Konrad&Anna + how are you in this december ?

« Je sais que tu n’as pas envie de replonger mais c’est aussi mon job de te poser la question » répliqua-t-elle d’une voix douce, mettant un instant de côté sa sempiternelle froideur pour tenter d’atténuer au mieux la conversation qu’ils avaient actuellement. Après tout, au-delà du fait qu’il soit son patient, elle s’inquiétait pour sa santé, et manifestement le facteur mental n’étant pas au top niveau, une rechute était toujours possible. C’était malheureux mais possible quoi qu’il en soit. « Je suis déjà fière de toi que tu aies fais cet effort mais j’ai bon espoir qu’un jour… tu aies une bonne raison d’arrêter. Ceci dit oui, pour ce mois-ci c’est prise de sang, comme tous les six mois, je fais un bilan complet. Je veux être sûre que ton foie fonctionne bien, notamment. »

On dit souvent que l’espoir fait vivre et bigre qu’Anna avait une fâcheuse tendance à se répéter cette fameuse rengaine chaque jour qu’elle vivait à l’hôpital, et à plus forte raison dans la période de Noël car les gens faisaient parfois tout et n’importe quoi. « J’en ai bien conscience mais c’est mon métier d’espérer ce genre de choses. Je ne serais pas au poste où je suis si je n’avais pas ce genre d’espoir, crois-moi. Ceci dit… tu peux me dire comment tu sais que ton foie fonctionne ? Tu as été vérifier ? » s’amusa-t-elle tandis qu’elle prenait quelques tubes de sang qu’elle étiquetait au fur et à mesure pour faire un examen complet. « Dois-je comprendre que tu as forcé sur l’alcool ? Tu sais, un foie ne se détraque pas uniquement avec l’alcool, et ça prend des années par ce moyen. »

« Je m’en doutais, après tout je commence à te connaître il ne faut pas croire ! » s’amusa-t-elle d’un ton aussi léger que possible, sachant que lui enfoncer la tête sous l’eau en lui disant qu’enchaîner les soirées n’était pas excellent pour sa santé ne servirait à rien. Si cela pouvait contribuer à un semblant de bien être, si fragile soit-il, le médecin voulait bien fermer les yeux pour que l’être humain soit seul à réagir dans ce cas précis. « Il y a énormément de choses qui peuvent détraquer un foie : l’alcool en premier, les médicaments et je n’entends pas par là les drogues mais bien par exemple un traitement pour l’épilepsie, qui est malheureusement dangereux pour le foie et implique un suivi constant du patient, une mauvaise alimentation, une dégénérescence génétique… énormément de facteurs. Mais à priori je ne pense pas que tu aies ce problème. Tes yeux ne présente pas de signe jaune. »

« C’est justement parce que je te connais bien que je te dis tout ça, car je sais par avance que tu vas en faire bon usage et faire en sorte que je n’ai pas à te soigner d’une cirrhose ou de toute autre maladie grave liée à ton foie ! » Anna n’était pas idiote : elle savait que Konrad ne pourrait sûrement jamais se sortir de la drogue, ou à tout le moins jamais facilement, mais il pouvait se prémunir contre bien d’autres ennuis en écoutant ses sages connaissances de médecin. Du haut de ses trente ans, la jolie russe avait vu plus d’horreurs qu’il n’en verrait jamais en toute une vie… il pouvait donc au moins lui faire confiance sur ça. « J’entendais par là que le blanc de tes yeux n’était pas teinté de jaune… tu préférais que je le dise d’une façon moins poétique, sans doute ? » reprit-elle avec davantage d’ironie, la seule façon pour elle de lui faire comprendre qu’elle plaisantait… à sa façon. « Voilà ta prise de sang est terminée, je te laisse tranquille avec le verbiage médical. Comme d’habitude, on peut terminer la séance par ce que tu souhaites. »

Anna laissa esquisser un sourire légèrement plus amusé, chose qu’elle ne se permettait que rarement avec d’autres patients car il lui fallait garder une certaine distance. Mais avec Konrad, c’était forcément différent, d’une parce qu’elle l’avait empêcher de mourir d’une overdose et qu’à chaque fois qu’elle le suivait médicalement parlant, c’était aussi le jeune homme qu’elle suivait, pas un morceau de bidoche potentiellement charcutable avec son bistouri. Là résidait toute la nuance. « N’est-ce pas ? J’ai longuement pensé me recycler dans la poésie » déclara-t-elle avec ironie, le regard malicieux bien que ses traits soient redevenus aussi sérieux qu’au départ. Sait-on jamais qu’un abruti curieux les entendent… Anna n’avait pas envie d’avoir son chef sur le dos ! « Tout dépend de combien de temps tu disposes. Vois-tu, pour une fois, tu es mon dernier patient de la journée et je n’ai ni garde ni urgence à gérer après toi donc nous pouvons sortir de l’hôpital et éviter ainsi que tu restes dans un environnement où tu n’es pas à l’aise. »