Maë&Thaïs + I know it's not fair but I need to talk about it !

En théorie, ce n’était pas uniquement de bonnes pensées qui accompagnaient la tempétueuse Thaïs alors qu’elle bavassait avec le barman du Lord Hobo, où Maëlys et elle avaient leurs petites habitudes depuis deux ans maintenant. Pour un peu, dans tout Harvard, elles étaient maintenant connues pour leur côté affreusement fêtard, leur extraordinaire faculté à mettre une ambiance folle et durable, et surtout, à être la clef de toute soirée réussie qui se respecte. Mais récemment, la jolie irlandaise avait appris totalement par hasard que sa meilleure amie connaissait presque bibliquement son partenaire de danse, Caleb Weyss, avec qui le relationnel était pour le moins… ambigu de son côté. Ils se côtoyaient à longueur de journée, s’opposaient autant qu’ils se rapprochaient et fatalement, apprendre que l’allemand était extrêmement proche et tactile avec une autre demoiselle, qui plus est avec la deuxième Cabot qu’elle préférait au monde, l’avait mise dans tous ses états… au point qu’elle n’en n’invite le soir même Maëlys à leur bar préféré. Sans grande surprise, la brunette se pointa pile à l’heure, manifestement pomponnée comme à son habitude puisqu’elle sentait bon à des kilomètres. « Voilà la plus belle ! » lança Thaïs armée de son habituel enthousiasme alors qu’elle leur commandait d’emblée deux mojitos. « Ca devrait nous requinquer… mais avant d’entrée dans des hostilités alcooliques, dis-moi tout, quoi de neuf dans ta vie ma toute belle ?! »

« Bah écoute, tu me connais, quand je décide de faire la fête je ne fais pas semblant en général ! Et puis il fallait t’accueillir comme il se devait alors un mojito pour commencer, c’est limite obligé ! » s’exclama Thaïs, armée de son sempiternel enthousiasme que rien ni personne ne saurait altérer. Enfin… presque, car aujourd’hui, rien que d’imaginer Maëlys et Caleb dans une situation des plus équivoques ne la poussait guère à sourire, bien au contraire. Oh elle n’était pas en colère contre son amie, connaissant trop bien le tempérament parfois séducteur de l’allemand et il s’avérait à la limite de la logique que son acolyte Cabot y ait succombé… mais cela ne pouvait pas lui empêcher de souffrir, hélas. Difficile de ne pas complexer affreusement en connaissant la beauté de la brunette, ainsi que le fait que de son côté, elle ne possédait aucun handicap d’aucune sorte. « Faudrait que tu m’expliques comment tu fais pour lire en moi comme dans un livre ouvert, je te jure c’est effrayant tellement t’es trop balèze Maë ! Mais avant que je ne te donne tout plein de confidences sur ce qu’il m’arrive, toi d’abord, honneur à la meilleure des brunes ! » Et à ses mots, Thaïs n’hésita pas à lever son verre pour la première fois de la soirée, à la santé de sa meilleure amie et comparse fabuleuse des soirées les plus arrosées de la création.

Il est vrai que l’histoire avec Avery, Thaïs en entendait parler depuis un moment déjà et suivait l’affaire comme n’importe quelle amie se respectant, afin de pouvoir soutenir Maëlys en cas de besoin. Sauf que d’entrée de jeu, non seulement son acolyte Cabot lui prouva par a+b qu’elle lui faisait combien pour lui confier tout ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie, mais ne manqua pas de mettre elle-même le sujet « Caleb » sur le tapis. Tant pis, cela n’allait pas attendre qu’elles soient un peu éméchées pour cela, et risquait donc de demander d’autant plus de self control à Thaïs pour ne pas laisser bêtement parler sa jalousie. Pour se donner du courage, elle but une gorgée de mojito bien méritée avant de lui sourire de façon aussi peu crispée que possible. « Tu as essayé d’en parler à Avery ou c’est mort pour une discussion dès que son deuxième cerveau est en marche ? Je le connais pas trop hein, enfin juste par ce que tu m’en dis mais peut-être que si tu lui en parlait, vous pourriez y aller progressivement ? » Rhaaa, mais quelle lâche ! Thaïs prit une grande inspiration à cette simple idée pour mieux effectuer une légère moue. « Eh bien heu… le garçon en question il se pourrait bien que ce soit Caleb Weyss » lâcha-t-elle finalement la bombe.

Thaïs n’avait pas pu constater que Maëlys venait de boire son verre cul sec mais au bruit de ce dernier contre le comptoir lorsqu’elle le reposa, il devait au moins être en passe de devenir vide. Voilà pourquoi elle ne manqua aucunement de recommander deux mojitos, l’irlandaise s’occupant de boire son propre verre d’une traite tant il fallait qu’elle se remette, s’imaginant par avance dans une conversation qui ne risquait pas de lui plaire. Oh elle ne ressentait aucune colère… juste de la jalousie. Caleb avait été proche de sa meilleure amie alors qu’il était d’une froideur insupportable avec elle, du moins jusqu’ici. « Ce n’était pas vraiment de la peur Maë, t’as rien fait de mal et j’te connais suffisamment pour savoir que tu ne manges pas de ce pain là ET que tu es raide dingue d’Avery mais avec moi, Caleb il est ultra froid. J’ai l’impression d’être invisible et ça craint, pourtant dieu sait à quel point je me donne quand on est en mode partenaires de danse mais faut croire qu’il ne mélange pas les torchons et les serviettes. Il est fils d’ambassadeur, tu le savais ? Merde j’crois que je vais un complexe débile… »

Il ne fallait pas croire, si Thaïs n’avait pas confiance en Maëlys, la discussion aurait pris une toute autre tournure et de grands cris se seraient fait entendre au sein du pub. Or, elle s’exprimait avec calme, sincérité, sachant qu’elle trouverait comme d’habitude une oreille extrêmement attentive en sa meilleure amie et surtout, elle savait que cette dernière ne la jugerait pas, chose doublement importante pour la jolie irlandaise. « Peut-être que c’est moi qui tourne pas rond… mais tu me connais, comme je ne peux pas saisir les expressions des gens, le ton de la voix est genre hyper important pour moi ! Mais si ça se trouve je me fais des films et peut-être que je lui plais aussi, je sais pas… ah je ne serais pas contre un peu d’aide mais j’ai pas envie qu’il t’envoie péter non plus, tu sais avec lui on sait jamais comment il va réagir ! » Imaginer Maëlys s’en prendre plein la poire la faisait blêmir d’avance. C’était bien la dernière chose qu’elle souhaitait… « J’voudrais t’aider aussi » coupa-t-elle finalement.