MEGHAN & JAX ☆ La haine et l'amour sont deux émotions si proches l'une de l'autre ...

Je sortais tout juste de cours, pour une reprise, c'était costaux. Le cours avait été dur à suivre, et j'ai décroché de nombreuses fois, n'arrivant pas à suivre le discours du professeur. Pas qu'il était inintéressant, non, ce n'était pas ça le soucis. Non, le véritable problème, c'était moi, enfin surtout mes pensées bien trop fournies et présentes dans mon esprit.

C'était l'heure de la pause déjeuné, et je commençais à mourir de faim, je n'avais qu'une seule hâte, rejoindre le réfectoire au plus vite pour dévorer mon repas. Malheureusement, les couloirs étaient bondés, et mon parcours pour me rendre à la cafétéria se retrouva plus difficile que le pensais. Je commençais par m'excuser poliment auprès de mes camarades que je bousculais pour passer, mais j'en eus rapidement marre que personne ne réagisse et entrepris de les écarter du chemin moi-même en jouant des coudes.

J'étais arrivée hier sur le campus, aujourd'hui, c'était ma première journée de reprise. Après presque 10 mois d'absence, c'était étrange d'être de retour. Beaucoup d'émotions m'envahissaient rien qu'en arpentant à nouveau ces couloirs, bien qu'actuellement ça m'agaçais plus qu'autre chose. Il y avait tant de souvenirs ici. Avec Jax, bien évidemment. Mais aussi avec Satyanna mon amie avec qui je n'avais pas eu le courage de garder contact. Et d'autres aussi de ma promotion. Mais j'avais tout fichu en l'air. Bien évidemment, je le savais tout était de ma faute. Après tout, c'était à moi de prendre la pilule et de faire attention.

Trop prise dans mes pensées, je ne prêtais même plus attention aux personnes que je dégageais de ma route, plus ou moins gentiment. Jusqu'à ce qu'une personne, un homme se retourne vers moi pour s'excuser. Et sa voix me fit redescendre sur terre brutalement. Ce garçon, ce n'était pas n'importe qui. Mais Jax, mon ex petit ami. Celui avec qui j'avais partagé de nombreux et merveilleux moments. La gorge sèche et le cœur battant bien trop fort, je levais les yeux vers lui pour les plongés dans son regard. Il n'avait pas tant changé,  bien qu'il semblait un peu fatigué. Toujours aussi beau. Moi non plus d'ailleurs je n'avais pas changé, sauf pour ma coupe de cheveux, plus courte qu'avant. Mes pensées tournaient à toute vitesse dans ma tête, et mon cœur semblait vouloir sortir de ma poitrine, par la joie de le revoir. Je me retrouvais bête devant lui. J'avais envie de m'enfuir, mais en même temps de me blottir dans ses bras. Finalement, je réussis tant bien que mal à parler, bredouillant une phrase minable qu'on pourrait sortir à un parfait inconnu. « Oh, hum, ce n'est pas grave . Je.. J'regardais pas trop non plus où j'allais. Je.. Tu vas bien ? »

Il régnait dans le couloir un brouhaha assourdissant, dû au nombre bien trop élevé d'étudiants rassemblés ici. Mais pour moi, il n'y avait que lui. Lui et ses beaux yeux dans lesquels j'étais en train de me perdre. Sa voix me ramena sur Terre pour la deuxième fois en peu de temps. « T'aurais jamais du revenir ». Sa seule et unique phrase claqua dans l'air et résonna plusieurs fois dans mon esprit. Me coupant le souffle par la même occasion. Mon cœur loupa un battement. Je ne reconnaissais pas la voix de Jax. Ce n'était celle là même qui me murmurait des douces paroles à l'oreille et des mots d'amours. Non, celle ci était froide et dure comme la pierre.

Certes je ne m'attendais pas à ce qu'il m'ouvre grand ses bras, je ne m'attendais pas à le revoir si vite à vrai dire. Je comptais l'éviter. Mais j'avais été polie, lui demandant même comment il allait. Il aurait pu faire de même. Je ne suis pas un chien. Le pire, en vérité c'est que j'étais blessée. Blessée par cette minuscule phrase, qui avait très certainement atteinte son but. Je l'aimais encore, bien évidemment. Notre rupture ne serait jamais arrivée si je n'avais pas fait la bêtise d'oublier ma pilule. On était si bien ensemble. Il détourna son regard, et se mit à se désintéresser de moi, et à partir vers je ne sais quelle destination. Peut être partait-il rejoindre une pouffiasse pour déjeuner.

La tristesse céda sa place à la rage, ce qui m'ammena à lui cracher avec hargne, pour le retenir un instant de plus : « Ouai, moi aussi j'vais très bien. Merci ». Pas question de me laisser faire. Même si je l'avais amplement cherché et mérité, jamais je ne lui montrerai qu'il avais pu me blesser dans ses paroles. Moi aussi je pouvais être indifférente et me la jouer détachée. Après tout c'était moi qui était à l'origine de la rupture. Puis me rappelant tout à coup le 'motif' que j'avais invoqué, je l'attrapait par la manche pour le forcer à se retourner vers moi avant de lui balancer : « et alors, Monsieur-le-grand-sportif, on n'est pas partit au final ? »

J'avais été méchante. J'en avais conscience. Pour l'avoir largué avec très peu d'explication. Pour lui avoir refilé le bébé avec une simple lettre. Et maintenant, dans mes propos où je l'agressais. Mais c'était de sa faute aussi pour le coup. C'était lui qui m'avait rembarré à peine je lui avais adressé trois mots. A l'instant même où il reposa les yeux sur moi, j'ai su que j'avais été trop loin. J'avais cherché à le faire réagir, et c'était chose faite.

Le regard qu'il me lança me fit un peu peur. C'était le regard le plus glaciale du monde, et d'un geste brusque - qui me fit pousser un petit cri de douleur - il arracha son bras de mon emprise. Lui aussi s'énervait, ça s'entendait dans sa voix, il m'accusa d'un tort injustement. C'était quoi cette histoire ? J'avais rien fait. En tout cas, rien d'autre que de tomber enceinte et de le larguer. « Comment tu veux que je te regarde pour remarquer ça, y'a trop de monde ici ! Et puis c'est quoi ces conneries. Comment ça c'est de ma faute si tu boîtes ? Non mais n'importe quoi ! Je t'ai rien fait ».

« Avant, j'étais ton ange » lui répondais-je du tac-o-tac pour le provoquer encore un peu plus après sa remarque. Je ne comprenais pas pourquoi il s'énervait tant après moi ainsi. Qu'il m'engueule pour quelque chose que j'ai fait, je suis d'accord, c'est son droit. Mais là, je n'avais vraiment rien fait. Je continuais à soutenir son regard, qui me lançait des éclairs, mais au final ça m'amusait. Il avait clairement envie de s'échapper, et de partir bien loin, mais moi je me suis mise à remercier Dieu pour le couloir bondé.

Une petite partie de moi avait honte, de le pousser à bout, mais ça me faisait penser au tout début de notre relation. Lorsqu'on s'énervait pour rien lui et moi. Et que chacune de nos rencontres se soldait par une engueulade. Alors que je partais dans mes pensées, un minuscule sourire pointait sur mes lèvres, que je m'empressais de réprimer, en espérant qu'il ne l'avait pas vu, avant de poursuivre d'un ton blasé :  « je suis p't'être pas un 'ange' comme tu dis, mais je suis loin d'être une garce quand même. Et arrête de t'énerver comme ça. Je t'ai rien fait. Juste salué par pure politesse. Non mais vraiment ce que tu peux être puérile quand tu t'y met ». J'aurais mieux fait de me taire, je le savais bien. Je le voyais enrager, mais je ne pouvais m'empêcher t'attiser encore plus sa colère. Au moins, il ne m'ignorait pas. Au moins il restait un peu avec moi.

Peter ? Je ne compris pas directement de qui il me parlait. Et je restais quelques instants intriguée face à sa réponse. Le déclic se fit dans la tête en même temps qu’il m’attrapa le bras pour m’entraîner à sa suite. Ça devait sans aucun doute le prénom qu’il avait choisit de donner à notre fils. Ce n’était pas si moche, il avait bon goût. Il me fit entrer dans une classe déserte, mais je ne pris pas attention à notre environnement. Mon esprit était resté bloqué sur sa main qui enserrait mon bras. Je portais un petit pull en cachemire, nos peaux n’étaient même pas en contact. Et pourtant, je sentait sa chaleur, et je ressentais des picotements qui remontaient  jusque dans mon épaule.

Je relevais les yeux vers lui. Et malgré son regard haineux, je n’avais qu’une envie, celle de me blottir dans ses bras. Il m’engueulait, et moi je le désirais. Il y avait vraiment quelque chose qui ne tournait pas rond dans ma tête. Secouant la tête pour chasser mes idées perverses, je lui rétorquais : « ça n’a rien avoir. Et même que du contraire. Ce n’était pas puéril. C’était un geste très réfléchis, et mûre. Ça vaut mieux et pour lui, et pour moi, que je te le laisse » .