Le feu rouge tournait au vert, et tout ce dont je me rappelle, c’est Cora repartir en flèche et ensuite, plus rien. On m’a dit que la voiture a été heurté du côté conducteur où Cora était assise et qu’elle avait fait des tonneaux avant de s’arrêté dans un fossé. Je me souviens vaguement d’avoir ouvert les yeux et de constater que Cora ne bougeait plus… peut-être avait-elle perdu connaissance. Mais elle était recouvert de son sang, tout comme j’étais recouvert du mien.

On m’a transporté à l’hôpital d’urgence. Il ne fallait pas que je m’endorme jusqu’à l’hôpital, alors les ambulanciers me bombardait de question sur mon identité ainsi que celle de mon amie. Je leur répétais sans cesse avec le peu de force qui me restait que je voulais de ses nouvelles, mais j’avais droit à aucune réponse. On m’a pris mes cartes, mon portable… Andy. J’aurais tant espérée qu’il me réponde et m’empêche de laisser Cora conduire. J’aurais pu le faire à sa place et éviter tout ça. On n’en serait pas là.

- Apple...

La première personne qui entrait dans ma chambre que je connaissais, c’était Andy. Je me sentais tout d’un coup un peu mieux, parce que j’attendais impatiemment son appel. Je n’avais rien, juste quelques coupures mineures ainsi qu’une pression au dos dû au choc. Mais contrairement à Cora, j’avais été chanceuse.

- An... Andy...

Je pouvais bouger, j’y arrivais, mais ça me faisais mal. Les infirmières m’avaient mis quelques pansements, pour m’éviter bien des visions d’horreur. J’étais égratigné de partout, la fenêtre avait éclatée et apparemment elle ne m’avait pas manquée. Bref, je n’avais rien de bien grave selon elles et contrairement à d’autre, j’avais eu beaucoup de chances.

Mon ami entra dans la chambre. Ce fut pour moi relevé du miracle qu’il soit arrivé si peu de temps après qu’on l’a appelé. Il n’avait répondu à aucun de mes appels et je le croyais endormis, ou quelque chose dans ce genre. Malgré que je sois un peu fâchée par son manque de tact, je lui souris. J’étais contente de le voir après tout.

Il s’approcha de moi en deux pas large et me serrait dans ses bras, plus ou moins fort. Sans doute par peur de me faire mal. Après cette étreinte il se leva à nouveau, mais ses mains ne quittèrent pas mon visage. Je me sentais bien, vraiment bien, mais c’était ce que j’avais vue qui m’avait le plus inquiétée. Cora… où était-elle ?

- Ça fait tellement du bien de voir que tu vas bien Apple... !

J’hochai la tête et fixait mes jambes. ‘Ça faisais du bien’ ?… Alors pourquoi il ne s’était pas ‘fait du bien’ en répondant plus tôt à mes messages ? Je déglutis, ayant du mal à me dire que peut-être il était occupé… après tout, on ne s’occupe pas de grand-chose à 2-3 heures du matin. De plus, il avait répondu rapidement au téléphone de l’hôpital. Peut-être évitait-il de me répondre.

- Tu l'aurais sû... si... Enfin... merci de t'en soucier.

Je n’étais pas dupe. J’avais compris qu’il tentait de me fuir… Comme il me repoussait ce soir-là, lorsque je l’avais rejoint à la salle de bain. Peut-être est-ce qu’il devait encore faire le vide… et il ne m’avait rejoint uniquement parce qu’il avait besoin d’un peu de compagnie. En tout cas. Le fait qu’il n’ait répondu à rien m’avait peut-être mis dans ce bordel mais je n’allais certainement pas mettre tout le blâme sur lui ! C’était surtout de ma faute, j’aurais pu réfléchir toute seule.

Je regardais sa réaction quant à ma réponse… il semblait perdu, voir dévasté. Soudainement j’ai sentis que quelque chose préoccupait son esprit et lui faisait peur. Je me demandais qui il devait attendre, ce soir-là… peut-être que c’était une fille, peut-être était-elle la raison pour laquelle il ne devait pas me répondre au téléphone. Cette pensée me donnait des hauts le cœur, surtout à la pensée que ça pouvait être Chuck et ses supers fellations divine.

- Tu devrais te reposer... Je vais veiller, ça ira.

Il balaya la pièce du regard et squattait un fauteuil dans le coin. Je n’étais pas conne, j’avais bien remarquée qu’il se passait quelque chose et qu’il me le cachait. Je soupirais, puis m’allongeais à nouveau dans le lit en grimaçant. Mon dos me faisait des siennes.

- Ne te vexe pas... mais je me dois de te demander : Qu'est-ce qu'il s'est passé de ta promesse ?... Tu m'as dis qu'il n'y aurait aucun froid entre nous après... bref, tu sais ce que j'veux dire.

Je n’avais pas l’intention de l’esquiver comme il faisait avec moi. Je n’avais pas l’intention non-plus de me poser des questions infiniment, c’était quelque chose de moi que je n’allais jamais changer de toute ma vie. Je pense qu’il est plus sage d’être honnête dans la vie, que ce qui est le mieux à faire c’est d’en avoir le cœur net sur tout ce qu’il te tracasse. Et en ce moment, ce qui me chagrinait, c’était de voir qu’Andy avait reçu au moins 5 ou 6 messages vocaux de ma part qui le suppliait de me répondre : mais rien. Il était là. Je savais maintenant qu’il avait son portable avec lui. Je savais qu’il avait entendu la sonnerie de son iphone, vue mon prénom et même ma photo s’afficher, je savais qu’il l’avait filtré et laissé sonner jusqu’à ce que j’atteigne sa boîte vocale. Il avait cette pile « d’appel manqués »… peut-être avait-il même tout entendu mes messages l’un après l’autre et décidé que malgré ma persistance, il n’allait pas me répondre.

- Je t'ai promis que tu ne me perdrais pas... Je ne t'ai pas dit que rien ne changerait et que ça n'aurait pas un impact quelques temps sur notre relation.

Évidemment, il y avait un piège. Avoir su, avant de l’acheter, j’aurais dû lire les petits caractères dans le bas de la boîte. Je regardais mon ami, sans savoir quoi ajouter. J’étais mal, parce que j’avais vraiment cru que ça nous rapprocherait, qu’il me soutiendrait à toute épreuve. Mais l’entendre me dire que notre relation allait changer m’avait fait un grand choc.

- J’ai... envie de rester loin de toi quelques temps, j'ai besoin d'être un peu seul.

Mais pas autant que celui-ci. Je sentais mon cœur s’arrêter, se tortiller puis éclater en mille morceaux. C’était la deuxième fois que je m’étais pris ce genre de phrase, la première étant d’Ocean. Je tournais la tête pour éviter de regarder Andy et fermai les yeux.

- Je vois... vous vous êtes tous passé le mot ou quoi ? Alors vas-t-en. Je te respecte trop, ça me tuerais de savoir que ma présence te nuis.

Il était silencieux. Vraiment trop silencieux. Ça me tuait déjà d’être à l’hôpital et pas chez moi, présentement. Il commençait à se faire tard et j’étais toujours ailleurs que dans mon petit lit douillet. Mais la tension s’était réduite, au moment où je lui avais fait part de mes pensées. Ça m’aidait énormément aussi, de regarder ailleurs. Sans trop savoir pourquoi, depuis cette nuit-là, j’avais une obsession sur ses lèvres… Je croyais que ça ne serait que l’espace d’un soir mais étrangement, c’était toujours là.

- Tu n'y es pas Apple.

Je l’entendis se lever et contourner le lit pour se retrouver face à moi. Pitié non, pas ça. Je n’osais pas ouvrir les yeux, de peur que mes yeux se rivent sur ses lèvres encore une fois. Mais c’était difficile de garder les yeux fermés : je humais son parfum, l’odeur de son shampooing et ma concentration n’était que sur ça. Puis sa main sur la mienne… un frisson me parcourait le corps. Comme si les yeux fermés, tous mes autres sens étaient amplifiés. Sa main se referma sur la mienne mais je l’a retirais. J’avais eu plusieurs flash de cette soirée-là, à faire l’amour en tenant nos mains à de multiple reprise.

- Vas-t-en... murmurai-je. J’ouvris tranquillement les yeux afin de le regarder une dernière fois avant de me retourner à nouveau, tentant pour une deuxième fois de l’éviter.