you wishin' that it played out different (andy)

Oui et non. Je fronçais un peu les sourcils car oui, ce n'était pas très clair. Je pense que Andy avait compris dans mon regard que je ne comprenait pas trop. Il prit ensuite la parole, et je l'écoutais en continuant de boire mon frappuccino. Tu sais l'année 2012-2013 a été vraiment difficile et j'dirais qu'j'ai commencé à voir que Briony était pas qu'une pauvre cloche quand malgré tout ce que j'lui ai fait, elle m'a aidé quand j'm'étais rendu malade, quand Coraleen était encore sous couveuse à cause de sa naissance prématurée. On a vécu vraiment beaucoup de choses elle et moi, des choses qui se sont généralement faites dans l'ombre, surtout lors de ma rupture avec Apple en janvier. Hum. Briony était bourrée, elle me draguait par sms... Puis elle est pas moche hein, et j'reste un homme, un mec qui s'disait qu'Apple l'avait trompé, qui vivait mal sa rupture, enfin bref. On a dérapé au Spring Break. Puis j'ai vu qu'à son tour elle allait mal, j'ai essayé d'prendre soin d'elle comme elle avait pris soin d'moi. Notre truc c'est l'adrénaline, la moto, la vitesse. J'ai appris à la connaître... Disons qu'on est allés trop loin dans notre recherche d'adrénaline... A force de partager ces moments-là j'me suis attaché, elle aussi. Elle a arrêté d'se droguer pour moi... J'ai essayé d'la convaincre de retourner à la Quincy House, mais à cause de ses meilleurs potes qui aujourd'hui la traitent comme de la merde à cause de notre relation, ça n'a pas marché. Andy venait de me raconter toute son histoire avec Briony. Elle était longue oui, mais j'appréciais qu'il me fasse confiance comme ça. Je ne l'avais pas interrompu pendant son histoire pour pouvoir tout comprendre et lui laisser le temps de me dire ce qu'il voulait. Quand il eut terminé, j'avalai ma gorgée de frappuccino avant de poser le verre sur la table. « Je comprends mieux. Je me disais aussi que c'était bizarre que tu veuilles sortir avec une Mather comme Briony. C'est vrai que ce que tu fais, sortir avec Apple et Briony en même temps, c'est pas top mais c'est un choix que vous avez fait à trois, donc on peut pas dire que c'est entièrement de ta faute. J'espère juste que ça ne se finira pas mal pour l'un d'entre vous. » Et surtout pas pour Andy, parce que je ne connaissais pas Briony et Apple personnellement. Finalement j'étais plutôt contente que ce soit Andy qui m'ait raconté toute l'histoire, comme ça je comprenais mieux et puis c'était la version la plus crédible.

Wah. Ça me faisait vraiment... vraiment bizarre d'aborder ma relation avec Briony autant en détails avec quelqu'un. Parce qu'en fait... je réalisais seulement maintenant que je ne l'avais jamais vraiment fait, avec personne. J'avais quand même vachement raccourci, j'avais pas évoqué mon don de moelle osseuse pour sauver Reaghan où Briony m'avait soutenu, j'avais pas évoqué les scarifications de Briony, ma tentative de suicide, j'avais pas évoqué ses deux overdoses et nos deux ruptures, la mort de sa famille... finalement, tout ce qui était vraiment très personnel et dont je n'avais pas nécessairement envie de parler quand bien même ça avait contribué à nous rapprocher. En dehors de ça... J'me sentais tellement bien. J'pouvais évidemment pas en parler avec Apple... Anya non plus, Olympe je ne le lui avais jamais dit, Yohan préférait me soutenir sans me demander les détails. J'avais vu que River avait l'air de comprendre, au moins un peu... et c'était sorti, tout simplement. J'devais certainement avoir un gros besoin d'en parler pour le faire si facilement. Je rebaissai les yeux vers mon frappuccino en écoutant River, le cœur battant et fermant les yeux un léger instant avant de me mettre à sourire. J'l'espère pas non plus... Même si finalement, y a de fortes chances que je me casse les dents par terre avec cette histoire. J'pouvais en perdre une des deux, du jour au lendemain, voire les deux. Dis voir... Je relevai les yeux vers elle, l'observant un moment en buvant mon frappuccino avant de reprendre la parole. T'es pas un ange tombé du ciel par hasard ? demandai-je dans un rire.

J'essayais de rassurer Andy, de lui donner un peu de mon soutien. Je ne voulais pas faire parti de ces personnes qui lui font trop de reproches. C'était peut-être pour ça qu'il avait réussi à se confier plus facilement. Dans tous les cas, j'essayais de l'aider. Je rapproche ma chaise de la table puis me penche légèrement pour continuer de boire mon frappuccino à la paille. J'l'espère pas non plus... Je lui fais un petit sourire en le regardant. Cette situation n'allait pas durer, on s'en doutait un peu. J'espérais juste que ce moment n'arrive pas tout de suite et que ça ne soit pas Andy qui s'en prenne plein la gueule. Dis voir... Je relevais les yeux et le regardais d'un air interrogateur en continuant de boire mon frappuccino en attendant la suite de sa phrase. T'es pas un ange tombé du ciel par hasard ? Je ne pus m'empêcher de sourire et lâchai alors la paille que j'avais entre les lèvres. Je rejoignis son rire en répondant amusée. « C'est maintenant que tu t'en rends compte ? » Je le regardais avec un grand sourire en m'amusant à faire tourner la paille dans mon verre. Pendant qu'Andy parlait, j'avais avalé plus de la moitié de mon frappuccino. « J'pense que t'avais pas besoin d'une personne en plus pour te faire la morale. »

On était proches avant, puis on s'était éloignés... et là, j'avais le sentiment que je redécouvrais River. J'aurais jamais pensé qu'elle puisse m'apporter son soutien comme elle le faisait actuellement... Pourtant quand on était proches elle n'avait jamais failé avec moi, notre éloignement s'était fait naturellement, chacun une nouvelle bande de potes, manque de temps et compagnie. Et désormais je regrettais un peu d'mettre éloigné d'elle tout ce temps, pour le coup. Je levai les yeux au ciel en l'entendant me demander si je ne le réalisais que maintenant, sirotant mon frappuccino et m'appuyant contre le dossier de la chaise. J'avais oublié, juste. C'est con que le temps fasse oublier ce genre de choses. Je mordis ma paille à la suite de ses paroles, avant de lui adresser un nouveau sourire, reconnaissant cette fois. Merci... ça m'fait beaucoup d'bien de te parler. Bon j'avais l'estomac qui se tordait dans tous les sens parce que j'étais, malgré moi, stressé à l'idée qu'on puisse me répéter encore et encore les mêmes reproches. Mais j'avais eu cette boule au ventre pour rien de toute évidence. River comprenait, j'lui en demandais pas plus. Faudra vraiment qu'on rattrape le temps perdu tous les deux.

C'est vrai que de retrouver Andy comme ça ce soir me faisait regretter de l'avoir perdu de vu. On s'était toujours très bien entendu lui et moi, après tout ce temps passé à Harvard. C'était dommage oui qu'on se soit éloigné. Je croisais les jambes en continuant de faire tourner ma paille dans mon verre en écoutant Andy reprendre. J'avais oublié, juste. C'est con que le temps fasse oublier ce genre de choses. Je souriais en ajoutant, toujours sur le même ton. « C'est un détail à ne pas oublier. » C'est vrai que ce matin, je ne m'attendais pas à avoir une discussion aussi sérieuse avec l'Eliot quand j'ai voulu le recontacter. C'était toujours mieux d'avoir sa version que d'écouter les rumeurs plus fausses les unes que les autres. Merci... ça m'fait beaucoup d'bien de te parler. Je haussais les épaules avec un petit sourire en disant. « De rien, c'est normal. » Je ne sais pas si je serais capable d'en faire autant, de me confier à lui comme il l'a fait avec moi. Il ignorait beaucoup de détails sur mon passé pour ne pas dire l'intégralité et même si je suis persuadée que ça me ferait un bien fou de le dire à quelqu'un, je ne pouvais pas. Faudra vraiment qu'on rattrape le temps perdu tous les deux. Je me mordis la lèvre en acquiesçant. « Oh oui, y'a du boulot. » Dis-je en riant, ça faisait tellement longtemps qu'on s'était pas vu.

Un détail à ne pas oublier ouais, je tâcherais de m'en souvenir à l'avenir... Une qualité si importante, ça ne s'oublie pas normalement ! J'y veillerai à l'avenir, j'y veillerai ! J'eus un léger rire en continuant à boire et hochai la tête à la nuit. J'l'avais remerciée et elle me répondait que c'était normal... Mais j'n'étais pas d'accord non. Dans une société où on prône le mariage et la monogamie, une mec amoureux de deux filles à la fois ça passe rarement, généralement ça casse et il en prend plein les dents vous voyez ? C'était ça la réaction normale, alors non... j'considérais pas que c'était "normal" que River m'ait aidé et j'étais réellement reconnaissant envers elle d'être au-dessus de tout ça. Si tu l'dis... Mais ce n'est pas ce que j'pense, laisse-moi encore te jeter des fleurs, fais pas ta modeste, ajoutai-je avec un léger rire à nouveau. Adossé contre le dossier de ma chaise, je détaillai la jeune femme un instant et haussai les sourcils. C'est vrai, on a beaucoup à rattraper, ne perdons pas de temps... Et toi comment ça s'passe, les amis, les amours, les emmerdes, les cours, la famille et tout le reste... ?

J'y veillerai à l'avenir, j'y veillerai ! Je souriais, encore et toujours en écoutant Andy. Le point positif dans cette histoire c'est que nous n'avions pas perdu de temps à se parler. Après tout ce temps passé éloignés, nous avions agit comme si de rien n'était et c'était peut-être ça qui avait facilité notre dialogue. Si tu l'dis... Mais ce n'est pas ce que j'pense, laisse-moi encore te jeter des fleurs, fais pas ta modeste. Je buvais en écoutant ce qu'il disait, avalant la dernière goutte de mon verre. Je grimaçai en voyant qu'il ne me restait plus rien à boire, j'avais peut-être un peu trop apprécié ce frappuccino. « Oh mais je t'en empêche pas ! Parle de moi. » Ajoutais-je en souriant avant de me mettre à rire légèrement. Je finis par dire quand même : « Tu sais bien que je suis là si tu as besoin de parler à l'avenir, du moins maintenant tu le sais. » Je voulais qu'Andy sache que j'étais là pour l'écouter et que ça ne me dérangeait en rien de l'aider. C'est vrai, on a beaucoup à rattraper, ne perdons pas de temps... Et toi comment ça s'passe, les amis, les amours, les emmerdes, les cours, la famille et tout le reste... ? Malgré mes efforts pour éviter cette partie, Andy avait fini par me poser cette fameuse question. Je ne le regardai plus, et me contentai de fixer mon verre en m'amusant à tourner la paille dans le verre vide. « Ça se passe pas aussi bien que je le souhaiterai. »

Ahahah non mais regardez-la, il suffisait que j'lui dise de me laisser lui lancer des fleurs et elle était toute ouïe et prête à écouter les mille et un compliment qui pourraient faire enfler ses chevilles. A cette pensée, je me penchai doucement sur le côté pour observer ses pieds avant de me remettre droit. Non en fait t'es chevilles ont déjà commencé à gonfler, je pense qu'il vaut mieux attendre pour la suite des compliments. Je lui offris un grand sourire, les dents refermées sur la paille de mon frappuccino. Je bus à nouveau avant de ramener le sujet de sa vie à elle sur le tapis, prêt à écouter ce qu'elle avait à me dire à son tour, voir si c'était aussi catastrophique que de mon côté -ce que je ne lui souhaitais pas d'ailleurs. Son comportement changea du tout au tout et voilà que les rôles étaient inversés, moi qui la regardais prêt à écouter, elle qui semblait absorbée par son frappuccino vide pour ne pas avoir à me regarder dans les yeux. Comment ça ? Dans quel domaine aussi, pas tous quand même ? Y en avait bien un où ça se passait bien quand même... Je pinçai les lèvres sur ma paille, songeant qu'au moins on ne perdait pas de temps à se retrouver tous les deux, en allant droit au but comme on le faisait.

J'étais à l'aise avec Andy, comme avant. Je n'ai jamais eu de mal à être moi-même en sa compagnie, peut-être bien parce qu'il y avait un bon feeling entre nous et qu'on était faits pour s'entendre. Je n'aimerais que ça change pour rien au monde. J'arquai un sourcil en souriant en le voyant regarder mes pieds sous la table. Non en fait t'es chevilles ont déjà commencé à gonfler, je pense qu'il vaut mieux attendre pour la suite des compliments. Je ne parvint pas à m'empêcher de rire, parce que c'est vrai, j'appréciais ses compliments et ça ne me dérangeait en rien d'en recevoir davantage. « Bon, de toute manière tu comptes m'en faire plus tard, donc ça passe. » Ajoutais-je en souriant, adossée au dossier de ma chaise. J'avais redouté le moment où on allait commencer à parler de moi parce que c'était beaucoup trop compliqué à expliquer concrètement. Je n'étais pas au meilleur de ma forme, Mathieu était parti, mon comportement se dégradait, ma culpabilité suite à ma fugue s'amplifiait, bref, la galère. Comment ça ? J'inspirai profondément en réfléchissant, sans cesser de tourner la paille dans mon verre toujours aussi vide. Je ne savais pas comment m'exprimer, comment lui dire tout ce qu'il se passait. « C'est compliqué. J'ai un peu trop de problèmes. » J'avais envie de lui parler de mon passé, mais c'était la première fois que j'allais en parler et j'avais la boule au ventre.

Une vraie croqueuse de compliments celle-là (ça se dit pas, mais on s'en fiche). Elle acceptait que j'laisse les compliments de côté uniquement parce que j'lui en referais plus tard, en temps voulu, quand elle aurait cessé de réclamer. Je levai les yeux au ciel avec un sourire amusé, puis abordai le sujet plus épineux qu'était celui de sa vie privé, ce même sujet qu'elle essayait d'esquiver autant que faire se peut depuis le début de notre conversation. Ce sujet que je tenais à aborder pour essayer de lui renvoyer l'ascenseur, elle m'avait apporter son soutien et si tout ne se passait pas comme elle l'aurait souhaité pour elle, il me paraissait normal que je sois à mon tour présent pour la soutenir. Je haussai les sourcils en l'entendant essayer encore de contourner le problème en prétextant que c'était compliqué et qu'elle avait beaucoup de problèmes. Baah. Je pense que la complexité ça me connaît. Je lui adressai un léger sourire qui se voulait réconfortant et me penchai doucement pour poser mes avant-bras sur la table, me séparant quelques instant de mon frappuccino pour ne pas le finir trop vite. Allez ça s'voit que t'as besoin d'en parler, même si c'est pas facile à dire, tu sais que j'te jugerai pas.