I'm not breaking down, I'm breaking out (Pv Sofia)

La journée avait été un éternel recommencement. J'avais passé une bonne partie de la matinée en rééducation puis j'étais passé à la salle de sport pour poursuivre les exercices avec mon coach particulier, Mason. Dans l'après-midi, j'étais allé à la firme de mon père. Depuis que j'étais incapable de faire des photos, mon père en avait profité pour me rappeler à ses côtés et me filer un boulot de paperasserie. Je passais mon temps à éplucher des contrats en tout  genre et il n'y avait rien de plus déprimant. J'avais toujours refusé d'en arriver là. Mais cela faisait plus d'un mois que j'étais en convalescence. J'avais besoin de m'occuper. Même si j'aurais voulu faire autre chose. C'était un peu impossible en ce moment. Et puis je n'allais pas passer mes après midi à ne rien faire. Il était près de dix-huit heures quand je rentrais au loft. Je tournais la poignée de l'entrée pour constater que la porte était ouverte et donc que Sofia était là. J'entrais dans le vestibule, refermant derrière moi. Je me déplaçais toujours avec des béquilles. Les médecins m'avait dit que la fracture de mon tibia allait mettre entre 3 à 4 mois à se ressouder. Quand à mon bras gauche qui était toujours dans le plâtre lui aussi, j'en avais encore pour trois semaines. Je posais l'une des béquilles contre le mur, puis je retirais la sacoche que j'avais en bandoulière. Je le faisais glisser contre le mur, posant ensuite mes clefs sur le meuble tout proche. J'étais vêtu d'un baggy large de couleur marron et d'une chemise à courte manches, à petits carreaux. Il faisait encore bon pour un mois de septembre. Je reprenais ma béquille et j'entrais dans le salon. J'avais un mal de crâne pas possible. Ne voyant pas Sofia, je venais m'installer sur l'un des fauteuils, faisant glisser mes béquilles sur le sol. Journée de merde.

Il était environ dix sept heures trente lorsque je rentrais au loft. Calhen était en convalescence depuis plus d'un mois déjà. J'étais restée ici, à New York afin de pouvoir être à ses côtés. Les cours avaient pourtant recommencés depuis quinze jours maintenant, mais j'avais insisté pour rester auprès de lui. Cal n'était pas du genre à se plaindre, cependant, je savais que cette situation lui était pesante. Le photographe avait toujours été quelqu'un d'actif, qui aimait bouger. Il vivait pour la photographie et il avait tout un tas d'autres passions. C'était des choses qu'il ne pouvait plus faire pour le moment. J'imaginais à quel point cela devait le rendre triste. Surtout qu'il se retrouvait désormais à travailler avec son père. J'essayais de l'aider et de le soutenir au mieux, seulement, je savais que ce n'était pas suffisant. Du moins, j'en avais l'impression.

Ma journée avait été assez bien rempli. Comme je l'avais promis à Calhen, je profitais de ma présence à New York pour m'inscrire à des castings. Quelques uns de ses castings se déroulaient aujourd'hui. L'agent que j'avais engagé était efficace puisque j'avais trouvé plusieurs castings grâce à lui. La journée avait été longue et j'avais passé pas mal de temps à attendre. A attendre que ce soit à mon tour de passer. C'est fou le nombre de personnes qui souhaitaient, comme moi, vivre de la danse. Mais cela ne me faisait pas peur. Je continuais à y croire. En rentrant à l'appartement, je décidais d'aller prendre une bonne douche. Cela me ferait du bien. J'étais encore dans la salle de bain lorsque j'entendis la porte d'entrée claquer. Je terminais de m'habiller. J'avais enfilé un débardeur à bretelles larges et un jean. Je me dirigeais immédiatement dans le salon où Calhen était installé. Il avait la tête de quelqu'un qui avait passé une mauvaise journée. Je lui adressais un sourire et je m'approchais de lui avant de me pencher pour l'embrasser - " Heureux de voir cette journée s'achever, n'est-ce pas ? " - Lui dis-je en m'essayant près de lui, sur l'accoudoir du fauteuil.

J'avais fermé les yeux, soupirant. Ma jambe me faisait mal. Et j'avais envie de la reposer mais je savais que ça ne servirai à rien. Elle me faisait toujours mal en fin de journée. C'était l'accumulation des efforts durant toutes ces heures. Je posais mes yeux sur Sofia quand elle entra dans le grand salon. Je ne pouvais m'empêcher de sourire à sa venue et de la détailler. Elle venait de prendre une douche. Ces cheveux étaient encore humides. Tout comme ses lèvres quand elle les posa sur les miennes. Je la laissais s'asseoir sur l'accoudoir, l'observant. « Oui, et pas qu'un peu... » Je passais une main devant mes yeux avant de pincer mon nez. « Mon père va me rendre dingue avec ses foutus contrats. » Je reportais mes yeux bleus sur Sofia. De ma main valide, je venais la mener jusqu'à moi pour qu'elle s'installe sur mes cuisses. « J'ai bien besoin du réconfort, de ma merveilleuse petite-amie... » Je souriais, venant l'embrasser doucement dans son cou, descendant un peu. Je faisais glisser une bretelle de son débardeur, posant mes lèvres sur la naissance de son décolleté. Je soupirais doucement, gardant mon visage contre sa poitrine. Puis je relevais mon visage avant de demander: « Comment était ta journée? Meilleure que la mienne, j'espère. » Je posais mon bras plâtré sur ses cuisses, pour la garder contre moi. « Ton agent t'as trouvé des casting? »

Le soir était enfin arrivé et j'en étais bien heureuse. Non pas que ma journée avait été mauvaise, mais j'étais contente de retrouver Calhen. Je le laissais me mener jusqu'à lui et je me retrouvais assise sur ses cuisses. J'avais toujours peur de lui faire mal, parce que, même si il ne disait rien, je me doutais bien que ses jambes lui faisaient mal. J'avais vu juste : sa journée avait été difficile et travailler avec son père n'était pas une partie de plaisir. Les deux hommes n'étaient pas très proches. Le père de Calhen n'avait même pas fait le déplacement à l’hôpital quand son fils avait eu un accident. Je n'avais pas envie de le juger, mais j'avais quand même un peu de mal à comprendre. Mon père avait lui aussi beaucoup de responsabilités vis-à-vis de son entreprise, mais si je me retrouvais à l’hôpital, il laisserait tout tomber pour venir à mon chevet. Je ne comprenais pas que le père de Calhen ne fasse pas plus attention à son fils. J'eus un sourire aux paroles que Calhen me disait ensuite. Je sentais ses lèvres se poser sur ma peau, dans mon cou. Ça me donnait de légers frissons - " Je suis prête à te donner tout le réconfort dont tu as besoin. Crois moi, tu oublierais vite ton père et ses fichus contrats." - Je lui adressais un léger sourire. Je croisais ses yeux bleus tandis-ce qu'il s’intéressait à ma journée - " Oui, il m'a trouvé des castings intéressants. J'en avais aujourd'hui. Je pense que ça s'est plutôt bien passé, mais faut voir..." - Je ne connaissais pas encore les résultats des castings passés dans la journée. On me rappellerait surement si j'étais prise. De toute façon j'avais aussi d'autres castings en vue - " Mais même si ma journée n'était pas trop mal, je suis bien contente que ce soit le soir..." - Je m'approchais une nouvelle fois de ses lèvres et je l'embrassait, jouant avec sa langue. Une de mes mains se baladaient sur sa nuque et remontait dans ses cheveux. Je quittais ses lèvres pour descendre mes baisés dans son cou.

Gardant Sofia contre moi, je ne pouvais m'empêcher de sourire aux paroles de la danseuse. Je posais ma tête contre la sienne, fermant les yeux. « ...humm... c'est tentant ce que tu me proposes. Mais je crains de ne pas être à la hauteur de mon côté. » C'était frustrant à admettre mais avec ce corps en compote qui était le mien pour l'instant, je ne me sentais pas capable d'en faire des folies. Et puis Sofia méritait quand même mieux pour notre première fois ensemble. Je voulais que les choses se passent bien. Alors bien que je la désirais, comme en ce moment, je ne perdais pas à l'esprit que deux plâtres et une dizaines de fractures en voie de guérison m'empêchait encore de lui montrer ce que je ressentais. Je l'écoutais ensuite me raconter sa journée. Je me doutais bien qu'elle s'était épuisée à faire tous ces castings. « Tu vas avoir les résultats quand? » Je reposais mes yeux sur elle. « En tout cas, je suis certain que tu vas avoir de bons retours. Tu vas ensuite parcourir le monde, de long en large. En plus, chanceuse, tu ne m'auras même pas sur le dos. » J'esquissais un sourire quand elle s'approcha à nouveau de moi. Je répondais à son baiser, avec envie avant de sentir ses lèvres sur mon cou. Je fermais les yeux, posant ma tête sur le dossier du  fauteuil. J'esquissais un nouveau sourire. « C'est pour ça que tu étais contente de rentrer? Pour te servir de mon corps comme bon te semble? » Je souriais un peu plus à mes paroles, amusé. J'ouvrais les yeux à nouveau avant de venir l'embrasser.

J'eus un fin sourire. Je comprenais les inquiétudes de Calhen. Plus d'un mois était passé depuis l'accident, mais avec ce qu'il s’était fait, son corps le faisait encore souffrir. Je le désirais et j'avais envie de le lui montrer, mais je me l'interdisait. Je craignais de lui faire mal plus qu'autre chose - " Dans la semaine normalement. " - Mon petit ami semblait confiant et pensait que j'allais avoir de bons retours. J'y croyais aussi, mais j'étais loin d'être la seule candidate. Il y avait des tas d'autres danseuses pleines de talent. J’espérais avoir fait la différence - " Tu m'étonnes... ça serait le rêve ça ! Surtout si je ne t'ai plus sur le dos. " - Lui répondis-je en plaisantant. En fait, si je réalisais mon rêve, j’espérais bien que Calhen serait là. J'avais besoin de lui et "l'avoir sur le dos" n'était pas un problème. Et puis, ce fut plus fort que moi : Je retrouvais ses lèvres avant de déposer quelques baisés sur son cou. C'était très dur d'être si proche de lui et de ne pas laisser parler mon désir. Mais je n'allais pas me plaindre, la situation devait être encore plus difficile à vivre pour Calhen. A ces mots, j'eus un grand sourire et nous échangions un nouveau baisé -  " Ce serait mal si c'était le cas ? " - Murmurais-je près de ses lèvres, amusée - " Et puis, ce n'est pas de ma faute... C'est toi qui me fait cet effet." - Ajoutais-je toujours en murmurant. Je l'embrassais encore, un peu plus fougueuse. Ce n'était pas bien. Il serait certainement plus raisonnable de se calmer.

Je gardais ma tête posée contre celle de Sofia, les yeux fermés. Puis je ne pouvais m'empêcher de sourire aux propos de la danseuse. Je la regardais à nouveau. « Vilaine... Tu pourrais déjà faire tes bagages si tu es aussi pressée que ça. » Je savais qu'elle plaisantait. Mais en même temps, j'étais pressé de connaître les résultats de ses castings. Je n'avais pas envie qu'elle reste ici avec moi, même si j'aimais la savoir à mes côtés. Elle avait d'autres choses bien plus intéressantes à faire. Elle pouvait vivre de sa passion. Et elle devait saisir cette opportunité. Je fermais à nouveau les yeux à ses nouveaux baisers. Elle jouait avec le feu et je faisais des efforts pour ne pas répondre de façon plus passionné, à ces échanges. Je répondais à son baiser, amusé par son attitude. Je venais mordiller sa lèvre inférieure avant de descendre mes lèvres sur sa gorge. Mes mains s'étaient posées sur son dos. Ma main plâtrée se posa sur son épaule avant de faire glisser la deuxième bretelle de son débardeur. Je venais embrasser sa poitrine. Je gardais mes lèvres contre sa peau. « Tu n'as même pas mis de soutif... » Un sourire s'afficha sur mes lèvres. Je relevais mes yeux sur elle. « Comment veux-tu que je garde mon calme? » J'avais très envie d'elle et j'en avais marre d'attendre, et de la repousser alors que nous en avions tous les deux terriblement envie. Je gardais mes mains dans son dos pour la serrer contre moi alors que mes lèvres s'emparaient à nouveau des siennes.

J'étais bien auprès de Calhen. J'avais toujours aimé sa compagnie et c'était une chose qui s'était accentuée dernièrement. Surement parce que nous étions plus proches qu'avant. Alors même si je devenais une superbe danseuse et que j'étais amenée à faire des tournées, je trouverais bien du temps pour que l'on puisse être ensemble. Je fermais les yeux au moment où les lèvres de Calhen descendaient dans mon cou, puis sur ma poitrine. J'avais envie de lui, c'était indéniable, mais je savais qu'on ne pouvait pas. Oui, je jouais avec le feu, j'en étais bien consciente, mais j'avais du mal à réprimer ce désir - " Je me disais bien que j'avais oublié un truc... quelle tête en l'air." - Lui répondis-je avec un sourire amusé. Mes lèvres retrouvaient les siennes et je ne trouvais toujours pas la force de cesser tout cela. Comment est-ce que je pouvais le repousser ? Impossible. Une sonnerie de téléphone se mit à retentir, comme pour nous ramener à la réalité - " C'est le tiens, je crois. " - Dis-je alors que mes lèvres frôlaient toujours les siennes. Je n'avais pas reconnu ma sonnerie de téléphone alors il s'agissait forcément du téléphone de Calhen.

Comment pouvait-elle oublier ce genre de « truc ». C'était comme si j'oubliais de mettre un caleçon. Je savais qu'elle me taquinait et j'avais envie de lui rétorquer quelque chose. Mais la seule chose que je voulais lui dire, c'était que j'avais très envie d'elle et que plâtre ou béquille, je comptais bien lui montrer tout le désir que j'avais pour elle. Je crois que notre patience était mise à trop rude épreuve. C'était la première fois que j'étais aussi « sage » et je devais dire que parfois je me faisais violence pour ne pas aller plus loin. Alors que nos lèvres se touchaient encore et encore, j'entendais la mélodie de mon téléphone. Contre ses lèvres, je soupirais. Qui pouvait m'appeler à cette heure? Je relevais la tête tout en lui demandant: « Tu peux me le donner s'il-te-plait. Il est dans la première poche de ma sacoche. » Là, comme j'étais assis, avec Sofia sur les cuisses, j'étais incapable de le prendre moi même. Une fois en main, je la remerciais puis je décrochais pour répondre à l'appel sans même regarder qui m'appeler. « Mitchell. » Je levais les yeux sur la danseuse qui s'était levée pour aller à la cuisine avant un dernier baiser. Un sourire aux lèvres, je reprenais l'appel. « Salut Marcus, quoi de neuf? (…) C'est pas encore la grande forme mais je fais avec. » Mon sourire s'estompa au fur et à mesure des paroles de mon interlocuteur. Marcus était un ami du Nat. C'était l'un des responsables de l'éditorial. Je passais une main sur ma nuque. « Oui je sais.. je comprends....D'accord, toi aussi. » Je raccrochais ensuite. Super. Je levais mes yeux sur Sofia. « Je viens de perdre un nouveau contrat... foutu accident. » Tout en disant ça, je donnais un coup de pieds à la table basse. Le plâtre fit un bruit sourd sur le meuble. Fais chier! J'en avais marre de rester ici à rien faire. Je perdais mes contrats les uns après les autres. Je balançais mon téléphone sur la table. « C'est le cinquième en moins de trois mois. »

J'attrapais le téléphone portable de Calhen dans sa sacoche et le lui donnait. Puis, je me relevais après l'avoir embrassé. Je voulais le laisser prendre son appel tranquillement, alors je me dirigeais vers la cuisine. Je me demandais ce qu'on allait bien pouvoir manger ce soir. Je n'avais encore rien prévu pour notre repas. J'ouvrais le frigo afin de nous servir quelque chose à boire. Je relevais la tête vers Calhen lorsqu'il s'adressait de nouveau à moi - " Oh non ! Je n'arrive pas à le croire. " - Dis-je en perdant toute envie de sourire. Calhen était énervé et je pouvais le comprendre. Il avait déjà perdu plusieurs contrats depuis sa convalescence. C'était injuste. Ce n’était pas de sa faute si il était en convalescence. Maudit accident. Je savais qu'il avait déjà du mal à supporter cette situation. Le fait de perdre des contrats ne faisait que l'enfoncer. Je quittais la cuisine pour revenir vers lui. - " Ils ne pouvaient pas prendre quelqu'un d'autre le temps de ta convalescence et te reprendre une fois que ça ira mieux ? " - Ajoutais-je. Ça m'énervait. Je trouvais ça dégueulasse de le voir perdre ces contrats tout ça parce qu'il était en arrêt à cause de l'accident.