Walter + is there any chance you could see me too

Appuyée contre le bord de ma fenêtre, j'attendais patiemment que mon vernis sèche en soufflant doucement sur le bout de mes doigts. J'étais pensive, même trop pensive. Quelque chose me perturbait et dès que j'essayais de savoir ce que c'était, le visage de Walter m'apparaissait. Non, cela ne pouvait pas être lui, je l'avais complètement oublié. Enfin, pas exactement. Depuis qu'il m'avait remballé à la fin du summer camp, je n'avais plus eu de nouvelles de lui. Je voulais pas passer pour la fille qui lui pourrie la vie à savoir tout le temps s'il allait bien, mais je ressentais ce besoin de le sentir en sécurité. Au fond de moi, j'avais de la haine et de la colère. J'étais possessive et le fait que Walter puisse m'échapper me rendait hystérique. J'ai donc décidé de me changer les idées. Quand mes astuces beautés n'arrivaient pas à me consoler, je sortais en boîte, et ça fonctionnait à chaque fois. Seulement le lendemain... Mais ne pensons pas à ce qu'il va se passer demain. J'enfilai ma tenue la plus belle et la plus sexy, une petite robe qui me collait bien le corps, histoire de mettre mes formes en valeur. J'étais comme ça, j'aimais plaire et c'était bien plus qu'une passion. Je laissais ma crinière basculer en arrière et je mis du parfum dans mon cou. Une fois prête, je quittai la Cabot House pour me rendre à la People's Republik. C'était la boîte la plus populaire et la plus fréquentée d'Harvard. Il n'était pas rare de croiser des étudiants, surtout au début de l'année. Une fois à l'intérieur, je me faufilai près du bar et bu une tequila avant d'en boire quelques unes en plus que deux mathers m'offraient avec le sourire. J'avais pas l'habitude de traîner avec cette maison, mais il fallait dire qu'ils étaient les meilleurs fêtards. Ils me parlaient et même si j'avais du mal à les comprendre, je rigolais, joyeuse, comme si tout allait mieux maintenant.

J'étais pas spécialement fan des mathers, mais j'aimais bien leur côté fétard et le fait de vouloir profiter de la vie en s'amusant, sans se prendre la tête. Je voulais me laisser emporter par l'alcool et bercer par la musique pour oublier mes soucis pendant quelques heures. J'espérais rencontrer un beau jeune homme pour me tenir compagnie en prime. Appuyée contre un étudiant vert qui m'offrait des verres, je n'avais pas tout de suite remarqué Walter. Evidemment! Il fallait qu'il soit là au même endroit et à la même heure que moi. Je la regardais une première fois, l'air indifférente, mais lorsqu'il rapprocha son corps de sa partenaire, les traits de mon visage se durcirent. Le clin d'oeil qu'il m'envoya fut difficile à digérer. Il était sérieux là? Genre il me provoquait avec une autre gonzesse. Mais après tout, je lui avais dit. Je lui avais donné le feu vert de faire tout ce qu'il voulait comme j'avais mis un grand feu rouge sur ma tête. Je détachai mon regard de lui et je me concentrai sur les deux garçons qui posaient un regard un peu pervers sur moi. Oui, c'était le mot. Je voulais les repousser car franchement ils me dégouttaient un peu, mais si Walter voulait jouer, alors on allait jouer. Je savais pas ce qu'il foutait mais il devait vraiment bien s'amuser. C'était fini, moi j'en avais marre de courir après. Pour lui c'était peut être un jeu, mais moi c'était sérieux. J'avais un peu bu donc bon, je rigolais facilement et j'avais pas toute ma tête. Je savais pas quel sentiment je ressentais, mais c'était pas agréable du tout. Les minutes filaient et je ne savais pas si le jeune homme était toujours là, j'étais bien trop occupée avec les deux mathers.

Je pouvais voir qui je voulais en soirée, mes amis les plus proches comme mes ennemis les plus éloignés. Mais non, il fallait que Walter soit là. Pendant une fraction de seconde, j'avais hésité à foutre le camp. Au moins ça évitera de me mettre dans tous mes états pour une meuf qui se collait à lui. J'étais jalouse, complètement jalouse et ça se lisait parfaitement dans mes yeux. Même un aveugle pourrait s'en rendre compte. J'essayais néanmoins de penser à autre chose et de me concentrer sur le mather qui s'amusait avec son ami. Tout à coup, je vis Walter devant moi. Je n'avais pas remarqué sa présence à mes côtés, sans doute trop occupée à penser à autre chose. Je le regardais d'un air septique, je comprenais pas ce qu'il faisait là. S'il voulait passer une bonne nuit, c'était certainement pas avec moi. Je repris un autre verre et le bu d'une traite en le reposant sur le comptoir. Est-ce qu'il s'inquiétait pour moi? Non, c'est pas possible. « Non, rectification, tu as chassé ma bonne compagnie. » répondis-je en regardant le mather s'éloigner de quelques pas pour quand même retourner boire un peu plus loin. Je fis une petite moue puis je repris mes esprits pour essayer de montrer à Walter que j'étais sobre. Une fille bourrée, c'est pas la classe du tout, surtout une cabot. Je me rapprochai de lui, le sourire aux lèvres et je posai mes doigts sur son épaule, puis les fit glisser au creux de son cou, ainsi que sur son torse. C'était plus fort que moi, il fallait que je le touche pour sentir sa présence. Je soupirai ensuite en regardant mon verre vide. « Maintenant que tu m'as fait ta réflexion d'ado prépubaire, va rejoindre la jeune fille qui t'attend. » lançai-je assez agressivement. J'avais plus envie de lui parler, il m'avait remballé comme de la merde, je voulais plus avoir à faire avec lui. Même si quelque chose m'obligeait à rester près de lui.

Je comprenais pas. Walter m'avait clairement rejetée comme si j'avais la peste et maintenant il m'approchait? Il fallait qu'on m'explique car là j'étais vraiment noyée. Mes deux camarades buvaient à côté et ils m'avaient complètement zappé. Ils avaient sans doute peur de voir qu'un eliot leur a volé leur proie. La vue était beaucoup plus agréable pour mes yeux qui se posaient sur Walter. « Mais c'est toi qui m'attend, pas vrai ? » me dit-il au creux de mon oreille. Il n'avait pas tord et il le savait. Qu'est-ce que je pouvais bien répondre à cela? Je me pinçai les lèvres un instant puis je répondis. « Je t'ai attendu. » et une deuxième rectification. Je voulais pas craquer pour encore me faire passer pour une conne et tout le tralala. Non, j'en avais marre de me faire marcher sur les pieds par les garçons. D'habitude, j'étais une femme forte, mais l'amour rend les gens faibles. Je souris ensuite, prête à éclater de rire mais j'essayais tout de même de garder un peu de sérieux. « Mais t'es pas venu, donc c'est trop tard. » je le regardais d'un air amusé par la connerie que je venais de lâcher. Il n'était pas trop tard, loin de là.

Je voyais déjà le scénario de la soirée. Provocation et tout le tralala. Je détestais ça. Walter avait déjà eut un petit avant-goût de ma jalousie au summer camp, et c'était assez puissant quand même. Le jeune homme me parlait mais j'avais l'impression qu'il n'était pas sur de lui. « Ecoute, je te le redirai pas deux fois : j'ai agi comme un idiot, je suis désolé. Tu méritais pas ça. » je restais silencieuse pendant un moment histoire d'étudier la chose. Je comprenais plus là, j'étais pas blonde pour rien en même temps. Est-ce que c'était réel? Il revenait vers moi? Ou peut être qu'il s'excusait malhonnêtement pour recoucher avec moi ce soir. Je soupirais, j'étais vraiment perdue. Il fallait qu'il m'éclaire et vite. « Attends, qu'est-ce que tu essayes de me dire? » Mon visage changea d'expression, le film que je me faisais dans ma tête me rendait tellement heureuse. L'espoir était au rendez-vous, j'espérais de tout coeur entendre une bonne nouvelle. Je m'étais interdite de lui adresser la parole mais finalement cela valait peut être le coup. Je plongeai mes yeux bleus dans ceux du blondinet et j'avais envie de m'y perdre. Il était tellement beau, tellement séduisant, il me le fallait absolument.