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Hésitation. Plus j’y pensais, plus je trouvais que l’idée était stupide. Comment avait-il réussi à m’avoir aussi facilement ? Je le déteste d’utiliser mon point faible de cette façon, mais il fallait juste que je laisse passer et puis, ne pas me prendre la tête avec ça. Les quatre heures de la matinée passèrent bien trop vite. Et l’heure de revoir Austin venait de sonner. J’avais une boule dans le ventre et je détestais ça. Mais prenant mon courage à deux mains, je sortais des cours et me dirigeais vers le fast food que nous avions convenu avant de nous quitter. Un endroit où j’étais déjà une fois, lorsque je cherchais du travail. Heureusement, j’avais trouvé mieux et mieux payé. Prenant le bus, j’arrivais rapidement en ville et entrais dans le restaurant. Il n’y avait pas foule, et évidemment, mon ancien meilleur ami n’y était pas. Je ne me faisais pas d’illusions : il serait en retard, comme toujours. Et moi, je lui pardonnerais, comme je l’ai toujours fait. Cette routine me donne envie de vomir parfois. Alors j’attendais, encore et encore. L’heure défilait et je regrettais d’être venu. Plusieurs personnes du restaurant ou non vinrent me voir pour savoir si j’avais un problème ou si j’avais un souci pour passer commande. Je répondis poliment à chaque fois que j’attendais quelqu’un, mais j’entendais leur messe-basse du type « elle attend depuis très longtemps, si c’est son petit ami qu’elle attend, elle devrait lui mettre une baffe » et d’autres choses du même type.
Mon ventre criait famine et l’attendre me rendait aussi nerveuse qu’agacée. Je me demandais réellement pourquoi j’avais accepté de rentrer à nouveau dans son jeu stupide. Peut-être parce que je le suis aussi et que je ne peux pas rester éternellement loin de lui. Il a un truc en plus des autres. Je ne parle pas d’amour, mais d’une prestance que personne ne possède mise à part lui. Merde, il m’emmerde vraiment. Soupirant fortement, je décidais de partir. Me levant, je quittais l’endroit. Mais une fois sur le parking, je le vis en face de moi. Pas pressé, pas essoufflé. Il me désespère et je ne sais même pas pourquoi je cherche à lui trouver les excuses.
MADISSON – « Trente minutes de retard. Et n’oses même pas me sortir une quelconque excuse, Austin »
Je soufflais encore, fatiguée de devoir lui courir après, en quelque sorte. Je restais à le regarder, encore une fois, sans fuir. Je savais que je craquerais et que j’allais le suivre à l’intérieur. Je me haïssais d’être comme ça. Détournant la tête pour ne pas croiser son regard, je sentais mes yeux me piquer, mais je me retenais de pleurer. Pas devant lui. Pas pour « si peu » comme il le dirait si bien.
MADISSON – « J’sais plus quoi faire avec toi, sincèrement »
Lui tournant le dos, je revenais de moi-même dans le restaurant. Ouvrant la porte, je ne fis même pas attention s’il me suivait, lassée de tout ce cirque qui reprenait. Silencieusement, je prenais commande sur les bornes. Morte de faim, je crois que un bon paquet de mon salaire allait y passer, mais je ne voulais même pas s’il me le paye. Je me sentirais redevable et il en était hors de question. Les yeux rivés sur l’écran, je les fermais un instant pour ravaler mes larmes. Qu’est-ce qu’il peut être agaçant. Moi qui pensais qu’il avait changé. Même lui me disait que je ne le connaissais plus. Mais c’est comme si l’on était revenu quelques années avant et que rien n’avait bougé. Je ne m’attendais pas à une régression aussi puissante. Tout se trouvait fade. Je n’avais même pas envie de sourire, de rire ou d’essayer d’être forte face à lui. A quoi bon ?
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