Vas-t-en... Vas-t-en. Mes paroles avaient dépassé ma pensée.
Je me retournais et fixais le mûr avant de fermer les yeux. J’avais besoin de repos, c’est les infirmières qui me l’avaient dit. Toute la soirée j’avais surveillée mon portable en espérant qu’Andy me rappelle. Mais j’ai été idiote, naïve de croire qu’il le ferait… Il m’évitait, je le savais maintenant.

Je le suppliais intérieurement pour qu’il ne parte pas. Ici, j’étais seule pour la nuit. Personne n’aurait accourut ici à trois heures du matin comme il l’avait fait. Personne. Mes parents n’avaient même pas répondu au téléphone… Alors que j’aurais pu être morte présentement. Je priais Dieu pour qu’Andy ne me laisse pas, je n’aime pas les hôpitaux. Ça pue le propre, c’est trop blanc, trop éclairée, trop ci et ça.

Mais il quittait la pièce. J’ai pu entendre la porte se fermer. Je fondis en larme. Mon corps me faisait mal, c’était insupportable d’être dans ma peau présentement. Je me retournais avec peine et misère, j’avais l’impression qu’aucune position n’était confortable. Puis je me suis mise à penser à Cora, j’espérais qu’elle aille bien. Je n’avais tout de même eu aucune nouvelle depuis mon arrivée à l’hôpital, c’était un peu suspect.

Je finis par m’endormir, enseveli sous toutes ces pensées.

Une heure plus tard Andy entrait dans ma chambre. Je n’avais absolument rien entendu, étant toujours endormi. Lorsqu’il ferma la porte je me réveillais, en ouvrant simplement les yeux. C’était sombre dans la chambre, seulement les lumières de la ville à travers les rideaux éclairaient la pièce. Je distinguais un reniflement et quelques pas qui menaient à la chaise devant moi. Je refermais donc les yeux sans bouger, pour lui faire croire que j’étais endormi. Je me demandais pourquoi il était revenu ici, pourquoi il n’est pas retourné chez lui. Et je n’allais pas tarder à l’apprendre…

Je n’avais pas la moindre idée de ce qui se tramait. Pas du tout. À entendre les reniflements, je me demandais si c’était vraiment Andy. Après tout, il m’avait vu tout à l’heure et il sait qu’il n’y a pas de quoi pleurer. Et oh, j’n’imagine pas Andy pleurer, tout simplement. Je tentais de ne pas bouger ni ouvrir les yeux… je voulais être convaincante afin d’espionner son attitude.

Il fit les 100 pas devant la fenêtre, je pouvais l’entendre marcher ainsi que la luminosité varier à chaque fois qu’il passait devant le lampadaire. Après quelques minutes de marche, il vint se rasseoir près de moi, toujours silencieux. Je commençais à m’inquiéter… parce qu’il continuait de renifler.

J’ouvris finalement et tranquillement les yeux, constatant qu’il fixait le sol. C’était effectivement Andy et il n’allait visiblement pas. Je sentis mon cœur se serrer et soupirais, quitte à attirer un peu de son attention.

- .. Tu pleures ? Murmurai-je. Je n’allais pas me moquer de lui. Je n’étais pas comme ça. Pas comme toutes ces filles qui ont la certitude qu’un mec qui pleure c’est gay et non-viril. Comme si les mecs n’avaient pas droit d’avoir de sentiments… Je continuais de le regarder, en ne comprenant toujours pas. Pourquoi t'es revenu.. ?

Pour certaine personne, voir Andy pleurer serait jouissant, mais pour moi, c’était tout l’effet contraire. Je n’arrivais pas à voir mon ami comme étant une mauvaise personne, malgré que l’on ne provienne pas du même monde. Il releva sa tête d’un coup, ses yeux étaient tout rouge et vitreux et je me suis tout à coup sentie vraiment, vraiment très mal d’avoir été froide avec lui tout à l’heure lorsque je lui ai demandé de quitter.

- Tu... Je croyais que tu dormais...

J’agitais la tête de gauche à droite. Je ne dormais pas… et pas la peine de dire pourquoi. Il était rentré dans ma chambre d’hôpital et je l’avais entendu. Andy se levait et prit place sur le lit, à côté de moi. Je me tassais légèrement pour lui donner plus d’espace et j’analysais chaque mouvement qu’il faisait. Soudainement, il attrapait ma main et ce fut la première fois depuis l’autre nuit que je n’avais pas de pensées malsaines.

- Apple, j'ai eu des nouvelles de Cora...

J’ai tout de suite su ce que ça voulait dire. Ça ne pouvait être rien d’autre. Andy n’aurait jamais pleuré pour un bras cassé… Elle était soit dans le coma, soit parti à tout jamais. Je sentis mon cœur se déchirer, mais je préférais espérer que ce soit beaucoup moins grave que je le pense. Je me redressais afin de m’asseoir, en ne le quittant pas des yeux.

- Qu'est-ce qu'il y a ? elle ne va pas bien.. ?

Ce n’était pas de sa faute. Il n’a peut-être pas répondu aux appels mais j’aurais dû empêcher Cora de conduire, même si elle n’avait pris qu’une gorgée d’un verre. Je n’aurais pas dû la laisser écouter la musique à un volume excessivement élevé… bref. Ce n’était pas de la faute d’Andy, surtout si en fait, la raison pour laquelle il n’a pas répondu au téléphone c’était moi.

- Elle... n'a pas survécu.

Ces mots auraient pu être comparés à une bombe. Je le savais, je l’avais devinée mais je n’arrivais pourtant pas à m’y faire. Je repensais soudainement au moment où j’étais dans la voiture et qu’elle ne répondait pas à l’appel. Je repensais au moment où elle se vidait de son sang, où j’aurais dû m’apercevoir qu’elle n’était plus là.

Je baissais les yeux afin de regarder nos mains et serrait la sienne, en commençant à trembler… Je me sentais mal, vraiment très mal… Puis je me suis mise à pleurer en silence, mettant ma main libre sur ma bouche. C’était horrible… mais elle est sans doute partie sans souffrir. Morte sur le coup. Je levais les yeux vers Andy et éclatait en sanglot. J’en avais mal au ventre.

Je regrettais énormément. Parce que c’était mon amie et parce que ça aurait pu être évité. L’un des derniers souvenirs que j’aurai d’elle c’est de lui avoir foutu mon poing à la gueule parce qu’elle avait embrassée Ocean. J’aurais tellement aimée une réconciliation complète… et qu’on puisse en profiter… Mais nous n’avions pas eu le temps nécessaire.

Il avait du courage… parce que si ç’aurais été moi j’aurais probablement laissé le médecin l’annoncer. C’est le genre de chose auquel il est humain d’avoir peur de dire et de réaliser. Cora était décédée. Nous avions eu cet accident et ça aurais pu être moi. L’autre voiture impliquée aurait pu frapper le côté passager auquel j’y étais assise mais ce fut le côté de mon amie…

Andy lâcha ma main et me prit dans ses bras. Sans me poser de question, j’encerclais mes bras à sa taille et posais ma tête sur son épaule… Nous étions là à pleurer dans les bras de l’un de l’autre, il caressait mon dos et cela m’aidait à me sentir réconfortée… du moins, le plus possible.

- Je suis désolé...

Il n’avait pas à l’être. Ce n’était pas de sa faute ! Je le serrais un peu plus fort et continuais de pleurer pendant plusieurs minutes, jusqu’à n’en plus avoir la force. Je me calmais enfin mais restait dans ses bras en reniflant.

- Ç'aurais pu être moi... Prononçais-je, à voix basse avant de poursuivre. Elle n'a pas souffert, j'le sais. Ça s'est passé trop vite.