Je suis née un mois d'août. J'étais le petit été de mes parents, dira-t-on. Ils m'ont toujours voulu et ils n'ont jamais voulu d'autre enfant. J'étais leur petite perfection, me disaient-ils constamment. C'est peut être par rapport à ça que je suis devenue qui je suis. Enfant unique, j'ai toujours eu tout ce que je voulais, puisque j'avais la chance d'être née dans une famille riche. Mon père était docteur et ma mère et bien.. Elle était son assistante. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils se sont rencontrés. J'étais heureuse et je sentais l'amour de mes parents. Peut être que s'ils avaient décidé d'avoir un autre enfant, les choses auraient été différentes. La définition d'enfant roi me collait à la peau, j'avais toujours ce que je voulais et ma mère ne supportait pas d'avoir à me dire non. Ce qui, de toute évidence.. M'allait très bien. Je n'ai jamais souffert de manque d'amour, je n'ai jamais souffert de manquer de quelque chose. Depuis que je suis gamine, j'ai toujours eu toutes les tenues à la mode, j'ai toujours été soignée, entourée.. Parfois, j'imaginais que mes parents m'achetaient des amis, même, vu comment certains enfants se comportaient avec moi. Mais je me faisais des idées, en réalité, ils étaient juste jaloux, je ne l'ai compris que plus tard, lorsque j'ai quitté mon école publique, à l'âge de sept ans, pour filer dans une école privée. Je m'y suis tout de suite sentie mieux, j'étais entourée de gens comme moi alors.. Comment aurais-je pu ne pas plaire aux gens hein ? J'étais mignonne, souriante et en plus de ça.. Je pouvais leurs avoir tout ce que je voulais. Peut être que ça donne l'impression aux gens que j'ai toujours acheté les gens, mais lorsque l'on est enfant, on fait toujours tout ce qui est en notre pouvoir pour avoir le plus d'amis possibles. On ne sait pas trop ce qui est bon, ce qui est mal. Ca, c'est une chose que j'ai appris en grandissant.
J'ai toujours été très douée à l'école. J'estimais que c'était important, d'avoir des bonnes notes, j'aimais avoir la sympathie des professeurs et puis.. Les élèves aimaient me demander de l'aide, lorsqu'ils séchaient dans certains sujets. Bah oui, même lorsque l'on est enfant, on peut se trouver être un parfait cancre. Une chose que je n'ai jamais saisi. Comment peut-on ne pas connaître sa table de multiplication hein ? Il suffisait de travailler un peu et cela semblait être un peu trop demander, pour certaines personnes. Mais je n'ai jamais cherché, je n'ai jamais réfléchi à comment est-ce que les choses se passaient pour les gens. Si les choses se passaient bien pour moi, pourquoi ça ne serait pas le cas pour les autres ? La première fois où on a dit de moi que j'étais une garce, je n'avais que dix ans. Une chose qui m'a longtemps suivi et à laquelle j'ai fini par très clairement m'habituer. On ne peut pas dire que ça m'ait vraiment touché, durant les années qui ont suivi. C'est lorsque l'on est enfant que l'on est atteint le plus facilement. Ma carapace m'a très vite protégée. J'en ai eu vite besoin, puisque je n'ai jamais.. été très douée avec les gens. J'ai toujours pensé à moi, et à moi seule. Mon père m'a souvent dit que c'était la meilleure chose à faire pour réussir dans la vie. Oui, sauf qu'il a oublié le côté non social de la chose. J'ai bien vite fini par être détestée par les autres. Jalousée surtout, parce que je faisais ce que je voulais et on ne me disait jamais rien. Ca m'a joué un sale tour peut être, vu que maintenant, je ne suis pas certaine d'être en mesure de me débrouiller seule. Mais... Ce n'est certainement pas moi qui vais en faire toute une histoire.
Au fil des années, du fait que les gens n'aimaient pas beaucoup ma façon d'être, j'ai bien vite fini par devenir la gentille copine. Bien sûr, j'étais hypocrite, je disais une chose et en pensait une autre. J'ai appris à être quelqu'un d'autre pour avoir des amis mais on ne me connaissait pas vraiment. On ne m'appréciait pas pour.. Qui j'étais, mais je n'y portais pas de réelle intention. Et jer efusais de le faire, de toute façon. Je ne voulais pas avoir à me prendre la tête avec ce genre de connerie. Et je trouvais que cela ne pouvait que rendre les choses plus évidentes, plus faciles aussi. Je ne voulais pas avoir à me tracasser, à me prendre la tête pour des conneries pareilles. Je trouvais ça bizarre, que les gens ne m'aiment pas, mais ce n'était certainement pas trop dur à surmonter. J'ai appris à me débrouiller et je ne me suis jamais plaint. Ou en tout cas.. J'ai appris à ne pas le faire. C'est fou comme la vie est plus simple, lorsque l'on ferme sa gueule.
Parfois, aujourd'hui, je me perds dans la fausse image que je donne de moi et la persone que je suis. Je me surprends à dérailler, à partir dans tous les sens et dans toutes les directions. Je me comporte comme une conne et je ne réussis pas à m'en sortir. Disons que par instant, je ne sais plus quelle est la fausse identité. Suis-je la garce ou la fille qui tente de lutter contre le monde ? Je ne sais plus, je me perds et je me mets aussi à dire de la merde et à penser de la merde. Je ne sais plus, parfois, j'ai cette impression complètement débile que je suis peut être une toute autre personne que celle que je dis être ou celle que je pense être. C'est fou comme on peut parfois se perdre dans les personnalités que l'on peut avoir. A l'heure actuelle, je suis manipulatrice, insupportable et égoïste et si ce n'était qu'un rôle ? Je ne le sais même pas moi-même.
Ma route a croisé celle de Valentin lorsque j'avais treize ans. Il était le mauvais garçon et moi, pour beaucoup de monde au vu de ma façon de me comporter, j'étais un peu la petite princesse. Du coup, forcément, tous nous opposait mais ça nous rapprocher, par la même occasion. Il a été mon tout premier amour, la première personne de qui je me sois rapprochée et auprès de qui je me suis sentie bien. Il était mon premier, et pour cela, je suppose qu'il occupera toujours une place très importance en moi. Les familles italiennes sont comme ça, elles se marient les unes aux autres, alors forcément, mon père m'a poussée dans ses bras. Imaginer que cela m'a déplu serait un bien lourd mensonge. J'ai aimé chaque baiser, chaque caresse et encore maintenant, lorsque j'y pense, je ressens ce petit quelque chose au fond de l'estomac. Il m'est impossible d'oublier ce que l'on a partagé et ce qui a coulé de cette histoire. Lorsqu'il a poignardé un homme, j'ai été brisée une première fois. Il est parti dans ce centre de redressement, il m'a abandonnée et je ne me suis certainement jamais sentie aussi seule. Autant se le dire, j'en ai bavé. Ce n'était que quelques mois, je suis restée à côté de lui, mais ça ne veut absolument pas dire que c'était facile. Quand il est revenu, j'ai su que plus rien ne serait comme avant, parce que sa famille l'a reniée et qu'il est parti. Il n'est resté à mes côtés que bien trop de temps. Mon cœur fut brisé, pour la seconde fois en moins d'un an. Il est parti retrouver sa meilleure amie à Miami. Et j'aurais beau dire tout ce que je voudrais, je n'ai jamais cru à l'histoire de la meilleure amie. Au début, on s'appelait, oui, on passait du temps au téléphone ensemble. Mais.. Je doutais, je ne lui en parlais pas mais je ne pouvais pas me résoudre à douter de son histoire avec elle. Je me suis fait bien des films et.. J'ai pété un plomb. J'ai fais un scandale, j'ai retourné ma chambre, persuadée qu'il me trompait, j'ai hurlait par la fenêter, j'ai explosé. Est-ce que cela explique mon coup d'un soir, ce jour-là ? Non, absolument pas, mais c'est arrivée et je ne me sentais pas bien. Rien n'explique l'acte mais.. Aucun retour en arrière n'est possible.
Aujourd'hui, nous sommes des inconnus et ma blessure est toujours trop profonde pour que je sois en mesure d'en parler. Est-ce que je vais faire la victime ? Non, je compte bien débarquer à ce foutu summer camp et bien faire comprendre au monde qui je suis, qui je veux que les gens pensent que je suis. Et si je ne peux pas avoir cet homme, alors.. Personne ne l'aura. Jamais.