec douceur. T'inquiètes, t'es jolie avec n'importe quoi sur le dos et non, je te dis pas ça car je suis ton frère. Répondis-je. C'était sincère. Soit, y avait mieux pour la mettre en valeur, mais je la reconnaissais encore bien, même dans cet hôpital, cet endroit déprimant à souhait, alors qu'elle se retrouvait coincée derrière une vitre. Elle se laissa à nouveau glisser contre la vitre et je la couva du regard, sans me défaire de ce noeud au niveau de mon ventre. J'allais pas réussir à me faire à tout ça, encore moins si ça devait durer, mais j'étais le plus grand. J'étais sensé être fort pour deux. C'était pas ce que je voulais en revenant ici ? Être là pour elle ? Bah voilà, c'était le moment. Je lui demandais si elle connaissait des gens. Peut-être qu'elle était pas totalement toute seule. Je pouvais pas être avec elle non-stop ici, mais j'espérais que d'autres le pouvez, des gens qui comptaient pour elle. D'accord, enfin, à ce niveau je me fais pas de soucis pour toi. T'as jamais été très timide et puis une vice-présidente et tout, tout le monde doit te connaître lançais-je souriant. Je la flattais un peu, histoire de la faire sourire. J'avais besoin d'avoir des images d'elle, en train de sourire, même dans cette situation pourrie.
Certaines personnes étaient optimistes de nature, moi j'étais plutôt réaliste, ni optimiste ni pessimiste, tout simplement naturelle, évaluant les deux pourcentages de chance : que ça soit bien ou mal. Alors oui, je voulais voir le côté positif cette fois, avec mon frère, parce que si je commençais à compter les points négatifs, j'allais pas tenir plus d'une semaine dans cette cage de verre. Je préférais rire avec lui de ma blouse bleue immonde, avec un tissu de mauvais qualité qui me grattait, tout en faisant la mannequin devant mon frère, comme si je présentais une grande robe de couturier. J'avais besoin de rire, et je me mis à rire avec lu, c'était communicatif, et ça me faisait un bien fou : César était le meilleur des médicaments pour moi, fallait pas chercher plus loin. " Attends, tu m'a pas vue en pyjama sortant de mon lit depuis des années, tu risque de regretter ce que tu viens de dire ! Je ressemble à un monstre. Les gens ont peur en me voyant prendre mon petit déjeuner à la Cabot House hein ! " J’essayais de garder un air sérieux en disant ça, mais j'avais les coins des lèvres contractés, et j'avais terriblement envie de rire. Je ne savais pas mentir, encore moins à César, c'était pas pratique pour dire des bêtises.. parlant ensuite des gens avec qui j'étais j'avouais que ils n'avaient pas l'air méchants pour une grande partie d'entre eux, et que j'allais faire quelques efforts, avant que mon frère réplique en disant que faire connaissance n'allait pas être dur pour moi, vu que je n'étais pas du genre timide et que j'étais Vice Présidente d'une maison, donc par conséquence "connue". Je fis une petite grimace, et secouait la tête : " Bof, tu sais les gens me prennent parfois pour une poupée hautaine, snob et conne. Bon, j'avoue que des fois ça m'amuse et que je joue de cette image mais parfois c'est lourd, et ils se foutent de mon statut de Vice présidente, ou du fait que j'ai été admisse à Harvard. " Faire la poupée sans cervelle me faisait parfois rire, mais au quotidien, c'était parfois tout simplement... dur.
C'était vraiment bon de la voir rire et ça me faisait du bien d'en faire autant. Ca nous permettait de décompresser, même si c'était rien que pour un instant. Une brève seconde, on oubliait un peu cette saleté de vitre et ce soit disant virus qu'elle avait attrapé. C'était comme si rien n'avait changé. C'était l'effet qu'elle me faisait. Je pensais pas retrouver ça. Je me sentais mieux avec elle et alors que j'avais toujours considéré qu'elle avait besoin de moi, histoire de la protéger de l'influence de nos parents et pour la protéger tout court, de tout ce qui pouvait bien l'effrayer, mais je réalisais avec l'âge que j'avais tout autant besoin d'elle, encore plus maintenant qu'elle était la seule rescapée de ma famille à m'adresser la parole. Elle était pas le seul membre de ma famille, mais dans le fond, notre relation était la seule chose qui ressemblait à une famille dans ma vie. J'avais besoin de l'avoir auprès de moi. Tss, tu dramatises, soit t'étais pas un canon au saut du lit quand on était gosse, mais moi je suis immunisé contre ton charme. Admet qu'on s'est arrangé avec le temps, quand même. Lançais-je, en lui faisant mon sourire de star. Je plaisantais, mais quand même, il y avait un peu de vrais. Olympe était devenue une jolie jeune femme (pas qu'elle ai été une vilaine enfant, au contraire, mais voilà) et moi... Et bien j'avais grandis et je crois que les dernières années m'avaient été profitables à ce niveau. J'essayais ensuite de me rassurer en faisant remarquer à ma soeur qu'elle était populaire sur le campus, alors elle aurait pas trop de mal à faire ami-ami, même si ça restait très superficiel. Sa réponse me fit froncer les sourcils. Lorsqu'elle termina, je repris la parole sans même réfléchir. Les mots me brulaient la langue. Les gens sont vraiment cons. Lâchais-je. Ca me saoulait, ses préjugés. Enfin, on en avait tous, mais forcément quand ça touche quelqu'un qui vous est proche, ça vous emmerde, limite encore plus que quand c'est carrément de vous qu'on parle. Tu es bien plus qu'une petite poupée et si tout le monde avait la chance de te connaître, comme je te connais, tout le monde se battrait pour devenir ton ami. Je disais pas ça pour lui jeter des fleurs. C'était simplement mon ressentit. J'estimais que j'avais de la chance de l'avoir pour soeur et je l'aurais échangé pour rien au monde, c'est sûr.
L'odeur de l'hôpital me donnait mal à la tête et les médicaments me faisait tourner la tête, c'était pas la forme quoi. Petite quand j'étais malade, j'avais toujours quelqu'un près de moi, pas ma mère, mais le médecin passait tous les jours et la femme de chambre ou la cuisinière prenaient soin de moi, m'apportait des bouillons chauds, mes médicaments, et me dorlotaient : là, on avait pas ce luxe, j'avais l'impression d'être une vache en batterie, les médicaments étaient donnés à tout le monde, c'était pas très humain de mon point de vue. Nous parlions de nos tête au réveil, et lorsqu'il évoqua le passé, mon coeur se serra un peu. Depuis mes 15 ans, il ne m'avait jamais vu me lever l'esprit embrouillé, il ne m'avait jamais vu femme, il m'avait quitté gamine encore. Peut-être était-ce mieux, il aurait râlé en me voyant revenir chez moi bourrée, l'année avant que je vienne pour Cambridge, quand je trainais trop dehors. Il n'aurait pas aimé non plus les remontrances de nos parents : plus de sorties, travail, travail, encore du travail, des devoirs et des galas de charité. J'avais vite perdu le gout de la fête avec eux dans les parages.. Souriant de l'autre côté de la vitre, j'hochais la tête doucement. " Ho oui, on a bien changé. Toi, tu t'es développé des épaules, puis.. tu fais plus homme. " tendant ma main sur la vitre, je ris doucement : " Tu dois avoir un succès fou chez les femmes. " Me dire que mon frère plus âgé que moi avait sûrement vécu plein de choses depuis son départ me faisait tout bizarre, mais au moins j'oubliais où j'étais. Lui confiant ensuite le cliché que les gens avaient de moi, je ris en le voyant un peu morose et énervé. Il était trop mignon, là, c'est pas possible. " César, j'ai l'habitude tu sais, ça va. Mais merci de dire ça, ça me fait plaisir.. Je pense que mes talons et mes robes induisent les gens en erreur, tout simplement. " Car oui, depuis que j'avais gouté aux tenues un peu courtes, j'adorais ça. Ce n'était jamais vulgaire, mais j'aimais montrer mes jambes, ou mettre en valeur mes yeux..
Le commentaire de ma soeur me fit sourire, même si c'était un peu douloureux car ça nous rappelait qu'on venait de passer six ans sans se voir, tous les deux. J'avais dut moins changer qu'elle. J'étais parti de la maison à dix-huit ans, j'avais déjà perdu ma bouille d'enfant, mais elle... C'était une véritable transformation et pour tout vous dire, je m'y habituais encore. J'avais un peu mal au coeur en pensant à tout ce que j'avais raté et ce que j'aurais put faire pour l'aider. Depuis sa naissance et son arrivée à la maison, j'avais cherché à la protéger de l'influence de nos parents, mais j'avais définitivement merdé en partant. Enfin, j'avais pas eu le sentiment d'avoir eut le choix. A l'époque, ça m'apparaissait vraiment comme étant une question de survie. Peut-être qu'elle était apte à le comprendre et dans le fond c'était pas si important, car elle m'avait pardonné et je lui en étais tellement reconnaissant. Encore heureux commentais-je alors qu'elle riait en passant une main sur la vitre. Je souris lorsqu'elle reprit la parole. Hum, je voulais pas parler de ma vie amoureuse avec ma soeur. Dans le fond, elle ne m'avait jamais connu en couple. Je n'avais aucune envie de débuter une histoire avec l'une des filles choisie par mes parents et mes premières petites amies, je les voyais en douce, sans rien dire à ma soeur comme à mes parents, quand j'arrivais à sortir en douce pour quelques heures. Et elle.. J'arrivais encore moins à l'imaginer elle en couple. Peu importe combien elle avait l'air grande et mature maintenant. Elle restait une petite fille à mes yeux. Je me débrouille répondis-je simplement, éludant vite la question. Je ne put m'empêcher de m'emporter un peu lorsque ma soeur me dépeint le portrait qu'on dressait d'elle sur le campus. C'était plus fort que moi et ça la fis rire. Tant mieux, ça faisait au moins l'un de nous deux.Ouais enfin, on juge pas un livre à sa couverture. Enfin, tant que ça te pèse pas trop, moi ça me va répondis-je, l'air toujours un peu irritable. Ca m'agaçait mais je voulais pas l'embêter avec ça.
Je sentais que César n'était pas spécialement enclin à parler des filles qu'il aurait put côtoyer avec moi. Peut-être était-ce parce que il voulait encore veiller sur moi, comme il l'avait fait pendant 15 ans, avant de partir. Je n'étais pas vraiment surprise, de voir qu'encore une fois il voulait pas me choquer, mais c'est vrai que j'aurais aimé en savoir peu plus sur sa vie sentimentale. Je l'avais pas vu six ans, il avait forcément eu des aventures, peut-être même des longues histoires, et ma curiosité naturelle voulait en savoir plus : peut-être un autre jour, quand j'irais mieux. Peut-être même que je trouverais le courage de lui parler de Jack, l'homme choisit par mes parents.. " Hum, tu dois bien te débrouiller, t'es un Jones, c'est quand même la classe ça. " Autant prendre cette gêne entre nous à la rigolade, je n'avais pas la tête à penser aux choses négatives de ma vie. J'voulais parler de papillons et de roses, de lapins bleus et d'arc-en-ciel, pour oublier où j'étais. Cependant, mon frère s'emporta un peu en apprenant que j'étais sujette à quelques clichés à cause de mon physique et de mon caractère assez pourri certains jours. Je ne voulais pas l'inquiété, certes j'en souffrais, mais il n'avait pas besoin de le savoir. pas déjà, plus tard, un jour, mais pour le moment je voulais pas qu'il se fasse du soucis, il allait déjà assez s'en faire pour ma santé. " ça ne me pèse pas trop. Par contre, ce qui ma pèse, c'est de pas avoir mon téléphone avec moi, j'suis une grosse accro à mes mails depuis quelques mois, j'ai l'impression d'être coupée du monde. " Je soupirais doucement, observant un instant la pièce autour de moi. " On est tous en manque de technologie, si tu savais, c'est flagrant : on se rends compte dans ce genre de situation que notre société est totalement accro aux téléphones, ipad et autre choses qu'on pense indispensable. " Moi qui critiquais mes parents toujours branchés à leur oreillettes, là j'étais devenue comme eux, et ce séjour à l'hôpital avait au moins eu le mérite de me faire ouvrir les yeux sur ce sujet.
Y a des trucs que les frères et soeurs n'ont pas à se raconter. Alors oui, maintenant, elle allait me voir au bras d'une fille et moi elle au bras d'un mec, mais je ressentais pas le besoin de m'exprimer là-dessus. Peut-être que c'était une conséquence de tout ce temps loin l'un de l'autre. Peut-être que ce serait différent si j'étais resté, jusqu'à ce qu'elle puisse partir avec moi. Je me faisais pas d'idées. Je me doutais qu'elle devait plus avoir grand chose de ma virginale petite soeur et j'imagine qu'elle se faisait pas non plus de fausses idées sur moi, mais on avait pas besoin de se le dire non ?... Je lui fis un sourire. Ouais. J'étais fier de mon nom de famille, mais à Oxford, j'éludais les allusions à ma famille le plus possible. Car je faisais pas parti de ses fils à papa, qui rentrent chez les parents pour les vacances. Je me sentais limite comme orphelin à l'époque et malgré la présence d'Olympe désormais, c'était toujours un peu le cas. En partant, j'avais renoncé à l'idée d'être le fils de mes parents. Ca faisait mal, mais voilà, c'était ainsi. J'étais fier d'être l'enfant de mes parents, mais ils ne l'avaient jamais compris, car je ne l'avais pas formulé à voix haute moi-même. Aujourd'hui, ils devaient estimer que j'avais autant honte de mes racines qu'ils avaient hontes moi. Et ça m'emmerdait, cette incompréhension qui ne serait jamais résolue car j'avais des chances de ne jamais les revoir. Papa, peut-être, vu que je savais précisément ou il était, à savoir dans la maison de notre enfance, mais maman. Elle pouvait être n'importe ou et ça me déplaisait. Disons que j'avais le retour du bâton : ça avait dut les ennuyer de ne pas savoir ou j'étais, alors maman avait voulu me faire goûter à ça. Et ça marchait, je l'avais amère. Hors d'en question de le dire à ma soeur cependant. J'avais pas envie qu'elle se préoccupe d'autre chose que de se rétablir et je voulais qu'il en soit de même pour moi. Je voulais me concentrer sur ma soeur. Car elle était là. Je m'efforçais de calmer un peu ma colère suscitée par la suite de la conversation. J'avais pas envie qu'elle aille s'en faire pour moi, ce serait le pompon. J'acquiesçais à sa remarque sur la technologie et son omniprésence nouvelle dans nos vies. J'imagine, mais il faut tourner ça à son avantage. Ca fait du bien, de se déconnecter un peu de tout. J'en sais quelque chose. Essaie de ne pas t'inquiéter pour quoi que ce soit, repose toi c'est tout, pour vite sortir de là. Fais ça pour moi, d'accord ? Lui demandais-je avec un sourire confiant.
Je regrettais un peu l'éloignement qui aujourd'hui se sentais un peu. Mais d'un certain côté, je n'avais pas d'idée de quelle relation normale il devait y avoir entre un frère et une sœur. Tout se dire serait étrange, quand même, mais se cacher des choses aussi était étrange, au fond. Nous n'avions pas eu le temps d’apprendre à vraiment créer une relation normale, avec son départ, mais surtout avec l'intervention perpétuelle de nos parents. Mais maintenant il était là, nous étions tous les deux libres, et je voulais croire, au plus profond de moi, qu'on saurait retrouver nos discussions habituelles, tout ce genre de chose. Ce genre de truc banal : comment s'est passé ta journée, ou qu'est-ce que tu a fais hier, ou ça te dis un mac do ce soir, tout ça, dont on a été privés durant 6 ans. En tout cas, pour le moment, on pouvait parler du manque de la technologie, dans ma cage de verre dans laquelle j'allais devoir vivre peut-être encore un moment. Ce qui était loin de me réjouir, parce que la nourriture était dégoutante.. César me demanda de me reposer, et je souris, appuyant ma tempe contre la vitre, un fin sourire étirant mes lèvres. " Je peux faire ça pour toi, si tu me le demande très gentiment.. " Je n'étais pas du tout en train de l'embêter, ça serait trop taquin de ma part alors qu'il se souciait de moi.. ou pas, haha. Passant une main dans mes cheveux, je fis une grimace en découvrant qu'ils étaient pas vraiment très présentables, et je soupirais en laissant retomber ma main. " Tu sais qu'ils ne m'ont même pas laissé prendre d'élastique pour attacher mes cheveux? J'ai dût demander à ma voisine de lit de m'en prêter un, et je l'ai oublié sur mon lit justement. " C'était exagéré, de mon point de vue, d'interdire tant de chose. Ils devaient suspecter quelque chose de grave, pour prendre toutes ces mesures..
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J'acquiesça, c'était bien l'image que j'avais en tête. Depuis gamin, je grandissais avec cette impression d'évoluer dans une cage. Sauf que la cage en question avait toujours été particulièrement vaste. Si j'avais dut en plus vivre tout ça dans un petit espace confiné, sous la surveillance constante de mes parents, je serais sans doute devenu barge. J'essaya de la rassurer pour le fait de contacter son ami, ou peut importe ce que ce mec était pour elle. Je voulais pas qu'elle s'en fasse pour de telles broutilles. J'avais envie d'être là pour ma soeur et vu qu'elle était coincée ici et bien j'allais agir pour elle à l'extérieur. C'était le moins que je puisse faire. Elle finit par acquiescer avec un sourire que je lui rendis. Au moins, je la faisais rire et sourire, c'était déjà ça. Peut-être que ça n'était pas si dramatique. Peut-être que ça allait bien passer, que dans quelques jours elle sera dehors avec moi et qu'on rigolera de nos airs blasés d'aujourd'hui, car y avait pas de raisons de se faire peur comme ça. J'avais envie de me sentir stupide d'avoir eut cette énorme boule dans mon ventre. Je voulais me sentir con. Pour l'heure, j'essayais juste de réfléchir à ce que je pouvais faire d'autre pour qu'elle se sente mieux. Je lui demanda si elle savait si je pouvais lui apporter des trucs. Je savais pas quoi, mais genre de la nourriture, ou des petits trucs qui lui feraient plaisir. Sa réponse ne me surprit qu'à moitié. S'ils l'avaient enfermée derrière une vitre, c'est qu'ils y allaient définitivement pas à moitié ici. Ouais, peut-être. Enfin, t'as raison, faut chercher le côté positif de cette histoire. répondis-je. J'en voyais pas des masses pour être sincère, mais j'admirais la force dont faisait preuve ma petite soeur. Enfin, en même temps elle n'avait pas le choix. Tu connais des gens là-dedans ? Demandais-je en indiquant de la tête la pièce derrière elle.
(c) darkdreams/marine