I'm not breaking down, I'm breaking out (Pv Sofia)

Je crois en effet, qu'avoir frôlé la mort avait dû me changer. Bien que j'avais toujours eu ce côté protecteur avec les autres. J'étais souvent là pour mes amis, pour les personnes auxquelles je tenais. Quand Sofia prit la parole, je posais à nouveau mon regard sur elle. « Je sais... mais je n'irais pas là bas pour me mettre en danger. » Mon envie de retrouver l'armée n'était pas suicidaire. Je n'y allais pas pour perdre la vie. J'allais là bas pour aider mes compatriotes, mes amis qui se trouvaient à l'autre bout du monde, sous les tirs ennemis. « On m'a proposé d'intégrer une équipe de sauvetage. L'une des équipes a besoin d'un pilote supplémentaire. Je serais en charge d'aller récupérer les blessés sur le terrain et de les ramener au campement. » C'était des missions de sauvetage, même si les risques pour ce genre d'équipe n'était pas nul. C'était un peu différent. « On m'offre les commandes d'un Pave Hawk. » Ce genre d'hélicoptère m'avait toujours fait rêver. Mais c'étaient des hélicoptères militaires et donc uniquement dédiés au déploiement. Une fois, j'avais pu monter à bord de l'un d'eux, et je crois même que Sofia était à mes côtés.

" Même si tu n'y vas pas pour te mettre en danger, tu sais bien que tu le seras." - Le danger serait permanent là-bas, et ça, même si il faisait parti de l'équipe de sauvetage. J'avais tellement cru que j'allais le perdre que je m'imaginais déjà les pire scénarios. Et puis, combien de temps durerait ses missions ? Quatre mois ? Six mois ? Neuf mois ? Plus ? Un temps bien trop long. Je me connaissais. Je savais que je passerais mon temps à me faire du souci pour lui. Je savais bien que je me mettrais à paniquer si il ne me contactait pas pendant un trop long moment. J'étais comme ça. Je me faisais du souci pour les gens à qui je tenais. Seulement, je ne pouvais pas être égoïste avec lui. Je n'avais jamais été égoïste de toute ma vie. J'étais plutôt du genre à me laisser de coté pour penser d'abord aux autres. Je le quittais un instant des yeux. Je n'avais même pas fini mon assiette et avec cette nouvelle j'avais perdu toute envie de finir mon plat. Il parvint à me faire décrocher un sourire lorsqu'il parlait de son hélicoptère - " Tu me donnes l'impression d'un enfant qui va recevoir un nouveau jouet." - Dis-je pour le taquiner un peu, amusée. Et puis, je retrouvais le silence quelques minutes  - " Je n'ai aucune envie que tu t'engages dans l'armée." - Dis-je doucement, sur un ton un peu triste. C'était sorti spontanément, sans que je le veuille vraiment. C'était véritablement ce que je pensais. Je ne voulais pas qu'il envisage sérieusement de partir là-bas - " Je... désolée. Je n'aurais pas dû dire ça. Je sens bien que ça te tiens à cœur et que c'est important pour toi." - Je souriais faiblement. Puis, je me relevais soudainement de ma chaise pour commencer à débarrasser la table.

Je regardais Sofia quand elle prononça ses mots. Bien sûr, elle avait raison. Elle le savait. Je le savais également mais c'était différent de mon point de vue... Le danger était permanent dans nos vies même si on ne le voyait pas toujours, il était là. Je pouvais tomber dans les escaliers et me briser la nuque. Je pouvais me faire renverser par une voiture ou avoir une rupture d'anévrisme. Aucun endroit n'était réellement sur. Mais je savais où elle voulait en venir. « Je le serais à un moindre degré... Les équipes de secours décollent toujours deux par deux, histoire que l'hélicoptère de tête soit surveillé par le second. Tout est fait pour prendre le moins de risque possible. » Et c'était la vérité. Les hélicoptères des secours n'étaient pas des hélicoptères d'attaques. Ils étaient équipés d'armes lourdes mais pour la défense. Quand elle reprit la parole, je levais à nouveau mes yeux sur elle. J'étais plongé dans mes pensées. Un fin sourire s'afficha sur mes lèvres. Le Pave Hawk un jouet? Non, je ne le considérais pas comme ça. Au contraire, son ergonomie me rappelait trop bien ce pour quoi il était conçu. Je n'allais pas là bas pour jouer mais pour aider mes compatriotes. Et je savais que Sofia en était consciente. Quand elle se leva pour débarrasser, je soupirais doucement. Je l'observais. Je savais que cela avait été dur pour elle ces derniers mois. Et peut-être que je lui en demandais trop...  Alors qu'elle était dans la cuisine, je venais la rejoindre. Je l'observais un instant avant de dire. « Je comprends que tu ne veuilles pas que je le fasse mais c'est un devoir pour moi de le faire. On a besoin de moi là bas. Je ne peux pas rester ici, à reprendre la photographie alors que je sais qu'ils sont en manque d'hommes pour défendre mon pays. »

Calhen pourrait me dire ce qu'il voulait, cela ne me rassurerait pas pour autant. Je soupirais légèrement. C'était trop pour moi. Surtout après ce qui s'était passé ces derniers mois. Calhen savait que je m'étais beaucoup inquiété pour lui et, même si je n'avais rien dit, il devait bien être conscient du choc que tout ça avait provoqué en moi. Lorsque j'avais cru qu'il allait mourir, j'avais eu l'impression que ma respiration et mon cœur allaient s'arrêter. Il avait vécut un véritable enfer dans ce gouffre, mais le voir comme ça avait aussi été un enfer pour moi - " C'est censé me rassurer ?" - Je lui lançais un regard et puis, je m'affairais en cuisine. Je mettais le restant de pâtes dans une boite spéciale avant de mettre la vaisselle dans l'évier. Puis, je me tournais vers lui afin de pouvoir le regarder - " Je sais tout ça, Calhen et je comprends. " - En effet, je comprenais son besoin de servir son pays et cela ne m'étonnait pas de lui. Mais je pouvais pas me réjouir d'un tel projet - " Je sais que ma réaction est nulle, que je devrais te soutenir ou t'encourager. Seulement, je ne parviens pas à être "enthousiaste" à cette idée. Tout ce que j'arrive à voir pour le moment, c'est que tu seras loin et au milieu d'une guerre. Je ne pense qu'à ma peur de te perdre et c'est sans doute un peu égoïste. Et j'en suis sincèrement désolée." - Expliquais-je en posant mes prunelles bleus sur lui.

Je regardais Sofia. Je savais qu'elle avait passé des heures difficiles quand j'avais eu mon accident. Je savais que tout cela n'était pas facile pour elle. Malgré tout, je voulais qu'elle comprenne vraiment pourquoi je le faisais. J'espérais qu'elle allait me soutenir. Ces deniers temps, elle avait été l'une des seules à être là pour moi. Était-ce égoïste d'espérer qu'elle allait accepter la situation sans broncher. Je soupirais. Puis je l'écoutais. Je ne pouvais pas lui en vouloir de s'inquiéter pour moi. Je me posais contre le plan de travail tout en l'observant. « Ne t'excuse pas. Je sais que tu vas te faire du souci. » Je m'approchais ensuite d'elle tout en l'entourant de mes bras alors qu'elle me tournait le dos. Je posais mon visage dans son cou, respirant son parfum qui était devenu familier. « Je serais loin oui... mais il y a des tas de façon de communiquer. » Je me détachais un peu d'elle pour la retourner vers moi. Je posais mes yeux bleus sur elle. « Je te promets de ne prendre aucun risque inutile et de toujours faire attention à moi. Je ne vais pas là bas pour mourir. Je compte revenir. Tu ne me perdra pas » Je venais l'embrasser passant ma main plâtrée dans son dos avant d'ajouter: « J'ai toujours tenu mes promesses, pas vrai? »

Je sentais les bras de Calhen venir m'entourer alors que je venais de lui tourner le dos. Il me faudrait du temps avant de me faire au fait qu'il s'engage dans l'armée. Pour l'instant, il venait de m'annoncer la nouvelle et j'étais envahie par un sentiment de peur. Je m’inquiétais beaucoup pour lui, parce qu'il comptait pour moi et que je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. Malgré tout, je comprenais ce que cet engagement signifiait pour lui. L'idée qu'il s'en aille me déplaisait fortement, mais je savais pertinemment que je ne pourrais pas le retenir. Je voulais qu'il fasse ce don il avait envie, même si cela ne me plaisait pas. C'est bien pour ça qu'il me faudrait accepter la situation. Je n'avais pas le choix. En revanche, on ne pourrait pas m'empêcher de m’inquiéter à son sujet. Je me tournais pour lui faire face, affrontant son regard. Calhen tentait de me rassurer avec ses paroles. Seulement, je savais bien qu'il ne pouvait pas être certain de ce qu'il avançait. Oui, il essayerait d'être prudent, mais il ne pouvait pas me dire que je ne le perdrais pas. Il n'en savait rien. Je décidais toutefois de garder cette pensée pour moi. Calhen était adorable, même maintenant, alors qu'il s'était surement attendu à une autre réaction de ma part. Nous échangions un baisé et je reprenais la parole : - " Oui, tu as toujours tenu tes promesses." - Dis-je en esquissant un léger sourire. J’espérais de tout cœur qu'il pourrait tenir cette promesse là. Je savais que je ne supporterais pas de le perdre. Je venais me blottir contre lui - " Et tu as déjà une idée de quand seras ta première mission ? " - Je supposais que cela ne serait pas pour tout de suite, surtout qu'il n'avait pas fini sa rééducation. Calhen en avait encore pour plusieurs mois.

Je gardais Sofia contre moi, posant mon front contre le sien, mes bras autour de sa taille. Je savais qu'elle s'inquiétait pour moi mais je ne pouvais pas tourner le dos à mes amis. Je ne l'avais jamais fait et cela n'allait pas commencer. Et puis, cela n'allait pas être toute une vie. Je partais parce qu'il avait besoin de renfort. Peut-être même que je serais « remercié » quelques mois après mon arrivée. Ce qui comptait, c'est qu'on avait besoin de moi. Je n'avais pas envie de faire comme certain et de trouver des excuses ou faire agir mes contacts pour éviter d'aller en Afghanistan. Je le faisais pas conviction, parce que je voulais défendre mon pays et parce que c'était mon devoir. Je n'étais pas certain à cent pour cent de revenir. Mais ce que je savais, et dont là j'étais certain, c'était que je n'allais pas me mettre en danger inutilement. Je n'étais pas du genre à jouer les têtes brûlés. J'agissais toujours en connaissant les dangers et cela depuis que je partais en reportage aux quatre coins du monde. Au moins, sur ce point là, je pouvais lui promettre quelque chose. Après notre baiser, je l'observais puis je l'accueillais dans mes bras. Nous sommes restés un moment comme ça. Cela allait être dur pour elle. Mais je me sentais incapable de rester ici alors que je pourrais être utile là bas. J'avais perdu quasiment tous mes contrats et j'allais mettre des mois avant de les retrouver. Et puis, je croyais aussi que je voulais mettre la photographie un peu de côté pour l'instant. D'ailleurs, je n'avais pas reposé mes mains sur un appareil depuis mon accident. Toutes mes affaires que j'avais réussi à récupérer de l'accident, étaient dans un placard et franchement, je n'avais aucune envie de remettre la main dessus. A la question de Sofia, je reposais mon regard sur elle. « Non, pas vraiment. Quand j'aurais récupéré mes jambes, j'aurais le droit à une rééducation de quelques mois, et seulement après je vais intégrer un camp d'entrainement. Donc je crois que tu vas pouvoir me supporter encore un bon moment. » Je ne pensais pas partir avant un an.  J'esquissais un sourire, l'embrassant sur le nez avant d'ajouter sans bouger davantage: « Est-ce que tu vas pouvoir y arriver? »

Cela allait être difficile de le laisser partir et de ne pas m'inquiéter pour lui. Il me serait impossible de ne pas me faire du souci à son sujet, surtout en le sachant parti à la guerre. J'essayais de mettre ces pensées de côté. Pour le moment, Calhen était encore près de moi et il ne partirait pas avant un bout de temps. J'aurais donc le temps de me faire à cette idée. Je souriais aux propos de mon petit ami avant de lui répondre : " Oui, j'y arriverai, même si ça sera difficile." - Je plaisantais. Calhen était loin d'être difficile à supporter, c'était même tout le contraire - " En fait, tu devrais plutôt te demander si tu seras capable de me supporter. Maintenant que je sais que tu vas partir, je ne vais plus te lâcher. Je vais vouloir profiter de chaque instant avec toi." - Ajoutais-je en ne plaisantant qu'à moitié. Il était vrai que j'allais surement vouloir profiter un maximum du temps que nous passions ensemble. Cela n'était pas seulement dû au fait que Calhen aillait s'en aller. C'était juste que la vie est courte et qu'il faut savoir apprécier les moments présent. On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve après tout. Je venais déposer un baisé sur ses lèvres et puis je reprenais la parole : " On a même pas pris de dessert. Est-ce que tu en veux un ?" - L'annonce de Calhen avait un peu perturbé le repas et je venais de me souvenir qu'on ne l'avait pas terminé.

Quand j'avais songé à partir en Afghanistan, j'avais pris en compte le fait que cela allait faire peur à la jeune femme. J'en étais conscient. Et j'avais hésité. Mais je savais que si je restais là par crainte de lui déplaire, je n'arriverai pas à accepter la situation. Alors finalement, j'avais fait en sorte de lui expliquer le fond de ma pensée. Je n'allais pas là bas pour me mettre en danger. J'allais faire attention même si le risque zéro n'existait pas. Je l'embrassais une nouvelle fois à ces paroles. C'était surement pour elle que cela allait être le plus dur. Mais il existait des tas de moyens de rester en contact. Puis ces autres paroles me soutiraient un sourire amusé. « J'aime l'idée que tu veuilles profiter de moi. » Je l'embrassais sur le bout du nez avant d'ajouter près de ses lèvres. « Et je suis consentant à 100% ... » Je venais agripper doucement sa lèvre inférieure avec mes dents.  Puis je la lachais avant qu'elle ne vienne m'embrasser à nouveau. A sa question, je levais mes yeux bleus sur elle. « Pourquoi pas... J'ai foiré le repas, alors je t'invite chez Pedro? »

Un nouveau sourire se dessinait sur mes lèvres. Ah si seulement je pouvais profiter de lui pleinement... Mais je savais que cela devrait attendre. Je tâchais de chasser ses pensées de mon esprit, puis on échangeait un autre baisé. Mon petit ami me fit ensuite une proposition qui ne se refusait pas. Étant très gourmande j'avais dû mal à dire non quand on me proposait d'aller manger une glace. Pedro était un glacier qui se trouvait à quelques pas du loft - " Il ne faut pas me le dire deux fois." - Lui répondis-je en souriant. Le reste de la soirée fut plutôt calme. Ce qui était une bonne chose après l'annonce qu'il m'avait fait. Après notre dessert, on terminais la soirée sur le canapé, devant un bon thriller. J'aimais chacun de ses instants passés avec Calhen. Encore plus depuis qu'il avait faillit perdre la vie.