home to another one (norialex #1)

Je sais pas si j'ai envie de sauter par la fenêtre pour avoir sorti une tirade aussi longue que le nez de Cyrano de Bergerac, ou si j'ai envie de courir dans la salle de bain pour m'y enfermer jusqu'à ce que la pression redescende. Je sais pas ce qui m'est passé par la tête pour relâcher toute la vapeur de l'autocuiseur d'un seul coup au risque que ça explose, mais soit ça allait mal se terminer, soit j'allais rester devant lui comme un con en attendant que le reste se fasse comme par magie. Une fois revenu près de la fenêtre, je décapsule ma bière de la même manière que celle d'Alex, puis je m'accoude au rebord de la fenêtre en le regardant parler. Je reste devant lui comme un abruti, tirant sur ma cigarette quand il tapait là où ça faisait mal. Il avait beau débiter sans arrêter, au fond, j'étais presque rassuré que ce soit mutuel entre nous. Mais est-ce que je vais seulement être capable d'assumer mes propres sentiments comme il est en train de le faire là ? Pas vraiment, non, ça j'en suis certain. "J'en sais rien." Je dis, après avoir laissé un semblant de blanc quand il a demandé à mon tour ce que je voulais. Je baisse les yeux, tirant une dernière fois sur ma cigarette avant de l'écraser dans le cendrier qu'il met là rien que pour moi, puis buvant une gorgée de bière qu'il achète tout spécialement pour moi. "Je sais pas. C'est la question à mille balles. Je pensais que j'allais être capable de balancer les mêmes trucs que toi, mais j'en suis foutre incapable. Tu veux bien me laisser quelques jours pour que j'y réfléchisse ?" Si je pouvais écouter sa réponse intérieure, je sais qu'il dirait non. "Mais au moins, il faut que tu saches que t'es pas tout seul dans ce cas-là. J'ai juste besoin de temps." Small. Angry. Sentimental. Le combo de merde.

Il voulait que je lui laisse quelques jours, au moins c'était pas un râteau direct. Quoique j'aurais préféré. J'avais envie de m'enfermer et de disparaître à tout jamais. Je pouvais sentir mon coeur se serrer dans ma poitrine, si j'avais pas un minimum de self control, je serais probablement en train de chialer.
prends le temps qu'il te faut qu'est ce que j'étais con. Ma débilité devrait être étudiée je crois, je ferais don de mon corps à la sience. Au moins ça me laisserait le temps de me préparer psychologiquement. Que sa décision soit positive ou négative. Je me sentais stupide d'avoir parlé comme un idiot alors que je finirais probablement seul au bout du compte.
Le silence qui suivi était pesant, ce monologue m'avait épuisé, et tout ça pour tout de même finir dans le flou. Je voulais aller me coucher, mais je ne voulais pas bouger du canapé, mais je ne pouvais quand même pas rester sans rien dire si?.

Je devais me douter que ma réponse allait le décevoir, ça se voit à la tête qu'il fait et à son comportement. Je le connais depuis suffisamment longtemps pour connaître son langage corporel, et je sais qu'il voulait pas entendre cette réponse là ce soir. "J'suis désolé Alex. Je trouve pas les bons mots, là, maintenant. Même si je le voulais, et c'est le cas." Je lâche un soupir, et je retourne dans le canapé, près de lui. J'essaye cependant de le rassurer sur mes intentions avec ma présence et la proximité, mais je crois que c'est cuit pour ce soir. "Tu veux toujours qu'on se fasse un film de Noël un peu pourri ? Même dans le silence. Ça m'ira." J'essaye de remonter un peu l'ambiance de la conversation, surtout après les deux hydrogen bomb qui ont été lâchées en l'espace de dix minutes. "Ou on peut aller se coucher si tu veux."

Evidemment qu'il était désolé, et c'était lui, il aurait pu me demander de me jeter de la fenêtre je l'aurais fait les yeux fermé. C'est bon Nori, je sais, prends ton temps qu'est ce que je pouvais dire d'autre de toute façon? J'allais pas le forcer à parler non plus.
Je crois qu'il faut que je dorme Les émotions du soir, ajoutées à ma dette de sommeil aberrante allaient avoir raison de moi d'ici peu. Sans rien ajouter, je me levais du canapé pour aller me jeter dans mon lit, roulant sur le côté pour laisser à Nori sa place habituelle à côté de moi. Avec un peu de chance, j'étais tellement épuisé que j'allais tomber dans un coma profond jusqu'à demain matin.