Louis&Anna + I just need to sleep a bit...

Trois jours à ne pas fermer l’œil, voilà qui ne pouvait que laisser quelques séquelles. Anna n’irait sûrement pas trouver Louis si elle n’était pas au bord de la crise de nerfs, surtout en ayant sa petiote sous le bras. Echevelée, les traits tirés et le teint quasi diaphane, la jolie russe était tellement désespérée qu’elle frappait au beau milieu de la nuit à la porte de la chambre du jeune homme, au beau milieu de la Eliot House, priant tous les dieux du monde pour que Moira ne se mette pas à pleurer juste à ce moment là… sans quoi elle serait sûrement repérée et maudite par tous les étudiants dormant actuellement du sommeil du juste. Le pire, c’est qu’elle ne savait même pas quelle heure il était au juste ! « Je sais il est tard Louis mais je veux réclamer asile chez toi ? » demanda-t-elle d’une voix murmurante, présentant sa fille qui dormait profondément entre ses bras alors qu’elle poussait soupir sur soupir depuis de longues minutes. « Plusieurs gardes d’à filée et dis-toi que ce soir, c’était mon seul soir de libre en quinze jours et Moira n’a pas arrêtée de me harcelée depuis que je suis rentrée, soit… depuis une éternité et elle vient juste de s’endormir, à croire que tu as définitivement une aura calmante quand elle est pas loin de toi ! Je peux rentrer ? Je me ferai toute petite, promis juré… » Fallait-il qu’elle soit réellement désespérée pour venir à une heure pareille… et dans un état pareil !

S’il y avait bien une seule personne au monde qu’Anna se permettait de réveiller car elle était certaine qu’il en ferait de même en cas d’urgence, c’était bien Louis. Mais ils se connaissaient depuis trop longtemps pour qu’il y ait la moindre trace de chichis entre eux : il était le frère qu’elle n’avait jamais eu, son confident, son meilleur ami… tout cela réuni dans un seul et même bout d’homme qu’elle connaissait par cœur. « T’es un chou merciii ! » soupira-t-elle de soulagement car pendant un dixième de seconde, la fatigue aurait presque pu la faire douter de la réponse qu’il apporterait à sa supplication. Autant dire qu’elle ne se fit pas prier pour entrer, allonger délicatement Moira dans son manteau, sur le lit de Louis tout en bénissant le fait que sa chambre soit si spacieuse : ils pourraient discuter sans que son p’tit bout n’en soit dérangé. « Hey ça va, du café ça reste du café, pas de chichi ! » lança-t-elle en lui accordant un petit air tendre, n’hésitant pas à l’embrasser sur la joue comme ils avaient tous deux coutumes de le faire depuis des années maintenant. « Merci pour ton asile, j’en ai vraiment besoin… tu dormais je suppose ? Faudra que tu me dises comment me faire pardonner, comme d’habitude. » Anna ne souriait pas mais en même temps, elle souriait relativement peu en temps normal : c’était quelqu’un qui agissait plus qu’elle ne montrait ses émotions sur son visage. Un défaut qu’on lui avait souventes fois reproché du reste.

« Hum… pas pour l’instant merci j’ai plutôt un peu la nausée » répondit-elle avec sincérité avant de ne secouer vivement la tête face à son ‘croque-moi’. Il ne savait pas à qui il avait affaire ou avait-il purement et simplement oublié ? Après tout, ils avaient vécu une nuit des plus sulfureuses tous les deux, et bien qu’ils se soient plus ou moins juré de ne pas en reparler, ils s’en souvenaient sûrement aussi bien l’un que l’autre. « Pourquoi, tu es en manque d’amour ? » poursuivit-elle avant d’éclater de rire. « Hey, je suis chirurgien, pas bonne femme de ménage, d’autant que tu as largement les moyens de t’en offrir une, alors c’est quoi ce relâchement ?! » Anna n’était pas une femme extrêmement souriante, sauf cas d’extrêmement urgence, car elle n’avait jamais été très à l’aise dans le fait de faire entendre clairement ses sentiments. A sa décharge, dans son métier, il ne fallait pas laisser le sentimentalisme peser trop lourd dans la balance sous peine de se perdre définitivement en route… ou d’être bouffé par ses émotions, littéralement. « Je fais pas la gueule ! T’as fini de râler ?! » Mais la jolie russe n’hésita pas une seconde à venir s’asseoir sur les genoux de Louis, posant sa tête devenant de plus en plus lourde contre son torse, en bref, en se blottissant contre ses bras. Il était le seul à qui elle pouvait se confier sans crainte, le seul qui la connaissait suffisamment pour ne la juger en aucune manière. « Je me sens un peu seule, je crois… et puis j’ai l’impression d’être une mère horrible avec ma fille. Je suis jamais avec elle parce qu’il faut que je bosse comme une tarée… c’est la merde, je crois que je sature. »

Anna esquissa une petite moue significative. « Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais… tu as fais des erreurs par le passé, pourquoi ne pas essayer de mieux agir aujourd’hui ? Rencontre du monde, fais du bien aux gens. Là, c’est toi que tu punies et que tu empêches de vivre jusqu’à preuve du contraire… »russe n’était pas sans savoir le fin mot de l’histoire concernant Louis et Tracy mais elle ne lui jetait pas la pierre pour autant. Elle n’était pas la dernière à traîner des casseroles et même, de façon générale, elle évitait de juger autrui tant qu’elle n’était pas certaine de pouvoir faire mieux. [color=indianred][b]« Tu veux que l’on fête Noël ensemble ? Pour une fois, je ne serai pas de garde et comme j’ai bien l’intention de me faire un repas digne de ce nom, tu es archi bienvenue, tu le sais bien. Ça fera plaisir à la petite d’ailleurs, tu sais très bien qu’elle adore son tonton Louis ! » A sa naissance, d’ailleurs, lorsqu’il avait fallut désigner un parrain pour Moira, Anna s’était immédiatement tournée vers le jeune homme, comme si ça coulait diablement de source. Après tout, ils se connaissaient depuis si longtemps, et tellement par cœur… la preuve, elle pouvait se réfugier entre ses bras sans qu’il ne la repousse ne serait-ce qu’une seconde, alors que bien d’autres se seraient soigneusement détachés de cette potentielle responsabilité. « D’accord, d’accord, je te la donnerai à garder, ça lui fera sûrement du bien et à toi aussi parce que tu verras, elle carbure ! La digne fille de sa mère ! Mais comment ça se fait que tu te sentes seul mon bichon, même pas une minette à bavouiller à tes pieds ?! En dehors de tes colocataires, il va sans dire… »

La jolie russe secoua vivement la tête de droite à gauche en se sentant soulevée par les bons soins de Louis, avant de ne s’asseoir de façon plus droite pour prendre son propre mug de café en main. Vu la fatigue qu’elle trimballait tel un boulet à la cheville, sûrement une bonne nuit de sommeil aurait été nettement plus réparatrice mais d’un autre côté, elle se voyait mal se pointer chez son ami d’enfance juste histoire de lui emprunter son lit et de dormir du sommeil du bienheureux… « Oh nom d’un chien est-ce que j’ai sous entendu que tu étais un garçon facile ?! Mais les coups de foudre ça existe ! Ne va pas croire que je suis romantique en disant ça tu me donnerais envie de t’arracher les yeux » répondit-elle de façon sérieuse certes mais Louis qui la connaissait depuis des lustres avait certainement dû sentir qu’elle était toujours aussi pince sans rire… elle pouvait sortir les pires conneries de la création avec un sérieux à toute épreuve plaqué sur son beau visage, bien qu’elle ne se priva pas de lui tirer la langue à son tour. « Alors puisque tu me prives de câlin pour l’instant, dis-moi en quoi l’une de tes colocs est si sympa… et je veux plein de détails sinon je m’allonge direct et je pionce au moins jusqu’à Noël ! »