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« Oh ça va hein ! » Je retiens un rire amusé. Mais je suis satisfaite qu’il ait pu entendre ma petite réflexion. C’est à cela que rime notre amitié. Des réflexions cachées entre des conseils, des marques d’attention peintes d’affection, des petits jeux dont nous seuls connaissons réellement les règles. Notre amitié n’est pas celle de tout le monde, elle est unique, personne ne pourrait comprendre. C’est tout simplement au-dessus de toute rationalité. Ça laisse les gens perplexes, ils ne savent jamais si nous sommes un couple ou si nous nous jouons d’eux. Ils ne comprennent pas et ça nous va bien. On a l’impression d’être tout puissant à deux, d’être invincibles, nous sommes nécessaires l’un à l’autre et bien qu’il ait dans sa vie une multitude de femmes, de conquêtes plus particulièrement, et que j’ai moi-même tendance à attirer les regards masculins et à m’amuser à rendre fou ces hommes faibles, il n’y a dans le fond que Walter qui me rend le sourire quand ça ne va pas. Que Walter que j’ai envie de voir chaque matin au réveil ou bien dont je peux supporter les humeurs quotidiennement. Il est le seul avec qui je peux être moi-même, et le comble c’est qu’il m’aime comme je suis. Hautaine, parfois blessante, mais vraie. Il m’aime d’une amitié incommensurable, et je l’aime bien plus encore. Allongée sur le ventre, la tête relevée en direction de la porte, je sens comme des fourmillements parcourir ma colonne vertébrale lorsque sa silhouette apparait dans mon champ de vision. J’ai tout à coup terriblement chaud et pourtant mon visage ne trahit rien. Certains disent que j’aurai du devenir comédienne tant je sais masquer mes émotions pour en transmettre des fictives. Et je rejette les sensations que je peux ressentir sur cette pauvre masseuse qui rougit timidement, définitivement gênée, lorsque mon meilleur ami s’adresse à elle, franc et amusé de la situation. Je ne peux m’empêcher de rire tandis que je pose ma tête sur le repose tête afin de me détendre et surtout de tenter de reprendre totalement contenance, espérant que la température de mon corps chute aussi rapidement qu’elle n’est montée. Je ne parviens pas vraiment à comprendre toutes ces petites choses qui se produisent en moi ces derniers temps quand Walter est tout près. Parfois, rien ne se produit, et puis sans que je ne m’y attends, mon corps émet des signes étranges. Je suis toute chamboulée de l’intérieur, et cela me rend perplexe. Je ne parviens pas à déchiffrer réellement les messages que m’envoie mon corps. « J'espère pour vous que vous n'avez pas les mains baladeuses, parce que je suis très jaloux quand on est trop proches de ma femme. ». Je relève les yeux vers Walter, sa réplique me fait intérieurement rire, mais je joue le jeu, comme toujours. Nous avons cette fâcheuse tendance à semer le doute dans l’esprit des gens. Nous nous comportons comme un petit couple, et mettons les autres mal à l’aise en draguer cependant pendant la soirée d’autres personnes. Les gens ne savent généralement plus quoi penser et nous nous amusons de cela. Ces petits jeux pimentent notre quotidien et j’avoue que je ne dis jamais non à ce petit jeu d’actrice que je prends un malin plaisir à faire. Peut-être parce que dans le fond, je me considère réellement comme sa femme. Pas son épouse, pas son amour, mais tout de même celle qui compte considérablement plus que les autres pour lui. « Oui, il est extrêmement jaloux. La dernière fois il n’a pas su se contenir et l’un des masseurs a fini hospitalisé. » Ajoutais-je l’air de rien. « Je ne disais pas cela pour vous effrayer bien entendu. » Je souris discrètement à Walter, et ne me prive pas au passage de découvrir une nouvelle fois son corps musclé. En réalité, je l’ai déjà vu à de multiples reprises, notamment lorsque je m’incruste en pleine nuit dans son lit car le mien ne me semble pas assez douillet. Et pourtant, jamais nous n’avons été plus loin, jamais nous n’avons succombé à cette attirance indéniable qui fut la première étape de notre relation. Parce que je pense que ça gâcherait tout au final, malheureusement pour mes hormones. Je me détends totalement, lorsque le masseur commence à dénouer ma nuque. Je lâche même un petit soupire de plaisir, exagéré volontairement. « On est pas bien tous les deux là chéri ? » Je tourne la tête vers Walter cependant, abandonné entre les mains de la masseuse, son visage enfoui dans le repose tête. Je regarde ses paumes glisser sur le corps de mon meilleur ami, et une pointe de jalousie m’envahit. Non, impossible, je ne peux pas être jalouse. Cela ne rime à rien. Mes pensées s’embrouillent, mon ventre se noue. Et je me relève finalement sur la table, surprenant l’homme penché au-dessus de moi, pourtant je lui intime rapidement de ne pas s’offusquer et de ne pas faire de bruit. Je contourne la table de massage, à moitié dévêtue, et je chasse à son tour la masseuse discrètement. Ils ne rechignent pas, et comprenne mes gestes, ils quittent donc la salle sans faire de bruit, leur pas caché par le son mélodieux reposant. Je m’empare de l’huile de massage pour m’en verser dans la paume et je poursuis le massage de Walter, l’air de rien, sans qu’il ne s’en rende compte je l’espère… Ce petit jeu m’amuse d’avance. Lorsque mes mains entrent en contact avec sa peau brûlante, je tressaillis, et je tente de faire de mon mieux pour le détendre…
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