All Alone in the Night

J'étais plutôt bien là, dans l'herbe, à côté du mather. On regardait les étoiles, et ça me changeait les idées, c'était très bien puisque je n'avais qu'une envie : oublier que j'étais de retour à Harvard, et que j'avais cours. Et me détendre un peu ne pouvait que me faire du bien de toute façon.. Je soupirais doucement, étouffant un bâillement, en regardant le ciel alors qu'il me disait que c'était pas mal pour une première fois. Je souris, tournant la tête vers lui.

- Merci Nich.

Je levais les yeux vers le ciel tandis qu'il expliquait à son tour ce qu'il voyait. Je fronçais les soucils, avant de voir de quoi il parlait, et d'hocher la tête. Moi, je n'aurais pas vu ça comme ça.. mais bon, chacun son interprétation après tout. J'aurais plutôt vu des ailes d'anges à la limite.. pour rester dans le thème. Je ris doucement, avant de répliquer :

- J'aurais jamais vu ça, les cornes du diable.

Puis je levais les yeux, mordillant mon ongle en cherchant une nouvelle idée. Je vis ce que je cherchais : une groupe d'étoile, formant une petite spirale dans le ciel. Je voyais une vague.. une vague sur la plage, au summer camp, au soleil, au chaud, avec des amis, en soirée. Tout ça dans quelques petites étoiles vues d'ici. Absorbée par le ciel, je n'avais pas senti le bras de nich qui me réchauffait un peu..

- Regarde, là : une vague qui s'enroule sur elle-même.

C'est parce que t'es trop angélique pour ça. Sa remarque me fit sourire : ce n’est pas parce que je ne voyais pas les cornes de diable que j’étais pas démoniaque. Certes, par rapport à lui qui avait l’air d’être un sacré numéro, avec un grand passé dans sa vie, je n’étais vraiment rien, moi la petite fille de riche australiens, qui m’avaient toujours couverte de cadeaux. Mais il n’empêche, je n’étais peut-être pas aussi saine qu’il pouvait le penser... Après tout, il m’avait vu au moulin rouge, quand je chauffais une salle avec d’autres cabots, me déshabillant pour le plus grand plaisir de ces messieurs.

Lorsque je lui montrais ma vague, qui me parraisait pourtant évidente, il me dit qu’il ne la voyait pas. Un peu boudeuse, je lui remontrais dans le ciel, tentant d’expliquer le mieux que je pouvais pour qu’il trouve. Il avait fini par dire qu’il l’avait vue, ma jolie vague du summer camp, mais je me demandais si ce n’était pas uniquement pour me faire plaisir. Après tout, chacun sa vision des choses... c’est comme pour les nuages, là où certains voient un chien, un autre peut voir une montagne. Ce fut au tour de Nicholas, et je fis un grand sourire en voyant sa figure : un cuisinier, à partir de la grande ourse. Je ris doucement, et je cherchais dans le ciel à mon tour autre chose. On continua un moment ce jeu, avec tout particulièrement un lapin dont j’étais très fière. Il avait même un œil ! Je baillais un peu, de plus en plus souvent à vrai dire, tandis que nous jouions. Je voulais rester discrète, mais le mather fini rapidement par s’en rendre compte, et me demanda si je voulais rentrer. Je ris à sa tentative de rattrapage, hésitant malgré tout à rentrer. Et encore plus qu’il me raccompagne : entre ce qu’un homme dit et ce qu’il fera ou ce qu’il pense il y a toujours un fossé.

-Je pense que je connais assez le campus pour ne pas me perdre jusqu’à la Cabot House, Nick.

C’était vrai, je connaissais très bien le trajet jusqu’à ma chambre, et je n’avais pas besoin d’un garde du corps qui voulait faire ça sûrement dans le but de se pardonner son baiser de tout à l’heure, sans me demander ce que j’en pensais. Je me relevais avec difficulté, titubant un peu, étant quand même plus à l’aise allongée sur le sol avec la tête qui tournait.

On ne les imaginerait sans doute pas ensemble à jouer avec les étoiles ces deux-là, allongé sur l'herbe fraîche et humide de cette nuit de fin d'été et pourtant, c'était bien le cas. Deux solitudes qui s'étaient trouvés, le temps d'un instant. Il y avait un moment qu'ils jouaient et le Mather finit par remarquer les signes de fatigue de la Cabot, qui était manifeste depuis un moment déjà, mais bon, il avait la tête tourné vers le ciel le trois quart du temps. Un beau ciel quand même, même si ici, il manque des étoiles, à cause de la pollution lumineuse. Du coup, gentleman à ses heures, il proposait de la raccompagner et cette fois, sans arrière pensée, mais Olympe n'en avait rien à faire de sa galanterie et cela ne le vexa pas, au contraire, ça l'amusa plutôt, il eut un sourire amusé et se leva à son tour. En fait, il vint pour se lever, mais préféra rester comme assis finalement, sa tête tournait un peu trop.

-Ouais, ok, t'as raison.

Si ça se trouve, c'est plus lui qui avait besoin d'être raccompagné, il n'était même pas capable de se lever rapidement. Allez, un petit effort. Merde, il a même pas encore de chambre à la résidence mather. Oh pas grave, un canapé fera l'affaire, au pire, un fauteuil. Pas question de déranger son chauffeur "encore" pour une de ses ivrogneries. Péniblement, il se lève, titube un peu, mais arrive à se tenir droit et à partir à marcher dans une direction.

-À la prochaine Olympe.

Je n'aimais pas vraiment le repousser comme ça surtout qu'il me proposait juste de me raccompagner sans aucune arrière pensées, mais j'avais encore en tête ses lèvres sur les miennes, nous avions, et ça aurait put mal finir. Certes, j'avais vraiment mal au coeur en le voyant partir dans la nuit en titubant, mais je ne pouvais pas malgré tout faire comme si de rien n'était, et l’accompagner chez lui. Puis, pour m'en convaincre je me dis que de toute façon il était grand, et qu'il avait choisit tout seul de boire comme un trou..

- Salut Nick. Fait attention..

Putain, j'arrivais pas à avoir la conscience tranquille en le laissant partir dans la nuit, c'est pas possible ça. Je mordais la lèvre, hésitant à le suivre pour être sûre qu'il arrive entier, mais je me souvins que de toute façon il était fort, et savait se battre. Et puis y'avait personne à cette heure-ci sur le campus.. Serrant mon sac contre moi, je lui tournais le dos pour aller vers la maison des Cabots, un mal de tête atroce commençant. C'était toujours violent les réveils après avoir bu .. J'allais souffrir demain.