Cette fois-ci plus moyen de fuir. ∞ Samuel & Amy

Etre professeur était pour le moins grisant. Les élèves vous regardaient comme si vous étiez Dieu – du moins j’aimais garder cette idée-là dans la tête ; et en prime, vous aviez droit de vie ou de mort sur leurs précieuses études. Heureusement pour eux, je n’étais pas sadique mais simplement fainéant alors me prendre la tête à me pencher sur le cas d’un étudiant, très peu pour moi. Il m’arrivait bien sûr de me rendre accessible pour les plus passionnés car j’étais du genre avenant et chaleureux avec les gens mais je voulais garder une certaine réserve. C’était quand même ma première année, je n’allais pas faire copain copain avec tous mes élèves. En parlant d’élève, à peine avais-je mis les pieds dans la bibliothèque que je remarquais une petite souris blonde. Je ne connaissais pas son nom mais cette demoiselle, je la croisais asse régulièrement depuis mon arrivée. La chose un peu étrange, c’est qu’elle disparaissait aussi vite dès que nos regards se croisaient. Etait-elle raide dingue de mon sex-appeal ?! C’était fort probable, j’étais un Dieu sexy après tout. Aujourd’hui, je décidais néanmoins de forcer le destin et d’entamer la conversation. « Bonjour. Je peux m’asseoir ? » lui demandais-je avec un sourire charmeur.

Eh bien, c’est qu’elle était timide celle-ci songeais-je avec un amusement qui se reflétait jusque dans mon regard qui pétillait de malice. J’avais toujours été un peu chat dans ces moment-là. Vous savez, le genre d’un chat qui s’amuse avec une personne lorsqu’il sent que celle-ci a peur. Là, c’était pareille sauf que je m’amusais sans méchanceté ni cruauté de sa timidité. Elle était tellement rouge que je me demandais si je ne pouvais pas faire frire quelque chose sur son front. « Merci » répondis-je avec un sourire chaleureux avant de tirer la chaise et de m’asseoir face à elle. C’est que j’avais quand même un peu de boulot devant moi : copie à corriger, candidatures de plusieurs étudiants et étudiantes pour devenir mon assistant(e) mais aussi, un calepin à noircir d’idées pour les prochains chapitres de mon second roman. « C’est moi qui vous met aussi mal à l’aise ? Il ne faut pas, je ne vais pas vous manger. Vous vous appelez comment ? » lui demandais-je par curiosité car pour une fois que je pouvais lui parler, autant en profiter n’est-ce pas ?! Cette femme restait quand même un profond mystère mais en bon archéologue, j’allais lever le voile sur celui-ci.

« Cela me rassure, je pensais avoir quelque chose de louche sur mon visage ou m’être transformé en monstre effrayant » plaisantais-je en retour non sans lui faire un petit clin d’œil, sortant mon tas de copie à corriger. Je n’avais pas furieusement envie de bosser étant fainéant de base mais j’avais signé à Harvard pour le meilleur et pour le pire voire très certainement pour le pire. Cette demoiselle n’en était que plus rafraichissante car il se dégageait d’elle une certaine fragilité émouvante. En somme, j’étais sous le charme mais dans le bon sens du terme. « Eh bien enchanté Amy. Je suis le professeur O’Donoghue de la section archéologie et anthropologie. C’est pompeux hein ?! J’avoue que je me la pète un peu mais j’ai les diplômes qui vont avec faut me croire » continuais-je sur ma lancée sans me douter que j’avais à faire à une fan. Je n’étais pas encore trop habitué à ce côté-là du métier d’écrivain car même si mon premier livre était rapidement devenu un bestseller, j’avais été épargné côté célébrité. Aussi, il était impensable pour moi de m’imaginer face à une fan comme Amy. « Tu étudies quoi si ce n’est pas indiscret ? » lui demandais-je pour faire la conversation et éviter ainsi la corvée de correction.

Diable que cette jeune femme était timide et s’emmêlait les pinceaux. C’était à la fois touchant et amusant alors pour un grand taquin comme moi, c’était presque un cadeau de Noël en retard à moins que je ne prenne de l’avance sur l’année prochaine. « Pourquoi ? J’en suis un, il ne faut pas se cacher mais c’est gentil d’avoir essayé ! » répondis-je avec un sourire charmeur tandis que je posais mon coude sur la table, le menton dans le creux de ma main pour mieux l’observer, presque avachi sur la table comme à mon habitude lorsque ma fatigue me rattrapait. J’étais une feignasse qui s’ignorait pas. Je crois même qu’en dehors de luxure, paresse était mon pécher préféré. « Une psychologue… Vous pensez que vous allez pouvoir réussir à parler à vos patients ? » la taquinais-je gentiment avec une lueur malicieuse accrochée au fond du regard. « Je vous taquine ! C’est juste que vous êtes semble-t-il très timide je me trompe ? A moins que mon charme légendaire opère et que vous soyez totalement amoureuse de moi » éclatais-je de rire avant de pencher la tête sur le côté. « L’anthropologie ne vous a jamais intéressé ? » lui demandais-je subitement.

Ce n’était pas bien de jouer avec cette demoiselle, je devrais même en éprouver de la honte mais non, j’étais bien trop un taquin devant l’éternel pour ne pas sauter sur l’occasion. Toutefois, j’éclatais d’un grand éclat de rire quand elle me demanda si je n’étais pas en train de la draguer. « Vous êtes divinement belle et je ne dis pas que si j’avais été célibataire, je n’aurais pas tenté ma chance mais je vais devoir décliner l’offre jolie Amy car ma petite-amie risquerait de faire la grève de sexe et j’aime trop nos câlins crapuleux sous la couette pour les sacrifier sur l’autel de vos jolis yeux » plaisantais-je de bon cœur même si pour connaitre Anna comme je la connaissais, non seulement elle me priverait de sexe mais en prime, elle me foutrait dehors. J’avais eu de la chance qu’elle ne m’en veuille pas pour le club de striptease, je n’allais pas tenter le diable. Toutefois, je m’amusais bien trop en compagnie de cette étudiante pour partir. Je voulais voir un peu ce qui se cachait derrière cette timidité. « Peut-être parce que j’aime faire la publicité pour mes cours. D’ailleurs, vous devriez passer un de ces jours… Vous savez, il y a beaucoup à apprendre sur la psychologie de l’homme rien que par le choix de sa religion. Si vous êtes déçue, promis, je vous rembourserai par un café ou je ne sais quoi ! Tiens, par le prochain exemplaire de mon roman dédicacé ! » lâchais-je dans le feu de l’action même si mon second tome n’était pas encore prêt à être publié et de très loin même.