(+ Ryan) my wonderful soldier

Anna ne voyait plus le bout de cette saloperie de dossier pour sa future présentation en séminaire mais aujourd’hui, elle n’en n’avait cure : elle s’était payée le culot de contacter Ryan pour qu’il ne passe la voir à son bureau au sein de Harvard afin de passer un moment agréable avec lui, délaissant au passage le boulot et tout ce qui gravitait autour. Une chose rare, pour un tel bourreau de travail ! Mais elle savait par avance que son meilleur ami ne refuserait pas, pas alors qu’elle lui avait promis que sa filleule serait présente, et pour cause, la jolie russe l’avait emmenée avec elle ce matin. Moira jouait d’ailleurs avec un nounours presque trop grand pour elle lorsque la belle brune la vit subitement se lever et se mettre à marcher en direction de la porte, sans voir que celle-ci s’était ouverte. « Puce !! » l’appela-t-elle afin qu’elle se stoppe mais rien à faire, ce n’est qu’une fois devant Ryan vêtu de façon extraordinairement classe que la fillette s’arrêta, lui tendant directement les bras, non seulement attirée par les couleurs mais aussi par le fait qu’elle le reconnaissait. « Et bien et bien et bien !! » s’exclama Anna non sans lui offrir l’un de ses rares sourires, non seulement ravie qu’il ait pu faire le déplacement jusqu’ici mais qu’il soit venu en prime en habit d’apparat. « Tu es magnifique monsieur le soldat ! D’ailleurs, ta filleule ne s’y trompe pas, elle épouserait un militaire plus tard que je ne serais même pas étonnée » poursuivit-elle avant de venir le serrer dans ses bras, le cœur aux anges et celui de Moira ne l’étant pas moins, il n’y avait qu’à constater son joli petit sourire pour s’en rendre compte.

Anna n’était pas peu fière de voir son ami aussi fringant et magnifique, cela la changeait de d’habitude, où il restait en tenue « étudiante » entre les murs de Harvard. Ils avaient le même âge et pourtant, Ryan avait repris des études là où la jolie russe prenaient deux postes d’un coup : le premier en tant que neurochirurgien dans l’hôpital coté de la ville, et le deuxième à l’université, en tant que professeur de médecine. Ce n’était pas aussi impressionnant que d’être militaire gradé ou décoré, mais Anna ne s’en sortait pas trop mal et au moins, elle n’avait plus de galères financières… elle pouvait élever sa fille sans problème et lui offrir un bien meilleur avenir que lors de son accouchement, où elle galérait encore avec son prêt étudiant sur le dos. « Moira risque de mettre ton médaillon dans la bouche, fais attention qu’elle ne te l’abîme pas je m’en voudrais ! » répliqua-t-elle aussitôt une fois qu’il lui eut avoué la raison d’une telle tenue. Elle comprenait mieux, car c’était relativement rare qu’il se pointe de façon aussi fringante, et à plus forte raison au sein de l’université où il suivait des cours. « Je vois ! Je ne savais pas qu’il y avait une commémoration mais en même temps si j’avais le temps de voir le jour de mon côté ou même d’ouvrir un journal, ça se saurait ! Je suis ravie que tu aies un peu de temps à m’accorder alors… quoi de neuf dans ta vie chou ? » reprit-elle, fidèle à ce surnom contrastant agréablement avec sa réputation de maniaque et de femme glaçante. Elle ne l’avait jamais été avec Ryan et ne le serait jamais, c’était une certitude certaine.

Anna était une maman poule, quoi que l’on en dise. Elle avait beau être toujours par monts et par vaux dans le cadre de son métier, rien ne l’empêchait jamais d’être proche de sa famille, qu’il s’agisse de sa mère, de ses sœurs ou encore de sa fille, qui ne semblait n’avoir d’yeux que pour Ryan en cet instant précis. D’ailleurs, elle octroyait autant de temps qu’elle pouvait à son meilleur ami et inversement, il n’y avait jamais eu le moindre équivoque à ce niveau… « Je sais bien que tu ne serais pas allé jusqu’à te fâcher mais tout de même ! Et puis tu fais partie de la famille, c’est normal que l’on te bichonne, tu ne crois pas ? Raison de plus parce que tu fais ce métier ! Ceci dit, j’ai un boulot extrêmement prenant et tellement peu de temps à lui consacrer, si tu savais… la mère qui enchaîne trois gardes d’à filée en la laissant à la nounou, ce n’est pas la mère de l’année, tu peux me croire ! Mais il suffit qu’elle me regarde, me sourit et me touche pour que j’en oublie toute ma fatigue et les horreurs que j’ai bien pu croiser en chirurgie… » Anna esquissa une très légère moue à cette pensée, non sans savoir que même avec la meilleure volonté du monde, elle ne pourrait guère se permettre de faire autrement. Ses deux boulots lui avaient permis de se remettre à flot, ce n’était pas le moment de déconner en voulant prendre des horaires moins larges… « Moira n’était pas d’accord pour que tu la laisses par terre même deux secondes, elle sait ce qu’elle veut, c’est une future séductrice en herbe ! » s’exclama-t-elle à moitié hilare avant de ne le contempler de façon plus tendre. « Tu veux venir dormir à la maison ce soir ? Peut-être que ne pas dormir seul pourrait t’aider ? Pas de chichi entre nous, on a déjà fait ça mille fois… ceci dit, j’essaye d’être super maman mais ce n’est pas évident. Surtout que bientôt, je dois aller sur New York pour un séminaire ultra important, où je dois présenter mes travaux de recherches sur Alzheimer et j’espère qu’il y a une garderie là bas ! »

Autant dire qu’Anna fut particulièrement attendrie de la demande de Ryan. Elle oubliait un peu trop à quel point son meilleur ami était raide dingue de Moira : quoi de plus naturel, à partir de là, que de l’entendre lui demander de les prendre en photo tous les deux ? « Bien sûr ! Donne-moi ton téléphone et fais-moi ton plus beau sourire ! » lança-t-elle d’un ton bien plus léger que celui dont elle usait habituellement dans la vie de tous les jours, que ce soit en face de ses patients, de ses proches ou même de ses collègues. En l’espace de quelques minutes, Anna immortalisa de nombreuses expressions, tant sur le visage de sa fille que sur celui de son meilleur ami vu que tous les deux paraissaient aussi hilares l’un que l’autre. Pour un peu, elle en venait presque à se dire qu’elle n’avait pas d’aussi beaux clichés même dans ses tablettes… surtout pas alors qu’elle vint se poster derrière eux pour faire une première grimace pour un joli sourire en les prenant tous les trois avec grand plaisir. Ce n’est qu’ensuite qu’elle lui rendit le téléphone, embrassant simultanément le front de Ryan puis celui de sa princesse. « Voilà ! Désormais tu es armé ne serait-ce que pour te payer ma tête parce que je dois en faire une à peine descriptible sur les deux dernières photos… » avoua-t-elle non sans contourner à nouveau le bureau pour s’asseoir dans son grand fauteuil de chirurgien. « C’est vrai tu ne repars pas tout de suite ? A la bonne heure ! Vu que l’on n’a pas pu passer les fêtes de fin d’année ensemble, il va falloir que l’on rattrape tout ça, ce qui veut dire que je vais me débrouiller pour prendre un ou deux jours de congés histoire qu’on puisse passer du temps ! Mon chef ne me les refusera pas, ça fait des mois que je n’ai pas pris un seul jour et je remplace souvent mes collègues absents en prenant des gardes en plus alors il ne va pas se plaindre… ceci dit en dehors de ça, je serai ravie de confier ma princesse à quelqu’un de confiance. Puis tu lui manques, il n’y a qu’à voir comment elle te dévore des yeux regarde-là… » Anna secoua bientôt la tête négativement, un petit sourire amusé sur les lèvres. « J’étais sûre que tu voudrais partager mon lit, je le savais que tu ne pouvais pas te passer de moi ! Mais plus sérieusement, pourquoi tu ne viendrais pas avec moi au séminaire ? Tu veillerais sur la petite et le soir je vous rejoindrai ! Ça me permettra d’éviter d’être encore séparée d’elle, si tu acceptes bien évidemment… »

« Chameau ! » s’exclama aussitôt Anna avec un sourire aux lèvres, tout en sachant que malgré toutes les suppliques qu’elle pourrait bien lui imposer, Ryan mettrait tout de même les photos sur Instagram… « Je vais être belle tiens sur ton Instagram… tu es au courant que je pourrais te faire payer des droits d’image ? » plaisanta-t-elle à nouveau avant de ne se relever de son fauteuil pour mieux s’asseoir en face de lui, rapprochant aussitôt la chaise pour pouvoir serrer le jeune homme dans ses bras. Certes, Moira se retrouvait un peu en sandwich au milieu mais ne sembla pas s’en plaindre, au contraire, elle rigolait toujours avec son innocence d’enfant qui faisait fondre même le cœur de glace de la jolie russe. Et pourtant dieu sait combien on la considérait comme une femme uniquement froide et rationnelle, rigolant à chaque fois qu’elle se brûlait ! Ces médisants là ne pouvaient pas savoir à quel point ils se trompaient… « Tu es toujours le bienvenu Ryan, et je veux que tu imprimes bien ça dans ton esprit. Si tu as envie de venir me voir, n’attends pas forcément que je te le propose. On a déjà deux métiers de dingues qui nous privent du fait de pouvoir nous voir très régulièrement alors… ma maison ce sera toujours ta maison, et je suis sûre que Moira te répètera les mêmes mots que moi quand elle sera un peu plus grande. Tu as vu comme elle rayonne dès que tu es dans les parages ? D’accord, elle mâchouille un peu ta médaille mais en dehors de ça elle t’adore, c’est évident. Et moi ça me manque nos longues soirées. Tu sais que tu peux compter sur moi pour n’importe quoi, oui n’importe quoi je répondrai toujours présente. » Ryan avait toujours eu une place particulière dans son cœur, c’est ce qui avait fait que même leurs coucheries passées n’avaient jamais pu les séparer. « J’espère bien que tu ne vas pas me le refuser attends ! C’est le Docteur Ivanova qui te le demande en personne… et encore je ne t’oblige pas à assister à ma conférence, tu as du bol… mais en tout cas je suis rassurée de savoir que Moira est entre d’aussi bonnes mains. J’appréhende le séminaire de façon nettement plus sereine ! Et puis après coup, on flânera dans la grande pomme comme tu dis si bien, ça nous rappellera des souvenirs » fit-elle en esquissant un petit clin d’œil amusé et taquin.