JULIAN&ALEXYS † brise-lui le coeur et je t'arrache la tête.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était coriace le p'tit. Au fond, j'avais espéré qu'il me remballe en beauté histoire que je puisse passer mes nerfs sur lui par la suite. Or, il semblait si gentil que j'avais du mal à en venir au but. Je n'avais pas envie de le brusquer, de l'agresser avec mes questions mais, je n'avais d'autre chose et lorsque je le vis une nouvelle fois replonger la tête la première dans son bouquin, après s'être poliment présenté, je ne pus faire autrement que d'y aller cash : A quoi tu joues avec Septembre au juste ? Je croisais les bras contre ma poitrine, soupirant face à tant de spontanéité de ma part. Comme si je n'arrivais pas à le contrôler...

A quoi tu joues avec Septembre ? Je m'arrêtais brusquement, relevant lentement les yeux vers la jeune femme qui avait les bras croisés, comme attendant une réponse, de type révélation subite. Septembre. A quoi je jouais avec elle ? Je voulais juste qu'elle aille bien, qu'elle sourit à nouveau. "Je ne vois pas de quoi tu parles." Enfin ... Non, j'étais clairement sous le charme de la jeune femme et par tous les moyens de la rendre heureuse, même si j'avais perdu mon poste pour ça. "Mademoiselle West est ma patiente. Je veux juste qu'elle soit bien, comme tous mes autres patients." Je déglutis difficilement. J'étais pas un bon menteur. Mais la jeune femme ne me connaissait pas, elle ne savait pas comment je réagissais face à ce genre de choses.

Je finis par aller droit au but et demandais à Julian à quoi il jouait avec Septembre. Je ne savais pas tellement si c'était un jeu mais, vu dans lequel était ma demi-soeur ces derniers jours, j'aurais préféré qu'il s'abstienne jusqu'à ce qu'elle reprenne du poil de la bête. Lorsqu'elle m'avait envoyé un texto en précisant d'apporter de la teinture et que c'était urgent, j'avais accouru et ce, malgré nos différents car que je le veuille ou non, elle faisait partie de ma famille. J'avais peut-être fait quelques gaffes lors de cette visite mais, j'avais également vu ce qu'elle était devenue, un vrai zombie incapable de mettre un mot sur une sensation, sur un sentiment... Elle était perdue et je me devais de réfléchir et penser à sa place. "Je ne vois pas de quoi tu parles." Je soutenais son regard en attendant une véritable réponse de sa part et, ce qu'il avait à m'offrir ne me suffisait pas. Est-ce que t'es en train de tomber amoureux ? Ais-je demandé naturellement parce qu'après, cette question, ce n'est pas comme si c'était la première fois que je la posais.

Elle continuait de me fixer. Ça me gênait enormement. On aurait dit qu'elle attendait quelque chose, que je passe aux aveux sur Septembre. Mais quels aveux. Je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir jusqu'à ce qu'elle me demande si je n'étais pas en train de tomber amoureux d'elle. J'pense que sur le coup, j'ai du devenir livide. Je déglutis difficilement. Au fond, elle avait sans doute pas tort. Je me comportais comme un mec amoureux avec Septembre. J'avais énormement d'affection pour la jeune femme, et ça dépassait le côté professionnel. J'imagine que nous étions amis. Enfin, de mon côté je pensais ça. Je ne savais pas grand chose d'elle en tout cas. Je la connaissais à travers son dossier, et à travers les paroles bien trop froides sur son état de santé. Parfois, je m'autorisais beaucoup de dérision avec elle. Je baissais les yeux. "Je vois pas pourquoi tu dis ça. C'est ma patiente. Point barre."

J'allais droit au but, comme la plupart du temps pourtant, j'avais fait un effort. Oui, j'avais démarré la conversation tranquillement, sans l'agresser ni rien, chose qui était très rare avec moi. J'avais un caractère bien trempé, un caractère qui ne plaisait pas à tout le monde et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais essayé de me montrer gentille et délicate au début... Au début parce que rapidement, je déclarais forfait et demandais carte sur table s'il était amoureux de ma demi-soeur ce à quoi il ne me répondait pas. D'accord, elle était sa patiente mais, cela n'empêchait pas les sentiments de se développer. Je trouve que tu passes beaucoup de temps avec et puis, je voudrais pas qu'elle se fasse de fausses idées. Renchéris-je en précisant de quoi je voulais parler. Julian avait l'air très gentil, il restait calme alors qu'il aurait très bien pu m'envoyer balader en tout cas, c'est ce que j'aurais fait à sa place. Mais, ce n'est pas pour autant que j'allais le lâcher, Septembre n'était pas elle-même depuis qu'elle avait perdu son bébé, je me devais de réfléchir à sa place, de la protéger en quelque sorte.

Passer du temps avec sa patiente, c'était pas le propre des médecins, non ? Le genre de truc qu'on fait tous, pour pouvoir essayer au mieux d'aider nos patients. Ok, sur le coup, je me voile un peu la face. J'aurai jamais emmener une autre patiente sur le toit. J'passe jamais autant de temps dans une chambre pour prendre une simple tension, ou pour vérifier que tout vas bien. J'écarte tant bien que mal le sujet et lui demande d'un air interrogateur. "Pourquoi se ferait elle des idées ?" On échange les rôles, maintenant c'est moi qui pose les questions. Elle lui avait parlé de moi ou quoi ? Et puis ... Et puis qu'est ce qu'elle avait dit ? Est ce que c'est positif ? Est ce qu'elle envisageait un truc entre nous ? Non, faut que j'arrête mes films là, sinon j'vais devenir dingue. Dingue d'elle. A supposer que je ne le suis pas encore.

Julian avait l'air complètement perdu et plus j'essayais de lui faire comprendre les choses, plus j'avais l'impression qui se perdait. Alors soit il ne comprenait vriament rien à ce que je lui disais soit, il était bel et bien en train de tomber amoureux de Septembre -si ce n'était pas déjà fait- et il avait peur de ma réaction. J'insistais donc, restant aussi calme que possible. Tu le fais exprès ou...? Quand tu t'intéresses à une fille bien, un peu beaucoup, tu finis par obtenir ce que tu veux, surtout si t'utilises tes charmes sur une fille perdue comme l'est Septembre en ce moment. Je n'avais manqué de dire "fille bien" parce que les filles dans mon genre ne se laissaient pas avoir. Par contre, Septembre elle, c'était une femme bien. Elle était intelligente, fragile et douce du moins, en ce moment du coup, elle se laissait attendrir facilement. Répond juste à ma question. Est-ce que t'éprouves quelque chose pour ma demi-soeur ? Oui ou non ?

Elle ne répondit pas à ma question, comme moi quand elle m'en posait. La jeune femme avait l'air impatiente que je crache le morceau. Elle était mal tombé, j'avais mes secrets, et personne généralement ne les connaissaient. Un peu comme mon soucis cardiaque. Un peu comme le fait que j'avais fait le don de moelle qui avait sauvé la vie de Willow. "Ça ne regarde que Septembre et moi si jamais il y a quelques chose. Pas les autres. Pas toi. Maintenant, si t'as fini ton questionnaire, j'dois y aller." Je n'attendais pas sa réponse. Elle me déstabilisait. Au fond, je savais très bien ce que je ressentais pour Septembre, c'était bien plus que de l'amitié, bien plus que la sympathie d'un médecin envers sa patiente. J'étais fou d'elle, depuis le début. Je tournais les talons et replongeais dans mon livre, avançant vers mon service.

J’étais calme jusqu’ici or, je le restais jamais bien longtemps et après la façon dont il venait de me parler, c’est clair que j’allais être un peu oins gentille. Il est vrai que leur relation ne me regardait pas or, Septembre n’était pas vraiment elle-même ces derniers jours et après ce qu’elle avait traversé, il était hors de question qu’un mec vienne à lui briser le cœur. Alors oui, ça ne me regardait pas mais non, je n’allais pas lâcher l’affaire aussi facilement. « Non justement j’ai pas fini ! » Ajoutais-je en me postant devant lui, lui barrant ainsi la route. Je lui devais des explications et je devais mettre les choses au clair alors, je commençais mon monologue. « Tu vois, ma sœur est pas très stable en ce moment, je pense que t’es au courant. Je veux pas qu’elle s’attacha à quelqu’un qui ne la mérite pas ou à quelqu’un qui finira par lui briser le cœur. Si tu le fais, je te jure que je te réduis en miettes. » Il avait l’air d’un type bien, il travaillait dans un hôpital, c’était top mais je me méfiais toujours des hommes et en particulier ceux dans son genre.

A nouveau, la jeune femme m'interpellait, se plaçant devant moi, m'empêchant d'avancer vers la direction que je prenais. Je levais les yeux, soupirant fortement. Je montrais pour la première fois avec elle des signes d'agacement. Elle me poussait presque à bout au fond. Elle me fit alors un sermon sur le fait que ça soeur n'était pas stable, qu'il ne fallait pas lui briser le coeur. Je savais parfaitement que Septembre était fragile en ce moment. Je n'étais pas idiot. Je voyais bien qu'elle était au plus bas, j'avais pas besoin de sa demi soeur qu'elle n'appréciait que moyennement pour me le rappeler. "Écoute Alexys, quoi que je fasse ou que je tente de faire avec Septembre, ça me regarde, et ça la regarde elle. Sache que je fais tout pour qu'elle ne souffre pas, en tant que médecin, mais aussi en tant qu'ami. Il ne me viendrait jamais à l'idée de la faire plonger encore plus bas que ce qu'elle n'est déjà, alors c'est bon, j'peux aller bosser maintenant ?"