JULIAN&ALEXYS † brise-lui le coeur et je t'arrache la tête.

Deuxième jour en oncologie. On m'avait transféré du service d'obstétrique parce que j'avais pas été professionnel. L'infirmière de nuit n'avait pas vraiment aimé mon escapade nocturne sur le toit de l'hôpital pour jouer au golf avec la patiente de la 121. Septembre. J'avais agis dans son intérêt, la seule chose que je voulais, c'était que son visage se rallume. Elle avait perdu sa lumière, Sept.

Perdu dans mes pensées, je traversais les couloirs de l'hôpital, les yeux rivés sur un livre sur l'oncologie. Je n'aimais pas travailler dans ce service. Il puait la mort. Plus personne n'avait espoir. Je soupirais à chaque paragraphes entamés quand une personne vint me bousculer de plein fouet.

"Ce n'est rien, c'est moi, j'suis plongé dans ce bouquin et ... Salut !"

Cette fille, je la connaissais. Elle avait un lien de parenté ou je ne sais plus trop quoi avec Septembre, ma Septembre. Au dire de ma patiente, elles ne s'entendaient pas vraiment, j'avais pas cherché à en savoir plus, parce qu'au fond, j'sentais que ça la faisait chier. Je souris poliment à la jeune femme et continuais ma route, plongé à nouveau dans ce putain de bouquin que j'avais pas envie de lire.

Bon, c’est vrai que c’était pas la joie avec Septembre. Il faut dire qu’elle faisait énormément d’efforts pour que je l’apprécie et cela ne suffisait pas. Je la trouvais parfaite avec moi seulement, j’avais surement besoin de plus de temps pour encaisser la nouvelle même si cela datait de plus d’un an aujourd’hui. Je ne savais pas comment réagir avec elle, Jeno avait une longue d’avance sur moi en la matière et j’avoue que dans mes rêves les plus fous, j’avais espéré un jour avoir une sœur. Seulement, je ne voulais pas que cela implique le fait que mon père trompe ma mère et malheureusement, c’était ce qui venait de se passer. Perdu dans mes pensées mais, également dans mon téléphone portable, je n’avais pas vu le jeune homme qui arrivait en face de moi et le percutais de plein fouet. J’étais peut-être pas toujours de bonne humeur mais, je savais reconnaître mes torts et il était évident que c’était en partie ma faute du coup, je pris le temps de m’excuser et il fit de même. « Salut… » Lui répondis-je le sourire aux lèvres et restant tout de même méfiante. Il me contourna et finit par continuer son chemin sauf que je ne voulais pas qu’on arrête la conversation du coup, je le suivis et entamais la discussion naturellement. « Oncologie ? J’te voyais plus… Infirmier ou quelque chose du genre. » Alexys, pot de colle bonjour !

La jeune femme ne semblait pas vouloir arrêter la conversation tout de suite et suivais mes pas rapides de près. Je levais les yeux de mon livre pour croiser le regard de la personne, quand elle commença à me poser des questions. J'arrêtais enfin de marcher pour lui répondre avec un sourire qui me correspondait bien. Elle avait beau me déranger, j'allais pas l'envoyer ballader, c'était pas mon genre, et au fond, elle m'avait pas cherché d'ennuis. "Externe." Bien sur qu'elle ne me voyait plus. J'avais quasiment plus le droit de franchir les portes du service par rapport à mes rapports avec sa soeur ? Cousine ? J'sais même pas d'ailleurs. "Oncologie, oui. On m'a changé de service. Il faut savoir se diversifier." Elle n'avait pas à connaitre les raisons de ma mutation, ça ne la regardait pas, en aucun cas. Ça ne regardait personne, à part moi, et Septembre un peu peu être aussi.

Je n’avais pas envie de le laisser filer comme ça. J’avais envie d’en savoir plus sur lui pour connaître ses attentions envers Septembre. D’accord, il n’avait aucun compte à me rendre, encore moins si on prend un compte le fait que je ne m’entende pas vraiment avec ma demi-sœur et donc, que je devrais la laisser mener sa vie comme bon lui semble. Seulement, elle reste de la famille, elle traverse une phase difficile et je ne veux pas qu’elle se fasse de faux espoirs, qu’il la prenne en pitié ou quoi que ce soit dans le genre. Du coup oui, au lieu de le laisser s’enfuir, je le suivais à la trace et lui poser des questions en tout genre. Alors comme ça, il était externe. C’était bon à savoir. Je m’attendais vraiment à ce qu’il continue sa route or, il s’arrêta et me fit face pour répondre à mon interrogatoire. « Oh je vois. Ça doit pas être gai tous les jours ! » Je marquais une courte pause et posais une nouvelle question. « Et tu voudrais te spécialiser en quoi ? » En réalité, je n’avais jamais été passionnée par la médecine, ce n’était pas mon domaine mais bon, on s’en foutait pas mal, je n’étais pas ici pour ça.

"C'est un service intéressant malgré tout." Elle avait raison, l'oncologie n'était pas un service où le sourire régnait en maitre. Il y avait beaucoup de peine, de souffrance. Voir ces jeunes condamnés, ça me donnait juste envie de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour les accompagner le plus sereinement vers la mort, du moins si on le peut réellement. La jeune femme n'avait pas l'air de vouloir abandonner la conversation tout de suite. Elle me demandait par la suite en quoi je voulais me spécialiser. Je savais très bien ce que je voulais faire. Ce service, d'où j'avais été écarté, c'était mon service. "Je sais pas ... Probablement l'obstétrique." Dès la fin de mes études, je comptais repartir dans un pays du tier-monde et aider les jeunes mamans qui n'ont pas vraiment les moyens d'accoucher dans les meilleurs conditions possibles. L'obstétrique m'avait toujours passionné. J'étais un enfant prématuré, j'étais né à 3 mois du terme, et ma mère avait bénéficiait d'une équipe médicale géniale. Peu être ça, qui me poussait depuis le début de mes études à m'orienter vers ce domaine.

Intéressant, intéressant, voir les gens mourir, ça n'avait rien d'intéressant, c'était déprimant et on ne peut plus... Ennuyeux. J'étais peut-être méchante mais les corps en décomposition, ce n'était pas vraiment mon truc. Il avait envie que je parte. Ouais, ça se voyait qu'il attendait que je tourne les talons pour le laisser vaquer à ses occupations mais, c'était trop tôt. Il fallait que je continue, il fallait que j'en apprenne plus sur lui. Ça c'est cool ! déclarais-je d'un ton un peu plus enthousiaste longtemps qu'il m'avouait vouloir continuer en obstétrique. Je marquais une courte pause avant de poser la question qui me brûler les lèvres depuis cet aveu. C'est pour ça que tu t'occupes de Septembre ? Voilà, voilà que j'avouais enfin ce que j'avais sur le coeur. Le pauvre, il devait se demandait pourquoi je lui posais cette question, il ne me connaissait même pas du moins, je crois.

"C'est pour ça que tu t'occupes de Septembre ?" J'allais recommencer à marcher en direction de mon bureau quand elle me parla de Sept ... J'avais été en quelque sorte mis à la porte du service d'obstétrique parce que je m'étais montré un peu trop proche d'elle. Il y a quelques jour, ne sachant que faire pour la faire sourire, je l'avais fait monter sur le toit de l'hôpital pour ... Jouer au golf. Oui. J'ai parfois des idées stupides, même assez souvent. Ça n'avait même réellement pas fonctionné, et l'infirmière qui bossait cette nuit là n'avait pas apprécié que j'enlève une de ses patientes à trois heure du matin. "Que je m'occupais oui." Je la regardais avec un dernier sourire et replongeais ma tête dans le bouquin que je devais finir avant ce soir.

Je tournais un peu autour du pot mais, je ne savais pas comment aborder le sujet. Lorsqu'il m'avoua vouloir continuer ses études dans le service obstétrique, j'en profitais donc pour faire le rapprochement avec Septembre et appris par la même occasion qu'il ne s'occupait plus d'elle. C'était déjà ça. Je n'avais jamais été la petite soeur protectrice avec Septembre contrairement avec Jeno. Elle était encore une inconnue à mes yeux et tous efforts pour la connaître avaient été échec. Je n'étais pas douée pour jouer à la gentille. J'étais une vraie garce de nature et aujourd'hui, j'essayais de me rattraper. Au fait, je m'appelle Alexys. me présentais-je alors qu'il venait à peine de replonger le nez dans son bouquin. J'étais un vrai pot de colle, le pauvre il devait en avoir trop marre. Dommage pour lui, je n'avais pas encore terminé !

Au détours de conversation avec Septembre, j'avais connu Alexys, sa demi soeur qu'elle ne connaissait que depuis peu de temps. Ma jeune patiente m'avait expliqué que leur relation était quelque peu ... Compliquée. Quand la jeune femme se présenta à moi, j'avais juste envie de lui répondre je sais, et de tourner les talons pour continuer mon chemin. Mais je ne le fis pas. Je me contentais de sourire comme j'en avais l'habitude, parce que c'est comme ça qu'on m'a éduqué. "Julian." lui répondis je simplement avant de me replonger dans les "lymphomes de la zone T". Passionnant. J'avais qu'une hâte, changer à nouveau de service et retrouver mes patientes au premier étage. Retrouver Septembre aussi par la même occasion.