J'avais froid. Genre vraiment froid. Et je me retrouvais, au milieu d'un parking plus ou moins remplit, au coeur de la nuit. Enfin, il était pas très tard, mais la nuit était déjà là. Je m'étais résigné à laisser le chauffage de la voiture éteins. Maman m'encourageait à faire des économies, j'imagine qu'elle avait peur que le côté royal fasse de moi un enfant gâté. Enfin, un peu de chauffage, ça allait pas me transformer en un garçon insupportable. Mais bon, j'étais dans un élan de gentillesse familiale. Je prenais sur moi, me les pelant et je n'avais pas rechigné à aller chercher ma frangine à son cours de danse en voiture. En même temps, elle avait pas réussit à avoir son permis, donc j'étais un peu devenu le chauffeur. J'aimais bien conduire, mais bon, je me serais bien passé de devoir poireauter comme ça après une journée de cours. Je sorti de la voiture après avoir farfouiller dans la poche de ma veste. Gaïa n'allait sans doute pas tarder, n'empêche que j'avais bien le temps de fumer une cigarette. Hors, je voulais pas le faire dans la voiture. L'odeur de fumée dans ma voiture. Mouais, bof. Mes parents n'étaient pas au courant de ma nouvelle addiction qui plus est et même si je savais qu'ils étaient pas irréprochables j'avais plus ou moins bêtement peur de leur réaction. Alors ne rien dire, ça m'arrangeait bien. Que Gaïa sache en revanche, ça ne comptait pas, ça ne me mettait pas en danger. Je quitta la chaleur très superficielle de la cabine pour l'air plus frais de la nuit et je fis le tour de ma voiture pour me tenir face à l'entrée de l'école, histoire de guetter l'arrivée de ma jumelle.
J'alluma ma cigarette et tira quelques taffes. Soit, c'était pas bon pour ma santé, mais ça me faisait du bien et puis je ne fumais pas beaucoup. C'était pas grave. Franchement, qui n'a jamais fumé une petite cigarette ? J'étais pas un saint, j'avais jamais affirmé le contraire. Les portes de l'école s'ouvrirent, laissant brusquement échappées une flopée de filles de l'âge de ma soeur et donc, par conséquent, du mien. Je ne put m'empêcher de les regarder filer, mon regard s'attardant sur les plus jolies à mon goût. Quoi ? J'avais dix-sept ans, c'est le contraire qui aurait été bizarre. Enfin, pour l'heure, la seule fille que j'attendais vraiment, c'était celle avec qui j'avais un lien de sang. Je la vis finalement sortir, en ayant pas l'air très pressée. Damn, quelle casse-pied celle-là. Je leva les yeux au ciel et n'agita pas la main pour signaler ma présence. J'étais le seul garçon de notre âge sur le parking, le seul pauvre lycéen n'étant pas en train de se remplir le ventre en cet instant. Qu'est-ce que j'avais faim d'ailleurs.
décembre 2029. Il était presque 22h, tu venais de passer un peu plus de trois heures à danser. T'avais commencé par un cours de danse classique, puis t'avais enchaîné par du hip-hop. Tu prenais tout ton temps pour rassembler tes affaires dans le vestiaires et les remettre dans ton sac. Normalement c'était ton frère qui devait venir te chercher ce soir puisque ta mère avait prévenu qu'elle risquait de rentrer tard ce soir. Tu te serais certainement plus dépêchée si elle était venue, mais Hermès ne risquait pas de te reprocher le temps que tu mettais, et si c'était le cas tu t'en fichais totalement. Tu enfilais un legging Victoria's Secret par dessus ton justaucorps noir, puis tu mettais un gros pull en coton ainsi ta nouvelle paire de uggs que tu aimais tant. Tu sortais enfin du studio de danse en compagnie de quelques amies. Une fois dehors, tu ne pu t'empêcher de frissonner à cause de la température glaciale. L'hiver était bel et bien là ! Tu cherchais Hermès des yeux et tu ne tarda pas à l'apercevoir quelques mètres plus loin. Tu saluais tes amies d'un signe de la main avant de t'avancer vers sa voiture. Tu fronçais les sourcils en le avec une cigarette entre ses lèvres. Tu n'aimais pas l'idée qu'il fume, qu'il foute sa vie en l'air. Tu en faisais des conneries, mais ça jamais ! T'avais besoin d'une excellente santé pour devenir danseuse professionnelle. Encore fallait-il que tu le devienne, parce que tu savais que tes parents préféreraient que tu t'engage dans une filière avec plus de débouchés. J'espère que t'as prévu du parfum et un chewing-gum, parce que maman va sentir que tu pues la clope. T'aurais très bien pu rapporter ça à tes parents, mais tu ne voulais pas trahir ton frère. C'était sa vie après tout. Tu mettais ton sac de danse dans le coffre avant de monter dans la voiture, côté passager. Tu regardais par la vitre ton frère jumeau finir sa cigarette, attendant patiemment qu'il te rejoigne pour que vous puissiez partir.
J'acquiesçais à sa remarque. T'inquiètes pas pour moi. Non, fallait vraiment pas. Soit, j'étais vraiment pas à l'abris que maman me sente d'un peu trop près, mais j'allais faire en sorte "de me protéger" avant de passer la porte de la maison. Je commençais à avoir l'habitude. Je n'étais vraiment plus vierge de ce côté-là. Gaïa se glissa dans la voiture sans parler davantage et je ne la fis pas attendre. Enfin, j'aurais pu, je venais d'attendre après elle après tout, mais je voulais rentrer moi aussi. Je laissa tomber ma cigarette pas totalement finie et l'écrasa avec ma chaussure avant de pousser un soupire et de faire le tour de la voiture à nouveau. J'ouvris la portière et me glissa sur le siège conducteur à côté de ma soeur. Allez, direction la maison. Lançais-je en allumant le contact. J'aimais conduire, ça m'avait toujours plut. La route me conférait une espèce de sentiment de liberté tout en restant au sol. Ca m'offrait un certain contrôle aussi. Bref, ça me plaisait bien. Et je pensais ne pas être trop mauvais. Après tout, les quelques fois ou j'avais conduis avec mes parents à côté, ils n'avaient pas trop fait la grimace et mon bras n'était pas couvert de bleu à force d'avoir été pressé. J'en déduisais que ça allait et le permis était là pour dire que j'avais raison. Je commença à rouler et actionna la radio. Je n'aimais pas rouler sans musique. J'étais pas fan du silence, même quand je n'étais pas tout seul. Comment c'était la danse ? Lançais-je, un peu histoire de faire la conversation mais aussi par curiosité. La vie de ma soeur m'intéressait, ça n'avait pas changer avec les années.
T'inquiètes pas pour moi. Tu haussais légèrement les épaules. C'était facile à dire. En réalité tu te faisais du soucis pour lui en permanence. Après tout il était ton jumeau, l'autre moitié de toi, et tu te refusais de le perdre. Tu ne voulais pas qu'il fasse de conneries, qu'il se fasse du mal, qu'on lui fasse du mal. Il avait beau être grand et savoir se débrouiller tout seul, t'avais peur pour lui de temps en temps. Peut-être un peu trop souvent d'ailleurs. Hermès ne tardait pas à monter dans la voiture lui aussi. Vous deviez avoir tout les deux aussi hâte de rentrer à la maison. T'étais affamée après une journée de cours et la danse. Allez, direction la maison. Tu hochais la tête en souriant légèrement, attachant ta ceinture de sécurité. Vous aviez un peu plus d'une demi heure de route avant d'atteindre Cambridge. Ton studio de danse était loin de chez vous, mais c'était l'un des plus prestigieux des environs. T'avais travaillé dur pour pouvoir y avoir une place. T'avais été tellement fière d'être prise ici ! Et tu savais que tes parents l'avaient été aussi. C'était selon toi ta première grande réussite. Ton frère allumait la radio, et tu écoutais une chanson qui passait en boucle en ce moment. Le silence s'était installé entre Hermès et toi, jusqu'à se qu'il le brise en posant la question suivante. Comment c'était la danse ? Tu aurais bien pu lui raconter que tu arrivais enfin à faire une figure que tu ne maîtrisais pas encore avant, que tu avais fait la folle avec les mecs du cours de hip-hop, et que le professeur de danse classique t'avait félicité pour ton travail acharné et ta technique "digne des plus grands", compliment qui t'avait fait rougir de plaisir. Mais au fond il n'y avait qu'une chose qui était important de lui dire selon toi. On prépare le spectacle de noël. Cette année j'ai même un solo. Le spectacle de fin d'année, ou le moment que tu préférais dans l'année. Tous les danseurs du studio préparaient un spectacle dans lequel ils présentaient plusieurs danses devant les familles et amis. T'avais tellement hâte ! Tu viendras toi, n'est ce pas ? Je t'ai réservé une place, et à maman et Briony aussi. Tu aurais voulu que votre père soit là. Tu lui avais demandé quelques jours plus tôt, mais il t'avait clairement fait comprendre qu'il ne pouvait pas être là. Tu lui en voulais un peu, même si tu ne le montrais pas. Tu regardais devant vous, vous traversiez une forêt qui t'effrayait un peu dans le noir comme ça. T'avais vraiment hâte d'être au chaud à la maison.
Je sentais bien que ma nouvelle petite addiction n'était pas du goût de ma soeur. Elle le cachait pas vraiment. Enfin, peu importe. Je lui demandais pas de dire amen à tout ce que je faisais et c'était réciproque. J'avais définitivement hâte de rentrer et de me mettre à table. Les journées de cours avaient tendance à s'allonger ces temps-ci pour moi. J'en voyais plus le bout. Rentrer à la maison n'en devenait que plus sympathique une fois le soir venu. Enfin, pour le coup encore une bonne trentaine de minutes me séparait de la maison. Tss. Enfin, ça allait pas être long. Pas si je faisais la conversation, n'ayant pas franchement envie de rester bouche fermée tout le long du voyage. C'était pas comme si avec ma soeur, on avait rien à se dire. Je la questionna sur la danse et lui adressa un sourire. C'est cool ça, je suis content pour toi la félicitais-je. C'était sincère. Elle dansait bien (enfin, je m'y connaissais pas des masses non plus, mais ma frangine était du genre à aimer ce dans quoi elle réussissait) et je savais que la danse, ça comptait beaucoup pour elle. Ca la rendait heureuse. J'avais pas de passion comme ça moi et j'étais un peu jaloux de ça. Enfin, bref. Elle reprit la parole et je me mordis la lèvre. Pas car j'allais refuser : elle avait envie que je sois là et j'avais envie d'être là pour elle aussi. Mais car moi, maman, Briony... Pas Papa. J'écarta directement l'idée que ma soeur ai put ne pas lui proposer de venir : elle l'avait forcément fait, on parlait de Gaïa, là. Alors il avait refuser. Aouch. Oui, je serais là, c'est promis lui assurais-je. Je n'abordais pas le sujet de notre père. Je ne saurais pas quoi dire. Il avait une vie bien chargée et pas forcément le temps de voir des spectacles de danse, même si ça comptait. J'imaginais que je finirais par comprendre ça quand ma vie serait similaire à celle de mon père dans quelques années. L'idée me faisait frémir de déplaisir. Je roulais peut-être un peu trop vite, mon impatience se sentait dans ma pression sur l'accélérateur. Ou alors, comme toujours quand je pensais à l'Italie, je m'étais juste braqué, replié sur moi-même. Il n'y avait rien à faire, le futur me terrorisait toujours autant. Avec ma main je monta un peu le son, comme pour me changer les idées. Bordel ce que j'ai faim, j'espère que maman nous a cuisiné quelque chose de bon. Commentais-je après avoir entendu mon estomac gargouiller.
Quand tu avais demandé à votre père s'il voulait venir à ta représentation de danse, tu avais espéré qu'il accepte car ça faisait plusieurs années qu'il n'en avait pas eu l'occasion. Mais une fois de plus il avait des choses plus importantes à faire. Quand tu étais petite, ton père était ton héro, l'homme de ta vie, et plus tu grandissais, plus tu t'en éloignais. Tu l'aimais toujours, bien sûr, mais tu commençais aussi à le craindre. Au moment où tu lui avais proposé, tu étais en train de conduire avec lui, pour t'entraîner. Tu étais tellement nerveuse que tu n'avais même pas été foutue de faire le trajet correctement. Il te rendais nerveuse et tu ne savais même pas pourquoi. Pitoyable. Au fond cette relation avec ton père qui se dégradait d'année en année te faisait jalouser ton frère. Parce que lui, en tant que futur héritier du trône, il passait plus de temps avec lui que toi. Parce qu'il devait lui enseigner des choses, mais ça te faisait mal de te sentir ainsi exclue. Pendant les dernières vacances, à Halloween, tu les avais à peine aperçu tout les deux. Heureusement, ta meilleure amie, Alessia, était venue avec toi, et tu t'étais donc sentie moins seule. Le fait que Hermès accepte de venir te voir te rassurait. Tu savais qu'il ne t'abandonnerait jamais, et qu'il serait toujours là pour toi, quoi qu'il arrive. Tu tapotais sur ton téléphone portable jetant de rapides coups d'oeil à la route. Tu roules pas un peu vite là ? Tu regardais le compteur, et en effet, ton jumeau était largement en excès de vitesse. Toi aussi t'avais hâte de rentrer, mais pas au point de risquer vos vies quand même. Sérieux, ralentis un peu Hermès. En plus, t'avais l'impression que le moteur faisait un drôle de bruit. Ok, tu devenais parano.. Ou peut-être pas en fait, puisqu'un bruit sourd retentis et que la voiture ralentie peu à peu, avant de s'arrêter, au beau milieu de la forêt, dans l'obscurité la plus totale. Qu'est ce que t'as fait ?! Tu rejetais tout de suite la faute sur ton frangin, mais après tout c'est lui qui était au volant alors c'était lui le responsable.
La voix de ma soeur arriva à me sortir de mes pensées mieux que la musique. La vitesse tout d'abord. Roh, j'avais pas accéléré tant que ça. Je lâcha l'accélérateur et baissa la musique pour mieux entendre un bruit bizarre. Je fut assailli d'un sale pressentiment lorsque la voiture se mit à grincer davantage avant de s'arrêter. Et merde. J'allais avoir besoin d'une autre cigarette. Il n'en fallait pas plus à Gaïa pour en rajouter une couche. Ah bah oui, qu'est-ce que j'avais fait ? Elle me saoulait vraiment. De mon point de vue, j'étais en plein dans cette situation chiante à cause d'elle. Pourquoi fallait-elle qu'elle prenne des cours de danse à une demi-heure aussi de la maison ? Si elle avait eu son permis, elle se serait débrouillée seule, mais non, c'était à moi de jouer les chauffeurs. En prime elle me gueulait dessus. Damn, j'étais en train de prendre son coté mélo-dramatique. Enfin, j'allais sans doute pas me laisser marcher sur les pieds, pas aujourd'hui, pas maintenant, surement pas par Gaïa. Peut-être que si tu te taisais un peu, j'arriverais à réfléchir lui balançais-je sèchement. Ouais, si elle pouvait la fermer un peu, ça me ferait des vacances. Tu m'aides vraiment pas, en jouant les hystériques. Oui, en ce moment je lui trouvais plus l'air d'un boulet qu'autre chose. Je le lui balançais pas à la figure pour autant, ayant encore un peu retenu. Il allait pas trop falloir qu'elle me cherche malgré tout car sinon, elle allait me trouver et j'allais peut-être dire des trucs pas très sympas qui germaient dans ma tête en douceur depuis des mois. J'attrapa mon portable d'un geste vif et l'alluma, mon premier réflexe étant d'appeler ma mère. J'en avais pas honte : c'était la chose la plus logique à faire, c'est tout. Je poussa un gros soupire en constatant que j'avais zéro barre de réseau. Pas de réseau. Commentais-je.
Celle la, t'étais loin de l'avoir vu venir. Tomber en panne au beau milieu de nul part, dans le noir, t'avais espéré que ça ne t'arrive jamais. Et pourtant. Pour toi, c'était la faute de ton frère. S'il avait fait gaffe il aurait remarqué qu'il y avait un problème. Mais au fond tu savais que ce n'était pas de sa faute, mais il fallait bien un coupable dans l'histoire. Peut-être que si tu te taisais un peu, j'arriverais à réfléchir.Tu m'aides vraiment pas, en jouant les hystériques. Ça y est, ça commençait, vous n'alliez pas tarder à vous disputer, comme toujours. Fallait que tu restes calmes, même si tu avais envie de lui balancer une remarque cinglante à la figure. Réfléchis plus vite alors, j'ai pas envie de rester ici toute la nuit. Trouve une superbe idée Einstein. dis-tu froidement. Comme s'il pouvait trouver une solution miracle. Tu levais les yeux au ciel. Crétin ! Entre vous deux, le cerveau c'était toi, et ça l'avait toujours était. Quand vous étiez petits, c'est toujours toi qui trouvais des idées, ou qui trouvais des excuses parfaites pour ne pas que vous vous fassiez gronder et vous sortir de situations plus ou moins délicates. Tu pouvais remercier ton imagination débordante et les heures que t'avais passé le nez dans les bouquins. Ça n'avait pas vraiment changer aujourd'hui. Et pourtant tu ne trouvais pas de moyen de vous sortir de là toi non plus. T'avais beau remuer tes méninges, rien ne te venait à l'esprit. Ton coeur battait la chamade, fallait que t'arrête de paniquer. Tu soufflais doucement. Hermès vérifiait s'il avait de réseau.Tu connaissais la réponse d'avance puisque tes précédents messages ne s'étaient pas envoyés. Tout ça c'est de la faute de maman. Si elle avait bien voulu que t'ais une voiture neuve comme le voulais papa nous n'en serions pas là. Cette fois-ci tu t'en prenais à ta mère, même si elle n'était pas là. Votre relation n'était pas très bonne en ce moment, et elle se dégradait de jour en jour. Tu ouvris la porte de la voiture afin de descendre, puis tu ouvrais le capot. Pourquoi n'avais-tu pas écouté le cour de mécanique qu'on t'avait donné, hun ? Tu t'étais dit que de toute façon tu ne tomberais pas en panne, et que si c'était le cas il te suffirait d'appeler Hermès ou l'un de tes parents. La bonne blague ! Viens m'aider au lieu de rester les bras croisés. balançais-tu à ton jumeau, énervée contre lui, toi et contre la terre entière.
Je poussa un soupire agacé. Ma soeur avait le don de me pendre la tête. C'était toujours comme ça : on s'entendait bien et d'une seconde à l'autre, ça partait en dispute. Et là, on y allait. J'étais pas particulièrement pacifiste : j'aimais pas me bagarrer, mais j'étais pas non plus du genre à rendre les armes. L'égo masculin, j'imagine. Quand Gaïa était comme ça, la simple idée d'appuyer un propos sortant de sa bouche m'était pas envisageable. J'essayais de me contenir la laissant se foutre de moi. Toi qu'est si maligne, branche tes neurones au lieu de geindre comme une gamine commentais-je. Bah ouais. C'était plus elle la tête, enfin, en admettant que l'intelligence, ce soit de passer son nez dans les bouquins. C'était elle la plus forte, la plus douée : mouais, en même temps qui était en train de conduire ? Et qui avait raté son permis ? Hein ? Elle était pas si douée pour la pratique. Je me tut, ne rétorquant pas ça. Je préférais garder ça au chaud pour plus tard selon le futur tournant de la conversation. Je fis plutôt remarquer qu'il n'y avait pas de réseau. Gaïa saisit l'occasion pour mettre ses malheurs sur le dos de quelqu'un d'autre. En l'occurrence maman. Surprenant. Maman n'a pas la science infuse, Gaïa, elle peut pas deviner toutes les merdes qui vont nous arriver, ce serait pas mal que tu le comprennes rétorquais-je. Ouais, je prenais un peu sa défense, pour une fois. Les disputes entre ma soeur et ma mère me tapaient sur les nerfs encore plus quand Gaïa faisait ce genre de commentaires. J'étais sensé prendre le parti de qui, moi ? Oh et puis je m'en moquais pas mal. Que Gaïa se vexe si elle le souhaitait. J'étais pas du tout d'humeur à me soucier de ses états d'âme. Après, c'est vrai que j'aurais pas rechigné à avoir une voiture neuve, mais bon. J'aimais bien l'actuel. Elle venait de me lâcher, mais ça restait mon bébé. Ouais, je suis un sentimental. Inutile de ne serais-ce qu'essayer d'expliquer à ma soeur le lien entre un garçon et sa première bagnole. Pas à Gaïa et à ses goûts de luxe. Elle pouvait être tellement superficielle dans son genre. C'est pour ça que ça me fit rire de la voir sortir et soulever le capot. Bordel, ma soeur allait faire de la mécanique. Je pouvais pas louper ça. Je sortis de la voiture, ne pouffant plus même si mon sourire parlait pour moi. Pour ma défense, c'était quand même comique. Ma petite princesse de soeur s'y connait en mécanique ? Lançais-je en la rejoignant, un sourcil arqué. Mon agacement s'était un peu apaisé. A l'exception de mon ventre qui grognait, je ne me sentais même pas trop mal. Après tout, j'étais pas tout seul, même si Gaïa n'avait pas franchement la force de me protéger en cas de soucis. J'étais juste en mesure de le faire pour elle. Enfin, en dépit de son air grognon et de ses paroles exaspérantes, j'étais rassuré qu'elle soit là.
Toi qu'est si maligne, branche tes neurones au lieu de geindre comme une gamine. Difficile de croire que quelques minutes au par avant vous vous entendiez bien, et que ton frère t'avait même promis de venir à ton spectacle de danse. Maintenant vous commenciez à vous lancer des piques, et ça allait forcément finir en dispute. C'était toujours comme ça entre vous deux. Une minutes vous vous entendiez bien, et celle d'après vous vous disputiez, prêts à vous taper dessus. Qu'est ce que je suis en train de faire là, selon toi ? Oui, bien sûr que tu étais en train de réfléchir à une solution pour vous sortir de là. Perdus au milieu de nul part. Aucune voiture de passage. Pas de réseau. Il semblait n'y avoir aucun espoir. Aller Gaïa , trouve une idée, t'es forte pour ça normalement ! Le truc, c'est que d'habitude c'était un simple jeu, ou une situation un peu moins délicate. Tu reportais la faute sur votre mère, qui avait refusé que votre père offre une nouvelle voiture à Hermès. Elle tenait tellement à ce que vous ayez une vie normal lui et toi. Mais il fallait voir les choses en face : vous n'étiez pas normaux, alors pourquoi essayer de prétendre le contraire. Maman n'a pas la science infuse, Gaïa, elle peut pas deviner toutes les merdes qui vont nous arriver, ce serait pas mal que tu le comprennes Bien sûr, ton frère prenait la défense de maman. Tu levais les yeux au ciel. Non, elle n'avait pas la science infuse, mais quand même ! À quoi bon refuser que l'un de vous ait une belle voiture, si en plus elle ne payait rien ? Non elle ne peut pas deviner. Mais si elle arrêtait un peu de se préoccuper de notre façon de nous comporter, de nous habiller, et qu'elle pensait un peu plus à ce qui pourrait nous être vraiment avantageux, elle aurait accepté qu'on ait la voiture neuve de papa ! Ça faisait des années que tu avais arrêté d'essayer de comprendre ta mère. Depuis le début de ta crise d'adolescence en fait. Depuis, vous ne pouviez plus vous parler sans vous hurler dessus, et c'était de pire en pire, si bien que tu essayais de passer le moins de temps possible avec elle. Tu sortais alors de voiture pour aller ouvrir le capot. Si vous vouliez repartir, fallait trouver ce qui n'allait pas. S'il y avait une raison. Tu entendais ton frère rire dans la voiture. C'est vrai que tu n'avais pas vraiment l'étoffe d'une mécanicienne, mais toi au moins tu essayais de faire quelque chose. Hermès ne tarda pas à te rejoindre. Ma petite princesse de soeur s'y connait en mécanique ? Tu regardais le moteur. Ok, ils servaient à quoi les tuyaux là ? Et puis cette espèce de truc en métal ? Tu ne comprenais rien du tout à tout ça. Tu refermais brusquement le capot de la voiture, le faisant ainsi claquer dans un bruit sourd. D'accord, t'as raison, j'y connaît rien en mécanique. D'un autre côté je veux devenir danseuse, pas garagiste. Tu soupirais en t'appuyant sur le capot de la voiture. Tu commençais à paniquer, c'était pas bon. Tu remuais tes méninges pour trouver une autre solution. Heureusement, tu repensais à quelque chose. Je crois qu'il y a une auberge pas très loin. On pourra peut-être trouver de l'aide là-bas. L'auberge en question devait se trouver un peu plus loin dans la forêt. L'idée de marcher dans le noir, et dans le froid ne t'enchantait pas, mais vous n'aviez pas trop le choix.
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J'avais froid. Genre vraiment froid. Et je me retrouvais, au milieu d'un parking plus ou moins remplit, au coeur de la nuit. Enfin, il était pas très tard, mais la nuit était déjà là. Je m'étais résigné à laisser le chauffage de la voiture éteins. Maman m'encourageait à faire des économies, j'imagine qu'elle avait peur que le côté royal fasse de moi un enfant gâté. Enfin, un peu de chauffage, ça allait pas me transformer en un garçon insupportable. Mais bon, j'étais dans un élan de gentillesse familiale. Je prenais sur moi, me les pelant et je n'avais pas rechigné à aller chercher ma frangine à son cours de danse en voiture. En même temps, elle avait pas réussit à avoir son permis, donc j'étais un peu devenu le chauffeur. J'aimais bien conduire, mais bon, je me serais bien passé de devoir poireauter comme ça après une journée de cours. Je sorti de la voiture après avoir farfouiller dans la poche de ma veste. Gaïa n'allait sans doute pas tarder, n'empêche que j'avais bien le temps de fumer une cigarette. Hors, je voulais pas le faire dans la voiture. L'odeur de fumée dans ma voiture. Mouais, bof. Mes parents n'étaient pas au courant de ma nouvelle addiction qui plus est et même si je savais qu'ils étaient pas irréprochables j'avais plus ou moins bêtement peur de leur réaction. Alors ne rien dire, ça m'arrangeait bien. Que Gaïa sache en revanche, ça ne comptait pas, ça ne me mettait pas en danger. Je quitta la chaleur très superficielle de la cabine pour l'air plus frais de la nuit et je fis le tour de ma voiture pour me tenir face à l'entrée de l'école, histoire de guetter l'arrivée de ma jumelle.
