Maelys + Deux âmes esseulées peuvent-elles se consoler?

« Champagne ? Madame ne se refuse rien ! » la taquinais-je tout en la suivant du regard, un léger sourire au coin. Elle présentait bien, sa voix était agréable à écouter bref, elle était tout à fait à mon goût. Je n’étais pas non plus des plus exigeants avec mes conquêtes d’une nuit. Disons que j’avais quelques critères rédhibitoires mais Maëllys s’en sortait haut la main. « Je sais qu’on doit sûrement souvent te le dire mais tu as un rire des plus adorables » la complimentais-je avec sincérité car même désespéré ou en manque, je ne jouais pas avec les femmes. Si elle avait été désagréable, je serais déjà parti depuis longtemps mais ce n’était pas le cas, bien au contraire. En réalité, il n’était pas difficile d’être attiré par cette femme et j’étais bien trop seul ces derniers temps pour ne pas y être sensible. « Je suis étudiant aussi. A la Lowell House » expliquais-je le pourquoi du comment j’avais reconnu sa maison. « J’entame ma dernière année à Harvard alors autant dire que j’ai vu défiler pas mal d’élèves appartenant à une confrérie et je ne sais pas pourquoi, je sentais que tu étais une Cabot » ajoutais-je avant de prendre la bouteille de ses mains. La galanterie voulait que ce soit l’homme qui serve –il faut croire que je venais d’un monde avec des codes de bienséances précis ; Je servais donc le champagne dans les deux flûtes qu’elle avait ramené avant de lui en tendre une. « A notre rencontre ? » portais-je le toast.  

« C’est le moins qu’on puisse dire ! Vivre l’instant présent est ma nouvelle devise » répondis-je du tac au tac. Avec les derniers évènements et la perte de Mary, j’avais relativement vu à la baisse mes projets d’avenir, me contentant de vivoter dans un premier temps histoire de me reconstruire. Cela ne m’empêchait pas de serrer les dents à chaque date importante, à chaque souvenir qui venait creuse un peu plus profondément la plaie béante de mon cœur. Je ne parlais même pas de cette solitude qui me tuait et qui m’avait poussé à passer la porte de cet établissement. Au moins avais-je trouvé une compagnie des plus plaisantes en la personne de Maëlys. « Je ne sais pas, je dirais l’intuition et un gros coup de pouce de la chance. Imagine, je me serais trompé, j’aurais eu l’air con » laissais-je un sourire bien rare fleurir sur mes lèvres adoucissant mon visage bien souvent trop dur et revêche. « Tu fais quoi comme études ? » demandais-je histoire d’apprendre à la connaitre même si, je n’étais pas contre d’instaurer un petit jeu de séduction entre nous. Nous étions seuls après tout.  

Médecine ? En plus d’être belle, elle avait la tête pleine. Décidément, elle avait bon nombre de qualités. « Je suis en histoire de l’Art et en danse. La dernière année avant le grand saut » lui souriais-je tout en me demandant ce que je ferais après avoir quitté Harvard. J’y avais passé un peu plus de sept ans et le moins qu’on puisse dire c’est que je m’étais habitué. Peut-être pourrais-je rester et me trouver un petit job où intégrer une école de danse dans le coin. « Tu as raison… » soufflais-je en me rapprochant légèrement d’elle, comme si nous étions entourés d’une ambiance sonore conséquente et qu’il me fallait lui parler de manière bien plus proche. Pourtant aucun bruit en dehors de nos paroles. D’ailleurs, cela manquait un peu de musique non ? En parfait Lowell, je ne pouvais m’en passer. « Tu sais danser ? » lui demandais-je subitement, inspiré. Je ne connaissais pas de meilleur moyen de briser la glace que du champagne, de la musique et une danse. « Si tu as de la musique, je veux bien te donner un cours » osais-je avec séduction. Après tout, qui ne tente rien à rien.   

« Si tu as une musique assez lente, je t’initierai à la danse de la séduction et de l’amour à moins que tu ne préfères quelque chose avec plus de peps » lui répondis-je de manière assez mystérieuse car je n’avais ni plus ni moins qu’une rumba en tête. Il n’y avait pas mieux comme danse pour briser la glace et rapprocher une femme d’un homme car cette danse était la danse même de l’amour. Elle était à la fois sensuelle, séductrice, amoureuse et d’une rare tendresse quand elle était bien dansée. En réalité, tout dépendait de ce que vous vouliez transmettre car tel était le pouvoir de la danse : celui d’exprimer des émotions parfois enfouies. Je déposais ma flute de champagne, me relevant pour la rejoindre, me calant dans son dos. « Cette chanson fera parfaitement l’affaire » murmurais-je en me penchant pour murmurer mes paroles à son oreille. La chanson que je lui avais indiquée n’était autre que When I was your man de Bruno Mars. « Prête pour ta première leçon de danse ? » la taquinais-je de bon cœur tout en me reculant pour mieux faire tomber ma veste et lui tendre la main pour qu’elle vienne me rejoindre au milieu du restaurant où nous allions improviser une piste de danse.   

Il est vrai que des émissions débiles fleurissaient à la télévision mais certaines avaient le mérite de faire connaitre la danse de salon et de lui donner une image bien moins ringarde et veillotte. « Cela tombe bien c’est ma danse préférée » lui répondis-je avec un léger sourire avant qu’elle ne me rejoigne et se colle contre moi. Il faisait déjà un poil plus chaud mais en tant que danseur, j’étais habitué au contact d’un corps délicieusement féminin contre le mien. Aussi me contentais-je de glisser une main au creux de ses reins et de prendre une de siennes dans celle, libre. « Dans la rumba, tout est dans les hanches, tu dois faire un huit de manière fluide et sensuel. Un peu comme ça » lui fis-je la démonstration en m’écartant légèrement pour qu’elle puisse voir le mouvement de mes hanches. « Essayons ensemble » repris-je de plus belle en l’attirant à nouveau à moi, les deux mains sur ses hanches pour mieux accompagner son bassin. « Il semblerait que tu sois douée naturellement pour cette danse » la complimentais-je un brin séducteur.