(Flashback) L'apprenti columbo et Mister Freeze

Un samedi soir comme les autres et me voilà dans un bar de Cambridge à boire une pression comme presque tous les samedis soir. Il fallait bien faire relâche de temps en temps et pourquoi pas, combler sa solitude dans les bras d’une inconnue pour quelques heures. Je n’étais pas un séducteur mais j’étais un homme avec des besoins et quand vous serrez une femme pour danser tout le long de la semaine, forcément, le week-end, vous n’aviez qu’envie que d’une chose : succomber à la tentation pour faire redescendre la pression. « Une autre s’il vous plait » demandais-je au barman de mon habituelle voix glaciale. A force, je ne faisais même pas attention à la tonalité de ma voix, c’était une habitude, un fait établi. Je n’aimais pas la foule et pourtant, je me noyais dans l’ambiance sonore des lieux comme pour me dire : mec, t’es pas le seul paumé de la Terre. Oh, j’aurais  très bien pu rester à la Lowell House ou traîner avec Charlie voire avec Aidan mais il était toujours plus évident de trouver une maitresse d’une nuit, seul qu’accompagné d’un séducteur comme Aidan songeais-je avec amusement. Le seul problème, c’est que je me faisais royalement chié avec ma bière et je m’apprêtais à faire demi-tour quand un mec arriva au bar et me proposa une partie de billard. Dans un premier temps, je restais silencieux, le toisant avec un mélange de froideur et de méfiance avant d’hocher finalement la tête. « Pourquoi pas ! Tu veux parier quelque chose ou c’est simplement pour l’honneur ? » demandais-je d’un ton bourru en me levant –sans oublier ma pinte ; pour aller me chercher une queue de billard.

La soirée commençait plutôt mal étant donné que je me faisais chier et quand je m’ennuyais, j’avais plutôt tendance à prendre le large surtout qu’aucune femme ne me plaisait réellement dans l’assemblée. Il faut croire que même désespéré, en manque ou même à l’article de la mort, je conservais certains critères primordiaux qui n’avaient rien à voir avec le tour de taille ou encore la poitrine. Non, ce que j’aimais chez une femme avant toute chose, c’était son regard et son sourire. En dehors de ça, ma foi, j’étais comme n’importe quel homme, j’aimais les femmes bien faite. On peut dire donc que ce type débarqué de nulle part, tombait à pic pour me sortir de mon ennuie surtout que je ne disais jamais non à une partie de billard. « Caleb. » répondis-je machinalement en gommant la pointe de ma queue de billard. « Tu casses ou je le fais ? » demandais-je en désignant le triangle de boules qu’il venait de disposer sur le tapis vert. On ne peut pas dire que je mettais les formes pour me montrer agréable mais comme j’étais ainsi avec tout le monde, je ne voyais pas l’intérêt de changer pour un parfait inconnu même si je savais déjà qu’il s’appelait Jax. « Tu es d’Harvard ? » demandais-je loin de me douter que cette rencontre n’était pas dû au plus parfait fruit du hasard sinon, sûrement lui aurais-je collé mon poing dans la gueule simplement pour seule et unique semonce car quoiqu’on en dise, je restais un homme des cavernes qui appréciait que moyennement qu’on empiète sur son territoire.

« OK. » répondis-je quand Jax me signala que j’avais l’insigne honneur de casser pour lancer le jeu. « Tu ne m’as pas répondu, tu veux parier ou non ? » demandais-je de manière toujours aussi abrupte tandis que je me penchais vers la table pour me concentrer avant de tout simplement casser d’un coup précis. C’était mon père qui m’avait appris à jouer au billard. D’après lui, un homme qui sait jouer au billard à toutes les chances de se faire des relations. Et bien, j’avais beau jouer, je ne faisais toujours guère mouche côté relation mais en même temps, on ne pouvait pas dire que je mettais beaucoup du miens. « Oui. Je suis en dernière année d’histoire de l’Art. A toi de jouer. » répondis-je d’un ton monocorde en m’éloignant légèrement de la table pour lui laisser libre place de pouvoir jouer à sa guise. Je ne sais pas pourquoi mais il y avait quelque chose dans son attitude qui me paraissait louche mais je mettais ça sur le compte de ma fatigue car entre les cours, les répétitions et l’interminable attente de Thaïs à chaque sortie de son club de striptease, on ne pouvait pas dire que j’avais beaucoup de temps pour me reposer. « Tu es dans quel domaine ? » demandais-je froidement.

Apparemment Jax n’était pas un gros parieur puisqu’il me proposa de parier une bière. « Pourquoi pas après tout ! » répondis-je laconiquement en haussant des épaules avant d’entamer la partie mais rapidement, ce fut son tour de jouer et moi, je l’observais toujours aussi méfiant comme à mon habitude. En règle générale, les gens ne m’approchaient pas sans avoir une bonne raison alors pourquoi ce type l’avait fait ? Certes, il n’avait fait que me proposer une partie de billard alors peut-être me faisais-je tout simplement des idées. « On me dit souvent ça, je vais finir par me vexer » laissais-j un trait d’humour transparaitre sans pour autant que mon faciès ne se déride d’un iota. La blague à froid qui n’était pas vraiment drôle. « Si je te disais que normalement j’aurais dû suivre un cursus de politique internationale, tu aurais peut-être encore plus de difficulté à me croire mais c’était un des rares choix qui me plaisait et me permet d’avoir danse en cursus mineur. Et toi, pourquoi avoir abandonné le sport ? » l’interrogeais-je à mon coup avant de mettre une boule dans un coin avant de rater l’essai suivant. « Il faut du courage pour se lancer en médecine » notais-je à voir s’il désirait prendre cela pour un compliment ou pas.

« Pourquoi, tu as un souci avec les tapettes ? » lui demandais-je froidement en le toisant, peu amène. Mon meilleur ami Charlie était homosexuel et je n’appréciais que moyennement ce genre de remarque bien que j’avais conscience qu’il n’était pas forcément homophobe pour autant. C’est juste que je n’aimais pas l’emploi de ce terme après chacun voyait midi à quatorze heures. « C’est pas contre toi mais je me sens concerné quand on emploi ce genre de terme et ça a le don de m’agacer » ajoutais-je pour m’expliquer. Je n’avais bien sûr pas conscience de la double interprétation que pouvaient susciter mes propos car j’étais simplement concerné car mon ami était gay. Le reste, ma sexualité était tout ce qu’il y a de plus tourné vers l’hétérosexualité. La conversation reprit néanmoins très vite sur nos études respectives et un léger sourire fit se courber le coin de mes lèvres. « C’est un plus quand on cherche à séduire mais je ne suis pas du genre à danser avec plusieurs partenaires. Une me suffit amplement et puis, je ne cherche pas à multiplier les conquêtes » haussais-je les épaules. « Je pourrais quand même en dire autant pour les médecins. La blouse blanche, ça a un sacré effet » lui fis-je remarquer alors que c’était à mon tour de jouer. Je ne réussis malheureusement pas à faire entrer une boule. « Tu as quelqu’un ? Je veux dire quand un mec vient généralement me parler, c’est que j’ai couché malencontreusement avec sa copine alors autant me le dire de suite » terminais-je néanmoins par craquer car je n’arrivais toujours pas à m’ôter mes questions de la tête.