APPLE & NOA ♖ Les mots qu'on ne dit pas.

Depuis quelques mois maintenant ma vie avait changé. J’avais complètement oublié tout ce que j’avais vécu avant et j’avais perdu l’usage de mes jambes. Cette tragédie provoqué par la bombe m’avait fait me prendre pour mon frère jumeau Maël et m’avait entrainé chez les rouges, confrérie que je ne connaissais pas et qui n’était pas certainement la plus adapté pour moi. Néanmoins cette catastrophe m’avait bien fait prendre conscience d’une chose dont je me rappelais, la seule d’ailleurs, mes sentiments envers Apple. Oui, j’étais complètement cinglé d’avoir craqué pour une fille mariée mais voilà, j’avais toujours tût mon attirance pour qu’elle soit heureuse. Aujourd’hui elle était entrain de divorcer et j’avais bien envie de tenter ma chance même si je trouvais ça terrifiant car Apple était mon ami depuis longtemps. Cependant j’avais tout fait pour lui plaire, j’avais mis une bougie parfumé dans ma chambre (un truc typiquement féminin), j’avais mis une chemise classe et puis j’avais aussi choisit de la musique assez douce et j’avais mis mes béquilles au placard. Bon, pas sûre qu’Apple n’est pas une idée sur mes intentions après ça mais tant pis, je l’attendais fébrile, croisant les doigts.

Il y a deux jours Noa m’a demandé qu’on se voie. Aujourd’hui, on s’est envoyé quelques sms pour se dire l’heure de rendez-vous et l’endroit, finalement on s’est dit qu’on devrait se voir chez les Winthrops, le soir. J’avais déjà quelques trucs à faire durant la journée, puis bon le soir c’est toujours plus drôle étant donné que les bars sont ouvert si on s’emmerde, ou c’est plus sympa pour faire une soirée DVD, peut-importe… Je m’étais donc rendu à la maison des rouges en voiture, puisque je n’habite pas vraiment assez près pour marcher jusque-là. J’avais tout de même fait attention à mon apparence : Cheveux lissé, chandail de laine, un slim, bien maquillée et des bijoux. Je représentais très bien la compagnie que je m’apprêtais à diriger, ou le domaine que j’étudiais, disons. Bref, j’entrais sans problème dans la maison que mon meilleur ami dirigeai l’an dernier, saluant quelques garçons familier au passage pour me rendre à la chambre de Noa. Ça sentait bon jusqu’au couloir, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce que ça sentait. Je toquais donc à la porte, en attendant qu’on m’ouvre.

Je pense qu’Apple devait pas mal stresser avec cette annonce, je devais en effet lui parler mais pour quoi lui dire. Elle avait du se retourner le cerveau des millions de fois mais j’avais essayé de l’apaiser en lui disant que je souhaitais simplement passer un peu de temps avec elle. Mes intentions n’étaient pas tout à fait celle-ci, je voulais surtout lui avouer ce que j’avais sur le cœur depuis des années. J’avais toujours eu une attirance pour Apple et je me demandais bien si elle se doutait de quelque chose. En tout cas j’avais tout préparé pour que là…elle se doute de quelque chose. Une petite grimace se fit lire sur mon visage, j’étais tellement stressé par la tâche qui me restait à faire je me levais avec peine pour arriver vers la porte que j’ouvris doucement : « Je suis là Apple… ». J’ouvris alors la chambre pour lui laisser découvrir un coin agréable et un Noa, presque sur son 31. Je lui fis la bise avant de la laisser entrer en disant : « Prends tes aises surtout ! Fais comme chez toi… ». J’espérais que bientôt, elle serait très à l’aise dans ma chambre.

Je me retrouvais rapidement devant sa porte, bercé par le parfum qui provenait de la chambre de Noa. C’était sucré, pas trop, juste assez pour me plaire. Qu’est-ce qu’il avait mis ? Un parfum ? Une bougie ? J’étais tellement perdu dans mes pensées que lorsqu’il ouvrit la porte, j’ai mis un certain temps avant de m’en rendre compte. Je suis là Apple… Il était là, bien habillé et bien sûr… sans chaise roulante ou sans béquille. Ça faisait assez longtemps que je ne l’avais pas vu sans ces accessoires, qu’automatiquement un sourire s’est affiché sur mes lèvres. Il me fit la bise et je pris la parole : T’es bien habillé, tu sens bon, tu comptes me faire une demande en mariage ou quoi ? Je riais un peu avant d’entrer à l’intérieur. La chambre était mieux rangée que jamais, de la musique douce jouait et effectivement, Noa avait mis une bougie parfumé. Prends tes aises surtout ! Fais comme chez toi… Ok… Là, je commençais à avoir quelques soupçons. Je regardais la pièce en n’osant pas me retourner, en n’osant pas affronter son regard. Je ne saurais pas comment réagir si tout ça était réellement pour moi. Peut-être qu’il aimait se mettre une ambiance aussi chaleureuse en général ? Lui poser la question allait foutre un malaise dans tous les cas, vaut mieux l’éviter. Je me tournais donc, souriante comme toujours. T'as pas tes béquilles... ? Ça me fait bizarre de te voir debout... ça me fait plaisir, en fait.

Une demande en mariage, non ce n’était pas ce que je voulais faire avec Apple mais pourquoi pas un jour ? Enfin j’en étais pas du tout là, déjà le mariage était un énorme pas et puis en plus Apple venait de sortir d’un divorce donc ce n’était pas du tout la peine d’essayer cependant je me disais que le petit nombre d’attention que j’avais eu me faisait marquer des points. Je me mis à rire, heureux de revoir le beau visage d’Apple avant de lui demander : « Non, quand même, j’aurais acheté des roses sinon ! ». Oui, la simple différence entre ce soir et ma demande en mariage serait un petit bouquet de fleur. Au moins les filles étaient prévenues. J’avais l’impression que ce changement brutal rendait Apple mal à l’aise mais fallait surtout pas, je voulais qu’elle soit complètement détendu : « J’ai fait un effort pour marcher sans ce soir, ma chambre est petite ! ». J’ai surtout fait un effort pour que tu me voies comme autre chose qu’un handicapé et que je puisse t’attirer un minimum, mais ça bien sûr, je ne lui dis pas. Je m’assis alors sur le lit en invitant Apple à faire de même avant de lui demander souriant : « Veux-tu quelque chose à boire ? ».

Ahah ouais, Noa m’attendait patiemment dans sa chambre… les bougies allumées, tout bien rangée, puis bien habillé sans les béquilles. À quoi il jouait ? Je commençais à avoir peur… Non parce qu’une demande de mariage voudrait également dire le pire timing du monde ! Andy et moi sommes en instance de divorce et je ne suis même pas convaincu qu’un jour je veuille me remarier… Non sérieux. Dire que j’étais la fille vierge, méga prude pas-d’sexe-avant-le-mariage avant. J’avais changé, maintenant plus rien n’avait de valeur pour moi. Non, quand même, j’aurais acheté des roses sinon ! Voilà qui m’rassure ! Non mais attend… c’est vrai que seulement des roses aurait fait une belle différence. Je riais légèrement, à la pensée que t’manière, une demande de mariage qui est inférieure à celle d’Andy niveau surprise ne sera jamais accepté. Oui, je voulais du spectaculaire, de la magie. J’suis une fille romantique qui demande beaucoup d’entretiens m’voyez ? huhu.

- J’ai fait un effort pour marcher sans ce soir, ma chambre est petite ! Je vois ça… Je le regardais d’haut en bas. Je ne me rappelais pas de lui, avant la bombe. Je ne me rappelais pas de comme il était grand, puis assez costaux disons-le. Veux-tu quelque chose à boire ? Je regardais un peu partout autour de nous et haussais les épaules. J’allais m’asseoir près de lui. Non ça va, te fatigue pas... j'ai pas soif.

Je sentais comme un mal aise chez Apple, j’avais l’impression que j’en avais trop fait. Moi qui voulais qu’elle se sente à l’aise je venais de lui filer un mauvais doute, elle devait se demander à quelle sauce elle aller être mangée alors que je ne voulais pas du tout lui faire du mal. Fallait que je lui parle maintenant et assez rapidement avant qu’elle ne fasse une crise d’angoisse. Elle me répondit qu’elle n’avait pas soif et je grimaçais, finalement c’était pire que je pensais, elle devait avoir peur de quelque chose. Je me servis alors un verre de limonade. « Tu sais, je suis vraiment heureux que tu sois venu ce soir ! ». Je devais m’armer de courage pour lui dire ce qui se passait dans ma tête, pourtant il ne se passait pas grand-chose mais si il y avait bien un nom qui trottait dans mon esprit c’était bien celui d’Apple. « Je t’avais dit que je voulais te parler…Je crois que c’est le moment n’est ce pas ? ». Je fis un petit sourire à Apple avant de prendre sa main dans la mienne, je sentais mon cœur tapait dans ma poitrine, je pris mon souffle avant de commencer par lui dire : « Je pense que ce n’est pas un hasard si tu es la seule personne dont je me rappelle, le temps passe mais tu restes la seule avec qui je me souviens de tout, je me souviens de notre relation d’avant et … » .Avec un peu de chance elle allait deviner ce que je voulais lui dire, ou au moins m’aider à le dire. Alors que j’avais l’impression que des litres de sueurs coulaient sur mon visage.

- Tu sais, je suis vraiment heureux que tu sois venu ce soir ! J’avais peur. Quelques trucs me trottaient dans la tête… Noa avait vraiment mis le paquet pour nous deux ce soir, il était différent et en plus il avait quelque chose à me dire dont je ne connaissais toujours pas la réponse. Je t’avais dit que je voulais te parler…Je crois que c’est le moment n’est-ce pas ? Oui… oooohh oui ! Je me mordais la lèvre inférieure et hochai la tête. Tout ça, me rendait bien nerveuse. Je ne voulais pas perdre ce que j’avais avec Noa, je ne voulais pas perdre mon ami… Je pense que ce n’est pas un hasard si tu es la seule personne dont je me rappelle, le temps passe mais tu restes la seule avec qui je me souviens de tout, je me souviens de notre relation d’avant et… Ça y est, c’est là. La vérité est là. Je l’ai sous les yeux… J’ai finalement compris et je ne peux tout simplement plus le nier maintenant. Noa se rappelait que de moi parce qu’il est amoureux de moi ! Je pouvais lire la nervosité, l’angoisse, la terreur dans ses yeux… Mais je pouvais aussi y voir tout l’amour qu’il me portait. Je pouvais voir qu’il avait viré ses béquilles, ou sa chaise pour me plaire. Mais l’amour n’a pas de vue, je ne tomberai pas magiquement sous son charme seulement parce qu’il n’est plus handicapé…

Il me donnait beaucoup trop de temps pour réfléchir, pour débattre avec moi-même. Je ne ressens rien envers Noa, je ressens encore envers mon mari bientôt ex-mari. Je n’étais pas prête à m’engager dans une relation de toute manière… je n’avais pas… je ne sais pas. Je ne voulais pas en savoir plus… pas tout de suite. Soudainement, une idée m’est venue. Tu avais une petite amie Noa. T'étais amoureux, fou d'elle. Ark… C’était mal de mentir. Mais c’était tout ce que j’avais pu dire sur le coup. Je me sentais trembler, tellement je regrettais déjà… Vous avez rompu... et j'ai été là pour toi. Tu m'as toujours dit que je lui ressemblais, physiquement. Je glissais ma main gauche sur mon poignet droit pour me le gratter, comme je fais toujours lorsque je me sens nerveuse, et donc, quand je mens. J'suis désolée d'pas te l'avoir dit plus tôt... J'me suis dis que c'était mieux que tu ne te rappelles pas d'elle...

Je crois que ça m’avait fait du bien de parler un peu à Apple, au fond de moi j’espérais qu’Apple ressente également une attirance à mon égard. Bon, je savais bien qu’Apple n’allait pas me tomber dans les bras comme ça, qu’elle devait toujours penser à Andy mais si elle demandait du temps, j’allais bien lui en donner. Je ferais n’importe quoi pour qu’Apple se sente bien. Au fur et à mesure de mon discours je crois qu’elle comprit les sentiments que j’avais pour elle, ça semblait limpide en même temps vu tous les efforts que j’avais fait. Je souriais alors en fixant Apple, j’attendais sa réponse, pendu à ses lèvres mais elle se mit à raconter une histoire de petite copine, Maël ne m’en avait pas du tout fait part. Il m’avait dit que j’étais un garçon sérieux mais il ne m’avait jamais parlé d’une histoire d’amour récente. Surtout pas de quelqu’un qui pouvait ressembler à Apple, or je lui avais déjà parlé de la jeune femme. J’étais surpris, vraiment étonné d’ailleurs, j’ouvris grand la bouche pour lui dire, incrédule : « Que tu ressemblais à mon ex copine…Mais Maël m’a jamais parlé de cela… ». J’étais quelqu’un de vraiment naïf mais je crois que Maël m’avait dit les principales choses que je devais savoir, je lui demandais de nouveau : « T’es sûr que tu ne confonds pas avec quelqu’un d’autre ? ». Confondre c’était presque impossible mais peut être qu’à cause de son divorce Apple était perturbé en ce moment. En tout cas si j’avais vraiment aimé cette fille je me demandais pourquoi elle n’avait pas cherché à me retrouver, ou au moins me raconter notre histoire. J’étais de nouveau complètement perdu et la seule personne qui m’apportait des réponses normalement venait de me poser une masse de questions.

Je venais de lui balancer un gros mensonge pour essayer de le convaincre que ses sentiments pour moi n’étaient pas vrais… Je ne voulais pas qu’il me dise de belles choses rien que parce que j’suis la seule dont il se rappelle c’est… c’est trop facile. C’est trop digne d’un film pour être vrai. Et je ne suis surtout pas prête à ça. Que tu ressemblais à mon ex copine…Mais Maël m’a jamais parlé de cela… Je déglutis. Ça s'est mal fini avec elle et tu avais beaucoup de peine... il a peut-être, comme moi, pas voulu te le dire pour que tu gardes le sourire. Je soupirais. Je détestais mentir pour mourir et je regrettais de plus en plus, et je m’enfonçais de plus en plus également. T’es sûr que tu ne confonds pas avec quelqu’un d’autre ? Je hochai la tête. Positive ! Non, non, non… fuck. Je lui souriais en plus, puis recommençait à me gratter.