(+ Anna) Alors heureuse?

Je l’avais retrouvé et un léger rire secoua mes épaules. « Je suis peut être un con d’irlandais mais tu en tiens une couche ma russe » répondis-je en resserrant mon étreinte autour de sa taille, espérant la rassurer complétement mais ce n’était pas évident même pour moi car je m’attendais à toutes les annonces désormais. « Alors arrête d’essayer de te contrôler, je trouve l’accent russe… Ma foi, si tu me murmures des choses à l’oreille pendant qu’on fait l’amour, je vais avoir du mal à me contrôler. Je ne sais pas, je dois être un fétichiste de cet accent » rétorquais-je peu après concernant sa remarque son accent mais évidemment, la Anna que je connaissais ne pouvait pas prendre les choses comme elle venait. Il fallait toujours expliquer la chose mais je voulais bien me plier à toutes ses exigences si je pouvais la garder entre mes bras toute une vie et même au-delà. « Je t’aime tout simplement. J’ai été en colère sur le coup comme tout le monde mais après, j’ai simplement réfléchi. Je te connais, tu ne fais jamais rien méchamment et si je dois avoir confiance en une seule femme sur Terre, c’est à toi que je décide d’accorder cette confiance. Après, je pourrais continuer de faire la gueule mais qu’est-ce que je gagnerai ? J’ai tout à perdre si je te perds toi et je n’ai pas envie de ça » soupirais-je avant de la faire se tourner pour qu’elle me fasse face. J’attrapais son visage entre mes mains pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres. « Tu n’as pas envie de rentrer à la maison ? Ah et pendant que j’y suis, j’ai acheté une maison… Quand elle sera libre, tu voudras bien venir habiter avec moi ? Il y a un grand jardin, on pourra installer une petite piscine gonflable cet été pour Moïra et pourquoi pas une balançoire quand elle sera en âge d’en faire…. J’ai pas envie de te perdre Anna »

Anna esquissa un tout petit rire à sa première remarque. Il était un con d’irlandais et elle une conne de russe… ah il faisait la paire, il n’y avait pas à dire ! Mais pour l’heure, la brunette s’en moquait comme de sa toute première robe : il était revenu et en la surprenant ainsi, il venait une nouvelle fois de réchauffer son cœur entouré de glace. « Maintenant que tu le sais je n’ai plus de raison de me contrôler… ça me soulage car ce n’est pas évident de modifier mon accent quand je suis en colère par exemple… possible que tu grimpes au neuvième ciel mon ange » fit-elle de façon extrêmement sérieuse mais s’il la connaissait suffisamment, il saurait dès lors que son côté pince sans rire était de retour et qu’elle avait juste besoin de quelques minutes pour passer des larmes au sourire. « Tu ne vas pas partir alors ? » osa-t-elle demander alors que son visage se transformait peu à peu grâce à une vive expression de tendresse, que son éclat de rire transperça de plein fouet. Il avait réellement pensé à tout, y compris au fait d’acheter une maison bien qu’elle n’aurait pas imaginé une seconde qu’il l’invite à venir y vivre… « Tu ne vas pas me perdre, Sam. Si tu veux qu’avec Moira on vienne alors on viendra, c’est évident, il n’est pas question que je te laisse t’échapper, je t’aime trop pour ça… mais tu veux élever la petite avec moi ? Je ne sais même pas si tu aimes les enfants ! Pardon pour cette question mais j’ai vraiment pensé avoir tout gâché en ne te disant pas la vérité, pardonne-moi mais j’avais vraiment honte. Je veux rentrer à la maison et… déjà manger un morceau car mon ventre crie affreusement famine mais te faire oublier tout ça. » Anna plaça son front contre celui de Samuel avant de ne s’emparer de ses lèvres, mêlant tendresse à son geste tout d’abord avant que la passion ne prenne finalement le pas dans ce baiser.

« Je risque surtout de vouloir te sauter dessus à n’importe quel moment » répondis-je non sans m’amuser de ce constat. Je ne sais pas pourquoi j’étais aussi attiré par cet accent mais rien que le fait qu’Anna soit russe, c’était comme déballer mon cadeau de Noël avant l’heure. « Non je ne compte pas partir… J’ai enfin trouvé ma place sur cette bonne vieille Terre. Je ne la quitterai pas pour tout l’or du monde » ajoutais-je face à sa question avant de tout simplement la serrer dans mes bras. Oui, j’avais réellement trouvé ma perle rare, celle qui me donnerait envie de me fixer. « Tu rigoles, j’adore les enfants. J’en veux au moins une dizaine donc il nous en reste seulement huit à faire ! » plaisantais-je presque à moitié. « Allez viens… On passera par un traiteur, c’est moi qui régale ce soir »

Anna éclata de rire. « Me sauter dessus, ah ouais ? Note à moi-même : quand j’ai mal à la tête, reprendre l’accent anglais ! » Autant dire qu’elle ne fut pas fâcher de quitter ce pont en étant bras dessus bras dessous en compagnie de Samuel, surtout que ce soir, ils n’allaient pas agir comme deux bons copains mais comme un couple… quelle révolution ! « Minute… tu sous-entends que tu veux louer mon utérus pour huit grossesses ?! Tu te moques de moi j’espère !! » s’insurgea-t-elle aussitôt, à la limite de la syncope. « Tu ne te rends pas compte, tu as vu l’emploi du temps que j’ai ? Non pas que je n’aime pas par avance le fait que tu adores les enfants, au contraire Moira a besoin d’un papa mais… heu huit ça fait un tout petit peu beaucoup ! Mais surprends-moi, je vais essayer de ne penser qu’au traiteur et non pas à cette location abusive ! »

« Hey c’est pas du jeu, tu ne vas quand même pas me faire le coup de la migraine trop souvent ? Parce que j’ai quand même quatre mois à rattraper en câlin crapuleux » protestais-je avant de faire un peu la gueule. Je ne voulais pas louer son utérus, je voulais simplement une ribambelle de gosse. « Mais petit cœur, tu ne veux pas d’une grande et belle famille ? Et tout plein de petits frères et de petites sœurs ? Imagine toute une famille qui se réunit pour les fêtes de fin d’années. Tiens un peu comme le film treize à la douzaine, ça pourrait être sympa non ? Et puis imagine le nombre de câlins qu’il faudra pour faire autant d’enfant. Malheur, j’en ai l’eau à la bouche » m’amusais-je à lui répondre tandis qu’on remontait une rue, s’arrêtant dans un traiteur. « Allez femme carriériste.. tu veux manger quoi ? »

« Qui a dit que j’avais la migraine super souvent ? C’est juste une note que je me fais à moi-même ! » répliqua Anna, au comble du sérieux. « Ouiiii tu vas juste être là pour le câlin crapuleux à l’origine de ces enfants mais après, qui va avoir les seins gonflés, les sautes d’humeur, les larmes à répétitions, les envies insupportables et les contractions en tout genre ? Bibi bien sûr ! Ne me dis pas de ne pas voir le côté médical je te signale que tu sois avec un chirurgien… ceci dit je n’ai pas dit que je ne voulais pas d’une grande famille, juste que j’aimerais être sûre que tu seras d’accord sur le fait d’être père au foyer, Monsieur le grand archéologue ! » Anna émit une petite moue tout en battant gracieusement des cils non sans reprendre aussitôt : « Je ne suis pas carriériste j’aime mon travail, nuance ! Et n’ai-je pas dit que je voulais être surprise ? »

« Comment ça père au foyer ? Hey ce n’est pas du jeu, t’es quand même au courant que je vais reprendre mes fouilles durant les vacances scolaires ? Enfin principalement durant les congés d’été car j’ai une réputation à tenir ! Bon et bien nous nous contenterons de nos deux filles » marmonnais-je un peu douché car il n’y avait rien de glamour à la mettre enceinte maintenant que je voyais la manière dont elle prenait la chose. Oh je savais que des femmes n’aimant pas être enceinte existaient mais c’était la première fois que je tombais sur pareille créature et Anna m’avait douché dans mon enthousiasme. « Surprise ? Hum d’accord ! Monsieur, mettez-nous un peu de tous vos plats s’il vous plait ! « m’exclamais-je avec un grand sourire tandis que l’homme s’exécutait. « Alors surprise ou pas ? » lui demandais-je non sans glisser mes bras autour de sa taille pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.

« Haha !! Tu vois je le savais, tu es fan de la conception mais après… si c’est pour que je galère entre l’éducation de Moira, les opérations à l’hôpital ET mes cours à donner à Harvard, non merci. J’adore être enceinte et donner la vie mais plus jamais en solo ! » Disons que les paroles d’Anna avaient eu pour but de tâter le terrain. Pour le tâter, elle l’avait tâté et le résultat la douchait tout autant pour être honnête ! « Tu dois partir combien de temps, d’ailleurs, pour tes fouilles ? Une chance que je sois déjà amie avec Thaïs, tu n’auras pas besoin de me demander de la surveiller je le fais déjà » rétorqua-t-elle avant de lui offrir un éclat de rire des plus évidents : « Surprise, pour le coup ! Mais comment on va manger tout ça ? J’ai un bon appétit et toi aussi mais quand même… »

« Mais qui a parlé que tu ferais ça en solo ? Je n’ai pas l’intention de renier mes responsabilités. Je n’étais pas amoureux de la mère de Thaïs ni même enclin à la revoir mais cela ne m’a pas empêché de suivre sa grossesse avec engouement. En tout cas, si tu aimes être enceinte, ça ne s’entend pas trop » grimaçais-je car je n’avais pas imaginé la longue liste des symptômes qu’elle m’avait donné quelques instants plus tard. « En général, c’est deux mois de travail mais ça fait deux ans que je ne suis pas partie aussi longtemps. Je vais d’abord me concentrer sur ma nouvelle carrière d’enseignant après je verrais ! » haussais-je les épaules car j’avais toujours été du genre à prévoir les choses à la dernière minutes. Je n’aimais pas parler du futur, me préoccupant avant toute chose du passé ou du présent. « Oh au pire, on en congèlera ou on en amènera pour notre repas du midi »

« Serait-ce un reproche ? Je te rappelle que j’ai un esprit cartésien avant tout, je m’attache aux symptômes avant de m’extasier devant le bonheur que cela procure… et puis je te signale que tu ne sais pas ce que c’est que d’être enceinte de huit mois et de continuer à bosser comme une malade en étant debout toute la journée. Ma première grossesse n’a pas été autre chose qu’un parcours du combattant MAIS ça ne veut pas dire que c’est niet. Tu interprètes mes propos… et mal. » Anna secoua légèrement la tête, ne sachant pas au juste comment lui prouver simplement que le fait d’avoir une famille avec lui ne pourrait que la combler de bonheur. « Une famille toute seule ne m’intéresse pas. Avec toi, c’est différent » reprit-elle pour atténuer ses précédents propos. « Pas sûr qu’on en congèle… tu connais mon coup de fourchette et j’ai une faim de loup ! »